Citations de Hubert Reeves (541)
Les hérésies jouent un rôle essentiel. Elles tiennent les esprits en état d'alerte.
Je voudrais d'abord citer une boutade de Woody Allen dans son film Hannah et ses sœurs. "Il y a quatre grandes questions : d'où venons-nous ? qui sommes nous ? où allons-nous ? et qu'est-ce qu'on va manger ce soir ?" La question prend toute sa portée si le soir en question se situe en 2050...
La proximité de la nature rend humble. Vous sentez que vous n'êtes rien. Vous n'êtes qu'une toute petite chose par rapport au cosmos.
- Notre espèce a disposé de tout ce qui lui convenait pour se nourrir, se vêtir, se soigner, s'amuser... Elle a largement puisé dans ce "coffre de richesses"... Elle vient de se rendre compte que ces richesses sont en voie d'épuisement... le coffre se vide ! Dans la fantastique spirale de la biodiversité, notre espèce, Homo Sapiens, est la seule à pouvoir prendre conscience de la situation qu'elle a provoquée. En même temps, son propre avenir est lié à celui de la biodiversité puisqu'elle en fait partie et en dépend. Car la biodiversité c'est la vie... Alors tous pour la biodiversité (p. 61)
Nous nous croyions au centre du monde? Galilée, Copernic et les autres sont venus nous détromper : nous habitons en réalité une planète banale, située dans la banlieue d'une modeste galaxie. Nous pensions être des créatures originales, à l'écart des autres espèces vivantes? Las ! Darwin nous a perchés sur l'arbre commun de l'évolution animale...Il va donc nous falloir une fois encore ravaler notre orgueil mal placé : nous sommes les dernières productions de l'organisation universelle.
Pour explorer le champ des possibles, le bricolage est la méthode la plus efficace.

On peut imaginer que, tout comme nous, des civilisations ont eu à faire face aux difficultés que nous rencontrerons maintenant : coexister avec leurs propre technologie, freiner la détérioration de leur biosphère induite par l'impact de leur industrie... Cette crise écologique que nous traversons pourrait être un phénomène universel, un passage obligé de la croissance de la complexité partout où elle atteint les hauts niveaux de l'intelligence et de la conscience. Une sorte d'examen de passage auquel seraient soumis tous les habitants intelligents des planètes où la vie a pu (ou pourra) apparaître. Là se jouerait le destin de l'intelligence, son aptitude à ne pas disparaître en même temps que la lignée qui en a hérité avec grand dommage pour la biosphère dans laquelle elle est apparue. Notre exploration interstellaire pourrait nous amener à différents cas de figure. Là où l'espèce intelligente a réussi son examen, l'aventure-Univers poursuivrait son évolution vers de nouveaux sommets, que bous ne sommes pas en mesure d'imaginer. A l'inverse, là où l'espèce a failli à la tâche, on trouverait les décombres et les débris de son action. Sur ces vestiges, la vie des êtres vivants qui auraient échappé à l'hécatombe s'épanouirait à nouveau... Et si, sur Terre, notre intelligence conduisait à pareille situation, les fruits de nos facultés créatives -l'art, la science- seraient détruits et bientôt oubliés. Les noms de Mozart et de Van Gogh ne signifieraient plus rien. Et l'admirable entraide entre les humains, leur compassion envers les êtres souffrants serait perdue.
-[...] Pourquoi ne pas réussir à relever ce défi dès maintenant ?
-La réponse appartient aux Terriens actuels.
Aux théologiens qui refusaient, pour des motifs bibliques, la rotation de la Terre, Galilée répondait : « Contentez-vous de nous dire « comment on va au ciel » et laissez-nous le soin de dire « comment va le ciel ».
Nous menons une guerre contre la Nature.
Si nous la gagnons, nous sommes perdus.
La démarche qui consiste à inventer une nouvelle entité (ici la matière sombre) à partir d'une seule observation (ici, la mesure de la vitesse des étoiles) laisse toujours insatisfait. On peut évoquer la période alexandrine où, pour rendre compte du mouvement des planètes, on palliait chaque difficulté en inventant un nouvel élément d'orbite appelé "épicycle". La panoplie des épicycles a disparu quand Kepler a montré que les orbites planétaires ne sont pas circulaires mais elliptiques. L'introduction dans le domaine de la connaissance de nouveaux éléments doit d'abord être regardée comme provisoire, et demande à être pleinement critiquée et justifiée.
D'un phénomène extraordinaire on dit souvent : "Je le croirai quand je le verrai." On pourrait, avec autant de justesse, dire parfois l'inverse : "Je le verrai quand je le croirai." Au dire des psychologues, parmi les perceptions sensorielles qui nous viennent de l'extérieur, nous pratiquons une importante sélection. Nous rejetons celles qui ne cadrent avec rien de connu. Celles qui sont en conflit avec nos idées habituelles.
La nature de la lumière est longtemps restée mystérieuse. Elle possède des propriétés qui semblent contradictoires:
-d'une part, à partir d'une source, la lumière se propage comme une onde, à l'image de cercles concentriques quand on jette un caillou dans l'eau. Les colorations de l'arc-en-ciel, les teintes des bulles de savon et des taches d'huile sur l'eau s'expliquent à partir de ce caractère ondulatoire;
-mais, en d'autres circonstances, la lumière se comporte comme les balles d'une mitrailleuse. Elle exhibe alors un caractère granulaire, montrant des particules que l'on appelle photons. ces photons peuvent être détectés et comptés un par un.
Alors: onde ou corpuscule?
Elle [la bombe atomique ] n'est pas un brin plus vicieuse que la réalité, pas un poil plus destructrice que nous. Elle est tout juste le reflet de ce que nous sommes (...).
« Ce qui importe, écrivait Nietzsche, ce n'est pas tellement ce qui est vrai, c'est ce qui aide à vivre. »
La vie, c'est comme ça. Si elle nous parait résulter d'une suite de coïncidences, c'est parce que nous oublions les millions de pistes qui n'ont pas abouti. Notre histoire est le seul récit que nous pouvons reconstituer. Voilà pourquoi elle nous semble si extraordinaire.
Electrons et neutrinos appartiennent à la famille des « leptons » (légers). Les quarks et les nucléons sont regroupés sous le nom de « baryons » ou « hadrons » (lourds).
Tournons à rebours du temps le film de l’univers. En parallèle avec la croissance de la température et de la densité, on verra les astres se défaire, se disperser dans l’espace en une nuée ardente, homogène et isotherme. Cette substance incandescente est la source du rayonnement fossile.
Je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger (Voltaire)
Le beau est-il dans la nature?
La beauté naît de la rencontre entre le monde et l'être humain qui le perçoit.
"J'ai vu une herbe folle
Quand j'ai su son nom
Je l'ai trouvée plus belle."
Elle est devenue belle d'être vue et plus belle encore d'être nommée.
"Depuis que Monet a peint les nénuphars d'Ile de France, ils sont devenus plus beaux, plus grands. (Gaston Bachelard)
La beauté naît du regard de l'homme. Mais le regard de l'homme naît de la nature.
(p. 31 /Editions Myrial solal, 1995)