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Critiques de Hugo Pratt (562)
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Corto Maltese, tome 6 : Corto Maltese en Si..

On entend beaucoup parler de Corto Maltese ces temps-ci. J'en vois même — les plus jeunes d'entre-nous — qui, ayant certes déjà entendu prononcer le nom du personnage mais n'ayant jamais franchi le pas de la lecture d'un album, le découvrent avec le faux Corto qui vient de sortir. C'est un comble, non ?



Je ne vous cache pas que quand j'entends tous ces jeunes et moins jeunes parler du faux Corto, je me dis, pour ceux qui ne connaissent pas, que cela pourrait être le bon moment pour découvrir les vrais, au premier rang desquels j'aurais tendance à conseiller celui-ci.



Ce n'est pas évident d'en conseiller un en particulier car la série de BD de Corto Maltese est à l'interface, au confluent de sources très diverses qui la nourrissent et même, qui la caractérisent. Histoire, voyages, sorcellerie et ésotérisme, aventures, géopolitique, croyances et légendes, culture, romantisme, poésie, etc.



Si bien qu'en raison même de son statut d'œuvre à la croisée des chemins de disciplines aussi différentes voire contradictoires (la précision documentaire et historique qui copine avec les croyances et les légendes les plus farfelues, par exemple) que les gens qui aiment les BD de Corto Maltese peuvent les aimer pour des raisons, elles aussi, très diverses et contradictoires.



De sorte que, selon l'angle d'attaque où vous vous reconnaissez le plus, vous aimerez plus ou moins tel ou tel titre, selon qu'il fait la part belle ou non à votre point de vue favori.



En ce qui me concerne, plus Hugo Pratt attire mon attention sur des événements historiques réels et peu connus, survenus à l'autre bout de la planète, il y a près d'un siècle voire davantage, plus je prends de plaisir. Plus il y a de légendes et de croyances, plus je m'y ennuie.



Selon cette définition typologique, les deux meilleurs albums selon moi sont ce Corto Maltese En Sibérie et La Maison Dorée De Samarkand, les deux suivis de près par Tango puis, un peu plus loin, les Éthiopiques. La Fable de Venise, les Helvétiques ou Mû arrivant bonnes dernières, également en raison du relâchement du dessin mais surtout car il n'y est question quasiment que de légendes ou de croyances.



Avant de vous parler un peu du synopsis de cet album, je tiens à préciser que c'est probablement celui que je trouve le plus parfait quant au trait du dessin, ex-æquo avec les Celtiques et les Éthiopiques. Une grand finesse, une grande beauté plastique, vraiment de la belle ouvrage.



Ensuite, vient le contexte historique et géographique. Nous sommes au fin fond de la Russie en 1919. La Révolution communiste a posé ses bases partout à l'ouest, il ne reste que quelques poches de résistance de l'armée blanche à l'est, c'est-à-dire ce qui reste de l'aristocratie militaire russe.



Un train chargé de l'or du tsar déchu fait route vers l'est par l'axe trans-sibérien. L'or doit servir à financer l'armée de reconquête visant à écraser la Révolution communiste. C'est le baron von Ungern-Sternberg qui commande cette armée quelque part entre Sibérie et Mongolie. Cet homme a réellement existé et, de façon générale, je suis toujours admirative de la culture et de la qualité des recherches et des connexions que réalisait l'auteur Hugo Pratt, à une époque où l'internet n'existait pas et où il était bien plus difficile et fastidieux de trouver de l'information qu'aujourd'hui.



Mais le contexte géopolitique local est loin d'être aussi simple. Depuis la chute de la dynastie Mandchoue en 1911, la Chine est dans un chaos politique indescriptible. Différents chefs de guerre locaux s'adonnent à des atrocités dans le but d'accroître ou de récupérer leur pouvoir. Les vautours japonais, américains et anglais tournent autour de la proie chinoise moribonde...



Des sociétés secrètes chinoises sèment la terreur et aimeraient bien mettre la main sur le train d'or russe pour financer leur propre révolution. Corto Maltese arrive donc avec son vieil " ami " Raspoutine au beau milieu de ce guêpier où chacun tire les ficelles pour son propre compte. Corto n'étant pas le dernier à briller dans cet exercice.



Voilà, vous en savez suffisamment pour savoir si vous vous sentez mûrs pour monter dans ce train dont le terminus est à Vladivostok. Deux mots encore sur cet énigmatique personnage qu'est Corto Maltese. Un taiseux, gentilhomme de fortune, façon fort délicate d'appeler un malfrat toujours prêt à mettre la main sur un magot, quel que soit son origine ou son odeur.



Il semble mu par quelques vagues valeurs morales mais sujettes à une géométrie variable. Il n'hésite pas, si le besoin s'en fait sentir, à trucider deux ou trois bonshommes. Il est comme ça, Corto. Il sait parfois être grand seigneur ou délicat avec les femmes, mais il sait aussi être un vrai con antipathique. Je ne suis d'ailleurs pas certaine que je l'apprécierais plus que ça s'il se présentait sur mon palier...



C'est sans doute ce qui me surprend le plus du point de vue de la cohérence générale de la série. Comment quelqu'un d'aussi antipathique, douteux et pince-sans-rire, peut-il compter autant d'amis et de gens prêts à le recevoir ou à l'introduire dans ce que leur société à de plus secret et stratégique ? C'est ce dernier mystère que je vous laisse le soin de chercher à résoudre par vous-même car, vous l'avez deviné, ceci n'est qu'un avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.



P. S. : Corto Maltese, le seul gars non vivant qui a réussi à coller sa gueule sur un flacon d'Eau Sauvage, aux côtés de Delon, Zidane et Johnny. Si c'est pas de la notoriété, ça ? Et le pire, c'est que le malheureux Corto n'a même pas touché le chèque du contrat publicitaire, lui qui ne crache pourtant jamais sur un petit paquet de pognon. Mais, à la vérité, peut-être n'aurait-il jamais accepté de voir sa tête placardée sur les arrêts de bus, c'est tellement loin de sa philosophie, tellement loin de Rimbaud et des légendes... Eau Sauvage ! Ha ! Ha ! Rien que le nom est risible. Comme si les sauvages se parfumaient !



