AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.36/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , 1970
Biographie :

Hugues Jallon est romancier, essayiste et éditeur.

Directeur éditorial à La Découverte pendant dix an, puis conseiller pour le développement éditorial du Seuil depuis septembre 2010, il est depuis janvier 2014, P-DG de La Découverte.

Il est auteur de "La Base. Rapport d’enquête sur un point de déséquilibre en haute mer" (Le Passant, 2004), "Zone de combat" (Verticales, 2007), prix de l’Inaperçu 2008, "Le début de quelques chose" (Verticales, 2011).



Ajouter des informations
Bibliographie de Hugues Jallon   (13)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Vous a-t-on déjà dit que vous faisiez le "job" ? Vous êtes-vous interrogé sur la signification du paiement sans contact ? Et que vous dites-vous quand on invoque sans cesse la résilience ? Des mots que Nicolas Herbeaux passe au crible avec François Bégaudeau, écrivain, auteur de "Boniments", un livre dans lequel il analyse la langue du capital, et Hugues Jallon, auteur de "Le capital c'est ta vie", dans lequel il dépeint un personnage dévasté par la violence du capital. #capitalisme #litterature #bookclubculture ___________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4UoUgqvApxm5Vrqv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2 Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture

+ Lire la suite
Podcasts (1)


Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Si bien qu’il y a un marché pour toute chose en ce monde, pour ce qui se trouve sur terre et dans les airs, dans les mers, pour toute chose qui est là et pour tout ce qui arrive et tout ce qui pourrait arriver dans l’avenir et tout ce qui se passe dans tous les organes du corps et dans les tréfonds de l’âme, du début jusqu’à la fin de ma vie :
le marché des frites congelées
le marché des mères porteuses
le marché de la liquidité interbancaire
le marché du cobalt
le marché du divorce
le marché des produits dérivés
le marché des droits à polluer
le marché des assurances
le marché des pur-sang
le marché de l’emploi des jeunes
le marché de la dépression
le marché de la méthamphétamine
le marché du cannabis
le marché du gaz
le marché des organes
le marché de la fin de vie
le marché des produits ménagers bio
le marché des familles monoparentales
le marché de la préadolescence
le marché des produits pétroliers
le marché du sexe tarifé
le marché de l’audit
le marché du logement
le marché du conseil en prospective
le marché du voyage et de l’évasion
le marché du sommeil
le marché de l’attention
le marché des vélos d’occasion
le marché des voitures neuves électriques
le marché des embryons animaux
le marché de l’espace et des corps célestes
le marché du taux actuariel
le marché des rencontres amoureuses
le marché du kiwi
le marché des loisirs créatifs
le marché conjugal
le marché du nettoyage à domicile
le marché des droits de pêche
le marché des devises
le marché de l’outplacement
le marché du jardinage particulier
le marché des taux d’intérêt à moyen terme
le marché des produits nucléaires
le marché de la garde d’enfants
le marché du crime
le marché de la beauté
le marché de la formation
le marché du lithium
le marché des swaps
le marché de l’aide à domicile
le marché des opiacés et antidouleurs
le marché du sextoy
le marché du soutien scolaire
le marché de la truite fumée
le marché du jouet
le marché de l’amitié et des nouvelles rencontres
le marché des valeurs technologiques
le marché des vaccins
le marché de la plaisance
le marché de l’emploi universitaire
On n’arriverait certainement pas à terminer un jour la liste, si bien qu’on se dit sans exagérer à la fin que le marché est devenu la seule catégorie qui permet d’appréhender le monde dans son entier, le marché c’est le monde et le monde c’est le marché, pour ainsi dire le monde est tombé dans le marché, le marché est tombé sur toute chose, et dans un article resté célèbre, publié dans le Journal of Economic Perspectives en 1991, quelques mois avant l’effondrement définitif de l’Empire soviétique, le Prix Nobel Herbert Simon conçoit qu’un visiteur imaginaire venu de Mars, approchant de la Terre équipé d’un télescope susceptible de révéler la nature des structures sociales surdéterminées par le marché (en rouge) ou non (en vert), ce visiteur, estime Simon, enverrait un message chez lui décrivant de « grandes zones vertes interconnectées par des lignes rouges ».
Mais revenant trente ans plus tard, le visiteur de Mars apercevrait une tout autre planète, rouge vif, où le marché a pris toute la place, eh oui, ça frotte, c’est dur, on perd parfois ses repères, les prix fluctuent, s’envolent, c’est l’affolement, ou bien les choses perdent brutalement toute leur valeur, tout s’effondre et on lâche prise, c’est la panique, mais dans l’ensemble, ça marche, chaque jour quand tu sors dans la rue, c’est cadré, tu arrives toujours à négocier ta place dans ce monde, tu sais où tu vas, tu as des projets, tu es prêt à rebondir, tu es à l’écoute de ton désir, tu stabilises tes préférences, tu en as besoin pour conduire ta vie.
Commenter  J’apprécie          30
Un décor immuable, magnifique, et la disposition ?

