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Critiques de Hortense Dufour (70)
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Le bouchot

Il y a des vies qui sont déjà des romans. Et des romans qui palpitent comme la vie même, qui épousent ses soubresauts,  ses accélérations, ses temps de cale sèche. 



Hortense Dufour, grandie dans une Charente maritime battue par les vents et secouée par les grandes marées, fille d'un juge d'instruction et d'une violoniste italienne, remarquée à  12 ans par Jean-Jacques Pauvert pour ses qualités de plume, avait, dans sa vie,  de quoi nourrir plus d'un roman!



Lire Le Bouchot - livre Inter 1983- , c'est s'immerger dans une eau saumâtre et intranquille, attendre que les petits crustacés s'attachent ,s'agrègent, se fixent ...et vous grignotent : il y a un temps d'incertitude, de perplexité, d'inquiétude -  et un temps de folie, d'abandon , d'enthousiasme - au sens étymologique.



On hésite à  plonger, puis on est comme happé.  Et retenu.

L' Océan vous dévore,  vous possède.



L'héroïne du roman, justement, s'appelle Océan, fille de Maremme et d'Oléron, "programmée" par sa mère italienne et musicienne à devenir écrivain et qui,  à  douze ans, ne se sépare ni de son chien, Athos, ni d'un manuscrit "La femme cent têtes",  son journal de bord.



 Teresa , la mère,  violoniste fantasque,  accordéoniste à  l'occasion, règne sur une maisonnée à la dérive : le père, un notable,  que tous appellent Le Juge, les a quittés pour un poste exotique et se contente de leur envoyer, s'il y pense, un mandat qui semble plus destiné à entretenir sa Bugatti décapotable que l'étrange smala qu'il laisse, volontairement, derrière lui.



Celle-ci se compose , outre Océan et sa mère, d'une vieille tante un peu  folle, Zia, du grand père,  Nonno, et du frère aîné d'Océan, Zino, un garçon sauvage, morbide et méchant  qui ne s'est jamais remis de l'abandon paternel.



Autour de la maison qui s'enfonce dans la vase des marais et se délite peu à peu - seul le garage de la Bugatti reste un asile acceptable- , grouille une faune de pêcheurs, de marins,  d'ostréiculteurs et de paysans , un peuple de gens rudes, violents, les Misérables de la Mer qui supportent mal cette tribu aussi misérable qu'eux, mais tellement  foutraque et regardent d'un oeil soupçonneux  cette Mère Courage prête à tous les expédients pour nourrir sa meute.



L'ambiance est électrique, en tension, chargée de toute la  violence des vents et de toute la torpeur perfide des marais. Mais,  on ne sait pourquoi, cette smala bigarrée,avec ses oripeaux miséreux, ses faims lancinantes  dont  la Bugatti flamboyante, les bijoux de famille disent les revers de fortune, après m'avoir décontenancée  - trop, c'est trop , pensais-je, mais la vie parfois est excessive...-  sonne le son du vrai derrière la fantaisie brillante, les notes du tragique derrière  l'imagination fantasque. 



Et quelle belle ecriture! Dans les dialogues,  des pépites.  Dans le récit proprement dit, les images jamais "cherchées",  éclatent , insolentes, comme ces petits pétards qui vous pètent sous le pied quand on les piétine involontairement. Bref, une vraie poésie et une plume  incisive et vive. 



J'ai beaucoup aimé ce Bouchot. Merci à Agnès, mon amie charentaise, qui sait si bien faire aimer son pays.
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Le bois des abeilles

C’est par une belle journée d’été de 1914 que Gilberte Jansuire, 16 ans, amorce le récit de l’histoire des siens, une riche famille de fabricants de cerfs-volants et de ceux de Saint-Eutrope, petit village au bord de l’océan atlantique, près de Royan.

Un jour radieux de pique-nique en famille joint à l’occasion pour Gilbert, le père, d’essayer le dernier cerf-volant conçu dans les ateliers de la grande propriété familiale du « Bois des Abeilles ».

Mais en ce 1er Août 1914, les membres de la famille Jansuire vivent leurs dernières heures d’insouciance.

Pour Gilbert, qui voue un amour passionnel et douloureux à sa femme Adrienne, belle à couper le souffle, distinguée et coquette ; pour Bernadette, la sœur muette de Gilberte ; pour les grands-parents Gustave et Noémie ; pour l’oncle Léonce, secrètement épris de la femme de son frère, la belle Adrienne ou pour l’oncle Lucas, poète et rebelle…le tocsin qui se met à retentir à toute volée marque la fin d’une vie heureuse et tranquille passée ensemble.