Corto est évidemment tout le contraire de ça, tout le contraire de l'homme civilisé moderne, tout le contraire des bonus et des stock-options. Il doit sentir la sueur et la crasse. C'est un despérado, il ne tire pas de plans sur l'avenir (et encore moins de business plans), il vit l'instant présent. Il est comme Omar dans The Wire et c'est justement parce qu'il est tellement différent de l'homme moderne qu'il est si séduisant. Les hommes soumis qui sont des agneaux aimeraient tellement lui ressembler, mais ils n'ont pas les couilles pour ça. Ceci pouvant expliquer la renaissance du héros... avec de beaux petits dividendes à la clef !
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Corto Maltese, tome 7 : Fables de Venise

Bellissima Venezia!

"Venise: quelle ville pour les marins. Tout flotte, rien ne roule." André Suares



Corto Maltese est à la recherche de la "Clavicule de Salomon", entre bâtiments fascinants du 17e siècle, rues étroites et places "calle et campi" de Venise.

Entre les lions en marbre, venus de Grèce de l'Arsenal, le pont Rialto et le trône de Saint Pierre de la basilique San Pietro du Castello, le marin se perd dans "La Sérénissime".



Corto libère un génie nommé Saud Khalula, fait la connaissance de Francs-maçons... et d'une jolie femme.



Et sur "L'escalier des rencontres", Corto convoque le poète, les Frères-Maçons, Stevani, Boselli...et le Baron Corvo...

"Tu commences à jouer curieusement avec les souvenirs assoupis dans la poussière du temps passé...Tu joues un jeu dangereux."



Une fable, un rêve et de la magie... "C'est le témoignage de mon amour, pour Venise", disait Hugo Pratt, l'auteur qui y a vécu enfant.

Il y a, à Venise, trois lieux magiques et secrets. L'un dans la "Rue de l'amour des Amis", le deuxième près du "Pont des merveilles" et le troisième dans la "calle dei Marrani"...



"Que c'est triste Venise, le soir sur la lagune

Quand on recherche une main que l'on ne nous tend pas

Que c'est triste Venise, au temps des amours mortes." Charles Aznavour.
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Corto, tome 18 : Côtes de Nuits et Roses de Pi..

Hugo Pratt nous emmène cette fois-ci en France pendant la fameuse bataille de la Somme, entre Corbie et Bray-sur-Somme (à l'est d'Amiens). Nous sommes en avril 1918 et le terrifiant Baron Rouge (alias Manfred von Richthofen) sème la panique avec son appareil au-dessus des tranchées alliées.



Dans cette histoire courte, cette nouvelle en BD, l'auteur nous évoque un bref instant auprès de ces soldats australiens, venus se faire tuer à l'autre bout de la Terre dans un conflit qui ne les concernait pas.



Sandy, le chef de patrouille acariâtre et Clem, un simple soldat, essaient de persuader Corto Maltese de déboucher ses superbes bouteilles de vin de Bourgogne, du Vosne-Romanée 1911, que bien évidemment le marin ne souhaite vider pour rien au monde, du moins, pas pour une si petite occasion.



L'argument de Sandy est pourtant fort : quand Clem en a un coup dans le nez, il abat n'importe quoi et n'importe qui à n'importe quelle distance. Ça vaudrait peut-être le coup d'essayer ?...



Cette histoire est aussi l'occasion d'évoquer, outre le Baron Rouge et ses 80 avions abattus, l'écrivain D. H. Lawrence ainsi que le futur célèbre Lieutenant Hermann Göring...



Bref, une petite nouvelle plaisante, sans plus, très réussie néanmoins au niveau du trait. Ici, l'apport de la couleur est assez intéressant, contrairement à ce que je prétexte souvent, pour le coup, c'est plutôt sympa d'où une légère préférence pour ce mini-album par rapport à l'original en noir et blanc, mais ceci n'est bien sûr que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto Maltese, tome 4 : Les Celtiques

Les Celtiques est un album un peu fourre-tout constitué de six nouvelles ayant pour dénominateur commun, non pas, comme annoncé dans le titre, les îles Britanniques ou la Bretagne, mais plutôt la présence de Corto en Europe durant la fin de la Première Guerre Mondiale.



On y trouve donc des histoires courtes assez inégales, allant du très bon au très médiocre, certaines se passant à Venise, d'autres en Irlande, en Angleterre ou en France.



1. L'Ange À La Fenêtre D'Orient nous plonge dans la Venise que connaît si bien Hugo Pratt. Certains dessins sont réellement saisissants de beauté sur les rues de la cité aux pieds dans l'eau et je vous conseille donc particulièrement ses magnifiques vues de Venise.



Corto y est à la recherche d'un manuscrit bien étrange détenu par les Franciscains. Dans ce manuscrit, il est question de six cités bâties en pays d'El Dorado. Corto s'étonne que le manuscrit ne relate que la présence de six villes, sachant que lui en connaît sept. Or, il se rend vite compte qu'il n'est pas le seul à être intéressé par ce manuscrit…



Parallèlement, on s'étonne, pendant toute l'aventure, de la présence d'une jeune paralytique issue de l'aristocratie à la fenêtre de la demeure familiale. Elle garde sa lumière allumée, même en pleine nuit, alors que l'aviation autrichienne menace la ville et qu'il est vivement déconseillé de prendre pareil risque en offrant une si belle cible à l'ennemi. Qu'attend donc cet ange à la fenêtre d'Orient ?...



2. Sous Le Drapeau De L'Argent relate quant à elle un épisode de la Première Guerre Mondiale entre Italiens et Autrichiens dans la Vénétie (ce en quoi elle peut nous évoquer des romans de Mario Rigoni Stern).



Hugo Pratt se sert de ce contexte pour y placer une histoire d'enlèvement de trésor monténégrin orchestré par Corto Maltese sous les feux croisés autrichiens, italiens, français et écossais tout en faisant pirouetter au beau milieu des Américains de la Croix-Rouge.



C'est l'occasion pour lui de s'en donner à cœur joie quant au dessin des uniformes et des matériels de guerre qui sont vraiment très réussis. Il évoque également le personnage historique d'Ernest Hemingway durant la première guerre mondiale.



Un complot magnifique impliquant un aristocrate autrichien qui, conscient de la défaite proche, trahit son propre camp pour le compte de soldats écossais et français mais se fait découvrir entraînant une réaction de sa propre aviation...



3. Concert En O Mineur Pour Harpe Et Nitroglycérine, peut-être la plus caractéristique et la plus réussie de l'album, nous plonge en pleine guerre d'indépendance irlandaise dans une histoire qui me rappelle beaucoup des films tels que Le Vent Se Lève de Ken Loach ou même le plus ancien Il Était Une Fois La Révolution de Sergio Leone.



