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Critiques de Hilary Mantel (111)
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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Le Conseiller constitue le premier volet d'une grande fresque historique relatant le règne des Tudors. Dans ce premier volet, nous découvrons l'ascension sociale de Cromwell, simple fils de forgeron aux plus hautes fonctions du royaume et son "amitié" avec le monarque, Henri VIII qui est en conflit avec la papauté afin de divorcer de son épouse légitime Catherine et épouser sa concubine, Anne Boleyn.





Ce livre est un pavé historique. Je termine ce livre avec un sentiment mitigé....

J'ai suivi avec plaisir les différentes intrigues, les fausses amitiés, les connivences, les promesses, la montée de certains personnages à de hautes fonctions et la déchéance d'autres pour des raisons parfois futiles....le cadre sombre de cette époque avec les exécutions par bûcher des hérétiques, le conflit entre l'église et l'Angleterre, les guerres de pouvoir.... le livre est plutôt bien documenté et rend l'immersion du lecteur dans cette époque plutôt aisée. le tout n'est pas romancé à outrance et reste assez fidèle aux événements.





Par contre... j'ai eu un gros souci avec ce style d'écriture. Tout est relaté à la troisième personne au travers du regard de Cromwell. Cela donne la sensation par moment de lire le journal de celui-ci. C'est froid, distant, sans réel parti pris. Les faits sont relatés de manière distante comme si Cromwell ne désirait froisser personne. Les chapitres sont très longs et les événements s'enchaînent par moment comme des successions de faits mais au final, nous n'apprenons pas énormément de choses des visées de Cromwell. Il a pourtant eu un impact important et tout cela est mis au rebut. Dommage....





Indéniablement, un très bon roman historique mais un style lourd qui risque de rebuter les courageux.

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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Je n’aurais sûrement pas lu cet ambitieux roman de plus de 800 pages s’il ne m’avait pas été prêté par une amie. Et je l'en remercie car j'ai découvert une écrivaine dotée d'un vrai talent de conteuse. Elle nous raconte l’histoire de Thomas Cromwell (1485-1540) qui bouleversa à jamais l’histoire de l’Angleterre. Le conseiller s’ouvre en 1500 et se referme trente-cinq années plus tard durant lesquelles nous aurons assisté à sa lente ascension. La suite nous sera contée dans deux autres tomes, Le pouvoir et La disgrâce, qui sortiront respectivement en 2014 et 2015.



Thomas Cromwell connut une carrière d'abord aventureuse. Pour échapper à un père forgeron alcoolique qui le battait, il s’embarque à 15 ans vers la France pour aller guerroyer en Italie puis s'initie à la finance dans une banque florentine. Il revient en Angleterre en tant qu'avocat et entre au service du cardinal Thomas Wolsey, l’homme qui sans en avoir la couronne dirige l’Angleterre. Élu au Parlement dès 1523, Cromwell échappe à la disgrâce de Wolsey grâce à son intelligence et son sens de la politique. Nommé au Conseil du roi, il est au cœur du pouvoir puisqu'il connaît les affaires de Rome et celles de l'Église d'Angleterre, à l'heure où Henri VIII mène sa politique de rupture. Outre le divorce d'avec Catherine d'Aragon, qui devrait affermir la jeune dynastie des Tudors (Catherine n'a pas d'enfant mâle) par son mariage avec Anne Boleyn, Henri veut aussi mettre la main sur le considérable pouvoir temporel et spirituel de l'Église. Les monastères en sont l'enjeu à cause de leur poids économique. Thomas devient le principal théoricien de l'anglicanisme et d'une pratique "impériale" du pouvoir dont il assure la mise en œuvre. En 1535, quand s'achève ce premier tome, il a fait d'Henri VIII le chef de l'Église d'Angleterre et a vu disparaître ses principaux adversaires, dont le grand humaniste Thomas More. Il est alors au plus haut sommet de l’Etat.



Bon, d’accord, me direz-vous voilà sans doute un intéressant roman historique.
Pas du tout ! C’est beaucoup mieux qu’intéressant ! C’est captivant. Historique, la saga de Hilary Mantel l'est d'autant plus que l'auteure est devenue la seule femme à avoir remporté deux fois le Booker Prize, Goncourt du Commonwealth. Alors, pourquoi un tel engouement pour une histoire de roi et de reines dans l’Angleterre postmédiévale ? D’abord le roman est superbement écrit, ensuite il est passionnant. De plus, Dans l’Ombre des Tudors n’est pas un roman historique ordinaire. Ecrit au présent , on pénètre à l'intérieur des pensées de Thomas Cromwell, et c'est toute la force de ce récit. Incroyablement fouillé et moderne, il est fait presque uniquement de dialogues. L’écriture est rapide, nerveuse. Les personnages sont remarquablement mis en scène – le portrait de Thomas Cromwell est subtil, complexe et on le découvre plus humain qu’on ne pouvait l’imaginer. 
C'est une épopée formidable : le souffle de l’Histoire, la reconstitution d’une époque marquée par un fanatisme religieux et une humanité naissante, des débats et critiques politiques qui trouvent de échos dans l’actualité du XXIe siècle, des rebondissements et des intrigues à foison.
 Ce roman est pourtant tout sauf facile, du moins au début, il faut s’habituer au style particulier de l’auteur, mais il vaut vraiment la peine d’être lu. Intelligent et foisonnant ! Passionnant ! Et dire qu’il va falloir attendre un an pour lire le second tome de cette trilogie !
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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Thomas Cromwell, s'il est l’un des hommes politiques les plus importants d’Angleterre pour avoir mis en place la réforme anglicane au XVIe siècle, n’est pas forcément très connu dans le détail en France.

