Oui, le temps peut s'arrêter pendant une lecture ! Pendant quelques douces heures !
Cette étonnante histoire se déroule au Japon bien sûr, précisément où et quand, peu importe, d'ailleurs l'auteur ne le précise pas. Tout n'y est que tendresse, délicatesse et respect de l'autre. Un récit agréablement écrit, fluide et émaillé d'haikus, ces courts poèmes japonais fort poétiques.
Le plus étonnant finalement est qu'il ne se passe presque rien, aucune intrigue spectaculaire, aucun détail pittoresque, juste une narration centrée sur le ressenti des deux personnages principaux qui se découvrent, s'apprivoisent lentement au fil de rencontres plus ou moins fortuites. On ne s'ennuie pourtant pas une minute, ils se retrouvent souvent pour déguster du saké ou de la bière en fin de journée, partager des heures immobiles propices à l'éclosion d'une belle et tendre amitié, mais aussi partir en randonnée, s'émerveiller devant la beauté de cerisiers en fleurs, visiter un musée...
C'est totalement inutile, donc infiniment précieux !
Et et...le charme opère par petites touches, subtilement, révélant néanmoins des sentiments puissants, comme un pinceau compose une estampe japonaise.
Tsukiko, belle jeune femme de trente-sept ans, indépendante et solitaire s'attache à son ancien professeur de japonais, de trente ans son aîné, retrouvé par hasard, et qu'elle surnomme affectueusement le maître, réminiscence de son adolescence.
Connivences évidentes, amitié profonde, amour impossible ? Jusqu'au dénouement final, particulièrement réussi, Hiromi KAWAKAMI garde le lecteur dans l'attente à l'image des deux protagonistes de cette très belle, lente et touchante histoire...d'amour.
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Un roman d’une joyeuse tristesse…
Une héroïne très touchante, mais pas tout à fait sympathique. Elle ressemble peut-être à quelqu’un qu’on côtoie tous les jours, mais qu’on ne connaîtra jamais vraiment, car elle fuit les contacts et ne s’apprivoise pas facilement. Même avec sa famille, la communication ne semble pas facile. Ça prend beaucoup de saké, de bières et nourritures partagées, de rencontres fortuites et d’activités communes pour qu’un lien se crée avec son ancien professeur, son « maître » dont la vie est aussi remplie de solitude.
Un roman où on se demande si c’est une histoire d’amour, comment la relation entre ces deux êtres improbables va évoluer, des petits plats aux plaisirs quotidiens et à la tendresse, toutes ces choses qui apportent la douceur de l’existence.
Un roman d’amour moderne, mais où, chose rare, la sexualité prend très peu de place!
Un beau texte qui invite à sortir de sa coquille pour profiter aussi des années douces…
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Une jeune femme dans la trentaine, indépendante et solitaire. Un professeur à la retraite, tout aussi solitaire. Puis des rencontres. Rien de plus. Et pas besoin de plus. Ces deux êtres esseulés se croisent par hasard au café, elle reconnaît son ancien maître, les deux échangent. Ce hasard se répétera à quelques reprises, là et ailleurs, les rencontres se poursuivant au restaurant. Parfois, ils osent même se donner rendez-vous à la montagne. N’allez pas vous imaginer une intrigue amoureuse, oh que non. Du moins, si l’amour est présent, il est exempt de sexualité. C’est que Tsukito et « le maître » trouvent leur compte dans cette relation toute en respect, préférant partager des souvenirs, des délicieux moments de contentement. Pourquoi faudrait-il absolument plus ?
C’est ce que j’apprécie de la littérature japonaise, et de la civilisation japonaise dans son ensemble : cette capacité à apprécier les petits bonheurs du quotidien, et de les élever à un tel niveau. Et, en effet, il ne se passe rien dans ce roman, Les années douces, et c’est bien ainsi. Pourquoi devrait-il en être autrement ?
La vie de la majorité de la population n’est pas faite de grands gestes héroïques. Tant mieux si on peut célébrer la gloire des héros du passé mais, pour la plupart d’entre nous, nous n’arriveront jamais à égaler leurs exploits. Non, il vaut mieux se contenter des petits bonheurs. Et je me fais prendre à mon tour. Contenter. Pourquoi ce terme, comme si c’était faute de mieux. Les gestes agréables, les plaisirs accessibles, ils ont leur importance.