Corto débarque sous la fine pluie d'Irlande en 1917 au moment où l'une des têtes du Sinn Féin, Pat Finnucan, vient d'être abattue par l'armée anglaise. Notre fétiche marin fait la connaissance de Sean, le frère du défunt qui a repris le flambeau de l'opposition à l'occupant anglais et de la révolte, ainsi que de Banshee O'Danann, la veuve de Finnucan.



Un certain major O'Sullivan semble avoir joué un rôle déterminant dans l'assassinat de leader de la révolution. Une grosse opération est en cours. Des membres du Sinn Féin ont été capturés et vont être exécutés sous peu par les militaires anglais. Leurs amis souhaitent attaquer le convoi militaire qui doit les emmener devant le peloton d'exécution.



Mais l'opération est risquée car les Anglais sont sur leurs gardes et bien déterminés à sabrer de l'Irlandais. La réussite se jouera dans la fiabilité des informations recueillies de part et d'autre... avec la victoire ou un bain de sang à la clé !



Corto, une fois encore, est dans un rôle trouble, que je vous laisse le soin de découvrir. Hugo Pratt, comme les réalisateurs sus-mentionnés, pose habilement la question du statut de " héros " lors d'une révolution qui doit toujours nous faire réfléchir sur les diverses icônes de l'on a souvent un peu trop tendance à révérer. Mais qu'y a-t-il sous le socle des statues des héros ? (À ce titre, si cette thématique vous intéresse, je vous conseille le roman SF Santiago de Mike Resnick qui prolonge bien la réflexion.)



4. Songe D'Un Matin D'Hiver est une légende ancienne réaménagée à la sauce Hugo Pratt. L'histoire décrite dans la légende se réécrit durant le conflit mondial. Corto en nouveau Arthur de la Table Ronde doit, par son intervention décisive, sauver l'Angleterre de l'invasion Allemande.



Mais ce n'est pas l'Angleterre en tant que nation qui compte ici, c'est l'Angleterre en tant que celtique, en tant qu'héritière des légendes ancestrales que l'on doit sauver. Merlin l'enchanteur, la fée Morgane, le roi Obéron et le diablotin Puck luttant face aux elfes des traditions germanique venues du continent, face aux fées Nibelungen et Valkyries.



L'auteur met en scène tant les personnages mythologiques que des personnages de fiction du début du XXème siècle. Ceci fait une drôle d'histoire, un peu tarabiscotée, bizarre, mais onirique. Je ne vous cache pas que ces sortes de légendes ne sont pas ce que je préfère dans les aventures de Corto Maltese, car j'aime cent fois mieux les moment où Hugo Pratt mêle sa fiction avec les réalités historiques.



5. Burlesque Entre Zuydcoote Et Bray-Dunes est un très petit millésime à mon goût. On l'a connu meilleur l'ami Hugo Pratt. Certes, le trait est admirable dans cette aventure, mais c'est à peu près tout.



L'histoire, plutôt creuse, se veut un mélange d'espionnage sur fond de guerre et de légendes anciennes, avec quelques appels du pieds, comme il est fréquent dans la série Corto Maltese, vers de véritables personnalités historiques, mais ici, le compte n'y est pas. Ça fait flop ! Circulez, y a rien à voir.



Durant la première guerre mondiale, dans un camp allié situé à l'extrême nord de la France (comme le titre l'indique) des artistes troubadours viennent distraire les soldats anglais et américains. Cependant, cette étrange représentation ne laisse pas tout le monde indifférent. Le lieutenant de Trécesson croit y avoir lu un message crypté. Qu'en est-il vraiment ?...



6. Enfin, Côtes De Nuits Et Roses De Picardie nous emmène en France pendant la fameuse bataille de la Somme, entre Corbie et Bray-sur-Somme (à l'est d'Amiens). Nous sommes en avril 1918 et le terrifiant Baron Rouge (alias Manfred von Richthofen) sème la panique avec son appareil au-dessus des tranchées alliées.



L'auteur nous évoque un bref instant du quotidien de ces soldats australiens, venus se faire tuer à l'autre bout de la Terre dans un conflit qui ne les concernait pas.



Sandy, le chef de patrouille acariâtre et Clem, simple soldat, essaient de persuader Corto Maltese de déboucher ses superbes bouteilles de vin de Bourgogne, du Vosne-Romanée 1911, que bien évidemment le marin ne souhaite vider pour rien au monde, du moins, pas pour une si petite occasion.



L'argument de Sandy est pourtant fort : quand Clem en a un coup dans le nez, il abat n'importe quoi et n'importe qui à n'importe quelle distance. Ça vaudrait peut-être le coup d'essayer ?... Cette histoire est aussi l'occasion d'évoquer, outre le Baron Rouge et ses 80 avions abattus, l'écrivain D. H. Lawrence ainsi que le futur célèbre Lieutenant Hermann Göring...



Au final, un album très inégal, pas forcément très réussi, sauf quant à la qualité du dessin, au top d'un bout à l'autre. Mais bien sûr, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto Maltese, tome 11 : Les helvétiques

En Suisse, celle où se donnent rendez-vous magie, astrologie, légendes, sans parler des traditions religieuses et ésotériques, Corto Maltese est invité en 1924 par son ami le professeur Jeremiah Steiner à une rencontre d'alchimistes. Sur le chemin du Tessin alors qu'ils vont retrouver le célèbre écrivain Hermann Hesse, à la pension Morphée, la lecture de Perceval plonge Corto dans un rêve où il lui faut découvrir la source de l'éternelle jeunesse : le Saint Graal...



Probablement en hommage au pays qu'il a choisi pour y finir sa vie, au début des Helvétiques Hugo Pratt présente la Suisse et ses origines à travers ses différents cantons. Une forme d'introduction, que j'ai trouvée aussi surprenante qu'intéressante, au voyage onirique de Corto Maltese parmi les légendes revisitées du Graal et du folklore médiéval européen. Pour le lecteur un voyage dans un monde érudit — avec de multiples référénces littéraires et iconographiques — qui ne manque ni d'humour ni de fantaisie.



Hugo Pratt a dit parlant des Helvétiques : « j'ai fait une histoire complètement farfelue, mais j'avais envie de me raconter cette fable et de témoigner de toutes ces choses qui ont été importantes pour moi. Encore une fois, c'est un hommage à tout ce monde qui m'a accompagné, à ces auteurs qui, parfois, ne sont pas très connus mais qui m'ont aidé à vivre. J'avais comme une dette envers eux. »
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Corto, tome 15 : Sous le drapeau de l'argent

Voici une histoire courte extraite du recueil Les Celtiques. Elle relate un épisode de la Première Guerre Mondiale entre Italiens et Autrichiens dans la Vénétie (ce en quoi elle peut évoquer des romans de Mario Rigoni Stern).

