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Citations de Hubert Monteilhet (102)


Sur le seuil, le judéo-chrétien eut cette remarque, très caractéristique de ceux qui sont menacés d'extermination en vertu d'une étiquette quelconque :"Tous mes voisins m'aiment et m'estiment. Je m'efforce de leur donner le bon exemple." Et Kaeso lui rétorqua tristement : "Tous tes voisins te haissent, justement parce que tu leur donnes le bon exemple. Crois tu que les gens aiment recevoir des leçons ?" Quand un garçon a atteint ce degré de sagesse, il est compréhensible que la terre lui pèse.
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"-Mais voyons, tu sais comment ça se passe, et depuis des générations...
A la moindre marque de disgrâce, le condamné n'attend pas que son corps supplicié soit traîné aux Gémonies, et ses biens, confisqués. Il organise une soirée d'adieux, se fait ouvrir les artères des poignets - et non pas les veines, comme l'écrivent les historiens qui ne se sont pas encore donné la mort...
- Quelle différence entre veines et artères ?
- Les unes sont grosses, et les autres, petites.
Bref, tandis que le sang s'écoule, le suicidé cherche de nobles paroles, qui resteront en mémoire, lègue quelques objets précieux à l'empereur, qu'il remercie de ses bons soins, laisse un gros paquet au Préfet du Prétoire et à quelques autres nécrophages, offre à boire au centurion qui a, comme par hasard, fait cerner sa maison pour qu'il ne puisse s'échapper que les pieds devant.
Il résulte de cette prévenance que l'empereur serait un méchant tyran de confisquer les biens d'un homme que personne n'a encore jugé ni condamné, et le testament est d'ordinaire respecté.
En outre, l'empereur dira d'un ton bonhomme : "Quel dommage ! Qu'est ce qui lui a pris ? Je n'avais pourtant pas si fort froncé les sourcils. Que n'a-t-il escompté ma clémence ? J'aurais à ce jour un obligé de plus..."
Mais un courtisan suggérera : "Il n'aurait pas appelé le chirurgien s'il ne s'était pas senti plus coupable qu'on ne pense". Et l'empereur hochera la tête avec une tristesse dubitative.
Ainsi, tout le monde est content : le Préfet du Prétoire aura fait une affaire de plus, le centurion aura bu du meilleur, l'empereur caressera son bronze de Corinthe sans qu'il y aille de sa faute, et le condamné aura soustrait ses biens au pillages à toutes fins utiles".
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"Cet appétit de dialogue personnel rendait les épitaphes extrêmement variées et dénuées le plus souvent de la moindre convention quant à l'essentiel du texte. Toutes les qualités et tous les défauts s'exprimaient ainsi dans cette prose éternelle. Des vaniteux entassaient une douzaine de surnoms en guise d'introduction à un "curriculum vitae" ridicule. Des hommes célèbres travaillaient dans le genre sobre. Les pensées, les sentiments les plus contradictoires, les plus profonds ou les plus futiles se faisaient jour. Les Romains se révélaient soudain beaucoup plus originaux dans leur mort que dans leur vie.
Kaeso, à son tour, attirait l'attention de Décimus sur tel ou tel extrait, qui l'avait frappé pour une raison ou pour une autre...
"Ci-gît Similis, ancien Préfet du Prétoire : il supporta la vie durant cinquante ans et ne vécut vraiment que durant sept ans."
"La vertu est ouverte à tous, elle n'exige ni rang ni richesses : l'homme seul lui suffit."
"Tant que j'ai vécu, je me suis bien amusé. Ma pièce est finie, la vôtre finira bientôt. Adieu, applaudissez !"
"Vivant, je n'ai jamais maudit personne. A présent, je maudis tous les dieux des enfers."
"T. Lollius a été placé près de cette route pour que le passant lui dise : cher Lollius, adieu !"
"Ci-gît Amymone, femme de Marcius. Excellente, très belle, elle fila la laine, fut pieuse, pudique, honnête, chaste, et resta à la maison."
"A la femme la plus aimable : elle ne m'a causé d'autre chagrin que celui de sa mort".
"Je vous supplie, très saints dieux Mânes, d'avoir pour recommandé mon très cher mari et d'être assez indulgents avec lui pour que je le voie durant les heures de la nuit."
"Ce que j'ai bu et ce que j'ai mangé, c'est tout ce que j'emporte avec moi"
"Pieux, vaillants, fidèle, sorti de rien, il a laissé trente millions de sesterces et n'a jamais voulu entendre les philosophes. Porte-toi bien et prends exemple sur lui."
