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Critiques de Hortensia Papadat-Bengescu (7)
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Charme désuet pour cette histoire d’amour qui a assez mal vieilli. Le titre se traduit par « Le Fiancé ».

Costel n’appartient pas à l’aristocratie bucarestoise. Ses parents sont des petits bourgeois de Brăila, avec une certaine dignité. Le fils entend cependant quitter sa classe sociale et c’est en cela que le roman ne manque pas d’intérêt. Hélas, la romancière fait preuve d’une sympathique méconnaissance du milieu social qu’elle entend explorer.

Le mariage de Costel avec Nina ne va pas rimer avec « amour, gloire et beauté » ! Celle-ci est désargentée et finira par partir, le laissant avec Ana sa sœur malade. Costel, qui pensait vivre sur le dos de deux femmes riches devient un bon infirmier.

On a reproché au roman la trivialité des descriptions de la maladie. Je ne trouve pas que cela soit gênant. Au contraire, je pense que la romancière, en fine psychologue, y a vu une manifestation du grand et vrai amour.

Lire si possible, de la même romancière, « Le concert de Bach », traduit en français.

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Le concert de Bach

Au moment où l’on tourne la dernière page du Concert de Bach, on se rend compte que ce fameux concert aura lieu sans nous et qu’il n’était en fait qu’un prétexte pour qu’Hortensia Papadat Bengescu nous décrive une certaine société : celle de Bucarest de l’entre-deux-guerres, c’est-à-dire la sienne lorsque paraît le roman en 1927.



Ce concert, et les préparatifs qu’il requiert, sont pour le roman comme l’un des rails d’une voie de chemin de fer, l’autre étant fourni par l’étrange histoire de Sia, fille laide, maussade, butée, qui semble ne rien souhaiter d’autre qu’une vie sans tracas aux dépens de ses employeurs, et dont l’enterrement sera pourtant l’occasion d’un rassemblement de toute la bonne société.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Femeia în fața oglinzei

Femeia în fața oglinzei [La Femme devant le miroir] est ici le titre d’une anthologie de prose courte de l’autrice qui réunit un texte intitulé Autobiographie (très émouvant hommage à l’écriture), des réflexions diverses, et des extraits de volumes suivants : Lui Don Juan, în eternitate, îi scrie Bianca Porporata [À Don Juan pour l’éternité, lui écrit Bianca Porporata], Femeia în fața oglinzei [La Femme devant le miroir], Romanţă provincială [Romance provinciale]. En plus de son aspect lyrique, cette prose se caractérise par l’omniprésence de personnages féminins à la personnalité forte et enclins à l’introspection, mais aussi à l’analyse des autres. Manuela interroge sa conscience « devant son miroir », tandis qu’Ileana vit en retrait de la société et de sa morale. Adriana ose quant à elle se rebeller contre l’arbitraire des normes sociales qui lui imposent un « colossal déficit d’existence ».

Une lecture qui m’a laissé un souvenir agréable.
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Rădăcini

Les romans du cycle de la famille Hallipa, bien qu’écrits à de grands intervalles dans le temps et relativement indépendants les uns des autres, constituent la seconde chronique familiale de la littérature roumaine après celle de Duiliu Zamfirescu. Il s’agit dans l’ordre de Fecioarele despletite [Les Vierges échevelées], 1926, qui raconte la spectaculaire émergence d’une bourgeoisie des années 1920, Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach), 1927, consacré à son triomphe, Drumul ascuns [La Voie cachée], 1932 qui relate les premiers signes de décadence et enfin l’histoire de sa dislocation dans Rădăcini [Racines], 1938.

Andreia Roman en parle en ces termes : « Débarqué de “ses obscurs nids de la province” à Bucarest, le clan des Hallipa parvient, grâce à une extraordinaire faculté d’adaptation et de mimétisme, à escamoter ses atavismes balkaniques et à s’imposer comme élite, tout en se débarrassant avec une habileté machiavélique de ses membres récalcitrants ou devenus ineptes. La romancière en décrit les codes de comportement, les rituels mondains, les passions et les rivalités. Dans ces personnages elle mêle une part de déterminisme social à l’étude des ressorts profonds de leurs comportements et affiche un penchant déclaré pour leur côté pathologique ou morbide, sans pour autant y associer une participation affective ni entrer dans une démarche moralisatrice. L’imposante Elena Drăgănescu, Nory “la féministe“, l’étrange couple Walter–Coca-Aimée, la sensuelle et pathétique Lenora, le volage Lică, dit “le Troubadour“ et la perverse Mika-Le vivent dans un Bucarest parfaitement en phase avec la vie moderne, où les préparatifs pour le concert de Bach qui aura lieu dans les salons d’Elena Drăgănescu, non seulement aiguisent les appétits mondains, mais nourrissent aussi des conflits personnels et des états de conscience compliqués. Chaque personnage d’Hortensia Papadat-Bengescu est un univers en soi, évoluant de manière sinueuse et imprévisible. » (Litterature roumaine : Tome 3, L’Entre-Deux-Guerres, p. 49)

Dans Rădăcini [Racines], à travers Elena, on suit un retour aux sources. Après la mort de Drăgănescu et la séparation de Marcian, elle semble renoncer à ses rêves artistiques et vouloir renouer avec le terroir. Elle s’établit donc à la campagne où elle évoque une volonté de modernisation de l’agriculture. Ses ancêtres sont partis d’ici, c’est ici qu’elle retourne à la fin du cycle : la boucle est ainsi bouclée.