Hugo Pratt se sert de ce contexte pour y placer une histoire d'enlèvement de trésor monténégrin orchestré par Corto Maltese sous les feux croisés autrichiens, italiens, français et écossais tout en faisant pirouetter au beau milieu des Américains de la Croix-Rouge.

C'est l'occasion pour lui de s'en donner à cœur joie quant au dessin des uniformes et des matériels de guerre qui sont vraiment très réussis.

Il évoque également le personnage historique d'Ernest Hemingway durant la première guerre mondiale.

Un complot magnifique impliquant un aristocrate autrichien qui, conscient de la défaite proche, trahit son propre camp pour le compte de soldats écossais et français mais se fait découvrir entraînant une réaction de sa propre aviation...

En somme, une nouvelle sous forme de BD qui est très plaisante, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.



N. B. : à noter que ces albums sont en couleurs alors les accros des versions primitives en noir et blanc peuvent être déçus. Mais les amateurs de couleurs seront comblés. Au choix.
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Corto Maltese, tome 8 : La Maison dorée de Sa..

« En mêlant fiction et réalité, figures inventées et personnages historiques comme Staline, Enver Pacha, Mustafa Kemal, en mêlant magie et rationalité, en mettant en relation tous ces types de cultures, Hugo Pratt a enrichi la bande dessinée d'aventures. Il nous offre un imaginaire qui ne fait qu'aiguiser notre appétit pour la réalité. » Jean-Christophe Victor, Le Dessous Des Cartes, 2001.



Je n'aurais pas su mieux dire pour parler de cette œuvre que j'ai en très haute estime. Seul Corto En Sibérie rivalise avec la densité de celle-ci. Si Jean-Christophe Victor a consacré un numéro entier du Dessous Des Cartes à cette aventure de Corto Maltese, c'est bien évidemment qu'elle présente un certain intérêt historique et géopolitique. Je vous conseille ardemment de visionner ce petit documentaire dont voici un lien (parmi d'autres) :

http://www.youtube.com/watch?v=QwCjH5SjR84

Au début des années 1920, ce qui reste de l'Empire Ottoman est en pleine ébullition suite au désastreux traité de Sèvres (10 août 1920) qui ampute la future Turquie de bon nombre de ses possessions historiques et dont le territoire est occupé ou sous contrôle de nombreuses nations étrangères. Tous les ferments de la révolution ou d'un soulèvement sont donc réunis.

Parallèlement, le Caucase et l'Asie centrale sont eux-aussi remués par les tourments de la révolution bolchevik qui gagne ces régions.

Bref, une véritable pétaudière et, bien évidemment, Corto Maltese, le taiseux aventurier, qui ne sait pas trop séparer le bien du mal a décidé d'aller à la recherche du trésor abandonné par Alexandre le Grand dans les coins reculés de l’Afghanistan en partant de l'île de Rhodes au large de la Turquie actuelle.

Il lui faut donc traverser toute la zone troublée par des rebelles de tous poils et des militaires expéditifs.

Mais ceci ne serait encore rien si Corto n'avait affaire à un mystérieux sosie, Timur Chevket, qui semble être un redoutable et sanguinaire responsable militaire turc...

Tout un tas de légendes, d'œuvres de littératures sont également réactivées (par exemple la nouvelle de Rudyard Kipling, L'Homme Qui Voulut Être Roi, ou même le sujet du roman d'Amin Maalouf, Samarcande). La Maison Dorée de Samarkand est en réalité la prison, une infecte prison d'où l'on ne peut s'échapper qu'en rêves dorés, en fumant du haschich, et où se trouve incarcéré devinez qui ?

Et oui, bien sûr, Raspoutine, une vieille connaissance, un habitué, un client récurrent des aventures de Corto Maltese.

Bref, un superbe opus d'Hugo Pratt qui, comme toujours, s'est bien documenté et qui nous incite à en faire autant pour dénouer le vrai du faux, qu'il a pris un malin plaisir à entrelacer.

Bon voyage en immersion sur la Route de la Soie du début des années 1920, des années de feu, de rêves et d'idéaux, du moins c'est mon mince avis, coincé entre intérêts soviétiques et anglais, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto Maltese, tome 10 : Tango

Lorsque j’étais étudiante, période où j’ai commis l’insigne erreur de travailler beaucoup et de profiter fort peu de cette tranche de ma vie, il m’arrivait parfois — peu souvent, trop peu souvent — de m’octroyer une menue distraction, entre deux articles gorgés d’équations et de données statistiques, en lisant de ces choses si peu académiques, ces divertissants poly-picturo-scriptogrammes réticulés, qu’on nomme — quand on n’est pas scientifique — des BD.

C’est ainsi qu’au fond d’une chambre U plus sombre que l’âme torturée de Judas un soir de sinistre mémoire, j’ai découvert puis dévoré toute la série — ou peu s’en faut — des Corto Maltese, qui me permis de voyager moindrement, par procuration, cloîtrée que j’étais dans mes 9 mètres carrés réglementaires.

Tango n’est pas mon album préféré de Corto Maltese car je place avant La Maison Dorée de Samarkand et Corto En Sibérie, mais il vient par ordre de préférence juste après ces deux-là. C’est donc, à mon sens un très bon album.

Il y a une ambiance dans cette BD, quelque chose de pesant et d’angoissant comme un thriller. Corto, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, est un personnage hautement ambigu, énigmatique, pas spécialement attachant, pince sans rire, peu loquace, qui met toujours son grain de sel là où il ne faudrait pas et qui possède un chic certain pour se mettre dans des situations scabreuses.

Sa marque de fabrique, c’est son absence de dogmes, il ne juge pas, il n’est ni bon ni mauvais, il sait être les deux. On peut juste préciser qu’il est fidèle en amitié, mais constamment fuyant.

Corto papillonne dans l’existence et n’hésite pas à se colleter à toutes les réalités historiques locales, belles ou non, il se place en observateur du monde.

Ici, il arrive en Argentine en 1923, après une quinzaine d’années d’absence, pour y retrouver Louise Brookszowyc, une prostituée juive dont il avait fait la connaissance à Venise (voir l’album Fable De Venise) et qui lui a écrit dans une lettre de la rejoindre.

Retrouver Louise va s’avérer bien plus difficile que prévu car le milieu glauque où elle évolue, celui de la prostitution organisée à l’échelon international, notamment par la filière polonaise n’aime pas spécialement les marins qui viennent fouiner et poser des questions sur des juives récalcitrantes.

