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Citations de Hubert Haddad (682)


Les nuits d'hiver tombent par traitrise au milieu du jour.
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Délectable, sur la pierre de tuffeau des façades, du pigeonnier, d'une tourelle d'angle et des balustres entre jardins et terrasse, la lumière de juillet ruisselait, teintée d'un indécidable vermeil azuré au plus intime du faux relief des ombres et sur les délicats filigranes d'horizons des collines, par-delà le feuilletage ocré des prairies. Derrière les rideaux de peupliers géants qui balancent leurs nuques songeuses et les haies vives palpitant de mille essaims d'abeilles, s'étendaient les coteaux bouclés des vignes angevines et les forêts d'où jaillissent, comme la fumée d'une charbonnerie battue par le vent, d'immenses remuées d'étourneaux et de freux.
(incipit)
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On garde si peu d'une mémoire d'homme. À peine un signe en terre. Quelques images et de rares paroles au meilleur des cas. Moins que son poids de cendre après la crémation.
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Après l'égarement du cimetière, Jan-Matheusza n'avait pu retrouver l'atelier des luthiers Zylbermine. Il avait erré en vain dans la vieille ville encombrée ; des cohortes de femmes, d'hommes et d'enfants, la plupart bien vêtus, trimbalaient des valises et des malles, halaient des carrioles surchargées de meubles, de matelas et de ballots, ou avançaient les bras ballants, hagards et dépossédés. Un peu partout, d'un secteur à l'autre, des familles entières parfois véhiculées, juchées sur un fardier attelé à quelque mule ou poussant des brouettes et des landaus, s'en allaient emménager dans les bâtisses insalubres, les boutiques abandonnées ou les pensions miteuses des quartiers d'assignation.
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L'enfer sur terre se recommandait de Dieu ! Il se dit que même le diable n'avait de prise sur la férocité des hommes.
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A force d’immobilité muette, longtemps après la dernière goutte de pluie, le jardin nocturne reprit autour d’eux sa magique présence et les amants soupirèrent, chacun dans ses pensées, tandis que le feuillage naissant des saules et des ormes frissonnait doucement sous la clarté revenue de la pleine lune. 
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Tout avait commencé par la dégradation des échanges ordinaires entre Mirlek et l'extérieur, le boycott insidieux des commerces juifs, l'interdiction faite aux enfants chrétiens de fréquenter ceux du shetl. On parlait d'émeutes ici et là, d'explosions de violence qui se polarisaient vite sur les quartiers juifs - à Przytyk déjà, trois ans plus tôt, dans les campagnes, dans les petites ou grandes cités, à Lublin, Czestochowa, Bialystok, Grodno...
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Rêvant d'être libre
l'esclave remue ses chaînes
pendant son sommeil
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Ses yeux suivirent l'élévation d'une feuille de charme ou de hêtre très haut par-dessus les toits d'ardoise et les ramures. Est-elle déjà morte ou encore vive, la feuille qui se détache de l'arbre et vole au vent ? Mais à la perdre de vue on l'oublie aussitôt, visage au ciel, seul théâtre éternel que les mortels, le regard noyé dans les nuages, n'auront cessé de contempler depuis la Genèse et pour la fin des temps.
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La neige devant lui tourbillonnait en figures difformes, pareille aux spectres fugaces de l'oubli.
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Les fleurs sauvages
n'attendent jamais le jour
pour se dégrafer
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Le chemin grimpait maintenant entre les buissons de fusains, d'aralias et de houx, parmi des rochers d'inégales dimensions émergeant des mousses et des lichens ambrés, avec en arrière-plan des pins parasols et des cèdres nains. Il ne pouvait qu'admettre une fois de plus la souveraineté de la nature. Jardiniers et maîtres paysagers s'épuisaient en vain dans l'imitation de son aspect sauvage. Tant d'harmonies et d'heureux contrastes n'étaient pas dus au seul hasard : des millénaires d'ajustement avaient façonné ces abords jusque dans la sensibilité de générations contemplatives. Seules la foudre, les intempéries ou la dégénérescence liée à l'incurie humaine pouvaient s'attaquer au paysage. Mais une magie native remodelait vite ces espaces. La nature respirait de tous les souffles de la montagne. Son énergie calme était comme la pensée des éléments, un dialogue entre ciel et terre.
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Les saisons ne vieillissent jamais. Un éternel été succède au beau suicide du printemps. Et l'automne empourpre les érables à l'heure dite.
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- Une question, Chaïm : les Allemands nous ont tous expropriés et dépouillés, ils ont bloqué nos comptes, nos avoirs, confisqué toutes nos valeurs. On nous a ordonné d'ôter la mezouzah de nos portes, l'usage de véhicules est maintenant proscrit. Ceux qui s'amusent à enfreindre ces décrets sont arrêtés par leurs agents, emprisonnés, souvent battus à mort ou pendus. Nous voilà contraints de vivre en autarcie à plus de cent soixante mille âmes dans les limites ridicules du ghetto. Que peut notre Conseil ? Les stocks alimentaires seront épuisés d'ici peu et la population n'aura bientôt plus un zloty en poche. Comment acheter et se nourrir, comment survivre ?
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L’essentiel de la mémoire tient dans les perceptions obscures. Il faudrait sans cesse recommencer la vérité - mais où est-elle passée ? C’était hier et c’est demain. Elle échappe, elle ne peut davantage accrocher le souvenir que la pure émotion vécue, évanescente.
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Tous les hivers n'en font qu'un, dans la mémoire de la neige, et le printemps renaît jusqu'au plus chaud de l'été, mais l'automne est éternel.
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On a pendu ce matin des jeunes filles au ghetto. Elles sont montées au supplice sans se plaindre. Si maigres, les mains nouées, elles se sont élancées au bout des cordes comme sur une balancelle. Les bourreaux en uniforme regardaient ailleurs. Que fera-t-on d'elles au paradis ?
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Être malade, c'est être plus vivant que jamais, surtout aux points douloureux.
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Tout le monde somnolait à cette heure, bêtes et gens, dans un chuchotis d'insectes et de fontaines. Seule alerte, une jeune paysanne assise à l'ombre de la tourelle d'angle de la gentilhommière veillait d'un œil sur le plus jeune rejeton des maîtres. Ce dernier, occupé à se distraire de l'indifférence générale, malmenait une tortue, cherchant à faire sortir la tête de lézard de cet étrange galet de cuir. A l'âge de quatre ans, on expérimente sans désemparer les hypothèses mystérieuses de tout ce qui, tour à tour, se dissimule et s'expose, de la présence et de la disparition, de la vie et de la mort.
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En ces jours de l'automne 1940, l'odeur de sang, de sueur et de putrescence débordait des champs de bataille, des charniers, des cimetières et même du palais des princes, jusqu'au coeur détruit des villes, dans les rues surpeuplées des mille ghettos, au fond des oubliettes et des hideuses tranchées où succombaient les innocents. Personne n'eût pu retarder les processus invasifs de décomposition enclenchés un an plus tôt en Pologne.
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