N.B : seul Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach) a été traduit en français, à ma connaissance.
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Drumul ascuns

Les romans du cycle de la famille Hallipa, bien qu’écrits à de grands intervalles dans le temps et relativement indépendants les uns des autres, constituent la seconde chronique familiale de la littérature roumaine après celle de Duiliu Zamfirescu. Il s’agit dans l’ordre de Fecioarele despletite [Les Vierges échevelées], 1926, qui raconte la spectaculaire émergence d’une bourgeoisie des années 1920, Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach), 1927, consacré à son triomphe, Drumul ascuns [La Voie cachée], 1932 qui relate les premiers signes de décadence et enfin l’histoire de sa dislocation dans Rădăcini [Racines], 1938.

Andreia Roman en parle en ces termes : « Débarqué de “ses obscurs nids de la province” à Bucarest, le clan des Hallipa parvient, grâce à une extraordinaire faculté d’adaptation et de mimétisme, à escamoter ses atavismes balkaniques et à s’imposer comme élite, tout en se débarrassant avec une habileté machiavélique de ses membres récalcitrants ou devenus ineptes. La romancière en décrit les codes de comportement, les rituels mondains, les passions et les rivalités. Dans ces personnages elle mêle une part de déterminisme social à l’étude des ressorts profonds de leurs comportements et affiche un penchant déclaré pour leur côté pathologique ou morbide, sans pour autant y associer une participation affective ni entrer dans une démarche moralisatrice. L’imposante Elena Drăgănescu, Nory “la féministe“, l’étrange couple Walter–Coca-Aimée, la sensuelle et pathétique Lenora, le volage Lică, dit “le Troubadour“ et la perverse Mika-Le vivent dans un Bucarest parfaitement en phase avec la vie moderne, où les préparatifs pour le concert de Bach qui aura lieu dans les salons d’Elena Drăgănescu, non seulement aiguisent les appétits mondains, mais nourrissent aussi des conflits personnels et des états de conscience compliqués. Chaque personnage d’Hortensia Papadat-Bengescu est un univers en soi, évoluant de manière sinueuse et imprévisible. » (Litterature roumaine : Tome 3, L’Entre-Deux-Guerres, p. 49)

Dans Rădăcini [Racines], à travers Elena, on suit un retour aux sources. Après la mort de Drăgănescu et la séparation de Marcian, elle semble renoncer à ses rêves artistiques et vouloir renouer avec le terroir. Elle s’établit donc à la campagne où elle évoque une volonté de modernisation de l’agriculture. Ses ancêtres sont partis d’ici, c’est ici qu’elle retourne à la fin du cycle : la boucle est ainsi bouclée.



N.B : seul Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach) a été traduit en français, à ma connaissance.
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Fecioarele despletite

Les romans du cycle de la famille Hallipa, bien qu’écrits à de grands intervalles dans le temps et relativement indépendants les uns des autres, constituent la seconde chronique familiale de la littérature roumaine après celle de Duiliu Zamfirescu. Il s’agit dans l’ordre de Fecioarele despletite [Les Vierges échevelées], 1926, qui raconte la spectaculaire émergence d’une bourgeoisie des années 1920, Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach), 1927, consacré à son triomphe, Drumul ascuns [La Voie cachée], 1932 qui relate les premiers signes de décadence et enfin l’histoire de sa dislocation dans Rădăcini [Racines], 1938.

Andreia Roman en parle en ces termes : « Débarqué de “ses obscurs nids de la province” à Bucarest, le clan des Hallipa parvient, grâce à une extraordinaire faculté d’adaptation et de mimétisme, à escamoter ses atavismes balkaniques et à s’imposer comme élite, tout en se débarrassant avec une habileté machiavélique de ses membres récalcitrants ou devenus ineptes. La romancière en décrit les codes de comportement, les rituels mondains, les passions et les rivalités. Dans ces personnages elle mêle une part de déterminisme social à l’étude des ressorts profonds de leurs comportements et affiche un penchant déclaré pour leur côté pathologique ou morbide, sans pour autant y associer une participation affective ni entrer dans une démarche moralisatrice. L’imposante Elena Drăgănescu, Nory “la féministe“, l’étrange couple Walter–Coca-Aimée, la sensuelle et pathétique Lenora, le volage Lică, dit “le Troubadour“ et la perverse Mika-Le vivent dans un Bucarest parfaitement en phase avec la vie moderne, où les préparatifs pour le concert de Bach qui aura lieu dans les salons d’Elena Drăgănescu, non seulement aiguisent les appétits mondains, mais nourrissent aussi des conflits personnels et des états de conscience compliqués. Chaque personnage d’Hortensia Papadat-Bengescu est un univers en soi, évoluant de manière sinueuse et imprévisible. » (Litterature roumaine : Tome 3, L’Entre-Deux-Guerres, p. 49)