La police locale n’est pas très claire non plus dans cette aventure. Mais quel est ce secret qui semble se dissiper dès qu’on croit l’avoir sous la main ?

Beaucoup de gens savent beaucoup de choses et ont des intérêts très contradictoires. Il est également question de grands propriétaires terriens de Patagonie avec des intérêts très haut placés. Il est même question des grands desperados américains que tout le monde croit disparus, j’ai nommé, Butch Cassidy et Sundance Kid.

Ce que j’aime dans les albums d’Hugo Pratt, c’est à la fois le côté très documenté, qui nous invite à aller nous renseigner sur ce qui a réellement existé, et à la fois, le côté complètement fictionnel, imaginatif, non cartésien, ésotérique de ses aventures. Un subtil mélange qui ne fonctionne pas forcément dans tous les albums, ici, c’est plutôt très réussi à mon goût.

Le côté « aventures » est moins présent qu’à l’accoutumée mais en revanche le côté thriller est parfaitement enclenché.

Bref, un bon album de Corto Maltese, dépaysant comme je les aime, mais ce n’est bien évidemment que mon avis, c’est-à-dire, bien peu de chose.
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Corto, tome 4 : Rendez-vous à Bahia

Alors s'il est bien une aventure de Corto Maltese qui n'est vraiment pas indispensable, c'est bien celle-là. J'ai même du mal à comprendre qu'elle puisse être vendue séparément tellement sa seule raison d'être est de servir de lien entre d'autres histoires courtes parues initialement dans l'album Sous Le Signe Du Capricorne.



On retrouve donc Corto Maltese, Tristan Batam (si l'on n'a pas lu l'histoire qui précédait dans l'album original, c'est-à-dire le Secret de Tristan Batam, on ne sait pas qui c'est et on ne comprend rien à l'histoire) ainsi que Steiner (idem) qui voguent en direction de São Salvador de Bahia pour aller rejoindre une mystérieuse soeur de Tristan Batam qui détiendrait de mystérieux documents qui, combinés aux mystérieux documents de Tristan éclairciront de mystérieux mystères mystérieusement dissimulés derrière un brouillard nimbé de mystères. Bref, on n'y comprend goutte.



L'intérêt, peut-être, pour nous Français, est de nous faire longer la côte guyanaise et de nous rappeler le fameux passé pénitentiaire matérialisé par les bagnes (Saint Laurent du Maroni, Îles du Salut près de Kourou, etc.). C'est aussi l'occasion pour l'auteur de nous parler des Amérindiens.



Par contre, il nous endort en nous bassinant avec les " pouvoirs " chamaniques, du vaudou, de la magie noire et autres tarots. Sans compter la reviviscence de l'empire de Mu, le crâne de Tezcatlipoca et les rêves prémonitoires...



Bon, j'arrête là mais j'en termine en pensant qu'on peut peut-être passer son chemin plutôt que de s'arrêter sur cette histoire courte qui n'est pas du tout à mon goût et s'arrêter plus volontiers sur d'autres qui m'apparaissent beaucoup plus intéressantes et réussies. Néanmoins, tout cela n'est qu'un avis, et qui ne sort pas d'une bouche dorée, autant dire pas grand-chose.
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Corto, tome 16 : Concert en O mineur pour h..

Hugo Pratt nous plonge cette fois en pleine guerre d'indépendance irlandaise dans une histoire courte qui me rappelle beaucoup des films tels que Le Vent Se Lève de Ken Loach ou même le plus ancien Il Était Une Fois La Révolution de Sergio Leone.

Corto débarque sous la fine pluie d'Irlande en 1917 au moment où l'une des têtes du Sinn Féin, Pat Finnucan, vient d'être abattue par l'armée anglaise.

Notre fétiche marin fait la connaissance de Sean, le frère du défunt qui a repris le flambeau de l'opposition à l'occupant anglais et de la révolte, ainsi que de Banshee O'Danann, la veuve de Finnucan.

Un certain major O'Sullivan semble avoir joué un rôle déterminant dans l'assassinat de leader de la révolution.

Une grosse opération est en cours. Des membres du Sinn Féin ont été capturés et vont être exécutés sous peu par les militaires anglais. Leurs amis souhaitent attaquer le convoi militaire qui doit les emmener devant le peloton d'exécution. Mais l'opération est risquée car les Anglais sont sur leurs gardes et bien déterminés à sabrer de l'Irlandais.

La réussite se jouera dans la fiabilité des informations recueillies de part et d'autre... avec la victoire ou un bain de sang à la clé.

Corto, une fois encore, est dans un rôle trouble, que je vous laisse le soin de découvrir dans cette série de mini-albums en couleurs. Hugo Pratt, comme les réalisateurs sus-mentionnés, pose habilement la question du statut de " héros " lors d'une révolution qui doit toujours nous faire réfléchir sur les diverses icônes de l'on a souvent un peu trop tendance à révérer. Mais qu'y a-t-il sous le socle des statues des héros ?

Selon moi, un bon opus, qui nous invite à aller regarder plus dans le détail la réalité historique de l'époque. J'aime quand Hugo Pratt mélange réalité et fiction, et suis moins emballée quand il nous entraîne dans des légendes diverses, mais ce n'est là qu'une considération toute personnelle, c'est-à-dire, bien peu de chose.



N. B. : ces versions en couleurs ont le mérite d'être peu encombrantes et à prix modique mais, pour ma part, j'ai vraiment tendance à préférer les versions originales en noir et blanc.
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Corto Maltese, tome 2 : Sous le signe du Ca..

Dans Sous Le Signe Du Capricorne, Hugo Pratt nous mène, dans la droite ligne de son premier album de Corto Maltese (La Balade De La Mer Salée) dans les mers du sud entre aventures et ésotérisme.

Cette fois-ci, toutes les aventures se passent côté Atlantique des Antilles au Brésil en passant par les Guyanes.

L'album, assez épais, se compose en réalité de six histoires, vaguement liées les unes aux autres, mais qui pourraient sans problème se lire indépendamment comme des nouvelles de bande dessinées.

Hugo Pratt y délimite mieux, quoique toujours de manière floue et ambiguë, la personnalité de Corto Maltese que dans d'autres albums. Beaucoup de personnages le questionnent et, même ou en raison de sa tendance à rechigner à répondre, on en apprend, en creux, sur son fonctionnement.