La trilogie d’Hilary Mantel, « Le conseiller », répare cette injustice en narrant la vie de cet homme illustre, à l’origine fils de forgeron, régulièrement battu par celui-ci au point de s’enfuir à 15 ans pour l’Europe, revenu en Angleterre quelques années plus tard. Employé par le cardinal Wolsey, auquel il restera d’une fidélité exemplaire même après la disgrâce de ce dernier, il est remarqué par Henri VIII qui le charge de réussir à obtenir du pape son divorce d’avec Catherine d’Aragon, incapable de lui donner un héritier mâle, afin d’épouser Anne Boleyn…



« Le conseiller » n’est cependant pas une biographie, mais un roman historique, ce qui permet à l’auteur de romancer les zones d’ombre liées à ce personnage de la manière la plus crédible qui soit. L’histoire est racontée du point de vue de Thomas Cromwell et l’on a accès ainsi à ses pensées (politiques, religieuses et stratégiques, qui lui ont permis d’avoir cette carrière exceptionnelle) et sentiments au sujet de la vie à la Cour et des personnages célèbres (Henri VIII, Anne Boleyn, sa sœur Mary Carey, Jane Seymour…) qui l’animent. La vie là-bas n’était pas de tout repos (comme dans toute Cour, de toute façon) !



Le résultat est un roman captivant, passionnant, flamboyant, ce qui n’était pas une mince affaire quand on sait que l’ouvrage fait plus de 700 pages. Le grand talent de conteuse et d’historienne d’Hilary Mantel lui a ainsi fait réussir un ouvrage qui apprend beaucoup de choses sur les mœurs, les modes de vie et de pensée de la cour d’Angleterre, sans aucun temps mort. Elle a également réussi à donner de l’épaisseur à tous ses personnages, leur (re)donnant, pendant la durée du roman, souffle et vie. Je me suis surprise à m’attacher à Thomas Cromwell, homme secret, complexe, mais qui n’oublie pas ses origines humbles (la noblesse ne manque de toute manière pas de les lui rappeler), et, dans un autre registre, à Jane Seymour, jeune femme discrète, voire effacée, et réfléchie.



Je vous recommande donc vivement la lecture du premier tome de cette trilogie !

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Fludd

Bienvenue à Fetherhoughton, village isolé de culs-terreux superstitieux et de travailleurs de filatures analphabètes.



Le père Angwin, curé de paroisse devenu incroyant, noie son spleen dans la bouteille et vit sa petite vie de pasteur entre sa bonne, les congrégations religieuses du secteur qui mènent leurs petites affaires tambour battant, et son ennemie jurée la directrice de l'école.

Mais Sa Corpulence l'évêque, veut remettre un peu d'ordre et de modernité dans ce nid de paganisme, à commencer par se débarrasser des statues de l'église en surnombre. Et quand un étranger sonne à la porte de la cure, sans doute le nouveau vicaire annoncé, la vie du pauvre curé et du village vont en être complètement bouleversées.



Quel drôle de livre! Etrange, insolite, extravagant...

Peinture caustique de société, critique du catholicisme, conte délirant miraculeux, réflexion sur la foi? J'hésite à trouver le fil rouge et il m'a fallu m'accrocher pour ne pas décrocher... L'histoire passe pour être divertissante mais je ne me suis guère divertie. Je dois être trop mécréante pour goûter la bizarrerie du propos et en savourer le contexte religieux décalé.



C'est donc une lecture déconcertante, que l'écriture désuète ne sauve pas et que j'ai finie en accéléré.

Et le manque de critiques Babeliotes me laisse seule pour m'interroger sur ce drôle de roman...
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Le Conseiller, tome 2 : Le pouvoir

Thomas Cromwell a permis à Henri VIII d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon afin d’épouser Anne Boleyn. Les conséquences sont graves car l’Eglise d’Angleterre a pris son indépendance en rompant avec Rome.

Tout devrait donc être parfait, le roi satisfait….

Et bien non.

Anne Boleyn a bien donné une fille au roi, Elizabeth, mais de fils point.

Les intrigues vont bon train, les inimitiés entre la famille Boleyn et la vieille aristocratie aussi. Les rumeurs sont également nombreuses dans toutes les strates de la société : malédictions, sorcellerie, adultère, impuissante, inceste…

Quand le roi fatigué du caractère impérieux d’Anne s’entiche d’une nouvelle dame de la cour, la douce et effacée Jane Seymour, c’est le secrétaire du roi qui va devoir se charger de la sale besogne, et sale elle sera.

Je me suis laissée à nouveau emportée par le récit de cet épisode bien sombre de l’histoire d’Angleterre.

On connait l’issue et pourtant la plume d’Hilary Mantel nous entraine dans les coulisses à la suite de Cromwell, appuyé par sa famille élargie, quelques alliés qui peuvent selon les circonstances se retourner contre lui, malmené par des ennemis, des rivaux.

La lecture de ce tome a été plus aisée. On retrouve peu ou prou les mêmes personnages et donc on n’est moins perdu dans les méandres de ce véritable nid de vipères qu’est la cour. De plus, j’étais cette fois préparée à l’énonciation et j’ai pu avec aisance entrer dans les pensées les plus intimes de Cromwell ce qui est un atout majeur pour prendre la mesure de ce personnage hors du commun. Je l’avais trouvé très humain dans le 1er volume. A la lecture de celui-ci, il me faut nuancer. Il s’avère l’être effectivement avec ses proches, les personnes qu’il apprécie. Mais s’il n’aime pas, s’il se sent trahi, si la raison d’Etat l’exige, il est sans pitié.