Dans toutes les villes, dans toutes les bourgades, les clochers de France sonnent sans répit, annonçant lugubrement l’entrée dans le conflit avec l’Allemagne et le déclenchement de la 1ère guerre mondiale.

Devant la mairie, c’est l’attroupement général ; on affiche l’ordre de mobilisation. Tout le monde se précipite. On crie, on pleure, on a peur. Néanmoins un profond désir d’héroïsme se fait ressentir, surtout chez les hommes, une envie d’en découdre associée à la volonté farouche de reprendre l’Alsace et la Lorraine aux allemands.

Dans chaque foyer, on prépare le paquetage, la musette d’un mari, d’un fils, d’un frère. Le village de Saint-Eutrope perd en quelques heures tous les bras vigoureux de ses hommes valides.

C’est une longue nuit de veille qui se prépare entre le 1er et le 2 Août 1914. L’humeur est sombre et exaltée tout à la fois. Personne ne s’imagine l’horreur dans laquelle tous bientôt vont basculer.

Puis c’est l’heure du départ ; on se rend à la gare. Sur le quai, au moment des adieux, on s’embrasse, on s’échange des promesses et de menus cadeaux, des porte-bonheurs, la photo d’une fiancée que le soldat portera sur son cœur…

Les femmes brandissent des fleurs tricolores, marguerites, coquelicots, bleuets, tandis que le train s’ébranle et que tous ces destins se séparent pour une longue nuit d’horreur qui va durer bien trop d’années. Sur les quais, des milliers de fleurs écrasées prennent la couleur d’un champ ensanglanté.



Au village, les femmes commencent à s’organiser ; il reste bien peu d’hommes. Toutes vont se serrer les coudes et faire montre d’une incroyable solidarité pour faire vivre qui une ferme, qui un atelier, qui un commerce.

Elles se substituent aux hommes, souvent dans des rôles très durs mais toujours dans l’espoir et la bonne humeur. Même si les temps sont rudes, l’absence des hommes est aussi synonyme de grande récréation pour celles qui sont régulièrement traitées en servantes dans leur propre foyer. La prise de responsabilités entraîne une volonté de plus en plus affichée d’indépendance. Symbole de cette nouvelle indépendance, la mode des cheveux courts qui s’étend partout et qui, au-delà des raisons pratiques, est un signe de révolte contre le joug masculin.



Pendant ce temps, la guerre fait rage. Dans les villages, il est difficile de savoir quelles tournures prennent les évènements. Des bruits commencent cependant à circuler sur les atrocités commises.

Avec les 1ères lettres et les 1ères permissions, on comprend toute l’étendue de l’horreur et dans quel cauchemar quotidien vivent les hommes plongés dans l’enfer des tranchées, sous les bombardements incessants, avec la faim, la vermine, les poux...



Au fil des mois les tragédies vont endeuiller St-Eutrope ainsi que la famille Jansuire. De nombreux disparus, de morts, des hommes revenant gravement blessés, amputés, mutilés, défigurés, gazés.

L’horreur est à son comble, le malaise et l’attente sont insupportables et « Au Bois des Abeilles » comme partout ailleurs, on attend fébrilement le jour où, dans cette France endeuillée, meurtrie, traumatisée, l’on pourra enfin panser ses plaies, soigner ses blessés et recommencer à vivre.



Que de sensibilité, de fluidité et d’entrain a mis Hortense Dufour dans cette grande fresque familiale ! Impossible de ne pas être happé par cette bouleversante saga, riche en émotions et en évènements !

Les nombreux personnages s’incarnent avec une facilité quasi cinématographique dans notre imaginaire de lecteur au gré de la plume enjouée, intelligente et délicate de la romancière et c’est avec avidité que l’on fait défiler les pages de ce roman qui combine avec brio, épisodes de la grande Histoire et récit de famille.

Avec beaucoup d’aisance et le plus grand naturel, la romancière entrecroise à la trame de son récit les événements qui ont jalonnés cette tragique période, des 8 millions de morts et de blessés graves recensés à la fin du conflit aux 12 000 morts français de la bataille de Soissons, du désastre de l’offensive du Chemin des Dames provoquant une révolte de soldats à la bataille de la Somme, de la Grève des Bras Croisés aux Fusillés de Craonne, jusqu’à la signature du Traité de Versailles.