Il est résolument individualiste (mais pas du tout égoïste) et rêveur. Il tient plus que tout à sa liberté de jugement, d'association, d'action et de pensée. Il veut aller où bon lui semble et avec qui bon lui semble, indépendamment de toute idéologie, nationalité, circonstance ou intérêt.

Il est en quête perpétuelle, mais de quoi ?... ça, il serait bien en peine de le dire car lui-même l'ignore.

Cet album marque aussi l'apparition d'un personnage aussi fascinant qu'énigmatique, la diseuse de bonne-aventure Bouche Dorée, experte en magie noire et aux activités troubles dont tout le monde connaît les prouesses et la réputation mais que bien peu peuvent cerner dans sa vérité.

Pour le reste, Hugo Pratt nous balade dans la guérilla des rebelles brésiliens, moitié héros, moitié bandits ayant réellement existé et qu'on nommait les cangaceiros ou bien alors parmi les activités d'espionnage et de contre espionnage allemandes et anglaises durant la Première Guerre Mondiale.

Il nous conduit également sur la piste des chercheurs de trésors espagnols dérobés par les pirates tels que Barbe-Noire ou Rackam-le-Rouge. À cet égard, le dessinateur n'oublie pas de faire reparaître un héros récurrent, à savoir, l'inévitable Raspoutine, sorte de double de Corto en négatif. L'un et l'autre étant très ambigus, mais l'un penchant plus dans le côté romantique et désintéressé, l'autre plus dans le côté prosaïque et brutal.

Hugo Pratt soigne aussi particulièrement ses personnages secondaires et essaie de leur donner une épaisseur en nous faisant imaginer leur passé potentiel.

Pour le reste, il me faut reconnaître que ce n'est pas du tout mon album préféré de Corto Maltese car il part un peu dans toutes les directions, en mettant un peu trop l'accent sur le vaudou, la magie noire, l'ésotérisme et les légendes. J'ai tendance à préférer les albums ou il mélange plus fiction et réalités historiques locales.

Mais ce n'est là que mon goût personnel, c'est-à-dire, bien peu de choses, car pour certains, je suis sûre que ce subtil mélange d'aventures intertropicales et magiques constitue un must.
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Corto, tome 5 : Samba avec Tir Fixe

Peut-être la plus belle et la plus riche histoire courte de Corto Maltese et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, de l'aventure, de l'action, du danger à gogo.

Deuxièmement, ancrage fort dans une réalité historique locale assez peu connue, le gros intérêt et le gros point fort de la série Corto Maltese.

Troisièmement, présentation de deux personnages absolument magiques de la série ; tout d'abord la mystérieuse et charismatique Bouche Dorée, diseuse de bonne aventure et magicienne vaudou à la figure qui ne révèle pas son âge. Ensuite, le leader fortuit d'une bande de rebelles, Tir Fixe, sanguinaire mais rempli d'idéaux, personnage qui annonce déjà le très ambigu mais lui aussi très charismatique Cush des Éthiopiques.

Quatrièmement, Hugo Pratt, par son art de traiter un sujet en y laissant des tas de portes ouvertes et de non-dits nous pousse, comme souvent, à aller fouiner, à entreprendre nous-même des recherches, notamment sur ce que furent les cangaçeiros, ces bandits rebelles du nordeste brésilien, se battant pour plus de justice sociale entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle.

Cinquièmement, parce que la question sociologique et psychologique de la succession à un chef charismatique est intelligemment abordée et présentée dans sa complexité, en très peu de cases et de mots.

Le thème de cet épisode explosif est donc le mandat confié par Bouche Dorée à Corto Maltese d'aller ravitailler en armes et en argent les combattant du Cangaço qui s'insurgent contre les grands propriétaires terriens qui utilisent l'armée pour tuer les paysans récalcitrants.

Mission donc très risquée, tant parce que les militaires risquent de tomber sur Corto que parce que les rebelles eux-mêmes ne sont pas spécialement des tendres et ne connaissent pas Corto.

Il faudra donc jouer serré, d'autant plus que le chef indiscuté des rebelles, Le Rédempteur vient d'être tué récemment et que le mouvement est très désordonné. Un combattant, nommé Tir Fixe semble prendre plus de poids que les autres dans sa succession...

Bref, une histoire courte très subtile et très intéressante, idéale pour découvrir Corto Maltese pour ceux qui rechigne à se lancer dans un grand album.

Cette version en couleur n'apporte pas forcément grand chose par rapport à l'originale en noir et blanc mais n'est pas non plus à délaisser. Le trait d'Hugo Pratt n'y est pas encore aussi beau que dans les albums suivants mais il s'en approche de plus en plus.

En somme, à ne pas manquer, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto, tome 17 : Songe d'un matin d'hiver

Cette histoire courte est une légende ancienne réaménagée à la sauce Hugo Pratt.

L'histoire de la légende se réécrit. Corto en nouveau Arthur de la Table Ronde doit, par son intervention décisive, sauver l'Angleterre de l'invasion Allemande lors de la Première Guerre mondiale.

Mais ce n'est pas l'Angleterre en tant que nation qui compte ici, c'est l'Angleterre en tant que celtique, en tant qu'héritière des légendes ancestrales que l'on doit sauver.

Merlin l'enchanteur, la fée Morgane, le roi Obéron et le diablotin Puck luttant face aux elfes des traditions germanique venues du continent, face aux fées Nibelungen et Valkyries.

L'auteur met en scène tant les personnages mythologiques que des personnages de fiction contemporains de la première guerre mondiale.

Ceci fait une drôle d'histoire, un peu tarabiscotée, bizarre, mais onirique. Je ne vous cache pas que ces sortes de légendes ne sont pas ce que je préfère dans les aventures de Corto Maltese, car j'aime cent fois mieux les moment où Hugo Pratt mêle sa fiction avec les réalités historiques, mais bon, ce n'est que mon avis après tout, donc, pas grand-chose. À vous d'en juger.
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Corto Maltese : Suite Caraïbéenne

Cet album est en réalité la première moitié du plus gros ensemble intitulé Sous le Signe du Capricorne, agrémenté de quelques planches historiques et didactiques en couleurs ainsi que de quelques explications d'Albert Ongaro.

De plus, il s'agit d'une version colorisée tandis que l'originale était en noir et blanc.

Pour le reste, pas de surprise, les trois premières histoires courtes de l'album sus-nommé, à savoir :



1) LE SECRET DE TRISTAN BANTAM qui nous présente un Corto oisif dans une ville portuaire du Surinam. C'est l'occasion pour Hugo Pratt d'évoquer la forte minorité Indonésienne de Paramaribo sous les traits de Madame Java, tenancière d'une auberge. (Oui, cela peut paraître surprenant, de loin, mais il faut se souvenir que le Surinam et l'Indonésie furent tous deux des colonies néerlandaises, ceci expliquant cela.)

