Nous n'avons certes pas l'intention de vanter les mérites de l'esclavage africain. Mais il était d'une tout autre nature que celui qui sévissait sur les plantations et dans les mines américains, où il durait toute la vie, était psychologiquement écrasant, défaisait les liens familiaux et interdisait toute projection dans l'avenir. Il manquait à l'esclavage africain les deux fondements qui firent de l'esclavage américain le plus cruel de toute l'histoire de l'humanité : le désir frénétique de profits illimités, caractéristique de l'agriculture capitaliste, et la réduction de l'esclave à l'état de moins qu'humain par le biais de la haine raciale, fondée sur l'évidence implacable de la différence de couleur : le Blanc étant le maître et le Noir l'esclave.