Le force du documentaire, le soin porté aux détails de la vie quotidienne, l’attention consacrée aux personnages même les plus secondaires, les rebondissements, les moments de peines ou de joies, les sentiments exprimés…rien n’a échappé à l’œil sensible de l’auteur de « Colette : La Vagabonde assise » ou de « La Marie-Marraine ».

Entre roman historique et fresque romanesque, « Le Bois des Abeilles » est une immersion aussi belle qu’intéressante dans ces temps tourmentés de la Grande Guerre ainsi qu’un récit poignant sur les femmes, la découverte de leur force, de leur indépendance et de l’amour qu’elles portent aux leurs.

Et malgré les tragédies, le résultat est un livre plein d’espoir sur le dépassement de soi et sur « la force de vivre et de faire vivre ».

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La jupière de Meaux

Sur la forme, La jupière de Meaux a séduit mes pupilles et amusé ma lecture.



Hortense Dufour écrit gracieusement en utilisant un vocabulaire soutenu et varié. De belles métaphores valorisent un style recherché.



L'autrice enrichit les traits de sa plume d'une substance satirique moqueuse et piquante. Mordante, ce n'est pas sans humour décalé qu'elle nomme son époux le Maître. C'est avec un M Majuscule aussi grand que tout l'aMour porté à l'hoMMe de sa vie qu'elle expose la Maîtrise d'une langue acérée où l'érotisMe discret fusionne dans l'eau trouble d'une histoire adultérine et cocasse.



Sur le fond, j'ai parcouru ce roman sans grand entrain. À la caricature, j'attendais davantage de rythme, de surprises et de rebondissements. Le phrasé, certes de qualité, n'a pas suffit à l'emporter sur un enthousiasme qui s'est dégonflé comme un kloug au marron.



Je reste donc sur ma faim quant au dénouement de l'intrigue noyé dans trop de descriptions aiguisées. La chute finale risible à souhaits méritait d'aboutir après une course haletante digne d'un marathon. C'est avec flegme que j'ai divagué hors du circuit pour voguer à d'autres plaisirs.



La jupe maintenant. Un t'aime séduisant. Elle se veut sensuelle, policée et élégante. La jupe raccourcie, plissée, échancrée, dentelée ou soyeuse, va jouer de ses fils défendus.



Entre la Jupière et le Maître, qui aura la dernière aiguille ? Hortense notre héroïne bourgeoise modifiera-t-elle ses codes pour une jupe trop ajustée ? La jupe lui donnera-t-elle envie d'enfiler le pantalon ?



À la jupe, il faut ajouter sa batterie d'accessoires. Si la jupe est le plat de résistance, elle s'accompagne de boucles d'oreilles et de rouge aux lèvres. Une paire d'escarpins hauts et talonnés annoncent le repas. Un corset, des bas noirs et porte-jarretelles dessinent le dessert. Un café con pastel y la cuenta por favor !



Alors ... Diriez-vous que la jupe donne-t-elle davantage envie d'être portée ou enlevée ?



Hortense ne passe pas une journée sans exposer ses atours. Non sans contraintes, la bourgeoise apprivoise l'inconfort pour être désirable.



La jupe répond indéniablement au symbole de la féminité. Une féminité qui devrait pouvoir librement être portée dans tous les pays, tous les quartiers sans jamais être brûlée. Ce titre me faisait des clins d'oeil pour ne pas oublier que tous les jours nous sommes fières de la journée de la jupe.



Portons la jupe quand et où nous le souhaitons.



Pour répondre au féminisme, il est normal aussi de parler de virilisme. Avec une pointe d'humour caustique, Hortense dresse finement ses personnages féminins et masculins dont la caricature ne défend aucun des deux sexes mais les mêle habilement.



Nous épouserons l'égalité quand les hommes feront autant d'efforts que les femmes pour être séduisants et attirants sans être jugés.



Mesdames et Messieurs, respectons-nous pour mieux nous aimer.



Lu en août et septembre 2020.
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Le jeune homme sous l'acacia

***



Michel est né au Hameau, en 1999, 20 ans après son dernier frère. Dans ce villages d'agriculteurs, à quelques villes du port de La Rochelle, ce fils arrivé bien trop tard ne reçoit de l'amour que de sa tante Ludivine, qu'il surnome affectueusement Divine Didine. Il lui doit sa survie... Ainsi qu'à ses livres, à l'école et à ses dessins. Quand il part pour suivre ses études, il va rencontrer Rose, une jeune veuve qui lui loue une chambre. Va alors changer pour lui, comme pour cette nouvelle famille, le regard qu'il porte sur la vie, sur l'amour et sur les personnes qui lui sont chères...



