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3.29/5 (sur 164 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Saeki-Ku, Hiroshima , le 02/11/1983
Biographie :

Hiroko Oyamada est une romancière japonaise. Elle a reçu le Prix Akutagawa en 2013 pour son roman "Ana" dont le personnage central est une femme qui renonce à la ville et à son travail pour habiter la campagne : elle y tombe dans un trou ce qui enclenche des événements étranges. Kojo (L'usine) évoque l'aliénation au travail.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiroko_Oyamada
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Bibliographie de Hiroko Oyamada   (5)Voir plus

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Un singe… Là où j’ai acheté la maison, ce n’est pas la ville mais ce n’est pas non plus en pleine campagne. À dix minutes de voiture, il y a le plus grand centre commercial du département, avec un Uniqlo, un Mujirushi, un Kaldi et un Starbucks. Sur le chemin, un café de la chaîne Komeda. Derrière notre maison c’est une colline mais la plus grande partie a été aménagée en terrains à bâtir. De proprets pavillons alignés, des pylônes électriques qui se dressent, rien qui donne l’image d’un endroit où il y aurait des singes. D’où a-t-il bien pu venir ? Peut-être ne s’agit-il pas d’un animal sauvage mais d’un animal domestique qui s’est enfui.
Quand je suis arrivé à la maison, ma femme est sortie pour m’accueillir. « Il y avait un singe ? — Oui, un singe, je n’y croyais pas. » Elle était en pyjama, avec des chaussons fourrés montants. Du séjour venait le son d’un dessin animé enregistré. Une actrice qui jouait le rôle d’une petite fille chantait d’une voix aigüe et pleine d’entrain. « Juste là, sur l’arbre des voisins. Il était en train de s’empiffrer de kakis. — Incroyable ! »
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Plus de vingt que je suis sur cette planète, et pourtant je suis incapable de parler correctement, ou de faire mieux qu’un travail qui pourrait être confié à un robot. Je n’actionne pas les déchiqueteuses, je les assite. Je travaille, mais j’ai l’impression de ne pas mériter l’argent que je gagne et grâce auquel on me permet de vivre. Le matin, c’est comme si le temps ne passait pas du tout, même si la pendule au mur dit qu’il y a trois heures que je suis au travail. (p162)
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Le chant des cigales rend l’air plus visqueux. À droite il y a le fleuve, à gauche une succession de maisons particulières possédant toutes un jardin qui resplendit d’un vert intense et dont les façades sont agrémentées de melons amers ou d’autres plantes grimpantes autour des fenêtres. Derrière ces feuillages touffus, on ne perçoit pas de présence humaine. Aucun bruit d’activité, pas de télévision allumée. Ni de cris d’enfants. La berge est couverte d’herbes drues, et du chemin celles-ci semblent presque faire disparaître la surface du fleuve. Dans l’eau parmi les herbes se tiennent de grands oiseaux gris clair, des hérons probablement, qui ne doivent pas être migrateurs. L’endroit est envahi par les graminées géantes, les kudzus et d’autres plantes que j’ai déjà vues mais dont j’ignore les noms. Par endroits, la surface est d’un bleu trouble, d’un vert stagnant ou bien toute noire sous l’effet de la lumière vive. Les herbes sèches exhalent une odeur de fibres grillées.
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L’Usine est grise, et lorsque j’ai ouvert la porte du premier sous-sol, une odeur d’oiseaux m’a envahi les narines. « Bonjour, j’ai rendez-vous à 14 heures pour un entretien. » Sous un panneau « ACCEUIL, SERVICE, REPROGRAPHIE » juste en face de la porte, une femme corpulente entre deux âges est assise, qui hoche la tête sans me regarder, décroche un combiné téléphonique et compose un numéro de poste. Son rouge à lèvres n’a pas bien tenu par endroits. « Le responsable va venir tout de suite. » A peine a-t-elle prononcé ces mots, qu’un homme en costume-cravate arrive. Elle n’a pas eu à téléphoner bien loin.