Et s’il était capable de faire preuve d’humour au début de sa carrière, là il faut bien admettre que ça rigole moins. Le poids énorme de ses fonctions, sa conscience bousculée par les évènements et le rôle qu’il y joue y sans aucun doute pour beaucoup.

Passionnant.

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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Un pavé de plus de 800 pages qui relate le règne des Tudor et surtout la lente ascension de celui qui deviendra le conseiller de Henri VIII ,Thomas Cromwell , fils de forgeron .Henri VIII qui voudrait divorcer de sa femme Catherine d'Aragon pour épouser Anne Boleyn qui se refuse à lui .Et c'est Cromwell qui va réussir ce tour de force et devenir l'éminence grise du roi .Cromwell est tenace et endurant aux fantastiques talents de politicien avec une vision d'ensemble et le sens du détail .
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Le Miroir et la Lumière

Anne Boleyn est morte. Henri VIII va pouvoir épouser la douce, placide et sage (???) Jane Seymour. Malheureusement, celle-ci meurt en mettant au monde le fils tant désiré.

La couronne a enfin un fils légitime pour succéder au roi.

Henri VIII, inconsolable, charge très vite Cromwell de lui trouver une perle rare qu'il pourra épouser. Oui, oui, il est inconsolable mais il fait don de sa personne.

Thomas Cromwell, élevé lord, va donc une nouvelle fois évoluer au coeur des intrigues européennes, cherchant à brouiller François 1er et Charles Quint un peu trop amis au goût du roi, au coeur des conflits religieux, au coeur des complots des vieilles familles nobles qui aimeraient se débarrasser des Tudors et lui-même doit déjouer les conspirations qui visent à lui nuire. On a vraiment le sentiment que toutes les querelles convergent vers sa seule personne. Il faut aussi ajouter qu'au milieu de tout ce cirque il tente de satisfaire les caprices de son roi.

Cela fait beaucoup pour un seul homme, mais quel homme !

On a beau connaître l'issue du destin de ce bourreau de travail, maître es intrigues, j'ai adoré découvrir les dessous de son élimination du paysage politique anglais. On sent l'étau se resserrer autour de lui et on se prend à espérer malgré tout qu'il s'en sorte.

Fidèle au roi jusqu'au bout, il avait même entrepris la rédaction d'un « miroir des princes » fait de remarques inspirées de son expérience auprès du versatile Henri VIII.

Hilary Mantel a dressé un portrait formidable de cet homme décidément hors du commun, n'en déplaise aux nobles bien en cour.

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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

J'ai d'abord acheté « le miroir et la lumière » sans savoir qu'il s'agissait du troisième tome d'une trilogie, attirée par la période historique dans laquelle est ancré le roman : la naissance de l'anglicanisme. Je me suis donc empressée de faire l'acquisition des deux 1ers tomes et me voici plongée dans les méandres de la politique anglaise du XVIème siècle pour mon plus grand bonheur.

« le conseiller » est l'obscur et secret Thomas Cromwell. Après sa fuite à l'adolescence de la demeure familiale pour échapper aux coups de son ivrogne de père forgeron, on retrouve Thomas quelques vingt ans plus tard aux côtés du Cardinal Wolsey, son mentor.

Celui-ci s'oppose au roi Henri VIII qui veut faire annuler son mariage avec Catherine d'Aragon et ainsi épouser Anne Boleyn. Il est possédé par cette femme mais aussi espère enfin un fils de cette nouvelle union.

Cromwell malgré l'opprobre qui souille son maître continue à lui être fidèle au risque d'y sacrifier sa propre carrière.

Les pourparlers avec la papauté n'en finissent pas de s'éterniser et Cromwell tirera son épingle de ce jeu en adoptant la carte Boleyn entrainant la rupture de l'Angleterre avec la papauté.

Ce premier tome s'achève avec l'acte de suprématie qui fait du roi, le chef de l'église d'Angleterre et par l'exécution des opposants les plus farouches l'archevêque Fisher et l'ex lord-chancelier Thomas More.



L'entrée dans ce roman, car s'en est un, est assez difficile. Pourtant, une fois passé l'obstacle de la multitude de personnages à mémoriser, une fois dépassée la barrière que constitue le choix d'un point de vue interne à la 3ème personne qui nous perd un peu dans les pensées ou les répliques de Cromwell, le récit est réellement passionnant. On y redécouvre non seulement les phases essentielles de cette période cruciale de l'histoire anglaise, on y découvre les embuches, intrigues, complots, trahisons, manoeuvres des membres de la cour avec à sa tête Anne Boleyn, des membres du clergé qu'ils soient papistes ou réformés, des ambassadeurs des puissances européennes, mais aussi ici ou là, car ce n'est pas le fond du récit, les difficultés de la vie quotidienne d'un sujet lamba du roi.



J'ai aimé découvrir Thomas Cromwell tel que le dépeint Hilary Mantel. Elle avoue elle-même avoir du « broder » autour de ce personnage dont des pans entiers de la vie restent un mystère. Elle en fait un bourreau de travail, un homme de talent, de diplomatie mais aussi de duplicité, animé des meilleures intentions pour l'Angleterre mais qui n'oublie pas non plus de prendre sa revanche sur ceux qui, à un moment, ont humilié Wolsey ou lui-même… Cet homme est brillant, calculateur, profondément humain, capable d'une très grande mauvaise foi pour parvenir à ses fins, plein d'humour… Oui, tout cela à la fois. Les pensées secrètes de Thomas Cromwell confrontées à ses propos « officiels » lors de situations délicates, face à des personnages retors, sont souvent jubilatoires.