Le jeune homme sous l'acacia est un roman de la terre. Celle où sont nos racines, celle qu'on fuit et celle qui nous adopte. Michel est un jeune homme rejeté et qui malgré l'amour inconditionnel de sa tante, a du mal à se lier, à se dévoiler. Tout semble être vengeance ou haine. Mais en rencontrant Rose, il voit comme un double et en la sauvant elle, c'est un peu de ses plaies qu'il pansent.

Avec une écriture toute en douceur, en lenteur, Hortense Dufour nous entraîne sur les terres brumeuses et mystérieuses des sentiments volés...



Un roman qui mérite une lecture singulière et plaisante...
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Le jeune homme sous l'acacia

Un grand , un très grand roman ! Le jeune homme sous l'acacia d'Hortense Dufour appartient à ces romans inoubliables, gravé dans la mémoire de celui qui l'a lu.Pas question ici de roman à l'eau de rose , certes pas! Nous sommes en Saintonge, dans une région difficile à vivre , riche de ses terres marécageuses, une région qui a subi bien des péripéties liées à l'histoire, à la famine, aux tempêtes de l'Océan qui la jouxte . Bref une région où ses habitants se sont construits à la dure . Alors quand à 49 ans la pimpante Catherine Thomas accouche du "ravisé" le monde de la famille Thomas s'arrête de tourner . colère du père, désamour de la mère, ce petit dernier baptisé Michel se voit rejeté par tous . Seule sa marraine Didine se prend d'amour pour ce petit ange aux boucles blondes et au regard arc en ciel . Elle l'aime d'un amour inconditionnel , le protège , le chérit , le confie aux bons soins de la Vierge Marie et de l'Archange Saint-Michel son patron .

Un monde hostile pour Michel bien vite surnommé BelAnge. Différent des autres , il trouve refuge auprès de celle qu'il appellera Didine-Divine , il reste des heures assis adossé à l'acacia du chemin bleu , le crayon à la main car Bel Ange dessine ....

Attente , patience, le temps n'en finit pas de s'écouler . Bel Ange n'a qu'un rêve partir , partir ... Enfin pouvoir vivre loin de tous ces gens qui l'indiffèrent . Enfin pouvoir voler tel Pégase et quitter le hameau . Quel sera son chemin? Qui rencontrera t'il sur sa route ? Réalisera t'il son rêve de gosse? Hortense Dufour signe ici un roman d'une puissance incroyable . Chaque personnage"croqué" est criant de vérité . Les mots sont durs , les paroles claquent , "chez ces gens là "de Brel trotte dans ma tête .

Un magnifique roman publié Aux Presses de La Cité dans la collection Terres de France reçu via NetGalley . Je les en remercie chaleureusement .
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Le jeune homme sous l'acacia

Avec le « Le jeune homme sous l’acacia », publié aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, Hortense DUFOUR signe un roman social autant qu’un roman d’amour construit sur un désamour mortifère.

Le personnage central est-il vraiment ce jeune homme sous l’acacia, ce Michel dit Bel Ange ? Probablement… mais sa tante Ludivine, le Père Thomas, son géniteur ou Rose, sa logeuse ont aussi chacun un rôle déterminant dans la construction ambivalente de ce jeune enfant, gamin, adolescent, adulte en devenir ? A cause de qui et grâce à qui pourra-t-il peut-être un jour, tel Pégase, s’envoler vers un ailleurs ?

Le point d’appui du roman pourrait être le Temps. Ce temps nécessaire pour advenir ! Ce Temps qui, en maître, prend son temps pour permettre aux besogneux de gagner leurs terres sur le marais, de monter leurs chaumières, leurs bâtisses, leur domaine agricole. Et puis, ce même Temps, sans état d’âme, qui leur fera tout perdre sous le temps des envahisseurs, des maîtres et seigneurs, des bourrasques et tempêtes de la météo ou de la vie. Temps destructeur auquel la ruralité ne peut que se plier et attendre, avec force, rage et courage le temps fécond où elle pourra à nouveau ne courber que le dos pour cultiver la terre et progressivement élever le hameau et la position sociale occupée en son sein. Hortense DUFOUR excelle à faire vivre les faits et gestes des habitants du Hameau, les croyances et dictons de cette population agricole, leurs paroles et, plus encore, leurs silences.