Eh bien, les Japonais savent le mettre en valeur. Apprécier la bonne compagnie, boire un verre de saké, se remémorer les bons souvenirs, rire ensemble des retournements de situation d’un être grossier (on est humain, après tout !), aller en randonnée cueillir des champignon, etc. S’émerveiller devant la beauté de la vie ! Elle est faite essentiellement de ces moments simples et doux et il est primordial de les célébrer à leur juste valeur. Vivement Hiromi Kawakami et les auteurs comme elle qui osent écrire avec justesse à propos de rien et de tout à la fois.
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Quand la critique se fait acrostiche pour quand même garder une trace d'une lecture décevante :
Dix voix de femmes pour raconter un seul homme
Évidemment, c'est tentant !
Curiosité déçue
Expérience fade, voire banale.
Vraiment la même auteure que le délicieux Les Années douces ?
Aucun charme, de l'ennui même
Non décidément, rien à voir.
Tranquillement passer son chemin…
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Tsukiko rencontre fortuitement Harutsuna son ancien professeur de japonais (le maître) alors qu’ils dînent, chacun de son côté, au comptoir d’un petit bistrot. C’est le maître qui la reconnaît le premier, quelques flacons de saké scellent leurs retrouvailles.
Une amitié se noue entre la jeune femme de 37 ans et le maître, un vieux monsieur, veuf depuis peu. Les rencontres entre ces deux solitaires se succèdent à intervalles plus au moins réguliers dans leur troquet habituel où les modestes repas se prolongent souvent devant un verre de saké.
Parfois le maître propose à la narratrice Tsukiko de l’accompagner au marché, à la cueillette des champignons, à la fête des fleurs…
Chaque fois ces petits bonheurs au quotidien enthousiasment la jeune femme ; il faut dire que le maître n’a pas son pareil pour mettre en évidence la quintessence des choses, pour égrener soudain un petit poème, pour effleurer le côté romantique de Tsukiko.
Le sentiment qu’éprouve la jeune femme pour ce vieux monsieur à la délicatesse extrême restera-t-il, au fil des mois, cantonné au stade de la tendresse ?
"Les années douces" est un roman à déguster lentement comme un petit verre de vieux saké.
L’amour se joue dit-on des barrières les plus infranchissables. Tsukiko et le maître les franchiront-ils de concert ?
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Deux solitudes se retrouvent plus ou moins fortuitement dans un bistrot. Vivent de subtils bonheurs fugaces. Partagent des moments simples et inoubliables. Se retrouvent autour d'une coupe de saké, qui délie parfois les langues à fleur de mots. Tout dans ce livre est ténu, délicat, plein de charme.
Je souhaiterais chaleureusement remercier mon ami Christian qui a mis sur mon chemin de lecture ce petit joyau.
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Le roman d'Hiromi Kawakami est, comme le titre l'indique, empreint de douceur et de poésie. TsuKiko, femme de presque 40 ans, retrouve, par hasard au café, son ancien professeur de japonais "le maître". La relation qui se crée entre eux deux est pure, délicate, tout simplement belle. Les sentiments, tout en retenue, entourés de pudeur vont, petit à petit se dévoiler et s'affirmer. Il ne faut pas rechercher de l'action, tout est feutré. Ce roman est apaisant, il faut le lire bien installée dans le calme. Si c'était possible, l'idéal serait de le lire allongée sur un nuage bien cotonneux avec bien sûr un verre de saké, boisson omniprésente dans ce roman. 🎶 "c'est un beau roman, c'est une belle histoire"🎶
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Dans un quartier en périphérie de la capitale japonaise, une petite brocante est tenue par M. Nakano, un cinquagénaire excentrique. C’est plus une boutique de bric-à-brac. D’ailleurs, le propriétaire insiste pour le signaler aux clients potentiels : « Je vous préviens tout de suite que c’est une brocante ici, pas un magasin d’antiquités ! » Pour l’épauler, il peut compter sur l’aide de deux jeunes employés pour récupérer les marchandise et tenir la caisse, respectivement Takéo l’intorverti et Hitomi la naïve et réservée. Et aussi sur sa sœur Masayo, une âartiste (oui, oui, une âartiste !), spécialisée dans les arts plastiques et dont la contribution va de la décoration du magasin à… un peu de tout. À eux quatre, ils constitue presque un huis-clos. Il y a bien quelques autres personnages qui gravitent autour d’eux (dont des clients réguliers) mais c’est à peu près tout.
