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Citations de Howard Phillips Lovecraft (1118)


L'ouverture était noire, d'une obscurité presque tangible. Ces ténèbres avaient, en vérité, une qualité positive. Elles conservaient, en effet, dans l'ombre les parties des murs intérieurs qui auraient dû être révélées et elles commençaient même à cracher une sorte de fumée, née d'un emprisonnement vieux de tant d'éons, qui assombrissait visiblement le soleil au moment où celui-ci s'éloignait, furtif, dans le ciel rétréci et gibbeux, en battant ses ailes membraneuses. L'odeur qui s'élevait de ces profondeurs nouvellement découvertes était intolérable et Hawkins, enfin, qui avait l'oreille sensible, dit qu'il croyait percevoir tout en bas le son désagréable qu'auraient produit des pas sur un sol détrempé. Tous écoutèrent, et ils écoutaient tous encore lorsqu'Elle s'avança, pesante, et leur apparut au moment où Elle faisait glisser en tâtonnant Son immensité verte, gélatineuse, par l'ouverture noire, afin de gagner l'air pollué, sorti de cette cité de poison et de folie.
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"Il y a des horreurs au-delà des limites de la vie, dont nous n'avons pas idée, et les prières diaboliques d'un homme peuvent en un instant les faire surgir dans notre propre réalité."

(nouvelle "La chose sur le seuil")
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"[...] - ma première impression n'étant qu'un aspect de l'éternelle tendance humaine à détester, craindre et repousser ce qui est radicalement différent."
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Les rêves de Gilman étaient en général des plongées à travers des abîmes infinis de crépuscule indiciblement coloré et de sons au déconcertant désordre ; des abîmes dont les propriétés physiques et gravitationnelles, comme les relations avec sa propre essence, échappaient à toute tentative d’explication. Il ne marchait ni ne grimpait, ne volait ni ne nageait, sans non plus ramper ni se tortiller ; mais il faisait toujours l’expérience d’un mode de déplacement mi-volontaire et mi-involontaire.

