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3.81/5 (sur 36 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Magdebourg , le 17/09/1919
Mort(e) à : Frankfurt am Main , le 21/10/1999
Biographie :

Horst Krüger était un romancier allemand. Son roman autobiographique Das Zerbrochene Haus. Eine Jugend in Deutschland est considéré comme un portrait modèle de jeune homme en Allemagne à l'époque du IIIème Reich et a connu un succès international. Krüger est connu aussi pour ses livres de voyage qui montrent un intérêt pour l'ethnographie.

Horst Krüger a grandi à Berlin, a étudié la philosophie et la littérature à l'Université libre de Berlin et à L'Université de Fribourg. De 1952 à 1967 il a été responsable d'un programme littéraire à la radio de Baden-Baden. Il a été ensuite écrivain à plein temps., Vivant à Francfort-sur-le-Main.

Source : http://en.wikipedia.org
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Auschwitz, ce nom est devenu une étrange métaphore : celle du Mal en notre temps. Il évoque instantanément le sang, la peur, l'horreur, de la chair humaine martyrisée, carbonisée, des cheminées qui fument et une armée de ronds-de-cuir allemands affairés à comptabiliser tout ça. Auschwitz, c'est comme une nouvelle strophe ajoutée à une danse macabre du Moyen Age: on pense squelettes, ossuaire, faucheuse, linceul et aussi à ce nouveau moyen de mort, le gaz. On dit qu'à notre époque de lumières il n'y aurait plus de mythes mais chaque fois que j'entends ce nom d'Auschwitz, j'ai la sensation que m'effleure un cryptogramme mythique de la mort en notre temps : danse macabre à l'ère industrielle. C'est ici, à Auschwitz, qu'à pris naissance ce mythe de la mort bureaucratisée.
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Dans la lutte contre le mensonge, bien sûr qu’il faut écrire la vérité, et celle-ci ne doit pas être quelque chose d’ordre général, ni d’élevé ou d’équivoque, car tel est justement le mensonge : général, élevé, équivoque.