Dans La brocante Nakano, il ne se passe pas grand chose. Propriétaire et employés travaillent, mangent ensemble dans l’arrière-boutique, bavardent, partagent leurs états d’âme, se laissent aller à des confidences. Des liens se créent, des histoires d’amour aussi. En d’autres mots, c’est une suite sans fin d’événement du quotidien. Rien que cela. Et je n’écris pas cela avec ironie, mesquinerie ou quoi que ce soit de négatif. C’est bien de lire un roman qui rappelle qu’il fait bon vivre. En ce sens, ça me rappelle un peu Ensemble c’est tout, d’Anna Gavalda. Que des gens dont l’existence sera touchée, changée, par le compagnonage des autres.
Évidemment, La brocante Nakano est écrit dans le plus pur style oriental et j’ai de la difficulté à l’imaginer autrement. Le rythme est lent mais je crois que c’est essentiel pour apprécier l’éclosion des sentiments qui uniront les personnages, pour s’attacher à eux. Et, plus on avance vers la fin, plus ça permet de se laisser charmer et submerger par la nostalgie (heureusement sans tomber dans le larmoyant). Après tout, Takéo et Hitomi sont encore jeunes, ils ne peuvent rester éternellement dans une brocante excentrée, ils devront voler de leurs propres ailes… L’écriture tendre et délicate d’Hiromi Kawakami est tout simplement sublime.
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Dans le petit troquet où elle se rend le soir après son travail, Tsukiko, quarantenaire célibataire et un peu solitaire, croise par hasard Matsumoto Harutsuna qui fut son professeur de japonais. Ils ont le même goût pour les flacons de saké chaud, les échalotes au sel, les tiges de lotus frites et les haricots fermentés au thon. Malgré leur grande différence d'âge, Tsukiko et celui qu'elle appelle "le maître" se rapprochent au fil de leurs rencontres fortuites derrière le comptoir du bar qu'ils fréquentent. Parfois, ils ne se voient pas pendant des semaines, parfois ils se donnent rendez-vous pour une promenade au marché ou la cueillette des champignons. A mesure que le temps passe, Tsukiko prend conscience que ce qui l'unit au maître ressemble plus à de l'amour qu'à de l'amitié. Mais le professeur, déjà septuagénaire, commence par refuser ses sentiments, conscient du caractère immanquablement éphémère d'une éventuelle liaison.
Merveilleux, délicat, poétique, léger sans être futile...Les mots ne suffisent pas pour qualifier ce récit qui a la grâce d'un haîku, la douceur du bonheur, la tendresse des moments partagés. Il ne s'y passe rien d'extraordinaire, mais on se laisse bercer par ce quotidien décrit dans toute sa simplicité, dans ces petits détails qui font la beauté de la vie. On s'attache à cette femme qui ne manque pas de caractère et à ce vieux professeur qui récite des poèmes et ne se sépare jamais de sa serviette et on les quitte avec un brin de mélancolie.
Roman intimiste et pudique qui raconte une femme et un homme qui s'apprivoisent et osent un nouvel amour, faisant fi des désillusions et des échecs du passé, ces années douces éblouissent comme une pluie de fleurs de cerisiers dont elles ont la magique beauté. A lire sans hésitation.
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Comme j'ai aimé t'accompagner, Tsukiko, au fil de ces années douces!
" Les jours que j'ai passés avec le maître, d'une douceur vaporeuse, denses en même temps, ont coulé", remarque-t-elle... C'est dans le troquet de Satoru qu'elle va retrouver le " maitre", ce vieux professeur dont elle a été l'élève peu concentrée, il y a longtemps. Âgée de 38 ans, l'indécise et rêveuse Tsukiko est toujours célibataire.
Des jours vont alors glisser...Des jours de tendresse ineffable à partager de nombreux verres de saké, à goûter ensemble la délicate cuisine japonaise.