J'ai à peine terminé ce volume que je me suis jetée avec avidité et jubilation sur le second.



PS : J'ai découvert avec stupéfaction que l'humaniste et philanthrope St Thomas More n'avait pas hésité à torturer de sa main ceux qu'il soupçonnait d'hérésie...

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Révolution, tome 2 : Les désordres

Ouf ! Enfin ingurgité !



Un roman (2e tome) de plus de 790 pages pour ... RIEN !

Un style trop contemporain, des dialogues vulgaires, un amas de tous les personnages (malheur à ceux qui ne connaissent pas assez cette période... Malgré un rappel des personnages en début d'ouvrage), une vision furétienne de la Révolution française, dépassée avec les nouvelles recherches, saupoudrée de méconnaissances certaines : vous obtiendrez un potage indigeste, sans intérêt.



Par exemple :

- députés de gauche : cette notion n'existe pas. Les votes se font en fonction des projets proposés ou des vagues successives de majorité, instillées par le Marais.

- Couthon : paraplégique. Non, il souffrait de douleurs articulaires depuis l'enfance. Et c'est réducteur de le qualifier ainsi...

- les dialogues de Danton à la première personne du singulier ne sont pas convaincants

- Des conversations enserrées par des rappels historiques pesants.



Vite oublié après une lecture laborieuse.
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Révolution, tome 1 : L'idéal

Démarrage un peu poussif pour cette lecture, attendue sur le pur registre du roman historique alors que c'est avant tout un roman. Mais une fois accepté ce parti pris littéraire, une fois passée également la longue période initiale centrée sur l'enfance des protagonistes dans laquelle, toute éclairante qu'elle soit, je me suis un peu embourbée, le charme agit et on se laisse emporter par le grand vent de l'Histoire.



Même si j'ai rencontré une difficulté toute personnelle à adhérer à la patte stylistique d'Hilary Mantel, il faut reconnaître que l'approche tout à la fois intime et distanciée de cette auteure multi-primée en Grande-Bretagne offre un regard original et permet une immersion totale dans la grande histoire de la Révolution française.

Une révolution racontée à hauteur d'hommes, et pas n'importe lesquels : Camille Desmoulin, dépeint sous les traits d'un ardent bipolaire projeté presque contre son gré au coeur des événements; Danton, mâle alpha dont les motivations véritables restent troubles ou en tout cas multiples; et Robespierre, le besogneux imperturbable présenté sous un jour presque sympathique.



A ces trois figures principales qui figurent le principe essentiel de la révolution, une multitude d'acteurs non moins majeurs apportent au récit toute la complexité de la période qui en ressort bien moins linéaire que dans nos livres d'école : les époux royaux bien sur, mais encore un Lafayette auréolé de sa gloire américaine mais qui choisit le mauvais camp, et surtout le cynique Mirabeau qui à lui seul représente tous les opportunismes des temps troublés; le peuple enfin, éternel second rôle grassement manipulé.



Ce premier tome s'achève sur un Danton en fuite, un Desmoulin décidé à se jeter dans la gueule du loup et un Robespierre prêt à jouer sa partition majeure : vivement la suite!
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Révolution, tome 1 : L'idéal

La Révolution française vue par une romancière anglaise... Voici un programme digne de faire frissonner les plus braves, surtout si l'on se rappelle le très francophobe « Mouron Rouge » de la baronne Orczy. Et pourtant, et pourtant… Peut-être fallait-il un point de vue étranger pour décrire cette période si controversée et plonger un regard objectif dans ce torrent de passions, de haines et d'idéologies contradictoires qui a secoué la France de 1789 à 1799 – date à laquelle un petit corse bien connu est venu poser ses fesses audacieuses de parvenu sur le trône des Bourbons. Avec sa jolie plume si vive et son regard résolument moderne, Hilary Mantel réussit un petit miracle : écrire un roman qui ne soit ni à charge, ni panégyrique, un récit plein de bruit et de fureur qui parvient à trouver l'équilibre parfait entre exaltation et terreur.



Pour se faire, nous emboiterons le pas à trois jeunes gens dont les noms – vénérés ou décriés – résonneront bientôt dans toute l'Europe et donneront des siècles plus tard des sueurs froides à plein de petits écoliers français : Maximilien Robespierre, Georges Danton et Camille Desmoulins. Tous trois sont jeunes, très jeunes, terriblement jeunes (j'ai eu un petit choc en réalisant que tous ces grands révolutionnaires étaient morts avant d'avoir quarante ans). Tous trois sont brillants, libéraux et ambitieux.



A ceci près ils ne se ressemblent guère. Danton est une force de la Nature, un géant à la voix de stentor dont le physique impressionnant et les colères tonitruantes dissimulent une nature pragmatique et calculatrice, toujours enclin à faire passer ses priorités avant celles des autres. Pourtant, c'est peut-être le plus sympathique des trois car il possède des qualités que l'on admire et des vices que l'on pardonne volontiers – au fond, n'avons-nous pas tous les mêmes ? Camille, jeune exalté au coeur généreux et la plume vénéneuse, brûle les années de sa jeunesse avec autant d'enthousiaste que d'autres en mettent à les faire fructifier. Reste Robespierre, le plus énigmatique et le plus controversé des trois, troublant toujours car apparaissant comme un peu moins ou un peu plus qu'humain selon l'oeil avec lequel on le regarde.



