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3.6/5 (sur 307 notes)

Nationalité : Irlande
Né(e) à : Dublin , le 28/01/1953
Biographie :

Hugo Hamilton, né Johannes Ó hUrmoltaig, est un écrivain irlandais.

Sa mère était une allemande, qui voyageant en Irlande en 1949 pour un pèlerinage, épousa un irlandais et s’établit dans le pays. Son père était un nationaliste qui insistait pour que ses enfants ne parlent qu’allemand ou irlandais à la maison ; l’anglais étant strictement proscrit.

Devenu journaliste, il se lança dans l’écriture de nouvelles et de romans. Ses trois premiers romans se déroulent en Europe centrale. Puis en 1996 il écrivit un polar "Headbanger" ("Déjanté") dont l’action se déroule à Dublin et qui met en scène un détective privé nommé Pat Coyne. Deux ans plus tard il fait paraître une suite "Sad Bastard".

Il fut longtemps ignoré dans son propre pays, jusqu’à la publication du premier volume de ses mémoires "The Speckled People" ("Sang impur"), Prix Femina Étranger en 2003. Il y raconte son enfance dans le Dublin de l’après guerre, ses relations houleuses avec son père et sa perception très particulière de ses langues maternelles.
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L’écrasante masculinité des deux barbus mêlée à la voix grave du coiffeur et à l’odeur d’après-rasage donne à Armin l’impression d’être androgyne. Il racontera plus tard cette histoire intime. Un souvenir d’enfance où il a été changé en fille à l’école. Arraché à son pupitre, pour une broutille. Le maître a décidé de l’envoyer dans la section de l’établissement réservée aux filles, où on lui a mis un voile sur la tête avant de l’envoyer s’asseoir au fond d’une salle de classe. Elles n’arrêtaient pas de se retourner pour le regarder en ricanant comme si le genre féminin avait quelque chose de drôle. Il a passé une journée entière assis là avec son voile, dans la vie d’une fillette, attendant de pouvoir fuir et retrouver son corps de petit garçon. Il essaie d’oublier le souvenir de la fois où être une femme a été une forme de punition.
V.O.
The overwhelming masculinity of the two bearded men, along with the barber’s deep voice and the scent of aftershave, makes Armin feel androgynous. He will tell this story about himself later. A memory of childhood in which he was once turned into a girl at school. For a minor misdemeanour, he was dragged out from his desk. The master decided to bring him over to the girls’ section of the school, where he was dressed up with a veil over his head and made to sit at the back of a classroom full of girls. They kept turning around to giggle at him as if there were something funny about being female. He sat there wearing his veil for a full day, inside the life of a young girl, waiting to escape back into his own body as a young boy. He tries to forget that memory of the time when being a woman was a form of punishment.
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L’école de psychiatrie semble lente à comprendre que les malades mentaux sont comme les gens normaux, qu’ils ressentent des douleurs émotionnelles, qu’ils peuvent se mettre en colère, s’agacer, être tristes.
V.O.
The school of psychiatry seems slow to understand that mental patients are like normal people, they suffer emotional pain, they can be made angry, and irritated, and sad.
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The world is full of confusion and people need stories more than ever before.
Le monde est saturé de confusion et les gens ont plus que jamais besoin de récits.
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Chaque femme sur laquelle j’écris est une version de toi, dit-il. Chaque description vise à me rapprocher de toi.
Ha, raille-t-elle. Comme c’est commode. Se cacher derrière l’omniscience. Faire semblant que tu étais dans la chambre pour que le lecteur pense que c’est vrai, puis me dire que tu as tout inventé.
Le livre est écrit ainsi à dessein, dit-il, pour aider le lecteur à se départir de l’idée que ça ait pu être inventé. C’est une imitation de la vérité. Tu ne peux pas la tenir pour vraie. Tu ne peux pas être jalouse de personnages de fiction, Friedl. C’est comme crier contre l’écran au cinéma. C’est ce que fait Staline.
V.O.
Every woman I write about is a version of you, he says. Each description is an attempt to get closer to you.
Ha, she scoffs. That’s so convenient. Hiding behind author omniscience. Trying one minute to pretend you were there in the bedroom to make the reader think it’s real, then telling me you imagined it.
The book is deliberately written that way, he says, to throw the reader off the idea that it might be invented. It’s mimicking the truth. You can’t take it for real. You can’t be jealous of characters in fiction, Friedl. That’s like shouting at the screen in a movie. That’s what Stalin does. He even calls for actors in a film to be arrested.
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Personne ne pratique l’amitié comme vous la pratiquez dans ce pays. Elle déboule de nulle part. Sans demi-mesures. Tout ou rien. J’ai connu des endroits où l’amitié se cultive patiemment, avec un soin jaloux, comme le jardin d’un balcon. Ici, on a l’impression qu’elle pousse à l’état sauvage.
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Il avait dû espérer plus en rentrant au pays. Il avait dû espérer être progressivement accepté, pour finalement, avoir l'impression d'être, au contraire, encore plus un exilé ici, sur le pas de sa propre porte, qu'il ne l'avait été n'importe où dans le monde. Le retour, c'est une illusion, seule existe la fuite en avant.
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J’ai connu bien des solitudes, dans ma vie, mais la pire des solitudes vient de ce qu’on a fait soi-même.
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C'est la pire des choses d'être triste pour soi-même. On est capable d'aider les autres mais souvent, on ne peut pas s'aider soi-même.
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Le seul but d'un livre est de vivre un jour de plus et de raconter l'histoire que lui a assignée l'auteur.
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D'abord, vous mélangez le beurre et le sucre. Vous devez tourner fort, ma mère explique, mais ensuite il faut y aller tout doux parce qu'on ne veut pas faire un gâteau malheureux. Si vous êtes en colère quand vous faites un gâteau, il n'aura le goût de rien. Vous devez traiter les ingrédients avec respect et affection. On soulève le mélange et on y glisse l’œuf battu comme une lettre d'amour dans une enveloppe, elle dit en riant fort. On laisse entrer des baisers d'air dans la farine et on tourne dans un seul sens, sinon les gens sentiront le goût du doute...
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