Des jours à se fuir, se rejoindre, s'imprégner l'un de l'autre, avec pudeur, timidité. A savourer le silence.
Des jours inoubliables, sur l'île, la grève, à écouter les grillons, les mouettes. A entendre son coeur s'affoler.
Des jours qui pourraient sembler banals, éphémères, mais qui font vibrer l'âme , frémir, vivre enfin. Et aimer.
Des années douces comme un envol de papillons de nuit, comme les étoiles frissonnantes d'une soirée d'automne, comme les larmes qui perlent aux yeux, en lisant les dernières lignes de ce magnifique et émouvant roman...
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C'est un petit quartier commerçant de Tokyo où on vit, on se côtoie, on se connait, on se croise, dans la rue, dans une taverne ou chez le poissonnier. Amoureux ou solitaires, les habitants évoquent leur quotidien, leurs habitudes, leurs amours, leurs amitiés, leurs rêves, leurs petites histoires ou celles de leurs voisins.
A travers les destins croisés du poissonnier et de son colocataire, d'une astrologue, d'un photographe de la pluie et de bien d'autres habitants du quartier, Hiromi KAWARAMI évoque ces petites choses de la vie sans importance mais qui font l'âme humaine. Ce faisant, elle touche à l'universel en parlant des relations familiales, de l'amour et de l'amitié. De léger, son propos sait aussi se faire philosophique quand elle interroge la normalité ou la banalité. Faut-il sortir du lot ou faire le choix d'être banal pour contrer les problèmes en se contentant de ce que l'on a ? Des questionnements sur la société japonaise qui trouvent un écho partout ailleurs tant il s'agit de problématiques actuelles et universelles.
La belle écriture de KAWAKAMI, sa plume fine et poétique, sa sensibilité féminine enrichissent ces petits récits qui semblent disparates mais prennent tout leur sens dans le dénouement inattendu qui donne toutes les clés de l'histoire. Une auteure toujours juste, sensible et émouvante, dont chaque livre est un bijou d'émotions.
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Ce roman japonais à un charme tout particulier. Il ne s'y passe pas grand chose, juste des petites choses du quotidien, mais il dégage une douceur dont on a du mal à s'extraire.
C'est aussi le tout premier livre que mon amoureux a voulu partager avec moi. Je ne connaissais pas encore cet auteur, et je venais à peine de rencontrer mon ami. J'éprouve donc un attachement tout particulier pour les romans de cet auteur et je suis toujours amoureuse du même homme, une bonne décennie plus tard.
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Dix ans après la mystérieuse disparition de son mari, Kei n'a toujours pas fait le deuil de son mari, de son amour, de son foyer. L'absent occupe toutes ses pensées et même, Seiji, son amant, ne peut lui faire oublier Rei. le seul souvenir matériel qu'elle a gardé de lui est son journal intime qu'elle lit et relit. Un mot l'intrigue : Manazuru. Quel lien existe-t-il entre son mari et cette station balnéaire à deux heures de train de Tokyo ? Irrésistiblement attirée par ce lieu inconnu, Kei laisse sa fille et sa mère et s'y rend pour de courts séjours, en quête de réponses. Là-bas, au bord de la mer, une forme s'attache à ses pas, une femme qu'elle est la seule à voir, qui la guide dans les méandres de ses souvenirs.
Un livre étrange, très poétique, entre réalité prosaïque et onirisme. Il faut se laisser porter par l'écriture d'Hiromi Kawakami qui sait aussi bien raconter le quotidien qu'entraîner son lecteur dans un monde imaginaire fait d'ombres et de fantômes. On ne saura jamais qui est cette femme qui s'attache aux pas de Kei…Une défunte ? le fruit de son imagination ? Sa conscience ? On ne saura pas non plus si Rei est vivant ou mort, s'il est venu à Manazuru, s'il a pris un bateau pour un ailleurs inconnu. Mais au-delà du côté fantastique de son récit, l'auteure rend bien compte du deuil impossible de Kei, tiraillée entre son envie d'aimer Seiji et son besoin de comprendre les motivations de son mari disparu. Absent depuis dix ans et pourtant tellement présent, cet évaporé reste une énigme qu'elle n'en finit pas de sonder. Sa fuite a fait de Kei une femme abandonnée qui a peur de s'attacher. Et si Seiji la quittait aussi ? Et si Momo, sa fille adorée, s'éloignait d'elle ? Comment vivre, se reconstruire après cette perte inexplicable et inexpliquée ?
