Citations de Hervé Gagnon (229)
L’homme se planta solidement devant eux. Il dépassait Kane de quelques pouces et, sous une considérable couche de graisse uniformément répartie, il avait une carrure à l’avenant. Il portait un costume gris anthracite d’une parfaite élégance dont il gardait le veston stratégiquement ouvert sur une pense spectaculaire, qui le précédait d’un bon pied et demi. De près, il dégageait de violents effluves de Brut de Fabergé, dans lequel il semblait s’être immergé avant de se présenter.
Il n’avait quitté le pouvoir qu’entre 1873 et 1878, alors que les financiers du chemin de fer transcontinental avaient poussé un peu trop loin le financement du parti Tory en échange de contrats de construction et que la chose avait été éventée. Une maladroite erreur de parcours, rien de plus.
François pestait en essayant de seller la première des deux bêtes, mais même avec l'aide d'Anneline, et une détermination de tous les instants, il ne parvenait à rien de bon.
- Je suis aussi inutile que des génitoires de prêtre, ragea-t-il en grimaçant sous les élancements qui montaient des doigts fracturés qu'il avait plié par inadvertance.
Pernelle était têtue comme une mule et je savais fort bien qu'elle ne lâcherait pas le morceau. Il valait mieux qu'elle m'oublie. Qu'elle me haïsse s'il le fallait. Je préférais perdre son amour que causer sa perte.
Le revolver près de la main de Margaret Smith lui rappela que, malgré l'apparente civilité de la conversation, elle reposait sur un rapport de forces qui ne penchait pas en sa faveur et qu'il n'était pas libre de choisir d'entendre ou non la suite de ce que les agents de Scotland Yard tenaient à lui dire. P.192
Certes, ce n’était pas une courtisane haut de gamme, ni même une putain de luxe, mais un beau brin de fille, propre et bien mise, qui ne faisait pas honte à ses clients en public et qui pouvait imposer ses tarifs.
Hagard, Kane était sonné comme ce boxeur qui avait reçu un coup de trop. Ce qu’il venait d’énoncer contredisait fondamentalement tout ce en quoi il croyait. Il venait d’écarter la raison au profit du mythe, le réel au profit de la superstition. Il venait de régresser à l’état de croyant terrifié. Mais il devait admettre l’évidence : le surnaturel et la magie s’infiltraient dans la réalité et l’influençaient, qu’il l’accepte ou pas.
Avec un frisson d’appréhension, il se rendit soudain compte que la distance qui le séparait de la prison s’était considérablement réduite.
A compter de ce jour, tu n'existeras plus pour toi, mais pour tes frères. On t'enverra là où tu ne voudras pas aller, mais où le concours de tes armes sera requis. Lorsque tu voudras dormir, on te fera veiller. Lorsque tu voudras dormir, on te fera veiller. Lorsque tu voudras manger, on te fera jeûner. Lorsque tu voudras épargner une vie, on te fera tuer. Lorsque tu voudras fuir, on t'ordonnera de combattre. Lorsque tu voudras vivre, on exigera ta mort. T'engages-tu à souffrir sans plainte toutes ces duretés ? Acceptes-tu de devenir, pour le reste de tes jours, le serviteur obéissant de Sa Sainteté le pape et l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple Salomon ? Jures tu de renoncer à toute volonté pour n'obéir qu'à celle du Maître qui dirige l'Ordre, du commandeur et des frères chevaliers de la Maison où tu te trouveras ? Il avait répondu par un ( oui ) fervent et sincère. (page 137)
Il posa l’oreille contre la porte et écouta longuement en retenant son souffle. Rien.
Soit les autres chambreuses étaient en train de se livrer à leur négoce avec un client, soit elles se saoulaient dans un des tripots qui pullulaient dans le quartier, soit encore elles cuvaient leur vin ou reposaient leur corps malmené.
Il tourna doucement la poignée et entrouvrit, les sens aux aguets.
Toujours rien. Il coiffa son gibus, se glissa dehors et referma la porte sans bruit en prenant soin de ne pas la verrouiller. Le cadavre de miss Kelly devait être retrouvé ; on devait pouvoir entrer librement.
Des mains faites pour caresser, pour écrire, pour jouer du piano, pour peindre. Ou pour tailler la chair des femmes. L'art était partout, pour qui savait la voir.
- Tu as l'air bien sombre pour quelqu'un qui vient de se remplir le ventre, a observé Marie-Anne, qui me connaissait comme si elle m'avait tricoté.
Le destin est parfois cruel.Si j'etais toi,je prendrais ce qu'il m'offre au lieu de ruminer sur ce qu'il m'a pris
Shamash n'était pas encore levé lorsque manaïl sentit une main qui s'insinuait dans son sommeil et lui secouait l'épaule. Dans son rêve, Arianath lui donnait un baiser sur la joue en riant et l'appelait "mon élu". Il ne voulait surtout pas se réveiller.
- Qu'est qu'un Cathare, exactement ? Le père Prelou m'en a dit un mot jadis, mais je crains qu'il ne l'ait jamais vraiment su lui-même. Que leur reproche-t-on, au juste, qui mérite que le pape mobilise la chrétienté contre eux ? (Gondemar)
- Je suis soldat, pas théologien, grommela Montbard. Je sais qu'il renient la croix de notre Seigneur et rejettent les sacrements de l'Eglise. Avant que je ne quitte l'Ordre, la rumeur courait qu'ils avaient des liens avec les templiers, mais je n'ai jamais su lesquels et je n'ai pas posé de questions car cela ne me concernait pas. Pour le reste, qu'il te suffise de savoir que Sa Sainteté le pape Innocent III a décrété que leur foi était une erreur et qu'ils devaient être convertis par la force ou exterminés. Nous n'avons pas à discuter son jugement, mais à y obéir.
Je suis désolé d'avoir déplacé quelques meubles, répondit Arcand en éludant la question. Quant au lit, le désordre est attribuable à un vieux juge libidineux et à sa campagne du moment. P.251
On n’organise pas un musée de l’envergure qu’il claironne en neuf mois.
Catherinne se demanda comment il était possible qu’un tel phénomène se transmette d’une génération à l’autre.
C est une saga devorante abordant une singuliere epopee melee d un tragique historique. Cette histoire est de loin l une des meilleures que j ai pu lire . Cest un bonheur rassurant de pouvoir lire des choses comme ca ! Je pense que ma prochaine lecture sera tres dur a apprecier apres la fin de celle ci merci a l auteur
Paris, crypte des Apostati, jeudi 6 octobre 1307
— Vous m’avez donc éclairé pour mieux m’éteindre ?
— C’est à toi de choisir. Valdens doit être remplacé. Mais tu devras d’abord décider si notre cause mérite d’être défendue ou si tu préfères la mort.
— Je ne suis pas du genre à renier Dieu. S’il me faut mourir, que ce soit en bon chrétien.
— Personne n’a parlé de renier Dieu, mon frère. Seulement son Fils.