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À Ulthar, longtemps avant que l’on interdît d’abattre les chats, il y avait un vieux paysan et sa femme qui prenaient plaisir à prendre au piège, pour les tuer, les chats de leurs voisins. Pourquoi se livraient-ils à ce massacre? Je l’ignore. Beaucoup de gens ont les chats en horreur, et ils ne supportent pas de les voir se glisser furtivement dans les cours et les jardins après le crépuscule. Peut-être ce couple était-il du nombre, toujours est-il qu'ils tuaient tous les chats qui s’approchaient de leur maison. D’après les cris que l’on percevait la nuit, de nombreux villageois pensaient que le couple devait avoir un procédé bien particulier pour se défaire des animaux. Mais ils évitaient soigneusement d’en parler avec le vieil homme et sa femme. Il faut dire que l’expression de leurs deux visages ridés était effrayante. En vérité, si les propriétaires de chats haïssaient ces étranges habitants d’une minuscule chaumière, dissimulée sous des chênes centenaires, derrière une cour abandonnée, ils les craignaient plus encore. Et au lieu de les traiter comme des assassins, ils se contentaient d’empêcher leurs animaux favoris de s’approcher de la maison maudite. Lorsque, à la suite d’une imprudence, un chat disparaissait et que l’on entendait dès la nuit tombée les bruits étranges, il ne restait plus à son maître qu'à se lamenter, ou à se consoler en remerciant le destin que ce ne fût pas l’un de ses enfants qui eût disparu.
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Personne, même parmi ceux qui sont bien informés de l'horreur récente ne peut dire au juste ce qui ne va pas à Dunwich ; il est question dans les vieilles légendes de rites impies et d'assemblées secrètes où les Indiens évoquaient des ombres maudites venues des grandes collines rondes, et à leurs prières orgiaques répondaient des crépitements et des grondements terribles de l'intérieur de la terre.
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Leurs actions, pourtant inoffensives, me terrifièrent plus encore que leur apparence – car on ne regarde pas impunément des êtres monstrueux faire ce dont on croyait les humains seuls capables. Ces objets-là allaient et venaient avec intelligence dans les grandes salles, transportaient les livres des rayonnages aux tables ou vice versa, en écrivant parfois, soigneusement, avec une baguette spéciale au bout des tentacules verdâtres de leur tête. Les grosses pinces servaient à porter les livres et à conserver – la parole consistant en une sorte de cliquetis ou de grattement.
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Pouvait-on être sûr de ce qui traînait ou non [...] dans les abysses aveugles et insondables des eaux les plus profondes de la Terre ?
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Difficile de coucher sur le papier le sentiment d’attente teintée d’inquiétude qui montait en nous comme nous nous préparions à contourner la crête et à découvrir un monde vierge, quand bien même nous n’avions guère de raisons de croire que les régions au-delà de la chaîne étaient fondamentalement différentes de celles que nous avions déjà vues et traversées. Le soupçon de mystères maléfique émanant de cette barrières montagneuse et du ciel, véritable mer opalescente, qui nous faisait signe à chaque fois que nous l’apercevions entre deux sommets, était extrêmement subtile et ténu, au point d’être impossible à décrire littéralement avec de simples mots. Cette sensation relevait plutôt d’un vague symbolisme psychologique, ou du rapprochement esthétique ; c’était un mélange de poésie et de peintures exotiques, mais aussi de mythes archaïques tapis sans des livres redoutés et interdits. Jusqu’au refrain du vent qui prenait un accent particulier de malignité consciente ; l’espace d’une seconde, le son composite parut incorporer une note étrangement musicales, tenant du sifflet ou de la flûte, et qui couvrait une large gamme selon que les bourrasques entraient ou sortaient par la bouche des cavernes omniprésentes et sonores. Il y avait dans ce son quelque chose qui évoquait une répulsion trouble, et semblait aussi complexe et déconcertant que les autres impressions obscures dont je parlais précédemment.
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Il y avait là des formes géométriques qu’Euclide lui-même aurait eu du mal à nommer : des cônes très diversement irréguliers et tronqués, des terrasses dotés de toutes sortes de disproportions provocatrices, des cheminées aux singuliers renflements bulbeux, d’étranges groupements de colonnes brisées, et des structures à cinq pointes ou cinq arrêtes d’un grotesque parfaitement délirant.
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Des huit cents mètres de descente vers la ville à proprement parler, avec ce vent sauvage mais impuissant qui hurlait en altitude en passant entre les pics abrupts, au loin, je me souviens dans les moindres détails, et ce souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Aucun autre humain que nous ne pourrait concevoir pareil spectacle hormis dans ses cauchemars les plus fantastiques. Entre les vapeurs bouillonnantes de l’ouest et nous s’entendait ce monstrueux dédale de tours sombres, avec ses silhouettes incroyablement outrancières qui ne cessaient de nous impressionner où que nous regardions. Nous nous trouvions au cœur d’un mirage de pierre et, sans les photographies, j’aurais toujours du mal à croire à la réalité d’un tel endroit. La maçonnerie était d’un type général identique à celui du rempart que nous avions examiné, mais les mots ne sauraient décrire les formes extravagantes qu’elle prenait à l’intérieur de la ville.
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...Mais je vous envie VRAIMENT cette virée en aéroplane... car le petit avant-goût dont j'ai fait l'expérience à Onset, en août, pour 3,50 $, m'a vraiment fait découvrir les joies de l'envol super-nubien; un plaisir auquel je n'ai pas encore eu l'opportunité de m'adonner à nouveau. J'aurais horreur qu'on fasse un usage commercial des aéroplanes, car il ne font qu'accroître cette foutue accélération inutile d'une vie qui va déjà bien trop vite; mais comme appareils pour divertir un gentleman, ils sont O.K. !