Si les événements du premier tome de la duologie révolutionnaire de Mantel gravitent autour de ces trois hommes, nombreux sont les personnages secondaires qui le jalonnent : le redoutable Marat, le marquis De La Fayette, Mirabeau, Saint-Just… Et, bien entendu, « Louis Capet » et son autrichienne d'épouse ! Tous sont généralement mis en scène avec nuance, subtilité et surtout un grand sens du dialogue. On les suit autant dans leurs vies personnelles que dans leurs vies politiques, les deux forts bien remplies et passionnantes. A noter que les personnages féminins sont bien mis en valeur, détail qu'il faut applaudir au vu du contexte. Enorme travail de recherche également. Tant dans les rendus des caractères que dans la narration des événements, Hilary Mantel fait preuve d'une grande érudition au risque parfois d'assommer un peu son lecteur sous les détails : j'avoue avoir parfois décroché un peu de l'intrigue, le temps de consulter l'imposante liste des personnages ou de jeter un oeil sur Wikipédia (oui, oui, je sais, honte sur moi…), mes connaissances sur la période laissant à désirer. La densité du récit entraîne parfois quelques longueurs, heureusement compensées par la virtuosité avec laquelle Mantel décrit les mouvements de foule et les pics d'action.



Les romans un tant soit peu objectifs sur la Révolution Française sont assez rares et celui-là mérite largement d'attirer l'attention. Il est aussi de ceux qui incitent à se procurer pleins d'ouvrages historique sur la période concernée, histoire de démêler la réalité de la licence poétique (je suis particulièrement curieuse de découvrir la biographie de Robespierre de Jean-Clément Martin qui – une fois n'est pas coutume – semble se dispenser de casser du sucre sur le dos de « l'incorruptible »). En conclusion, un roman historique un peu dense mais brillant dont j'attends avec impatience la suite, « Les Désordres ». Miam, miam !

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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Nous sommes en Angleterre en 1520 et le roi Henri VIII a le feu aux fesses (pour ne pas dire autre part). Il brûle pour la belle Anne Boleyn qu'il culbuterait bien sur son royal lit. Pas de chance, la belle joue les vertueuses et refuse de se laisser séduire tant que le monarque n'aura pas divorcé de son actuelle épouse, la plantureuse et caractérielle Catherine d'Aragon. Mais le pape, ce vieux ronchon, refuse de valider le divorce et les conseillers de roi Henri désespèrent de trouver une solution pour apaiser les appétits charnels de leur suzerain et donner, par la même occasion, un héritier à la couronne.



Or voici que surgit de l'ombre un homme aussi curieux qu'imposant : Thomas Cromwell, ancien homme de confiance du cardinal Wosley, tombé en disgrâce pour n'être pas parvenu à faire pression sur le pape. Etrange personnage que ce Cromwell… On le dit venu de la fange, fils de forgeron, ancien marin, ancien mercenaire, ancien comptable, homme de ressources assurément, à la tête bien faite et aux énormes pognes d'assassin. Par la grâce d'une intelligence aigüe et d'une volonté de fer, il saura s'élever au sein de la Cour des Tudors, véritable panier à crabes, jusqu'au sommet de l'Etat.



J'ai commencé ce roman sur un malentendu. J'étais persuadée de lire un roman sur Oliver Cromwell, le lord Protecteur et principal investigateur de la Révolution anglaise. Ignare comme je suis en Histoire Anglaise, il m'a fallu plus de cent pages pour réaliser mon erreur (« Tiens, c'est curieux, c'était pas un siècle plus tard la révolution ? Il aurait eu quel âge ? Euh… cent soixante-dix ans ? ») Mais le temps que je revienne sur terre, j'étais déjà bien accrochée et je m'étais prise d'intérêt pour ce dense et ambitieux roman historique.



Il faut reconnaître cela à Hillary Mantel, elle ne prend pas ses lecteurs pour des crétins. « A l'ombre des Tudors » est un livre qui se mérite : il faut se concentrer pour suivre et démêler en compagnie du subtil Cromwell cet imbroglio de querelles, trahisons, alliances, et complots. La reconstitution de l'époque est fascinante et, malgré un style un peu difficile d'accès au premier abord, quoique fort beau, on ne peut qu'être captivée par cette vaste fresque historique, pleine de vie et de violence. Les portraits des hommes qui la traversent sont finement esquissés, en particulier ceux d'Henri VIII, monarque versatile obsédé par le désir d'être aimé de tous, et de Thomas More, son redoutable chancelier et principal adversaire de Cromwell à la langue dangereusement bien pendue. le protagoniste principal, quant à lui, s'avère charismatique et intriguant sous ses dehors de brute calculatrice au point que l'on se prend à redouter la terrible fin qui l'attendra d'ici quelques années. Je finis donc ce premier tome très satisfaite et ne tarderait pas à mettre la main sur la suite, même si ma curiosité est surtout éveillée par le roman écrit par Mantel sur la Révolution française dont le premier volume sortira en France la semaine prochaine.