Le deuil, l'amour, le couple, la famille, le manque, l'absence vus par la talentueuse Hiromi Kawakami qui nous emmène à Manazuru pour un voyage où r^ve et réalité ne font plus qu'un.
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Voilà un petit roman très énigmatique, auquel je crois bien n’avoir absolument rien compris ! Il a pour lui une magnifique couverture (ah on sait y faire chez Picquier poche, après la très belle couverture du « mariage contre nature » et de « une vue splendide », qui n’est pas couverture affichée par Babelio) et peut-être sa simplicité (près de 300 pages mais qui se lisent extrêmement vite).
Une épouse tokyoïte est suivie par une ombre, féminine ou masculine elle ne le sait, et elle pressent que cette densité pourra lui révéler le secret de la disparation de son mari, parti il y a dix ans, pour une femme ou pour une dette. Le mari est un «johatsu », un « évaporé » (comme les appelle T. Reverdy dans son beau roman éponyme), et ce terme évaporé convient tout à fait à l’ambiance onirique de ce roman.
Peut-être est-ce un bon matériel pour un bon film, un peu planant, un film à la David Lynch, sans la tension, ou à Naomi Kawase ? Mais pour ma part, je n’ai pas réussi à pénétrer dans cette histoire brumeuse et à fabriquer mes images. Pourtant je préfère les écritures qui esquissent à celles qui décrivent, celles qui suggèrent à celles qui détaillent, mais là j’avais vraiment trop peu de clés pour créer l’univers de Manazuru.
Me reste juste cette image d’un village abandonné au bord de la mer envahi par les herbes et où des couples de hérons blancs ont élu domicile, une image qui malheureusement ne tardera pas, elle aussi, à se déliter.
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Merveilleux roman ! Tsukiko croise, dans un troquet, Matsumoto Harutsuna, son ancien maître de japonais. Elle a trente-sept ans, lui plus ou moins trente ans de plus. Au hasard des rencontres, ils apprennent à se connaître, des liens se tissent. Kawakami Hiromi nous fait « pénétrer » dans le monde de Tsukiko et du maître, c’est ainsi que le nomme Tsukiko avec tendresse, nous dévoile leurs sentiments respectifs au fil des jours et des mois qui passent. L’écriture pleine de délicatesse, la magie des mots font d’une histoire banale un réel chef d’œuvre !
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Magnifique petit roman qui nous conte les retrouvailles d'une femme de 40 ans et d'un ancien prof de lettres.
Ce roman pudique où les mots ne sont pas prononcés et où les gestes sont retenus est une vraie merveille de retenue et de délicatesse dans une relation qui passe du stade amical au stade amoureux.
Les épisodes s'enchaînent au travers d'une ballade en forêt, d'une sortie au marché... La gastronomie tient une place importante dans ce roman qui nous régale dans tous les sens du terme.
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De Kawakami Hiromi, j'ai depuis longtemps en attente de lecture son roman-phare, Les années douces, ainsi que le vent qui va, le vent qui vient. Les éditions Picquier ont publié il y a quelques semaines un recueil de nouvelles d'elle, le premier en France, ce qui a éveillé ma curiosité et mon envie de découvrir cette auteure japonaise reconnue au Japon.
Ce livre de 170 pages écrit en assez gros caractères comportant pas moins de 16 nouvelles m'a au premier abord inquiété, surtout lorsqu'un discret sous-titre indique « Petites histoires amoureuses »… Je craignais une énième publication feel-good. Mais dès les premiers textes, j'ai compris que le plaisir de lecture serait bien là.
Ces textes sont des instantanés de vie qui visitent les plis et replis de l'amour sous toutes les coutures. La narratrice est toujours une femme, âgée disons de 20 à 30 ans, presque toujours célibataire, qui va ressentir le sentiment amoureux, peut-être passer à côté, sans pour autant verser une larme. C'est là toute la force de l'âme japonaise. Qu'une déception arrive ou simplement qu'une vague nostalgie commence à poindre, la conscience de l'impermanence des choses et de l'inexorable fuite du temps vient apaiser. Les choses sont comme cela, voilà tout, il faut les accepter dans la sérénité, nous n'y pouvons rien.
