Booktrailer de Manège, de Hieronymus Donnovan
[...] je me souviens d’Oriane, ma copine de l’année dernière, elle était triste à cause de ses parents. Oui, sa maman et son papa avaient décidé de divorcer et Oriane arrêtait pas de dire que c’était de sa faute. Elle pleurait tout le temps, elle était tout le temps malade [...] Alors, sa maman et son papa et elle, ils sont allés voir un docteur pour parler. Oriane a commencé à prendre un médicament, il ne fallait surtout pas qu’elle oublie. C’est madame Rocher, l’infirmière qui venait lui donner à la cantine. Et Oriane ce n’était plus Oriane, elle ne pleurait plus, ça c’est sûr, mais elle ne riait plus non plus. C’était plus Oriane. (p. 26-27)
C'est pour cela que j'ai pas mis la barre trop haut, je serai, soit plan A : rentier, soit plan B : chômeur. Métiers d'avenir. A voir mes parents se tuer pour le peu que l'on possède, j'ai pas envie de suivre leurs pas. S'user pour une vie de merde, c'est le combat des générations passées. Se battre aussi d'ailleurs. Ma génération est celle des feinteurs.
Moi, j'écoute pas de musique, je sais pas trop pourquoi. Voir tous les blaireaux de ma classe passer de Benny B à Nirvana, ça m'a jamais inspiré. Arnaud dit que je rate quelque chose (bon, ok, je dis pas que j'ai pas remué deux trois fois la tête en écoutant Smell like machin truc). De toute façon, Kurt Cobain, j'aurai encore le temps de l'écouter plus tard, quand il fera des albums solo. Font tous ça, les chanteurs qui ont du succès.
Le problème, c'est que j'ai jamais su exprimer mes véritables sentiments. C'est de famille. Je pense avoir compris, à défaut, qu'il s'agissait d'une faiblesse, d'un interdit.
C'est pour cela que j'aime bien la musique, les films, les jeux vidéo et Rémi.Quand je suis avec lui, je ne pense plus à tout ça.Sauf aujourd'hui. Alors, depuis que nous nous trouvons face à tous ces phénomènes perturbants, je simule autant que possible. Je fais mon gars cool. D'autant plus que je n'ai aucune idée de ce que peut bien vouloir dire cette histoire, les images dans la télévision. Je sais juste que ça ait revivre quelque chose en moi. Quelque chose qui m'excite.
Des remarques ignobles me passèrent par la tête. Par exemple, je me suis dit que s'en prendre à des enfants, ce n'était pas une mauvaise idée pour attirer les projecteurs sur soi... Mais qu'il fallait briser une limite, en même temps que son âme, pour en être capable. Un point de non-retour. A ce moment-là, je ne savais pas pourquoi ces idées venaient à moi. Je m'étonnais de ressentir une empathie pour ce preneur d'otages
- Mais pourquoi tu ramènes toujours tout au cul?
- Parce que contrairement à toi, j'ai des poils qui poussent un peu partout, bref, je deviens un homme. Ça passe par finir toute discussion par un truc cochon. Faut savoir l'accepter.
- Ok-ok... Et donc l'adulte que tu es en train de devenir veut me défier à un jeu où un nain à tête de champignon fait du karting sur une piste en chocolat?
- Qu'est-ce que tu racontes, Arthur ? Nous sommes tombés avec la console et par miracle, le choc nous a télé-transportés dans un jeu vidéo ?
- On dirait ! Les graphismes ne sont pas terribles en tout cas !
Ma Maman elle dit aussi que notre maison coûte cher, mais je ne vois pas pourquoi on continue à payer alors qu'on est déjà dedans. C'est pas logique.
Bertrand, le fils des voisins, un monstre roux d'environ deux tonnes (il a deux trois ans de plus que moi), est le chef de la bande. Quand il se gratte le nez, les autres font pareil. Sauf, que c'est pas ça qu'il se gratte le plus souvent.
De toutes ses missions, c’était la plus importante et celle qu’il détestait le moins.
A cause d’Elle.
Bientôt mille fois à cause d’Elle.