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Citation de Osmanthe


La semaine précédente, Osamu et Nobuyo avaient quitté la maison où Hatsue et Shôta dormaient paisiblement, pour boire un verre seuls tous les deux. C'est Nobuyo qui lui avait proposé d'y aller. "Il a dû y avoir un incident désagréable au travail", avait-il pensé.
Quand elle proposait d'aller boire un verre, Nobuyo paraissait souvent soucieuse. Mais ensuite elle avait toujours l'air de bien s'amuser.
- Dis, dis, si on faisait démolir la maison pour construire un immeuble de location à la place ? avait-elle suggéré ce soir-là.
- Idiote, la vieille n'acceptera jamais, répondit Osamu après avoir demandé à la patronne un deuxième verre d'alcool de patate à la liqueur de prune.
- Si on lui disait que si elle refuse, on s'en va ?
- Elle serait capable de nous prendre au mot. Vaut mieux faire attention.
Loin de chercher à s'élever, Nobuyo veillait surtout à ce qu'Osamu ne tombe pas plus bas.
- Si c'était un immeuble, on pourrait occuper le dernier étage, et vivre des loyers des appartements en dessous. Qu'est-ce que t'en dis ?
- Ce serait pas mal...
Un panneau entier de mur était décoré de photos du feu d'artifice d'été sur la rivière Sumida, que l'on pouvait autrefois regarder depuis le toit terrasse. Les photos avaient jauni au soleil, et on ne distinguait même plus de quelles couleurs elles avaient été à l'origine. Maintenant, depuis le toit, on ne voyait plus rien à part les murs de l'immeuble voisin.
- On construirait l'immeuble le plus haut du pâté de maisons...Comme ça, on aurait une vue dégagée sur tous les autres en contre-bas...On pourrait regarder le feu d'artifice sur la Sumida depuis la galerie extérieure. Des places de première classe !
Osamu fermait à demi les yeux, faisant éclater des feux d'artifice en imagination.
- Ce serait le rêve, dit Nobuyo.
- Oui, le rêve.
Un rêve qui ne se réaliserait jamais, ils le savaient tous deux.
Mais personne ne pouvait leur enlever le droit de formuler ce rêve bon marché, qu'ils pouvaient s'offrir pour le prix de deux verres d'alcool de patate.
Ce soir-là, ils avaient bu ensemble jusqu'à la fermeture du bar, et étaient rentrés chez eux en chancelant, sous le regard de la patronne et de son assistante, debout sur le pas de la porte.
Osamu avait posé une main sur l'épaule de sa femme et s'appuyait dessus de tout son poids.
- Dis donc, marche un peu tout seul.
- Idiote. Tu es mon bâton de vieillesse, non ?
- Mais je pousserai pas ta chaise roulante.
- Je sais bien.
"C'est donc ça, être un couple, s'était dit Osamu en passant le bras autour de la taille de Nobuyo. C'est bien, alors, le mariage", songeait-il avec attendrissement.
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