Citations de Hesna Cailliau (24)
Etre sans idée pour rester ouvert à tous les possibles.
Confucius
La révélation de Claude Lévi-Strauss se révèle plus pertinente que jamais : Plutôt que d'ouvrir les autres à la raison, il importe de s'ouvrir à la raison des autres car l'autre a des raisons que ma raison ignore.
La sagesse en Chine se transmet non pas des traités de philosophie ou de théologie mais à travers des anecdotes ou des maximes paradoxales qui interpellent le lecteur et brisent sa logique rationnelle. Elle consiste à éclairer, creuser toujours davantage l'évidence pour mieux savourer la vie. Elle relève de l'art de vivre et n'a donc plus rien à voir avec cette science abstraite qu'est devenue la philosophie occidentale. Pourtant selon son étymologie latine, la sagesse signifie "avoir du flair"(sagire) et "savourer"(sapere). Elle fait appel donc à l'intuition, non à la raison.
L'être humain est appelé à se renouveler sans cesse et non à se répéter comme une horloge. La souffrance survient chaque fois qu'il résiste au flux de la vie et essaie de s'accrocher à des formes fixes.
Au-delà des clichés, le paradoxe du poisson rouge nous fait découvrir l'étonnante modernité de cette civilisation, vieille de 5000 ans : des concepts inédits pour nous, comme interdépendance, impermanence, alternance, résonance, incertitude, relativité, vacuité... sont remis à l'honneur aujourd'hui par la physique moderne.
Contrairement à la pensée rationnelle qui sépare et oppose pour mieux élaborer des lois et des théories, la pensée complexe recherche les liens subtils que l'apparence oppose
Une belle illustration d'efficience est donnée par Deng Xiaoping "le grand transformateur silencieux" qui a lancé en 1978 son grand mouvement de réformes et d'ouverture sans objectif précis, sans présenter un plan quinquennal, mais avec un simple slogan :
"Tâtez les pierres en traversant la rivière"
Il s'agit là d'une vieille expression populaire, compréhensible par tous, que Deng a élevé au rang de devise politique. Elle traduit l'absence de route tracée à l'avance : deux pas en avant, un pas en arrière, on verra au fur et à mesure des opportunités qui se présentent ce qu'il convient de faire.
Dans un monde désormais multipolaire et interdépendant, l'heure est venue d'échanger non seulement nos marchandises, mais aussi nos sagesses. Il y a chez les Chinois des idées et des façons de faire dont nous gagnerions à nous inspirer à la fois pour notre développement personnel et notre pratique en affaires. Le poisson rouge, ou plutôt la carpe koï est un symbole très fort pour les Chinois.
La culture populaire lui prête huit vertus, toutes inspirées de la sagesse chinoise :
Ne se fixer à aucun port
Ne viser aucun but
Vivre dans l'instant présent
Ignorer la ligne droite
Se mouvoir avec aisance dans l'incertitude
Vivre en réseau
Rester calme et serein
Remonter à la source.
un proverbe persan "Si je rêve tout seul, cela reste un rêve. Si nous rêvons ensemble, c'est le debut de la realite."
Les Chinois traduisent le terme sanskrit de "souvenir" par "énergie de l'habitude", qui comme tel est un négatif puisqu'il fige la vie.
Nous souffrons en Occident d'une hypertrophie de la pensée qui se traduit par un mal-être généralisé. A constamment s'interroger sur le pourquoi du comment des choses, nous finissons par devenir angoissés. L'enfer n'est pas autre chose que l'enfermement dans ses pensées. C'est ce que pressentit Rodin en plaçant son penseur au-dessus de la porte des enfers.
L’homme n’est pas seulement fils de la Terre, mais aussi fils du Ciel.
Le plus beau jour de ma vie est lorsque mon âme n’est pas encombrée de pensées parasites.
Le souverain est comparable à un bateau, le peuple à l’eau. C’est l’eau qui porte le bateau ou le fait chavirer.
Celui qui sait ce qui est bon pour les autres est un être dangereux.
L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finira en planches.
La carpe koï montre au Chinois que le chemin ne doit jamais être tracé d’avance.
Un contrat revêt en Occident un caractère absolu et définitif, aussi sommes-nous choqués lorsque nos interlocuteurs chinois nous demandent sa modification, arguant que la situation a changé.
Mais dans leur culture rien n'est donné une fois pour toutes.
C'était vrai jadis aussi pour les titres nobiliaires. La noblesse en Chine n'était ni à vie ni héréditaire mais en fonction de l'aptitude à agir au bon moment.
Puisque la réalité est en transformation continue le manager chinois n'élabore pas de stratégie. Il évolue en exploitant à son profit les facteurs favorables qu'il a su détecter ici et maintenant.
Evaluer est plus important que planifier.
...
Quand rien n'est figé tout est possible.
Pour le stratège chinois, il n'y a d'efficacité qu'indirecte, invisible, progressive et sans risque.
Mais lorsqu'il attend, il ne faudrait pas croire qu'il ne fait rien : il va aménager discrètement en amont les conditions telles que les conséquences découlent d'elles-mêmes en aval à sa faveur.
Si je devais définir la Chine par un seul mot, je dirais que c'est le pays des Signes.
L'écriture elle-même est restée depuis ses débuts jusqu'à nos jours un répertoire de signes graphiques. Pour ce peuple tout est signe, tous participent de la lecture des signes, y compris les médecins qui pratiquent une thérapie préventive et non curative.