"Jeune homme, quelque pressé que tu sois, cette pierre te demande de lever ton regard et de lire : ci-gît le poète M. Pacuvius. Voilà tout ce que je voulais t'apprendre. Adieu."
"Terre, ne pèse point sur cette enfant, qui n'a point pesé sur toi !"
"Puisse-t-il bien se porter celui qui me salue en passant !"
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Admirons ces jeunes gens qui prétendent tout bouleverser avec intransigeance et apporter aux foules de hautes vérités, que leurs Voix résonnent sur un champ de bataille ou dans une cellule de bordel, qu’ils se fassent voir en harnois clos par des soudards ou dans la nudité du Jugement dernier par des vicieux. La terre a besoin de héros, dont la généreuse détermination nous réchauffera le cœur avant de faire honte à notre impuissance.
Du moins aurais-je essayé de bien faire, et cette pauvre gloire me restera en ce monde aux yeux de quelques-uns avant de me valoir peut-être l’indulgence du Dieu qui aura guidé ma progression dans les ténèbres. J’ai dû éteindre par mégarde la plupart des torches que ses anges m’avaient présentées. Mais le sentier du Paradis est si étroit qu’une petite lumière suffit à l’éclairer.
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J’avais lu dans des romans qu’il arrivait que l’amour naquît d’un coup d’œil, je n’y avais pas cru, je commençai à le croire. Peut-être portons-nous en notre âme une image idéale mais floue, tel un archétype platonicien de beauté, que nous savons reconnaître dès qu’elle se précise à nos sens éblouis.
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- Vous ne m'avez pas l'air bien décidé à agir, Arthur. Mais entrez donc ! C'est agaçant de discourir de la sorte ...
- Vous n'aurez pas peur ? C'est bien sûr ?
- Pourquoi voulez-vous que j'ai peur d'un petit garçon de ma famille ? Parce que vous êtes mort ? Je le serai bientôt moi-même et je ne me ferai pas peur pour si peu !
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Mais, pour ce que j'en sais, l'existence des revenants est reconnue par le droit romain. N'est-il pas permis chez vous, sauf erreur, d'intenter un procès en annulation de vente pour cause de vice caché s'il s'avère que la maison achetée est de notoriété publique hantée par un fantôme.
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Les hommes sont comme les harengs baltiques : pareils à première vue, ils ont bien du mal à communiquer leurs sentiments à leurs provisoires compagnons de route. L'eau qui les sépare demeure trouble, en attendant que le grand filet règle leur compte.
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Si des hommes qui croient à la Résurrection de la chair, trompent leur femme, c'est qu'ils ne croient pas à la résurrection du balai ou du rouleau à pâtisserie, d'une magie pourtant facile. Cette incroyance paradoxale ne plaide pas pour le sérieux de leurs croyances.
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Le mépris des honnêtes gens est le plus facile à supporter , car ils se comptent sur les doigts .
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Mais si un marché intérieur est plus ou moins stable par nature, l'exportation est sujette à de constantes fluctuations pour des motifs économiques ou politiques. Et dés que les marchés extérieurs se ferment - comme l'Irak après la guerre du Golfe - , la surproduction, facteur de baisse des prix, devient menaçante, danger renforcé encore par le fait inéluctable que le consommateur français boude la viande bâclée par des faiseurs et tripatouillée par des pharmaciens de Hollande ou de chez nous.
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« Avec trois compliments et un caramel mou, il n’est que trop facile aux sympathiques satyres d’entraîner une naïve vers une carcere oscura où elle en verra de dures. »
« Le public ayant été chauffé à blanc par les médias, qui n’avaient cessé de s’interroger sur les mobiles et d’entasser des hypothèses plus ou moins alléchantes, mais invraisemblables, c’était la salle des grands jours, avec ses personnalités et ses journalistes connus. Ceux de la presse dite de droite, ceux de la presse dite de gauche, ceux de la presse du centre indécis, qui nous avaient tous préventivement accablés avec un bel ensemble – et même quelques représentants de la presse d’extrême droite, dont le soutien parfois intempérant avait achevé de nous couler dans l’opinion. Ce n’est pas qu’on lût beaucoup ces feuilles à l’époque, dont la clientèle habituelle ne faisait tout au plus que 2 % de la population, mais la grande presse en donnait volontiers des extraits généralement tendancieux, qui faisaient impression sur les ignorants. »
« Et si l’analphabétisme faisait rage depuis quelques temps dans les écoles primaires grâce à l’imbécile méthode dite globale, la surdité était plus rare. »
« C’est de ce jour-là que j’ai commencé à réfléchir sérieusement sur les vices rédhibitoires de notre système judiciaire en matière de juges, qui préfèrent la carotte au bâton, est politiquement programmé par des margoulins prévaricateurs. C’est de l’organisation des assises et des maléfices du jury que je veux surtout parler.