Un autre ancrage est celui de la qualité des liens familiaux. Parentalité et filiation, assurées ou non, qui engendreront l’amour, la reconnaissance, l’épanouissement ou le désamour, le rejet, l’abandon, et la fuite. « Le jeune homme sous l’acacia », buvard sensible, s’imprégnera de toutes les forces de sa Tata Didine-Divine et de la négation absolue offerte par ses géniteurs. Là aussi, l’auteure sait comment conter les paroles, les regards, les pensées mêmes qui tuent ou qui sauvent.

Et puis, pour assurer la stabilité de l’ensemble, il y aura le dessin, le coup de crayon de Bel Ange qui croquera chaque personnage rencontré, chaque trait de caractère, chaque pensée limpide ou sournoise. Didine-divine sera fleur, douceur, amour et don total. Rose trouvera sa place auprès d’elle. Mais, à côté de celles dont il a reconnu la bonté et le besoin d’être libérées des entraves de l’existence, c’est sans complaisance aucune qu’il croquera ses géniteurs, sa famille et tous les parasites qui gravitent autour de lui et obscurcissent l’existence. Ces hommes, ces femmes aux sentiments mesquins, sournois, assoiffés de pouvoir, trempés de fourberies, il leur donnera vie à travers ses albums de bestiaires. Autant de regards vitriolés de sa part sur l’étroitesse humaine. Une fois encore, Hortense DUFOUR maîtrise avec brio la description de ces croquis et des sentiments qu’ils traduisent.

Mais la question reste posée : Dans sa manière de vivre, de dessiner, de parler ou de se taire, d’aller à la rencontre de l’autre ou de fuir, Bel Ange est-il lucide sur l’âme humaine ou assoiffé de vengeance ? Toute l’ambivalence de son personnage est là. Avec lui, sans doute, le lecteur se demandera jusqu’où il est possible de pardonner, d’aimer.



L’agréable lecture de ce roman riche en réflexions, je la dois à l’organisation du Challenge NetGalley, France et à la complicité des éditions Presses de la cité. Merci à eux !

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Le jeune homme sous l'acacia

Il s'avère que c'est la seconde fois que j'ouvre ce roman pour la raison suivante: j'ai dû le refermer au départ car dès les premières pages je lisais certaines conformités d'expressions dans l'écriture qui me dérangeaient.

J'ai beaucoup de mal à entendre "il faut faire ceci, il faut faire cela...on mange à telle heure, la chambre c'est fait pour dormir " et c'est la raison pour laquelle j'ai un peu de mal à poursuivre ma lecture tant j'ai trouvé ce roman truffé de clichés conformistes des campagnes que je connais déjà et pour lesquels je suis loin d'adhérer.

Bref, revenons-en à l'intrigue que j'ai malgré tout trouvée intéressante pour sa thématique de l'enfant qui ne demande pas à naître mais devra vivre dans une famille où l'âge n'est plus d 'enfanter (puisqu'on est dans les stéréotypes de la société normalisée ) et qui recevra l'amour tout à fait désintéressé de sa propre tante, ce qui l'aidera à bien se construire.

Cela dit, j'ai mis du temps à le lire car je suis restée malgré tout hermétique aux personnages qui ne m'ont pas déplu mais pour lesquels j'ai trouvé un fort manque de dynamisme, des gens qui subissaient la vie mais qui ont tout de même réussi et la fin de l'histoire est très bien écrite donc je n'en sors pas déçue. Pour un roman de terroir j'avoue avoir en tête de meilleurs auteurs français qui développent autrement mieux que ça le caractère de leurs personnages.
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Madame de Pompadour, l'amie nécessaire

De la Poisson, je ne connaissais rien avant de commencer cette biographie. Je connaissais son « titre » de favorite de Louis XV mais rien de plus.

Ce livre m’a permis de faire un saut dans l’histoire : l’auteure nous présente nom seulement cette femme mais aussi l’historique des différentes aventures extraconjugales du roi, le contexte politique et économique de l’époque (notamment les tensions avec le Parlement, les attaques contre les protestants, l’attentat de Robert François Damiens et la guerre de 7 ans contre l’Angleterre et la Prusse) et les habitudes de la cour.