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Le Conseiller, tome 2 : Le pouvoir

Hilary Mantel nous fait vivre au rythme de la cour de Henry VIII vue par les yeux de son conseiller Thomas Cromwell. Tout se déroule sur une période très courte, moins d'un an. Henry VIII décide de répudier sa deuxième épouse Anne de Boleyn - incapable de lui donner un héritier légitime. Il fait appel à Thomas Cromwell afin d'organiser un procès (qui n'en a que le nom) pour se débarrasser de son épouse et de ses prétendus amants. Thomas Cromwell décrit les relations entre les différents protagonistes, et également sa vie personnelle avec son fils depuis le décès de sa femme. Tout ceci est très bien écrit. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le tome I pour rentrer dans ce livre.
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Le Conseiller, tome 2 : Le pouvoir

Il y n'a pas à dire, il manque de suite dans les idées, Henri VIII… Après avoir secoué ciel et enfer pour briser son mariage avec la reine Catherine d'Aragon et épouser Anne Boleyn, le voici déjà lassé de sa nouvelle femme au bout de trois années seulement de mariage ! Il lorgne du coin de l'oeil la pâlichonne mais docile Jane Seymour et soupçonne son épouse d'infidélité, mais sa véritable faute est bien plus capitale : comme sa prédécesseure, la reine ne parvient pas à lui donner un héritier mâle. Pour rompre cette union encombrante, le souverain se tourne à nouveau vers son secrétaire, l'efficace et discret Thomas Cromwell qui avait déjà orchestré pour lui la rupture de son premier mariage. Mais les Boleyn s'accrochent férocement au pouvoir et il faudra des trésors d'habilité et d'obstination pour les en déboulonner – qualités dont Cromwell est, heureusement, pourvu en abondance.



Après un premier tome fort bien écrit mais très dense et parfois un peu difficile à suivre, « le pouvoir » nous conte la suite de la carrière de Thomas Cromwell et son point d'orgue, à savoir la chute d'Anne Boleyn. L'intrigue est plus resserrée que celle du tome précédent, s'écoulant sur une poignée de mois, et a gagné en fluidité et en cohérence. le scénario est mené de main de maître. Machinations politiques, querelles religieuses, complots de Cour, intrigues familiales, adultères s'y enchainent à toute vitesse, donnant au récit un rythme trépidant qui entraîne le lecteur et ne le relâche pas avant la dernière page. le tout reste pourtant intelligent et subtil sans jamais aller dans la surenchère scandaleuse, défaut dont souffrent beaucoup d'oeuvres consacrées au règne des Tudors. On frémit d'impatience et d'excitation mais on sourit aussi beaucoup car les touches d'humour sont nombreuses, notamment au niveau des dialogues très vifs et plein d'esprit.



Car Thomas Cromwell n'est pas seulement un homme d'état ambitieux et talentueux, c'est aussi un sacré comédien ! Fidèle dans ses amitiés, impitoyable dans ses haines, il n'a jamais pardonné aux Boleyn d'avoir précipité la chute de son ancien maître, le cardinal Wolsey, mais a su dissimuler sa rancune jusqu'à que les circonstances lui permettent d'éclater au grand jour. C'est aussi un homme lucide et la conscience de la fragilité de sa position – Henri qui s'est retourné contre tous ses anciens amis ne se retournera-t-il pas tôt ou tard contre lui ? – ne le rend que plus humain et attachant. Personnage étrange, très secret, dissimulant derrière une éternelle façade de bonne humeur et de flegme de lourds chagrins et des colères foudroyantes, il est pour une bonne part dans la séduction exercée par l'oeuvre de Hilary Mantel. le premier roman a été celui de son ascension, le deuxième celui de son apogée, le troisième contera sa chute. Inutile de dire que je l'attends avec la plus vive impatience !



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Révolution, tome 2 : Les désordres

Autant j'avais mis du temps à entrer dans le premier tome, autant cette deuxième partie est passionnante de bout en bout, et la lecture addictive.



Le temps exaltant de la conquête de la liberté est passé, il s'agit maintenant de consolider la révolution sur des bases encore bien instables et de survivre à l'exercice du pouvoir.

Le parti pris d'Hilary Mantel de raconter la révolution française à hauteur d'homme en se concentrant sur les personnages de Danton, Desmoulins et Robespierre, trouve ici toute sa force : en tant que lecteur, on se sent au coeur des événements et de la tension croissante, avec une sensation de réel d'autant plus grande qu'aucun des personnages n'est monolithique : avec un Desmoulins tantôt dépassé par sa propre portée historique tantôt surconfiant dans son immunité, un Danton truculent confondant allègrement intérêt national et satisfactions personnel les et un Robespierre qui se raidit dans l'intransigeance à mesure que ses handicaps sociaux se révèlent indépassables, c'est une réalité trouble que nous sommes conviés à percevoir, un théâtre d'ombres dans lequel s'effacent tous les principes iconiques de la révolution.



"Révolution" est une saga formidable qui nous offre le luxe décalé d'un pas de coté sur un grand moment d'Histoire, des bancs de la Convention au prétoire de Fouquier Tinville, de la mise à mort des Capet à celle de nos héros.
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Révolution, tome 1 : L'idéal

Enfin achevé! 600 pages longues, mais longues. Et surtout quelle déception!



Je me revois, furetant dans les rayons du Furet du Nord et tombant sur cette fiction historique si prometteuse qui m'a fait de l'oeil plusieurs mois avant que je daigne l'acheter. La Révolution française contée par une Anglaise? Qu'à cela ne tienne, essayons!