L’honneur, la vie, la liberté des particuliers sont livré à de braves gens influençables, qui ne disposent que d’un temps limité pour se faire une opinion sur des questions complexes, parfois techniques, lesquelles les dépassent d’ordinaire, et ces incompétents sont naturellement très sensibles à l’atmosphère si nouvelle, si étrange, si déroutante du lieu, au baratin éloquent et contradictoire des avocats ou des procureurs, aux considérations politiques ou sociales, comme à tous les préjugés qui ont pu les marquer avant l’ouverture des débats.
Pour couronner le tout, on ne demande pas aux responsables de juger sur preuves, mais selon leur intime conviction, dont ils n’ont à rendre compte à personne et dont la subjectivité sans contrepoids donne des sueurs froides paralysantes aux plus scrupuleux, tandis qu’elle pousse les sectaires à toutes les irresponsabilités. Dans cette ambiance malsaine, si les jurés se partagent, par exemple, entre la mort et l’acquittement, on coupera la poire en deux avec une peine de prison absurde, qui ne satisfera personne, et la justice moins encore. »
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Ma jeune fille rêveuse prenait de l’âge tout d’un coup, me donnait des leçons de baiser, me faisait de ces choses que Frédéric Dard appelle, dans sa langue verte, la ventouse pigeonnante ou la sucette créole. Je me surprenais moi-même à caresser les seins que j’avais déjà vus étant à ski. Des seins admirables. Ni poire blette, ni pomme rondouillarde. Des seins sui generis quoi !
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Beaucoup de ces novices étaient des esclaves, qui acceptaient de rechercher dans l'exercice des armes une dignité que leur condition leur refusait. Mais une forte minorité d'hommes libres ou d'affranchis avaient signé moyennant finances ce contrat si original d"auctoratio", par lequel on abdiquait sa liberté aux mains d'un trafiquant, pour un certain temps ou pour un certain nombre de rencontres. Ces gladiateurs sous contrat étaient souvent des fils de famille décavés qui, après avoir vendu leurs biens s'étaient vendus eux-même en désespoir de cause. Leur père les avaient avertis "Si tu continues comme ça, tu finiras à la gladiature!". Et papa avait eu raison.
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_ Je ne saisis pas grand-chose à cette histoire.
_ Tu n'es pas le seul ! Les apôtres m'ont dit qu'ils n'avaient pas compris grand-chose non plus.
_ Pourquoi n'ont ils pas questionné le Christ à ce sujet ?
_ Ils osaient rarement L'interroger, crainte de passer pour bêtes aux yeux des autres. Mais Jean, notre plus distingué théologien, à qui Jésus faisait des confidences particulières, soutient qu'il faut prendre les paroles de Jésus au pied de la lettre.
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Les Romains sont renommés de par le monde pour leurs travaux. En fait, ils seraient plutôt doués pour faire travailler les autres, et c'est à coup sûr à Rome qu'on travaille le moins. Rome mange les revenus de l'univers, mais ne produit guère que des jeux. Tel est le fruit de nos victoires.
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Hubert Monteilhet
De temps à autre , Marcia se détournait de Vitellius et regardait à son annulaire l'anneau d'or de fiançailles que Marcus lui avait offert . A force d'étriper et de charcuter leurs pharaons avant d'aller les cacher de façon que tout le monde les retrouve , les subtils prêtres égyptiens avaient découvert qu'un nerf d'une merveilleuse finesse partait de ce doigt pour aboutir dans les arcanes du coeur , et l'annulaire anonyme avait enfin trouvé son nom . La mode était lancée ,sans doute provisoire , comme toutes les modes .
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Les promesses les plus sincères sont les plus vaines , car celui qui se dévoue totalement à une cause y engage le meilleur de lui-même , mais aussi le pire .
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Pomponia n'avait jamais su s'habiller et se surchargeait de joyaux comme un âne allant au marché .
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Alors que la haute noblesse était devenue bien sceptique , le patriotisme romain le plus vieillot était le fait des assimilés récents , anxieux qu'on pût mettre en doute la parfaite et inébranlable romanité de leurs idées , de leurs moeurs et de leurs ancêtres .
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