- (...) Puis-je m'asseoir ?
(...)
- Non !
- Mais je dois te parler, et je ne peux pas rester debout, il n'y a pas de place. (...) Ta chambre est vraiment minuscule !
- Si tu n'y étais pas, elle serait juste à la bonne taille !
(...) les orphelines mangeaient tout ce qui leur était donné, et même ce qui ne leur était pas donné, si l'occasion s'en présentait.
Pour une enfant trouvée et élevée dans un orphelinat, l'hiver n'était pas synonyme de plaisirs. La température s'abaissait tant dans le dortoir qu'il fallait dormir à plusieurs dans le même lit, et l'eau se changeait en glace pendant la nuit. Et lorsque les orphelines sortaient pour aller à l'église, la boue pénétrait dans leurs bottines rapiécées et leur mouillait les pieds. Voilà pourquoi Freddy et elle réagissaient de manière si différente, comprit-elle. Pour lui, l'hiver était la saison des batailles de boules de neige, des promenades en luge, et des séances de patinage sur des lacs gelés, suivies par un bon chocolat chaud savouré au coin du feu.
Quel est l'intérêt de nettoyer les fenêtres, de toute façon ? Elles redeviennent sales. C'est vraiment une perte de temps. Si tu veux mon avis, le travail des serviteurs est souvent superflu. Vous vous inventez des choses à faire.
Comment était-il possible que le charbon soit à nouveau dans sa main? Avait-il rebondi contre un mur et roulé jusqu'à elle? Elle remarqua alors les empreintes de pattes sur le dessin, et ses doigts se crispèrent. Le fusain se brisa dans sa main.
Le chien poliment assis près d'elle lui adressa un regard de reproche. Son expression disait clairement : A quoi bon m'être donné la peine d'aller le chercher, si c'était pour que tu le casses?
L'alchimie avait toujours été une branche obscure et un peu honteuse de la magie, pour une simple raison : elle n'était pas efficace.
Elle lui passa son miroir, et Rose saisit l'objet avec un étrange battement de coeur. Son visage anxieux apparut dans le verre terni. (…) Ce fut au moment où elle rendait le miroir qu'il se passa quelque chose. Le reflet glissa, trembla, se modifia. Rose crut pendant un instant que c'était toujours son propre visage déformé par un défaut du verre. (…) Cependant, le visage qui lui faisait face n'était pas difforme : c'était toujours le sien, mais avec des différences : pour commencer il était plus âgé, ce qui était impossible, à moins que le miroir ait été enchanté. Par ailleurs cette jeune fille lui disait quelque chose : elle avait l'impression de l'avoir vu quelque part. (…) Je crois... je crois que c'était ma mère.
- Elle est folle ! fit Rose.
- Peut-être, mais ça ne l'empêche pas d'être dangereuse ! (...)
Si elle passait par la rue Laurence, où vivait Gilbert Carrington, chaque fois qu'on l'envoyait faire une course, elle finirait forcément par rencontrer quelqu'un venu consulter le grand détective. Quelle chance qu'il habite si près de la pension de sa grand-mère, rue Albion ! Oh, si seulement elle pouvait un jour croiser un de ses clients avant lui et en déduire quelque chose d'incroyable ! Si elle pouvait l'aider à résoudre un mystère !
- C'est une aventure, (...). Un peu comme celles de Jack Jones, le héros des Sept Mers. Il serait en bas en un rien de temps, lui !
- Freddy, c'est un personnage imaginaire. S'il tombait, il perdrait de l'encre, pas du sang !