Il est ici question d'amour avec écart d'âge important dans le couple, de poly-amour, d'amour par-delà la mort, d'amour de jeunesse, d'amour pour un réfugié, pour un homme pas libre, pour son fils homosexuel, pour sa grand-mère. C'est l'amour sans engagement, sans attache, l'amour nomade qu'on découvre au coin de la rue, sans calcul et sans bagages, celui qui n'a besoin de s'encombrer de rien, pas même du souvenir des traits de l'être aimé, qu'on a à peine connu, et qu'on ne reverra jamais. Même le souvenir s'estompe dans une brume cotonneuse, sans tristesse. Demeure parfois un objet, une clé, un stylo, comme ultime mémo.
Enfin parfois, si, les larmes coulent à flots ! Les réactions sont un peu puériles, comme dans ce récit où notre narratrice, Kanade, est une capricieuse « adulescente ». Elle a perdu son copain parce qu'elle a été infidèle, mais les hommes sont faibles et sont comme des pantins, aux dires de Monsieur Kurahashi, ce vieux pâtissier qui ramasse tous les jours avec ses pinces les mégots du parc où elle a ses habitudes et vient lui causer franc, ce qu'elle aime bien. le vieux bougre qui supporte sa femme et lâche qu'il aimerait mieux avoir un chien lui souhaite pourtant le retour de son copain Ryôsuke et de se marier (« Les pinces »). Car c'est la grande affaire, l'amour, le couple, ce couple idéal introuvable, quand il est si difficile de se fixer, et de parvenir à une compréhension mutuelle avec l'autre sexe. Et puis un jour, sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, vous avez la bride, et cela dure sans même s'en rendre compte…
Le style de Kawakami est simple, sobre, assez minimaliste, fait de phrases souvent courtes, de dialogues légers et anodins, du moins en apparence.
L'atmosphère est à la tendre rudesse, à une forme d'autodérision et d'humour subtils aussi. Indépendance, sentiment de ne pas pouvoir faire confiance aux hommes, regard des proches qui cherchent toujours à vous marier jeune, approche malaisée de la sexualité, l'auteure porte un regard mi-amusé mi-critique sur la société japonaise.
Au terme de ces courts textes bien ancrés dans le quotidien, qui relatent les petits riens de la vie, on se dit qu'il n'y a pas besoin de s'inquiéter pour si peu, tout cela n'est pas bien important ni grave, demain est un autre jour, et nous sommes si peu de choses dans l'univers…
L'adresse de Kawakami est d'utiliser systématiquement le même profil de narratrice (peut-être un double d'elle-même plus jeune ?) pour jouer toutes ces saynètes. Son habileté, c'est de tisser un joli fil continu de récits en récits, qui pourrait presque former une trame de roman autour de l'héroïne : elle aimerait bien tomber amoureuse, mais rencontre toujours un grain de sable qui enraye le projet ou la relation. En fait d'Amour grande cause, elle ne vit que des amourettes ! Et, surprise, le dernier texte enchaîne réellement avec le précédent, qu'il vient éclairer du point de vue de l'autre personnage féminin, dont les sentiments pour son amie sont ambivalents, amitié certes, mais aussi jalouse de sa réussite sentimentale alors qu'elle ne cherchait rien.
L'ensemble est frais, léger, on se surprend à enchaîner les récits sans avoir envie de s'arrêter, sans lassitude devant ces variations sur les joies et déboires du sentiment amoureux. Sans constituer un bijou absolu, ce recueil est pour moi une agréable surprise.
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Le plaisir de la lecture n'a jamais aussi vrai qu'en tournant les pages de ce livre.
Ce furent deux merveilleuses rencontres que celle d'avec Tsukiko et du maître.
Le temps s'est écoulé tranquillement, gentiment tout en douceur, dégustation de plats typiques et du saké pour corser le tout.
Ce fut comme le ressac, des vaguelettes de plaisir qui arrivent puis se retirent pour revenir toujours plus intense.
Un toucher délicat, qui vous effleure les sens et le cœur.
Merveilleux.
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