Bien mal m'en a pris vu que seulement le dernier tiers du livre m'a réellement séduite. Avec un tel livre, on s'attend à revivre les moments de la Révolution. Que dire du Serment du Jeu de Paume qui fait 5 lignes? De la prise de la Bastille qui fait une page? Quasiment rien sur l'abolition des privilèges et la DDHC,... des anecdotes comme l'année 1789 en général. Quant à nos personnages, Danton, Robespierre, Camille Desmoulins, ils sont bien là. Mais leurs idéaux très peu (si ce n'est là encore dans les 200 dernières pages). Il semblerait que leurs convictions politiques aient été sacrifiées pour la prétendue histoire de coeur de Camille Desmoulins pour la mère de sa future femme... On s'en serait passé. Et ne parlons pas de la première partie sur leur enfance longuette au possible. J'aime les fictions historiques. J'aime que les auteurs donnent vie à leur personnage en nous montrant leur personnalité. Mais, là, en l'occurrence on ne voit rien de leurs cheminements politiques si ce n'est sur la fin. Cela ne devrait-il pas être le principal? Quant à la narration, je n'ai pas compris le parti-pris de chapitres longs avec des paragraphes très courts qui change de point de vue narratif mais surtout de style narraitf : un coup une narration interne, une autre fois une narration externe. Et les paragraphes m'ont semblé commencé de manière abrupte. Personnellement, je me suis perdue devant cette prose hermétique.



Je vais tout de même rapporter quelques points positifs, car il y en a, mais essentiellement sur le dernier tiers selon moi. Premièrement, sur cette partie, la narration m'a semblé plus fluide et moins ennuyeuse. Ou alors je me suis habituée?

Les événements d'à partir 1790 se sont enchaînés vite. Deuxièmement, j'ai été agréablement surprise de constater que des trois personnages, c'est la personnalité de Robespierre (conçue par Hilary Mantel) qui m'a le plus plu. J'aurais pensé Camille Desmoulins, en voilà pour mon compte. Enfin, la fin appelle clairement une suite. Mais ce sera sûrement sans moi. Vous l'aurez compris, cette lecture ne m'a pas ravie.



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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Il est d'excellents livres auxquels on adhère pas... Celui-ci en est un. Objectivement, il est très bon : retraçant l'histoire du règne de d'Henri VIII d'Angleterre, du point de vue de son conseiller Thomas Cromwell, il repose apparemment sur un travail historique très fouillé, et propose une vision originale d'une époque très romancée outre Manche. L'écriture est travaillée, très particulière, à la troisième personne et très descriptive, mais adoptant toujours le point de vue de Thomas Cromwell, acteur de l'intrigue, mais surtout témoin d'une Cour d'Angleterre dont ses humbles origines le font se sentir étranger.



Et pourtant, j'ai eu du mal à finir ce volume : l'écriture est assez froide, je n'ai pas compris le ressort des personnages. On devine que Thomas Cromwell a des sympathies pour la Réforme, mais il ne les exprime pas. Il est loyal au roi, le protège et le console, mais ne l'estime pas. Il semble détester Anne Boleyn, mais la sert tout aussi bien que le roi... A l'exception d'un passage, où il défend une idée de la démocratie parlementaire, il ne défend pas d'opinions, même dans l'intimité, et ses sentiments restent presque aussi mystérieux que son passé. Il m'a peut-être manqué une meilleure connaissance de cette période, qui m'aurait permis de mettre de la chair et des passions sur ce récit ?
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Le Conseiller, tome 1 : Dans l'ombre des Tu..

Une chose est sûre, cette trilogie dépoussière bien comme il faut l’époque des Tudors grâce au point de vue plein d’humour de Thomas Cromwell, l’homme ambitieux qui parvint à se hisser dans l’ombre du roi Henry VIII. Le sujet est vaste, intéressant, mais extrêmement copieux, il faut l’avouer. Et c’est peut-être ce qui a fait que j’ai lu ce premier tome lentement mais sûrement. Hilary Mantel ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles, elle les immerge complètement dans son récit, les inondant d’un flot de références historiques pointues. La dame maîtrise son sujet, ce n’est pas le lecteur qui dira le contraire.



Je pense que c’est un roman qui ne se lit pas de la même façon selon notre degré de connaissances en rapport avec cette époque. Ceux qui en sont friands pourront saisir toutes les subtilités politiques, les autres se contenteront de se laisser séduire par le point de vue Cromwell, ce qui n’est pas désagréable non plus. Je me situe entre les deux puisque je suivais la série Les Tudors avec assiduité, même si je pense qu’il faut en prendre et en laisser, c’est évident, pour pleinement apprécier la saveur que l’auteure a donnée à ses protagonistes.



Le style est surprenant et nécessite plusieurs pages de lecture pour qu’on se familiarise avec, car Hilary Mantel donne un côté théâtral à son récit en utilisant un « il » qui fait toujours référence à Thomas Cromwell, son héros attitré. Avec du recul, on se rend compte que le choix est judicieux étant donné qu’on ne perd rien des pensées truculentes du personnage, mais à la fois on gagne en perception puisque des mouvements d’une caméra, qui plonge presque à l’intérieur des autres protagonistes, nous permettent de pousser plus loin l’analyse que l’on peut faire d’eux. Je déplore peut-être qu’on ait l’impression de rester en huis-clos car les décors sont minimalistes et récurrents, mais c’est à l’échelle des complots et trahisons, dirons-nous, et cela nous permet de rester dans une dimension plus intimiste.



J’ai grandement apprécié que le ton soit frais et finalement très contemporain dans le traitement des rapports entre les personnages, je pense notamment à la relation très intéressante qui lie Cromwell au cardinal de Wolsey. En se focalisant sur Thomas Cromwell, Hilary Mantel confère une humanité certaine à son récit, c’est un outsider qui arrive peu à peu à s’immiscer dans les hautes sphères grâce à son intelligence. Si le récit est loin d’être larmoyant, la pudeur du personnage lorsqu’il évoque sa vie personnelle, son enfance ou la mort de sa femme, est touchante.



Un livre à lire, donc, pour le plaisir de revenir sur les trahisons à l’époque des Tudors en adoptant un point de vue frais concernant, du moins dans ce premier tome, l’affaire du divorce d’Henry VIII avec Catherine qui va conduire à un bouleversement des rapports entre la monarchie et la papauté.