(incipit)
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A l’Usine, c'est chaque jour la même chose : je me réveille, je prends le petit déjeuner, je marche, je monte parfois dans un bus, je déjeune dans une cantine, puis je me remets à arpenter l’Usine, éventuellement je m’enferme dans mon labo pour fabriquer des échantillons, les classer ou entrer des données sur mon ordinateur, et ensuite je dîne, prends un bain et vais me coucher. Jusqu’à quand cela va -t-il durer ? (p122)
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Quand une machine devient inutilisable et que je décide immédiatement de l’éteindre pour passer à une autre, je me sens comme un membre à part entière de la société, qui fait un choix dans son travail. Seulement, bien sûr, ce sentiment ne dure pas. Dès le deuxième jour, mon travail n’a plus de secret pour moi, et hormis dysfonctionnement important, je n’ai plus besoin d’utiliser un neurone. (p113)
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« Réfléchis-y bien, dit-il lentement. C’est l’Usine ! Tes parents seront surement très contents. »
Ils ont vraiment été très contents. Moi qui étais persuadé qu’ils approuveraient sans réserve ma décision de consacrer ma vie au domaine de recherche qui me plait, même si cela signifiait provisoirement que je ne pouvais pas gagner beaucoup d’argent, je m’étais apparemment trompé. « Un homme a une mission dans la vie : gagner assez d’argent pour manger à sa faim. » Une mission sans grande envergure, ai-je pensé, mais c’est ce qu’à décrété mon père à la table du dîner, devant ma mère émue aux armes, et le lendemain nous sommes allés en famille m’acheter des costumes. (p24)
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Ce fleuve, ce pont qui le traverse, cette usine. Tout est si grand, et j'en fais partie, j'y suis nécessaire, j'y travaille, alors je devrais être reconnaissante, me dire que c'est merveilleux, non ? Certes, n'importe qui pourrait faire mon travail, même un vieillard ou un handicapé. En ce sens, c'est peut-être une injustice terrible pour une jeune femme qui, comme on dit, a l'avenir devant elle. Pourtant, ça ne manque pas, les jeunes gens contraints de passer leur temps dans l'oisiveté, reclus dans leur chambre. Celui qui veut travailler et qui a la chance de le pouvoir, comment ne serait-il pas reconnaissant d'avoir un emploi ? Sauf que moi, je n'ai pas envie de travailler. Car, en vérité, ce qui fait la valeur de la vie, ce qui lui donne un sens, n'a rien à voir avec le travail. Je l'ai cru autrefois, mais je sais aujourd'hui que ça n'a aucun lien.
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- Le déculotteur est, paraît-il un homme d'âge mûr voir âgé, qui rôde dans la forêt à l'affut de personnes, homme ou femmes, à qui baisser leur slip ou leur culotte.
- Pourquoi l'appelle-t-on "la fée de la forêt" ?
- C'est lui qui se fait appeler comme ça, il paraît. Si les personnes qu'il agresse résistent ou ripostent, il s'enfuit aussitôt en courant et disparaît dans la forêt. En fin de compte, comme personne ne le laisse faire, il n'a jamais réussi à déculotter complètement quelqu'un. Ses victimes ne sont pas exclusivement des jeunes femmes, il attaque tous azimuts, sans distinction d'âge et de sexe.
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"Lors des moments d'exploration libre, je vous demande de ne jamais vous aventurer dans la forêt. Elle est sombre même en plein jour et vous seriez en danger si vous vous égariez. Ceci est également valable pour les parents." Sans compter ce pervers de "déculotteur" qui rôde dans les environs. Mlle Aoyama m'a demandé de ne pas en parler aux participants. "ça gâcherait la bonne humeur des parents, vous comprenez. Le personnel de l'Usine est au courant de toute façon, alors ça ne servirait à rien. Veillez plutôt à ce que tout se passe bien. Si vous le jugez nécessaire, on pourrait peut-être envoyer quelques hommes des relations publiques pour surveiller la forêt ? Ou demander à la sécurité ? ─ Bonne idée. Je veux bien que vous demandiez à la sécurité." De cette façon, nous serons tranquilles, mais ça ne m'enchante pas. Le déculotteur est, paraît-il, un homme d'âge mûr voire âgé, qui rôde dans la forêt à l'affût de personnes, hommes ou femmes, à qui baisser leur slip ou leur culotte. "Pourquoi l'appelle-t-on "la fée de la forêt" ? ─ C'est lui qui se fait appeler comme ça, il paraît." Si les personnes qu'il agresse résistent ou ripostent, il s'ensuit aussitôt en courant et disparaît dans la forêt. En fin de compte, comme personne ne se laisse faire, il n'a jamais réussi à déculotter complètement quelqu'un. "Ses victimes ne sont pas exclusivement des jeunes femmes, il attaque tous azimuts, sans distinction d'âge et de sexe. Apparemment, seules les personnes en costume ou en tailleur seraient épargnées." Mlle Aoyama tire sur le col de son tailleur gris. Ce faisant, elle tord le fin collier doré au bout duquel est accrochée une minuscule pierre noire de moins d'un millimètre. "C'est pour ça, paraît-il, qu'il n'est pas considéré comme un agresseur sexuel." Qu'il soit homosexuel, gérontophile ou bien qu'un costume ou un tailleur le rende impuissant, tous les goûts sont dans la nature, mais on ne peut pas affirmer qu'il n'est pas un agresseur sexuel pour la simple raison qu'il ne vise pas exclusivement des jeunes femmes. D'abord, ne faut-il pas être un peu taré pour se faire appeler "la fée de la forêt" ? "Quelqu'un devrait le signaler à la police, non ? ─ Oui, mais en fait il n'y a pas vraiment de victimes, et comme des appels à la vigilance ont été faits dans tous les services de l'Usine, on n'a pas de motifs suffisants pour faire intervenir la police." Vu le niveau de sécurité de l'Usine, il est difficile d'imaginer qu'il s'y introduit de l'extérieur, et donc la probabilité est forte de découvrir qu'il s'agit d'un employé de l'Usine si on se met à rechercher le déculotteur. Porter plainte signifie également que des crimes se sont produits à l'intérieur de l'Usine, avec l'opprobre que cela implique.
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