Dans cette auberge, Corto Maltese fait la connaissance d'un professeur suisse, Jérémiah Steiner, brillant mais tombé dans la débauche de l'alcool.

Tout à coup, arrive comme un cheveu sur la soupe un mince freluquet anglais âgé d'une quinzaine d'années du nom de Tristan Bantam.

Ledit Tristan Bantam serait le fils d'un scientifique anglais renommé, sorte d'Indiana Jones, qui aurait fait des découvertes importantes, dignes de rapporter un trésor...

Mais cela serait trop facile comme cela, il y a une demi-soeur, morgana, à retrouver, il y a un message codé à déchiffrer et aussi... quelques méchants qui ont flairé un magot...

Bref, un hors-d'oeuvre, mais pas spécialement géniale cette histoire courte, attendons la suite.



2) Dans RENDEZ-VOUS À BAHIA, il est évidemment question d'aller rejoindre la soeur de Tristan Bantam, Morgana à Salvador de Bahia, au Brésil. Nonobstant, Corto s'étant fait détruire son bateau personnel devra utiliser le yawl de Madame Java pour conduire Tristan et le professeur Steiner jusqu'à Bahia.

Chemin faisant, il faut longer la route de la Guyane Française, célèbre pour son bagne et aussi pour ses populations amérindiennes.

Au Brésil, Hugo Pratt nous convie à une ambiance chaude, moite et vaudou. C'est l'occasion aussi pour lui de renouer avec l'ésotérisme, partie qui m'ennuie le plus dans la série Corto Maltese, mais bon, c'est comme ça.

Arrivés sur place, une petite surprise attend Tristan, Corto et Steiner...

Un épisode que je trouve assez moyen mais qui sera heureusement rehaussé par le suivant :



3) SAMBA AVEC TIR FIXE, qui est peut-être l'une des plus belles et plus riches histoires courtes de Corto Maltese.

De l'aventure, de l'action, du danger à gogo ; un ancrage fort dans une réalité historique locale assez peu connue, ce qui constitue à mes yeux le grand intérêt et le gros point fort de la série.

Hugo Pratt soigne particulièrement la présentation de deux personnages, secondaires, certes, mais absolument magiques de la série ; tout d'abord la mystérieuse et charismatique Bouche Dorée, diseuse de bonne aventure et magicienne vaudou à la figure qui ne révèle pas son âge. Ensuite, le leader fortuit d'une bande de rebelles, Tir Fixe, sanguinaire mais rempli d'idéaux, personnage qui annonce déjà le très ambigu mais lui aussi très charismatique Cush des Éthiopiques.

L'auteur, par son art de traiter un sujet en y laissant des tas de portes ouvertes et de non-dits nous pousse, comme souvent, à aller fouiner, à entreprendre nous-même des recherches, notamment sur ce que furent les cangaçeiros, ces bandits rebelles du nordeste brésilien, se battant pour plus de justice sociale entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle.

La question sociologique et psychologique de la succession à un chef charismatique est intelligemment abordée et présentée dans sa complexité, en très peu de cases et de mots.

Le thème de cet épisode explosif est donc le mandat confié par Bouche Dorée à Corto Maltese d'aller ravitailler en armes et en argent les combattant du Cangaço qui s'insurgent contre les grands propriétaires terriens qui utilisent l'armée pour tuer les paysans récalcitrants.

Mission donc très risquée, tant parce que les militaires risquent de tomber sur Corto que parce que les rebelles eux-mêmes ne sont pas spécialement des tendres et ne connaissent pas Corto.

Il faudra donc jouer serré, d'autant plus que le chef indiscuté des rebelles, le Rédempteur vient d'être tué récemment et que le mouvement est très désordonné. Un combattant, nommé Tir Fixe semble prendre plus de poids que les autres dans sa succession...



Tout au long de ces trois histoires courtes, le trait d'Hugo Pratt n'y est pas encore aussi beau que dans les albums suivants mais il s'en approche de plus en plus.

Ces trois histoires sont cohérentes entre-elles et présentent plus d'intérêt à être livrées elles seules que dans la succession des six initiales où l'on perd peu à peu Tristan et morgana, ainsi que la mystérieuse Bouche-Dorée.

Donc, une fois n'est pas coutume, une édition postérieure que je trouve plus intéressante que l'originale et que je conseille bien volontiers pour son caractère dépaysant, même si elle n'est pas, de loin, ma préférée de Corto Maltese.

Cependant, souvenez-vous que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto, tome 19 : Burlesque entre Zuydcoote ..

Voilà bien un très petit millésime à mon goût. On l'a connu meilleur l'ami Hugo Pratt.

Pourtant, tout commençait bien, le trait est admirable dans cette histoire courte prélevée de l'album Les Celtiques, mais c'est à peu près tout.

L'histoire, plutôt creuse, se veut un mélange d'espionnage sur fond de guerre et de légendes anciennes, avec quelques appels du pieds, comme il est fréquent dans la série Corto Maltese vers de véritables personnalités historiques, mais ici, le compte n'y est pas.

Ça fait flop ! Ça fait chploug ! Ça fait vijjjjjj ! Circulez, au suivant.

Pour ceux qui souhaiteraient quand même s'y aventurer, voici deux ou trois indices de synopsis. Durant la première guerre mondiale, dans un camp allié situé à l'extrême nord de la France (comme le titre l'indique) des artistes troubadours viennent distraire les soldats anglais et américains. Cependant, cette étrange représentation ne laisse pas tout le monde indifférent.

Le lieutenant De Trécesson croit y avoir lu un message crypté. Qu'en est-il vraiment ?... Je vous laisse le soin de le découvrir ou de ne pas le découvrir dans cette aventure vraiment pas essentielle, mais ce n'est là qu'une considération toute personnelle qui n'engage que moi, c'est-à-dire, tellement peu.
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Corto, tome 14 : L'ange à la fenêtre d'Orient

Voici une autre histoire courte de Corto Maltese servie seule hors de son album d'origine. Ici, dans cette version les images sont en couleurs ce qui n'était pas le cas du tirage d'origine toujours en noir et blanc.

Cette aventure nous plonge dans la Venise que connaît si bien Hugo Pratt. Certains dessins sont réellement saisissants de beauté sur les rues de la cité aux pieds dans l'eau.