Dans Rădăcini [Racines], à travers Elena, on suit un retour aux sources. Après la mort de Drăgănescu et la séparation de Marcian, elle semble renoncer à ses rêves artistiques et vouloir renouer avec le terroir. Elle s’établit donc à la campagne où elle évoque une volonté de modernisation de l’agriculture. Ses ancêtres sont partis d’ici, c’est ici qu’elle retourne à la fin du cycle : la boucle est ainsi bouclée.



N.B : seul Concert din muzică de Bach (Le Concert de Bach) a été traduit en français, à ma connaissance.
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Le concert de Bach

L'édition a plus de 20 ans (1994) et a assez mal vieilli : francisation des noms, diacritiques roumains à la trappe, pas mal de coquilles, les paragraphes plus longs que ceux de l'édition roumaine (pas de petites économies). Mais à part ça, traduction OK : en testant rapidement pas trouvé de manque, chapitrage identique au roumain, mais attention, la suite dévoile l'intrigue.

Lina, doctoresse, et son mari Rim, professeur universitaire de biologie et musicien amateur ont emménagé dans leur maison et engagé Sia, la fille du cousin de Lina, Lică, comme bonne. La sœur de Lică, Elena Hallipa, mariée au banquier Drăgănescu, veut organiser un concert de Bach. Un jour, Lică arrête le cheval qui a failli l'écraser, d'Ada Razu, princesse Maxence, qui tombe amoureuse de lui et réciproquement. Elle lui trouve un poste dans son écurie, alors que le prince Maxence, ancien fiancé d'Elena, se meurt de la tuberculose. Pendant ce temps, Rim jette son dévolu sur Sia, sans se douter qu'elle est aussi la fille de Lina et engage les frères jumeaux d'Elena à l'Université. Elena prend sa jeune sœur Norica à son service, qui avait gâché ses fiançailles. Ada s'introduit dans la société d'Elena grâce au cousin de Maxence, chef d'orchestre, Victor Marcian, qui dirigera le concert de Bach. Lică devient responsable de l'écurie et s'introduit dans la bonne société peu à peu, s'écartant complètement de Sia dans sa liaison avec Ada. Maxence doit se faire soigner à Leysin. Lina renvoie Sia qui trouve refuge chez les jumeaux. Pendant les préparatifs du concert, une liaison entre Marcian et Elena se construit. Norica tente une approche vers Drăgănescu, sans succès. Maxence meurt en Suisse, Lică a une opportunité pour se lancer en politique, Ada songe au mariage. Sia tombe enceinte et meurt d'une infection, ce qui n'empêche pas le lendemain le succès du concert de Bach.

Un peu d'autoflagellation dans la présentation, qui parle d'un „roman de mœurs comme on les aimait au début du siècle”. Certes, mais Houellebecq par exemple doit beaucoup au roman de mœurs. C'est aussi un prisme peu évoqué à travers lequel voir la littérature roumaine : plus tard l'œuvre de Marin Preda, voire aujourd'hui Calin Torsan ou Savatie Bastovoi s'en approchent par bien des aspects. Dans l'ensemble, tout cela tient tout de même bien la route, comme Garabet Ibraileanu, au regard des modèles étrangers comme Edith Wharton, Henry James et d'autres.

Hortensia Papadat-Bengescu a une postérité assez particulière : la „plus grande romancière roumaine” peut-être, mais on ne trouve couramment (France ou Roumanie) en librairie et sur Internet que „Le Concert de Bach”, alors que le roman fait partie d'un cycle, celui des Hallipa, ce qui explique qu'on a parfois l'impression d'avoir raté un épisode : ce n'est pas le premier volume ! Papadat-Bengescu a un peu le même champ d'action que Proust : le monde. Et donc le Bucarest de l'entre-deux-guerres, où elle est solidement ancrée. Moins de digressions, construction narrative moins élaborée, un style plus explicatif et direct sur les intentions des personnages. Sur le fond, elle se montre bien plus pessimiste : chez Proust, le monde (ou l'élite) est superficiel éventuellement dépravé. Chez Papadat-Bengescu, il est corrompu, criminel, incestueux, souvent incompétent, hypocondriaque et la pureté de ses sons origine laisse à désirer. Parfois il vit même au crochet des pauvres. Roman plein de maîtrise, qui vaut le détour littéraire.

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