PS : Chapeau bas au traducteur pour avoir su retranscrire la saveur du récit, ce qui n'était pas une mince affaire compte tenu de la particularité du point de vue.
Lien : http://truebloodaddict.net/2..
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Le Miroir et la Lumière

Voilà j'ai fini la trilogie de Hilary Mantel sur Cromwell.

Vraiment passionnante cette histoire , si vous aimez les romans historiques allez y ....vous apprendrez des choses , serez peut être surpris mais pas indifférent .

Le troisième tome m'a donné un peu de mal pour des raisons futiles je pense

D'abord le livre était neuf avec des pages au papier très fin ( n'importe quoi l'excuse ) et sa longueur 998 pages

J'aime les pavés mais là je ne m'en sortais pas ...peut être des longueurs dans ce 3eme tome

Et puis d'un coup la lecture est devenue addictive

Je retiens deux choses : d'un côté un roi Henri VIII pénible avec tous ces mariages , son indécision , sa mollesse

De l'autre le conseiller du roi qui devient de plus en plus important Cromwell

Qui gère pratiquement tout , les conflits larvés avec François 1er et Charles Quint .....la recherche d'épouses pour le freluquet pénible !!!

Il a un côté très humain Cromwell à prendre dans ses différentes demeures de jeunes apprentis , pour les sortir de la misère et leur apprendre un métier

De l'autre un conseiller très malin , froid , habile mais de basse naissance

Et les nobles anglais ne lui pardonneront jamais ça qu'un être "inférieur " se hisse à leur niveau .

Sa chute est incroyable

Les manigances de Stephen Gardiner ( évêque De Winchester et son ennemi juré )pour l'accuser de torts irréels

Les aristocrates et courtisans jaloux

Le roi ( alors celui là il m'est sorti par les trous de nez si je puis dire !!!! ) qui n'a aucun courage qui n'affronte pas ses problèmes conjugaux , qui fait zigouiller plusieurs de ses épouses

Oh mon dieu elles ont commis l'adultère et lui ce pignouf a eu plusieurs maîtresses mais bon hein !!!

La condition des femmes de cette époque n'en parlons même pas !!!

Les dernières pages m'ont rendu triste , triste de laisser Cromwell sur l'échafaud , triste de quitter ce personnage que je lis depuis plus d'un mois

En regardant la biographie de Hilary Mantel j'ai lu qu'elle est décédée en Septembre 2022............touchant et émouvant ; cette femme était très talentueuse et cette trilogie est un monument .
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Révolution, tome 2 : Les désordres

En 1791, on rêve encore de jours meilleurs. La reine et le roi ont été applaudis en public, Louis XVI a accepté la nouvelle constitution et fait serment de la respecter. Une alliance entre la monarchie et le peuple serait donc possible ? Mais tous ne l’entendent pas de cette oreille. Quoi, tant de sacrifices, tant de gains sociaux ne seraient récompensés que par une démocratie tronquée ? Quoi, on s’arrêterait si tôt alors que la république est à portée de main ? Fer de lance de l’aile progressiste de l’assemblée, Danton, Robespierre et Desmoulins s’allient pour faire progresser la cause sacrée de la liberté – Faudrait-il pour cela enchaîner coup d’état sur coup d’état, noyer la France dans le sang et aller même jusqu’au sacrifice suprême, celui de la royauté. Tombent les têtes couronnées, le clergé, la noblesse, toutes les valeurs qui ont fait de la France ce qu’elle a été jusqu’à aujourd’hui ! Mais dans les rangs de l’assemblée et des comités, la paranoïa règne. Soupçons, complots, procès et condamnations arbitraires fleurissent comme des marguerites au printemps et viendra vite le temps où les amis d’hier se transformeront en les plus féroces des ennemis et où la Révolution, telle une lionne dénaturée, dévorera ses petits…



Après une petite pause digestive, j’ai enchaîné sur le deuxième tome de la duologie révolutionnaire de Hillary Mantel, en espérant qu’il se révélerait aussi passionnant et enlevé que le premier. Pari gagné ! Avec « Les désordres », Mantel signe une suite de très bonne facture, très voire un peu trop touffue, mais la période l’est également alors on aurait mauvaise grâce à le lui reprocher. Avec le recul que lui apporte probablement son statut d’étrangère, la romancière parvient à faire un portrait équilibré de la Révolution, nous faisant partager tour à tour l’exaltation ou la terreur propres à ces temps troublés et magnifiques. Elle parvient surtout à en humaniser les différents protagonistes, donnant vie aux images d’Epinal figées que l’on a l’habitude d’admirer dans les livres d’Histoire. C’est particulièrement Danton qui sort son épingle du lot, colosse charismatique dont la voix sonore semble dominer tout le récit puis idole aux pieds d’argile, fragile dans ses affections et ses phases dépressives. La portraitisation de Robespierre est également surprenante – souvent plus vélléitaire que fanatique – mais finalement assez juste si je me fie à la biographie de Jean-Clément lue il y a peu de temps. Les personnages secondaires sont nombreux, mais finement caractérisés, avec un petit bémol pour Saint-Just assez monofacial.



Un bon roman, un peu ardu d’accès pour les néophytes mais qui a le mérite de se pencher sur un sujet peu abordé par nos écrivains contemporains. Toujours trop polémique peut-être ? Pourtant, tout cela devrait être digéré depuis longtemps, mais allez parler de Robespierre à un dantoniste… Gare à votre nez, alors, vous vous le ferez bouffer !

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