Bertolt Brecht

(page 9).
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" L'amour est une force du Ciel", dit l'opérette : contre pareille puissance on ne peut rien. Et bien, c'est avec un sentiment analogue que les gens d'Eichkamp acceuillirent l'avènement du Reich d'Hitler. Comment s'en étonner ? On ne l'avait pas appelé de ses vœux, on ne s'y était pas non plus opposé. Il était là, tout simplement comme arrive une saison : les temps étaient mûrs (ici rien n'était société, tout était nature). Personne n'avait participé au mouvement, personne n'avait été nazi. Cela venait de ce lointain Berlin et flottait maintenant au-dessus d'Eichkamp tel un beau nuage au firmament.
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J'éprouve un peu de honte à être issu de cette maison petits-bourgeois, étriquée, défraîchie par les intempéries. J'aimerais être le fils d'un érudit ou celui d'un modeste ouvrier, le fils de Thaelmann ou celui de Thomas Mann, ça ce seraient des positions à tenir, mais voilà, moi, je ne sors que d'Eichkamp. Je suis un fils typique de ces allemands inoffensifs qui n'ont jamais été nazis mais sans qui les nazis ne seraient jamais parvenu à leurs fins. Voilà tout le problème.
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Le criminel et sa victime ont tous deux survécu : leur survie et leur confrontation sont les conditions préalables de ce procès. Ce qui les sépare, aujourd’hui, c’est avant tout la psychologie du souvenir, le mécanisme de l’oubli. Les uns veulent oublier, mais ils ne le peuvent pas, aux autres on demande de se souvenir, mais ils ne le peuvent pas non plus, ils ont tout oublié. De leur vie ils n’ont jamais rien fait que semer leurs radis, construire des jardins d’enfants ou faire du sport. Je me demande quel est le plus grand tourment : se souvenir ou oublier ?
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Et c’est la première fois maintenant que je comprends pourquoi des juifs refusent de revenir dans cette seconde république de l’histoire allemande, pourtant bien « comme il faut » et parfaitement supportable. C’est la peur, une peur tout ce qu’il y a de plus privée. Eh oui : ce conducteur de tramway, cet employé au guichet de la poste ou des chemins de fer, ce pharmacien ou bien encore cet aide soignant de Berlin-Ouest qui fait si bien son travail, peut-être que c’était LUI. . . Comment se mettre à l’abri de pareille surprise ? À New York ou à Tel-Aviv, le risque est moins grand. Celui qui n’a dans ce pays que des morts à pleurer, n’a-t-il pas le droit, peut-il faire autrement que d’avoir cette petite peur privée de nous, les Allemands ?
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Un soir, sur ma table de nuit, je trouvais un opuscule. J’en fus très étonné car jusqu’ici l’imprimé n’avait joué aucun rôle dans nos rapports. Je compris tout de suite qu’il fallait que quelque chose d’exceptionnel fût en jeu. Je me mis à lire : c’était une brochure d’informations sexuelles rédigée avec précaution, onction, bienveillance. Elle commençait par les graminées et les bourdons, elle passait au soleil pour parler ensuite des merveilles de la force divine avant d’en arriver, enfin, à la force virile et à l’éducation de terrifiant péché mortel de consomption : ça nuisait soi-disant, à la moelle épinière. Mais manifestement je ne voyais pas le rapport : sans doute était-ce un peu trop dévot pour moi, à cette époque-là. Ma mère, dans son désarroi, avait acheté cette brochure catholique chez les Ursulines. Elle ne m’en a jamais parlé, ni moi non plus. D’ailleurs, nous n’abordions pas ce sujet à la maison et si, en ce temps-là, la chose ne m’avait pas travaillé dans mon propre corps, à vingt ans j’aurais pu croire encore à la fécondité de la sueur de nos bonnes. Voilà comment c’était chez nous. La maison du petit-bourgeois allemand boute hors ses murs non seulement l’État, mais encore l’amour. Question – d’ordre purement sociologie : que reste-t-il alors, pour vivre, sans politique et sans sexualité ?
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Commença alors la merveilleuse et inconcevable liberté de l’état de prisonnier, commença une période de souffrance riche d’espoir. Désormais je ne vivais plus qu’au sein de masses, de foules fatiguées, hébétées, affamées, qu’on poussait de camp en camp, de cage en cage, et pourtant, au milieu de cette grande armée grisâtre de prisonniers, pour la première fois depuis longtemps, je reprenais vie. J’avais le sentiment que les temps à venir seraient les miens, que j’étais en train de me réveiller, de revenir à moi. Hitler vainqueur, jamais ce n’aurait été possible. Maintenant, nous touchons ce fond est riche d’espoir, d’avenir, de chance qui s’offrent. Je vais mal mais je sais que maintenant j’ai des chances d’aller mieux. Ça ira mieux. Pour la première fois de ma vie, je faisais l’expérience de l’avenir : l’avenir, c’est l’espoir que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. L’avenir : jamais, sous Hitler, je n’aurais su ce que c’était.
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Mais je réalise alors que ces bons pépés ne sont pas des assassins ordinaires, des gens qui tuent dans un coup de folie, par dépit amoureux, par plaisir ou désespoir. Tout ça, c’est humain, ça existe. Les gens qui sont ici, ce sont les assassins moderne, d’une espèce jusqu’alors inconnue, les bureaucrates et les ronds-de-cuir de la mort de masse, les comptables et les scribouillards de cette machinerie, ceux qui appuient sur les boutons. Techniciens opérant sans haine ni sentiment, petit rond de cuir du grand Reich rêvé par Eichmann, assassins en col blanc. Ici se manifeste une criminalité d’un genre nouveau ou la mort est acte bureaucratique et où les assassins sont de sympathiques fonctionnaires agissant en toute correction.
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Je ne veux plus être allemand. Je veux quitter ce peuple. Je passe en face.
Je sais, il n’y a pas il n’y a pas de quoi se vanter : il est moins cinq et le Reich est en train de se disloquer comme une vieille armoire. Il n’aura tenu que soixante-dix ans. Il y a belle lurette qu’à Yalta on se l’est partagé. Depuis des semaines, à Berlin, les puissants du régime ont sur eux les petites ampoules qu’ils croqueront quand ils auront touché au terme de leur cavalcade infernale à travers l’Histoire : encore quatre semaines.
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