Les baisers qu'on donne, les caresses esquissées, cette préhension tactile si peu organisée et si sauvage ne font que rendre plus angoissantes la fuite du temps, car la main qui court sur une cuisse aura bientôt fini sa course et les lèvres unies dans un baiser finiront bientôt de s'entre-palper. Comme dans la musique, il n'y a jamais de reprise identique; quand les corps s'unissent à nouveau, la mémoire des étreintes qui ont précédé est anéantie par l'émotion nouvelle. Tout reprend parce que tout finit; et cette mélodie qui ne se ressemble jamais tout à fait nous rapproche d'une étreinte finale qui abolit tout.