(à J.F. Morton, novembre 1929)
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Personne, hormis les gens de la forêt, n'avait cru à ces contes variés et contradictoires qui décrivaient de façon délirante le démon à peine entrevu. Pourtant personne, fermier ou villageois, ne doutait que la maison de Martense fût hantée par un vampire. L'histoire locale interdisait d’ailleurs d'en douter, bien qu'on n'en eût jamais la preuve. Pourtant nombreux étaient ceux qui s'étaient livrés à des recherches, après avoir entendu de la bouche des montagnards des récits particulièrement forts. Les aïeules savaient des contes étranges sur le spectre de Martense. Elles parlaient de la bizarre dissymétrie des yeux qui étaient un trait héréditaire de la famille ; de sa longue et curieuse histoire ; du crime enfin qui l'avait vouée à la malédiction.
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Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance,environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme.
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" D'après mon expérience, je ne puis douter que cet homme qui a perdu sa conscience de Terrien séjourne en réalité dans une vie autre et incorporelle, d'une nature différente de la vie que nous connaissons, et dont ne demeurent au réveil que les souvenirs les plus fragiles et les plus confus. De ces souvenirs flous et fragmentaires, on peut tirer beaucoup de déductions mais peu de preuves. On devine dans la vie des rêves, le matériel et le vivant ne sont pas nécessairement immuables; et que le temps et l'espace n'existent pas tels que le saisit nôtre moi éveillé."

H.P Lovecraft

Le Mythe de Cthulhu

Éditions J'ai Lu

Page. 47
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Ce sera mon dernier mot. Si les signes évidents de la survivance d’horreurs antédiluviennes que j’aurai divulgués ne suffisent pas à dissuader les autres de toucher au cœur de l’Antarctique – ou tout du moins de fouiller trop profondément sous la surface de ce suprême désert des secrets interdits où règne une éternelle et inhumaine désolation –, on ne pourra me tenir pour responsable des malheurs innommables et peut-être incommensurables qui s’ensuivront.
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L’effet de ce monstrueux spectacle était indescriptible, car nous perçûmes aussitôt quelque démoniaque violation des lois naturelles connues. Là, sur ce plateau épouvantablement ancien perché à six mille mètres d’altitude au moins, sous un climat radicalement inhabitable depuis cinq cent mille ans, s’étendait à perte de vue ou presque, un dédale ordonné de pierre auquel seul un esprit désespéré cherchant à se défendre aurait osé attribuer une cause autre que consciente et artificielle.
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Sur les cimes désolé soufflait, en bourrasques rageuses et intermittentes, le vent terrible de l’Antarctique. Un vent dont les modulations évoquaient parfois vaguement les sifflements mélodieux et presque réfléchis d’une flûte sauvage, un instrument à la tessiture large et dont les notes, par quelque rapprochement mémoriel subconscient, avaient quelque chose d’inquiétant, voire même effrayant.
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Quant à mes goûts, que vous avez attaqués de manière si violente tout au long de notre correspondance, je ne vois pas en quoi ils nécessiteraient défense ou excuse. L'expression de mes préférences se résume à des simples déclarations de faits , qui ne peuvent pas être plus réfutées que battues en brèche. Vous ne pouvez assurément pas vous attendre à ce que que j'y renonce pour la simple raison qu'elles ne correspondent pas à vos préférences. Mes goûts et mes centres d'intérêt ne coïncident peut-être pas avec votre conception de ce à quoi un individu intelligent devrait aspirer, mais je ne vois pas vraiment ce que vous et moi pouvons y faire. Si nous vivions dans votre gouvernement idéal régi par l'intellect, vous pourriez sans doute me faire condamner au bûcher en tant qu'hérétique, mais puisque nous n'avons pas atteint ce stade enviable de civilisation, il semble que vous allez devoir vous contenter de me classer comme une autre de ces imperfections et choses mal dégrossies qu'on laisse exister quand on vit en démocratie, et devoir en rester là.

"Robert Howard et H.P.L", extrait d'une lettre de Howard à Lovecraft vers juillet 1934
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Car ils savaient bien que tout ce qui est oublié n’est pas forcément mort [...].
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