Corto y est à la recherche d'un manuscrit bien étrange détenu par les Franciscains. Dans ce manuscrit, il est question de six cités bâties en pays d'El Dorado. Corto s'étonne que le manuscrit ne relate que la présence de six villes, sachant que lui en connaît sept. Or, il se rend vite compte qu'il n'est pas le seul à être intéresser à ce manuscrit.

Parallèlement, on s'étonne, pendant toute l'aventure, de la présence d'une jeune paralytique issue de l'aristocratie à la fenêtre de la demeure familiale. Elle garde sa lumière allumée, même en pleine nuit, alors que l'aviation autrichienne menace la ville et qu'il est vivement déconseillé de prendre pareil risque en offrant une si belle cible à l'ennemi.

Qu'attend donc cet ange à la fenêtre d'Orient ?...

Bref, une bonne histoire, sans plus, dans la moyenne des Corto Maltese de type " nouvelles ", que je vous conseille particulièrement pour ses magnifiques vues de Venise, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Corto Maltese, tome 13 : Sous le soleil de ..

Hugo Pratt n'est plus depuis 1995.

Corto, devenu orphelin, réapparait aujourd'hui, après plus de 20 ans d'absence, sous les traits de Ruben Pellejo, porté par la verve de Juan Diaz Canales, dialoguiste de Blacksad, s'cusez du peu.

Niveau graphisme, rien à redire. Pellejo, sans faire dans le plagiat éhonté, y va de sa patte tout en conservant l'essence même du personnage. Le lecteur s'y retrouve rapidement et l'en remercie.

Non, là où le bât blesse, et je crois qu'Arletty a eu le même ressenti, c'est cette atmosphère à la fois mystérieuse et onirique habituellement si palpable et qui fait grandement défaut dans ce 13e opus. La faute à ce vilain chiffre peut-être, allez savoir.



Corto va voyager, beaucoup, trop.

Corto va rencontrer moult personnages aussitôt disparus auxquels il sera donc difficile de s'attacher, de par le fait.

Comme une impression de surenchère. L'envie de bien faire en compilant sans qu'il s'en dégage l'âme si particulière de ce personnage devenu culte.

Enfiler la redingote de Corto Maltese, c'est prendre le risque de nager dedans.

L'effort est plus que louable, le rendu un peu plus discutable.

Un 14e album permettrait peut-être quelques ajustements...
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Corto Maltese, tome 8 : La Maison dorée de Sa..

Jean-Christophe Victor est formidable. Dans "le dessous des cartes", il arrive à démêler les intrigues du proches-orient à l'Indes de 1920 en 9'32"

Son émission m'a permis de comprendre pourquoi les hommes en armes intervenant dans l'histoire changent très souvent d'uniforme.

Corto est plus actif que dans "la ballade de la mer salée". il est toujours suivi par les prédictions de sa mère, et Hugo Pratt lui rajoute deux autres prédictions : celle de Cassandre ( une joie îlienne de Rhodes) et celle des adorateurs du démon.

En créant le sosie de Corto, Hugo Pratt a renforcé, l'intérêt de la course au trésor en y ajoutant un peu de sorcellerie

N'ayant pas commencé dans l'ordre des albums, j'ai eu du mal à me repérer parmi les conquêtes de Corto ( page 90) , et le rôle de Pandora.( Y-a-t-il un lien Youtube ?)

J'ai découvert Raspoutine, qui est très antipathique dans le roman, mais qui est dans cet album, le sel de l'histoire, c'est sans doute la magie de la BD.

Merci à Nastasia-B pour lien avec le dessous des cartes et pour son analyse.
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Un été indien

Après ma récent découverte de Milo Manara avec la superbe bio du Caravage, j'ai eu envie de me replonger dans l’œuvre du dessinateur transalpin. Ma bibliothèque ne propose pas grand chose (même pas "le déclic" qui est pourtant, il me semble, son œuvre la plus connue), je n'ai donc pas eu trop le choix et me suis donc tournée vers un des rares titres en rayon, "un été indien". Mais un album réunissant Pratt et Manara, ça ne peut que satisfaire le lecteur.



Le scénario de Pratt a pour base des ingrédients typiques du western : des colons, des indiens, une vengeance. Mais de ce point de départ classique, Pratt tire un western original. Sous des dehors de simplicité, l'intrigue est riche et pas stéréotypés. Les colons ne sont pas présentés comme une communauté uniforme, dissensions et conflits les divisent, en grande partie du fait des turpitudes du pasteur local. Certains des colons ont été amenés à tisser des liens forts avec les indiens. Liens qui vont être détruits dans la violence.



La tonalité du récit est très singulière, à la fois réaliste, crue et teintée d'une certaine étrangeté. Si le très bon scénario de Pratt y est pour quelque chose, cela vient aussi du dessin, splendide, de Manara. Ces aquarelles au couleurs très naturelles sont très belles. Les paysages sont bien rendus et rendent la lecture immersive.

J'ai particulièrement aimé les premières pages, qui ne comportent aucun dialogue mais qui bénéficient d'un découpage remarquable.



Décidément, moi qui était réticente à me lancer dans l’œuvre de Manara, je suis conquise. Devrait bientôt suivre parmi mes prochaines lectures la série "Borgia" où Manara est cette fois associé à Jodorowski.



Challenge Multi-défis 2017 - 5 (un livre traitant des indiens d'Amérique)

Challenge B.D 2017 - 5

Challenge Atout prix 2016-2017 - 12 (prix Alfred meilleur album étranger Angoulême 87)
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Corto Maltese (roman) : La Ballade de la me..

Il s'agit d'un vrai roman transposé de la BD " La ballade de la mer salée".

Corto Maltese, m'était plus connu par ses produits dérivés que par l'écriture d'Hugo Pratt. Ce roman a été une découverte du personnage, ou plutôt de son rayonnement sur les autres personnages du roman.

En effet, Corto Maltese, bien qu'il soit le centre du roman, Hugo Pratt révèle et s’intéresse plus aux autres personnages. Corto, malgré sa ligne de chance, passe son temps à se soigner, et donc le roman est portée par les seconds couteaux qui recherchent tous l'aura de Corto, sans que Hugo Pratt révèle en quoi consiste cette aura.

Hugo Pratt raconte les débuts de la première guerre mondiale dans le Pacifique Sud, il n'a pas hésité de mettre Corto dans le camps des perdants, ce qui donne un point de vue particulier et intéressant.

Ce roman m'a donné envie de lire suite des aventures même si les suites sont en BD



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