Revivez notre journée de présentation de la rentrée littéraire à La Scala et découvrez les romans étrangers qui paraissent cet automne !
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0:14 Introduction
0:49 **La Cité de la victoire** de Salman Rushdie
5:54 **Montevideo** d'Enrique Vila-Matas
10:26 **La Ville introuvable** de Yu Hua
19:45 **Je voudrais leur demander pardon mais ils ne sont plus là** de Mikoaj Grynberg
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Plus d'informations : https://www.actes-sud.fr/recherche/catalogue/collection/1299/date_de_publication/2023-09/rayon/1236?keys=
#rentréelittéraire #litteratureetrangere
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Ça se voit qu'il vient d'arriver, dit le squelette de droite, il a encore toute sa chair.
Par un épais brouillard, je suis sorti de la maison que je louais, et j'ai divagué dans la ville irréelle et chaotique. Je devais me rendre dans cet endroit qu'on appelle le funérarium, et qu'on appelait jadis le crématorium. On m'y avait convoqué, avec obligation de me présenter là-bas avant 9 heures du matin, ma crémation était prévue pour 9h30.
(incipit)
Une petite fille en anorak rouge était assise toute seule sur une plaque de béton, des deux côtés de laquelle dépassaient des barres d'armature tordues. Son cartable appuyé contre ses genoux, son manuel et son cahier d'exercices ouverts sur ses jambes, tête baissée, elle écrivait quelque chose. Elle avait quitté la maison le matin pour se rendre à l'école, et quand elle était rentrée l'après-midi, la maison avait disparu. Comme elle n'avait retrouvé ni sa maison, ni ses parents, elle s'était assise sur les gravats en attendant que ces derniers reviennent, et elle faisait ses devoirs en frissonnant dans la bise aigre.
(...)
J'ai regardé cette petite fille en anorak rouge. Avec elle assise au milieu, cet amas de blocs de béton paraissait soudain plein de douceur.
Par un épais brouillard, je suis sorti de la maison que je louais, et j'ai divagué dans la ville irréelle et chaotique. Je devais me rendre dans cet endroit qu'on appelle le funérarium, et qu'on appelait jadis le crématorium. On m'y avait convoqué, avec obligation de me présenter là-bas avant 9 heures du matin, ma crémation était prévue pour 9h30.
(Incipit)
Je me trouve à nouveau au milieu du brouillard et des flocons qui tourbillonnent, mais je ne sais où aller. Je suis en proie au doute: je sais que je suis mort, mais j'ignore de quelle façon.
Je marche dans la ville qui se dévoile par intermittence. Mes pensées tentent de s'orienter dans les entrelacs de la mémoire. Je me dis qu'il faudrait que je remonte à la dernière scène à laquelle j'ai assisté de mon vivant, car elle doit se situer au bout du chemin de ma mémoire. Dès que je l'aurais trouvée, j'aurais trouvé également le moment de ma mort. Mes pensées, guidées par le mouvement de mon corps, traversent un grand nombre de scènes qui voltigent comme des flocons de neige, et enfin parviennent à ce jour-là.
Dire que je ne sais même pas où je vais mourir...
C'est dans l'urgence que les situations se débloquent. L'homme ne trouve des solutions que le dos au mur. Avant cela, il n'en trouve pas, ou s'il en trouve il ne sait pas les mettre à exécution.
Lorsque j'étais passé quelques jours auparavant, ils étaient toujours là. Des vêtements séchaient aux balcons et des banderoles blanches couraient le long des façades sur lesquelles on lisait, en lettres noires : "Non aux démolitions", "Pas d'explusions forcées" (...).
J'ai contemplé ces ruines. On apercevait des bouts de vêtements parmi les blocs de béton armé.(...)
Une petite fille en anorak rouge était assise toute seule sur une plaque de béton, des deux côtés de laquelle dépassaient des barres d'armature tordues. (...) Elle avait quitté la maison le matin pour se rendre à l'école, et quand elle était rentrée l'après-midi, la maison avait disparu . Comme elle n'avait trouvé ni sa maison, ni ses parents, elle s'était assise sur les gravats en attendant que ces derniers reviennent, et elle faisait ses devoirs en frissonnant dans la bise aigre.
- La force, dit Xu Sanguin, ce n'est pas comme l'argent. L'argent, plus on s'en sert, plus il est rare. La force, plus on l'utilise, plus elle abonde.
Mon corps est comme un arbre au repos, tandis que ma mémoire court lentement comme un marathonien dans ce monde disparu.