Rien ne manque : c’est un ouvrage riche, pointu et très bien documenté… peut-être un peu trop car on a parfois l’impression de passer du coq à l’âne en changeant de phrase.

Hormis ce petit bémol sur le style, j’ai apprécié de découvrir cette femme aux origines sociales modestes, déterminée à se hisser jusqu’auprès du roi et surtout luttant pour y rester. Les intrigues sont nombreuses, la haine de certains n’est qu’à peine voilée. Malgré une santé fragile tout au long de sa vie, Jeanne-Antoinette a réussi à se faire une place et a exercé une influence, en art, en politique mais aussi culturellement : ses chansons et ses coupes à champagne sont arrivées jusqu’à nous. Un XVIIIème siècle passionnant qui présente une ambiguïté certaine : la présentation de la favorite à la reine mais une religion omniprésente !

Une lecture très plaisante.

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Calamity Jane : Le Diable blanc

« Calamythique »



Présentation :



Dans le pays de la démesure et de tous les excès, les figures du Far West appartiennent davantage au mythe qu'à l'histoire. Une sacrée bonne femme comme Martha Jane Cannary, passée à la postérité sous le surnom de « Calamity Jane », méritait bien un roman. Mission accomplie par Hortense Dufour dont le « Diable blanc » dépeint avec panache le parcours d'une héroïne intrépide tout en nous faisant arpenter des décors de western, tantôt somptueux tantôt tragiques au fil des grandes étapes de la conquête de l'Ouest américain.

S'il n'a jamais été une sinécure de naître femme (ou de le devenir), cela l'est d'autant moins dans un univers sans pitié où seuls les colts et les dollars tiennent les hommes en respect. Fine gâchette, doublée d'une cavalière hors pair, Calamity Jane a donc durablement marqué son temps et les esprits, même si d'après les éléments biographiques, démêler le vrai du faux sur son compte relève d'un défi impossible. Quoi qu'il en soit cette force de la nature qui ne se distinguait pas par sa docilité a bien mérité d'entrer dans la légende. Conductrice de diligence, joueuse de poker, les Indiens l'appelaient « Diable blanc ». Quant aux visages pâles, ils ont couronné de « Reine des Plaines » une aventurière au destin d'exception, qui a participé parmi d'autres prouesses à la construction du chemin de fer et à la ruée vers l'or.



Mon avis :



Si un ange s'était posé sur Terre au moment de la construction du Nouveau Monde, il aurait pu croire avoir échoué au beau milieu de l'enfer. Et ce sont bien les différents cercles d'un scénario dantesque que Martha Cannary devra franchir dès sa prime jeunesse. Contemporaine des guerres contre les Indiens, elle se frotte à la rudesse du Far West où même la loi du Talion a du mal à être respectée ; souvent, dans la poussière de ces contrées, ce n'est même plus « oeil pour oeil, dent pour dent », mais plutôt un oeil : les deux, une dent : la mâchoire entière. Notre héroïne devra aussi résister aux épidémies ainsi qu'à la mentalité étriquée d'une société WASP bien-pensante engluée dans sa bigoterie.

Gagner sa vie dans l'Ouest relevait donc du duel quotidien avec la mort, à plus forte raison pour Martha Jane (je m'autorise cette familiarité tant je me suis attachée à son personnage). Née dans la pauvreté, elle s'est en effet battue jusqu'au bout et sans répit, quand on sait, de surcroît, qu'une femme recevait parfois moins d'égards qu'une pouliche…

L'angle romanesque qui décrit cette trajectoire sans pareille ne pouvait oublier l'amour. Sa rencontre avec Wild Bill Hickock sera une éclaircie dans la tourmente. C'est lui, l'ange tombé du ciel. « Mon ange », c'est ainsi que Calamity Jane appelait ce drôle de bonhomme dont la devise est « tire d'abord, discute ensuite ».

L'ange embrasera cette femme qui communiait avec la nature sauvage et se lavait à l'eau des torrents. Il l'embrasera d'une passion ravageuse, et orageuse aussi, car deux coeurs vaillants, l'un comme l'autre épris de liberté, ne pouvaient connaître un bonheur sans nuages…



Calamity Jane est enterrée au cimetière du mont Moriah (Dakota du Sud). Elle repose dans « ce jardin sous le ciel » près de Wild Bill Hickok, où le souffle du vent murmure qu'il a été le seul homme qu'elle ait aimé à la folie et dont elle aurait eu sa fille Janey.
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Le jeune homme sous l'acacia

J'ai beaucoup aimé ce roman malgré le peu d'action du début.

