"Au fil des années, on s'est aperçu qu'on pouvait produire en faisant du bien à la nature : on pouvait concilier nourrir les êtres humains et en même temps régénérer notre système."
Les entretiens du "Domaine du possible" : des femmes et des hommes racontent le cheminement intime de leur engagement en faveur de la transition écologique.
Perrine Hervé-Gruyer a mené une carrière de juriste en Asie avant de se consacrer à la psychothérapie. Éducateur de formation, Charles Hervé-Gruyer a sillonné le globe à bord du voilier-école Fleur de Lampaul pendant vingt-deux ans. Il est l'auteur de nombreux documentaires et livres sur la nature. Tous deux sont devenus paysans et formateurs en permaculture. Ils ont créé en 2003 la ferme du Bec Hellouin.
Chez Actes Sud, ils sont les auteurs de **Permaculture. Guérir la terre, nourrir les hommes** (2017) et de **Vivre avec la terre Méthode de la ferme du Bec Hellouin** (2019).
Pour aller plus loin :
**Permaculture. Guérir la terre, nourrir les hommes de Perrine et Charles Hervé-Gruyer** (2017) : La ferme du Bec Hellouin, créée par Perrine et Charles Hervé-Gruyer en Haute-Normandie, fait aujourd'hui référence en matière d'agriculture naturelle. Cette réussite démontre la pertinence sociale, économique et écologique d'une agriculture permaculturelle. Dans cet ouvrage résolument positif, les auteurs proposent de nombreuses pistes novatrices, fondées sur des expériences réussies développées pour une agriculture tournée vers l'avenir.
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Entretien par Vincent Edin - Réalisation Clément Nouguier - Enregistrement à L'Arrière-Boutique
Une production Création Collective pour les éditions Actes Sud.
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Découvrez tous les livres de la collection Domaine du possible des éditions Actes Sud : https://www.actes-sud.fr/recherche/catalogue/collection/1738?keys=
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" Résiliences " propose des guides pratiques centrés sur une thématique unique, donnant l'essentiel de ce qu'il faut savoir pour maîtriser un nouveau champ de compétences. L'esprit de « Résiliences » est de prendre la nature comme source d'inspiration. L'usage des ressources biologiques, vivantes et renouvelables, est privilégié. L'approche est délibérément low-tech, car la meilleure technologie alternative est une alternative aux technologies!
Dans notre ferme, nous cherchons à inventer un mode de vie selon notre cœur : en phase avec notre temps, mais également connecté à ce qu'il y a de "sauvage" en nous.
Une tristesse cependant plane et se dégage de ces pages. L'exaltation des jeunes écrivains devant la découverte des richesses humaines de leurs hôtes, la sérénité de leurs rapports et de leur intégration harmonieuse à la nature portent toujours en sourdine le sentiment tragique d'assister à la fin du spectacle. Les signes de la perte des valeurs traditionnelles, les méfaits qui en résultent (acculturation, chômage, assistanat social, alcoolisme) sont déjà dans le paysage.
Quel destin funeste condamne l'occident à avoir une influence toujours aussi mortifère sur l'immense variété des cultures traditionnelles ? L'équipage de la Fleur de Lampaul en témoigne à son tour. Ce sont toujours les Tristes Tropiques qui se rejouent devant nous.
Nous avons tous une certaine tendance à souscrire à des croyances limitantes, dont voici quelques exemples: le passé est dépassé, le progrès est toujours un bien, l'Occident fait mieux que le reste du monde, le travail de la terre est fait pour les serfs, un job intellectuel vaut mieux qu'un travail manuel, ma voiture et mon Iphone me rendent heureux...
Acceptons de prendre du recul par rapport aux formatages que nous subissons tous, afin de considérer la question de notre avenir commun avec davantage de hauteur. Osons imaginer l'inédit. Prenons le meilleur des multiples traditions de l'humanité, et le meilleur de la modernité, pour forger un monde qui n'a encore jamais existé. Soyons des explorateurs de l'avenir!
La confiance et l'amitié de ces grands pionniers pour les petits débutants que nous étions me faisaient penser à un passage de relais: il revient à nos générations de poursuivre l’œuvre qu'ils ont lancée, forte de leurs conseils et de leur regard bienveillant.
L'agriculture industrielle est, d'un point de vue énergétique, un non-sens. Il y a trois manières de mesurer l'efficacité d'un système agricole:
- Le rendement par travailleur. De ce point de vue, l'agriculture industrielle est la meilleure: grâce aux moteurs thermiques, un seul agriculteur peut gérer des surfaces allant jusqu'à plusieurs centaines d'hectares.
-Le rendement par unité de surface. La microagriculture est imbattable, car les récoltes sont proportionnelles à l'intensité des soins prodigués.
- Le rendement par calorie investie. Jugé à l'aune de l'efficacité énergétique, notre modèle agricole industriel est une aberration. Au sein d'une ferme mécanisée, deux calories d'énergie fossile sont nécessaires pour en produire une (cette inefficacité est en partie liée aux cultures destinées à l'alimentation animale). Si l'on y ajoute l'énergie nécessaire pour transporter, stocker, réfrigérer, transformer, emballer, distribuer les denrées alimentaires, dix à douze calories d'énergie fossile sont nécessaires pour qu'une calorie seulement arrive dans notre assiette. A titre de comparaison, une étude réalisée dans les années 1930 en Chine a démontré que, pour une calorie investie, le paysan en récoltait plus de quarante.
Le jardinier-maraîcher permaculturel ne cherche pas tant à faire pousser des plantes - les plantes savent très bien pousser sans lui, merci, elles le font depuis la nuit des temps-, il tente avant tout de favoriser l'épanouissement de toutes les forces de vie présentes dans son jardin. J'aime à penser que nous sommes les serviteurs des vers de terre!
Qui d'entre nous ne rêve d'une existence plus douce pour lui et pour la Terre? À l'heure où notre vieux monde menace de s'effondrer, la collection " Résiliences" a pour objectif d'accompagner ses lectrices et ses lecteurs dans l'invention d'un art de vivre respectueux de la nature. Pour parvenir à accorder notre empreinte écologique aux limites de la seule planète dont nous disposons, il convient de revisiter en profondeur chaque aspect de notre vie quotidienne: alimentation, habitat, énergie, transports, vêtements, santé, travail, loisirs, culture...
Bien souvent, après une intense journée de travail, je repars en rêve visiter ces tribus chez lesquelles est restée une partie de mon coeur. Je réalise à quel point ces années autour du monde, ces partages avec les peuples racines m'ont déconditionné, déformaté de la pensée dominante en Occident et ouvert à d'autres paradigmes. J'ai besoin de croiser les connaissances acquises par l'expérimentation, les lectures, les échanges avec les agronomes et naturalistes qui viennent visiter la ferme, avec les enseignements tirés de ces années de navigation. je suis pétri de ces moments partagés avec les communautés tribales, de ces immersions au coeur d'écosystèmes inviolés.
Lorsqu'il détruit les vers de terre, l'agriculteur s'impose le lourd fardeau de devoir remplacer, par du travail et des intrants, toutes les tâches qu'ils accomplissaient gratuitement.