Finallemant c'est le reflet du caractère de notre héros

Un être bien mystérieux.

l'enfant tardid non accépté, l'amour d'une femme pour un enfant , la sollitude de la vieillessse, le monde paysan en fait plein de thème de société sont évoqués.

Il y a très longtemps que j'avais lu H Dufour j'ai envie de relire certains de ces ouvrages
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Le bois des abeilles

Je n'ai qu'un seul reproche à faire dans ce livre : l'absence d'arbre généalogique car j'avoue que je me suis un peu perdue parmi tous les personnages.

Pour le reste, je suis très satisfaite de ma lecture car l'auteur aborde la première guerre mondiale sous l'angle de la condition des femmes, ce qui me semble assez rare. Le courage dont elles ont dû faire preuve face à l'absence des hommes, à la mort, aux terribles blessures physiques et psychologiques des survivants, ça me donne le frisson. Que de drames vécus par ces générations qui souffriront encore lors de la guerre suivante !

Ce livre éclaire aussi sur l'hygiène, les soins, la façon de vivre de l'époque.

J'ai bien envie de découvrir les autres romans de l'auteur !



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Le bouchot

Le Bouchot est un roman noir à la fois burlesque et bouleversant où Hortense Dufour rend les moments dramatiques en une joie de vivre à travers le personnage de Térésa, car cette dernière arrive à faire des miracles dans un monde difficile et donc, on se demande où elle puise toute cette force.

Dans ce récit, il est aussi question de musique prenant une grande place au sein de cette famille soudée et cela, met un peu de bonheur dans cet univers assez rude, on n'en vient même à s'interroger sur la manière que possède cette famille pour avoir encore la joie de vivre.

Néanmoins, je n'ai pas du tout apprécié le caractère de Zino (fils de Térésa), je l'ai trouvé lâche envers sa famille et n'a aucun respect pour sa soeur.

Au niveau de l'écriture de l'auteure, elle est fluide et cocasse, facilitant ainsi la lecture de ce livre : il a été terminé en quelques heures.

En conclusion, j'ai passé un assez bon moment de lecture mais, l'histoire en elle-même ne va pas me marquer longtemps dû au faite que je n'ai pas eu d'attache particulière pour l'un des protagonistes.
Lien : http://univers-des-livres.ov..
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Moi, Néron

Passionnant !
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Port-des-vents

Un magnifique roman sur la vie des femmes à Port des vents.

Comme tous les romans de terroir de cet éditeur nous en apprenons beaucoup sur la vie de ses femmes

L'auteur nous décrit la nature apaisante qui sait parfois se rebeller comme les personnages de ce roman

C'est rude tout en étant attendrissant

Une bonne leçon de vie il faut savoir s'accrocher lutter contre la mort

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Port-des-vents

Port-des-Vents, un petit village de pêcheurs où la vie est rude, où le vent et la vase ont souvent raison de la ténacité des hommes…et des femmes… Car c’est de femmes dont Hortense Dufour nous parle dans son roman. De femmes sur cinq générations, qui luttent contre le vent, contre les passions, contre le destin. Hortense Dufour donne la parole à trois d’entre elles, Indiana, Marjolaine et Adrienne, et peu à peu se dévoile l’histoire de cette famille et du village. Port-des-Vents est un roman très poétique, très imagé, et le style d’Hortense Dufour n’est pas toujours facile. Pour transmettre les images, elle utilise des phrases sans verbes, des phrases à l’infinitif, comme une série de pensées mises bout à bout, qui participent de l’ambiance particulière de ce récit. Je remercie Babelio et les Presses de la Cité pour m’avoir permis de me plonger dans la rudesse de ce monde de femmes de pêcheurs…
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Le bouchot

On est surpris que cette histoire et ce cadre familial cabossé puissent être ceux de l'enfance de l'auteure. Un père notable local qui profite d'une mutation professionnelle pour quitter femme et enfants, une femme délaissée, véritable mère courage, qui va bousculer les montagnes pour élever avec peu d'argent ses enfants, tout en recueillant ses propres parents et sa tante. Elle se moquera des valeurs étriquées des institutions, de la bêtise des voisins, du qu'en dira-t'on, imposera des valeurs différentes de celles qui sont par habitude et paresse intellectuelle, les plus communes: ses valeurs sont le courage, le travail, le droiture, la défense des faibles face aux puissants. Et un simple bon sens. Musicienne, (violonniste avant tout, mais elle sait prendre l'accordéon pour gagner quelques sous dans les bals des mariages), elle force l'admiration par la force de son caractère, son engagement dans le travail, son refus d'un quelconque statut social autre que celui que représente la valeur de chaque personne; On se souviendra de cette Téresa, capable de manier l'archer de son violon tout comme la pelle et la truelle du maçon, quand il s'agit de nourrir ses enfants ou de leur offrir un toit solide et étanche. Un roman vif, bien écrit.
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Margot, la reine rebelle

Je dois avouer que c'est un livre plutôt sympa à lire, mais il ne faut pas oublier que Hortense Dufour n'est pas une historienne et cela en dit long. J'ai trouvé cette biographie trop romancée pour pouvoir être considérée comme telle. Une fois n'est pas coutume, la pauvre Marguerite de Valois n'échappe pas à sa réputation de nymphomane et d'incestueuse. Cette biographie peut se révéler intéressante pour les personnes qui ne connaissent pas cette période de l'histoire de la France, car l'auteur y dépeint bien la tension due aux guerres de religion qui régnait à cette époque.



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Le bouchot

Très décontenancée, dans un premier temps, par le langage employé dans les dialogues, j’ai quand même poursuivi ma lecture. Bien m’en a pris : l’auteure met l’accent sur l’intolérance et surtout sur la force, le courage et l’abnégation dont fait preuve cette femme chargée de famille, abandonnée par son « homme » et dont la philosophie de vie ne plaît pas à tout le monde. Un roman qui se lit facilement !
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Sissi : Les forces du destin

J'ai lu cette biographie écrite comme un roman dans un état de fascination pour cette impératrice, forcée à l'âge de 16 ans, d'épouser l'empereur d'Autriche François-Joseph.

C'est étrange d'ailleurs que ce soit le seul point sur lequel il a osé s'opposer à sa mère, l'archiduchesse Sophie.

Une femme sèche, éprise de l'étiquette qui n'avait qu'un seul grand amour: son fils. Plus encore que le pouvoir. Et voilà que son précieux fils, elle devait le partager avec Sissi.

On dira ce qu'on voudra l'étiquette ne justifiait pas toujours certains actes malveillants à l'encontre de Sissi. Sophie allait même jusqu'à se servir de cette fameuse étiquette pour que les choses soient selon sa convenance.

Sissi a résisté comme elle le pouvait aussi longtemps qu'elle le pu, avec dans le coeur une rage impuissante, soumise aux caprices de sa belle-mère. Elle usa du seul pouvoir qui lui était donné à la cour: sa réputation de beauté. Franz l'adorait mais il était un fonctionnaire militaire et refusait de prendre partie dans l'opposition constante entre sa mère et Sissi.

Elle vécut de nombreuses tragedies jusqu'à ce qu'elle appelle de tous ses voeux la mort.

L'auteur donne des faits, expose certains des poèmes d'Elisabeth aux bons endroits pour appuyer une phrase sentimentale, le tout avec beaucoup de compréhension.

J'avais 16 ans moi aussi et j'avais offert ce livre à ma mère qui aimait cette impératrice. Cela s'est transmis de mère en fille.

Que les gens l'aiment ou non, Sissi est une femme qui a eu un incroyable destin, une femme intelligente aussi, charitable et simple, je dirais même en avance sur son temps mais prisonnières des diktats de son époque et surtout de la rigueur de la cour de Vienne. Sa prison dorée dont elle s'échappait aussi souvent que possible.



J'ai lu d'autres ouvrages sur Sissi et celui-ci est de loin mon préféré.
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La guenon qui pleure

Hortense Dufour est née en 1946, en Charente-Maritime. Elle est la fille d'un magistrat français et d'une musicienne italienne. Après des études en lettres modernes, elle se consacre entière-ment à son œuvre et à sa famille. Hortense Dufour a publié six romans : La Femme buissonnière, La Dernière femme de Barbe--Bleue, La Marie-Marraine (Grand Prix des lectrices de « Elle » et adapté au cinéma sous le titre « . L’Empreinte des géants »), L'Ecureuil dans la roue, Le Bouchot (Prix du Livre Inter 1983), Le Tournis et un récit : La Guenon qui pleure.
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