Des compositions végétales frappantes et efficaces, à forte capacité occultante, un schéma simple, qui leur correspond, rien d'innovant ni de trop sophistiqué, des petits chemins qui sinuent tranquillement à travers le jardin, le crissement des pas sur le gravier clair prévient des allées et venues, mais on aperçoit de partout le bâtiment principal, les palmiers imposants aussi, leur tronc grisâtre planté dans la pelouse qui borde la piscine.
Commenter  J’apprécie          40
Sa première pièce jouée à Broadway
Son premier roman qui sort la même semaine qu’Autant en emporte le vent
Dans lequel elle affiche son mépris, son dégoût du communisme qu’elle a vécu dans sa chair
Sa société de parasites sans âme
Corrompue par le venin de l’altruisme
La médiocrité
Où l’amour ne peut pas
Ne peut jamais
Alors qu’elle veut tellement, sans limite
Vaincre, renverser tous les obstacles
Achievement is the aim of life
Qui ?
Qui pourra jamais m’arrêter ?
Alors que la guerre
Elle écrit, elle écrit
Elle commence à prendre des amphétamines à très haute dose
Fumant cigarette sur cigarette
Commenter  J’apprécie          30
Tout l’après-midi, avec les autres membres de l’équipe, j’ai regardé les hommes traîner les cadavres sur le rivage, j’ai respiré l’odeur des entrailles qui débordaient de la peau luisante et déchirée, j’ai vu les longues trainées rose pâle d’eau et de sang qui s’échappaient de leurs corps et se répandaient sur le sable, au milieu des algues.
Je sentais bien.
Si vous aviez vu ça.
Sous ce ciel magnifique.
Oui, c’était le début de quelque chose.
Commenter  J’apprécie          30
La musique s’est arrêtée
Il est là
Il va parler
Le Président l’écoute
Héros sans visage
Ses petits yeux bleus au fond des orbites, son sourire qui remercie la foule en face de lui
Nous… nous espérons… que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère… qui s’ouvre pour l’Humanité
À la tribune du Century Plaza devant une foule de célébrités, de personnalités du monde des affaires, du cinéma, de la politique où il aurait tant voulu apercevoir Charles Lindbergh, son héros de toujours
Parlant à son rythme, annonçant
Une ère où l’homme… comprendra le monde autour de lui
Devant un parterre silencieux
Comme gelé dans son smoking
Ses longues phrases qu’il articule en séparant les mots
Comme anesthésié, se retournant vers la gauche, vers le Président qui applaudit
Déterminé à poursuivre
Qui veut frapper plus fort
Encore
Pour gagner la paix
Pour éradiquer les sanctuaires ennemis invisibles sous la masse des arbres à la frontière du Cambodge, dans les forêts du Laos
Bombarder
Pour en finir avec les menées ennemies
Bombarder, encore, encore
Commenter  J’apprécie          10
Il faut les imaginer il y a quelques mois, sombrant dans l'hiver, au volant de leur voiture ou dans l’ascenseur, au cinéma, cherchant une issue précipitée, quelque chose de définitif, changer de vie comme ils disent simplement, en parler à quelqu'un, prendre un nouveau départ, c'est ça, partir, assez loin, sous d'autres latitudes, on y est.
Commenter  J’apprécie          20
Quand elle le raconte encore, comme la nuit finissait, elle ne pensait plus aux enfants qui dormaient depuis longtemps dans une chambre à l’étage de la maison de son frère, elle ne sentait pas la fraîcheur qui était tombée d’un coup, essoufflée, elle entendait se rapprocher des voix et des rires derrière la porte cochère où elle attendait depuis que le taxi l’avait déposée à l’entrée de cette rue dans le quartier des Batignolles, des claquements de talons résonnaient sous le porche, elle attendait derrière, il était tard, c’étaient des invités qui s’en allaient, elle se souvient, elle s’est faufilée derrière eux en marmonnant des mots d’excuse à propos du code de la porte, elle l’avait oublié, elle avait perdu l’invitation, à propos de son téléphone oublié là-haut entre les coussins du divan, tâtonnant dans le noir pour trouver le bouton de la minuterie, le temps d’apercevoir son propre regard effaré au fond des miroirs aux moulures dorées piqués de petites taches grises, elle a gravi le grand escalier en trébuchant plusieurs fois jusqu’en haut, par la porte d’entrée entrebâillée elle s’est faufilée à l’intérieur, essuyant du bout de ses doigts tremblants son front qui perlait de sueur, elle a reconnu le lustre immense du vestibule, dans la pénombre elle s’est précipitée, elle a traversé les pièces jusqu’au grand salon presque désert, ouvert sur la terrasse où l’on dansait encore, elle ne s’est pas attardée, sous les lustres éteints elle croisait de nouveaux invités en manteau qui partaient, évitant leur regard elle s’est vite avancée, se précipitant dans le corridor obscur, qui menait à la petite pièce bleue à l’arrière de l’appartement, les motifs de la tapisserie, les bougies éteintes alignées sur la tablette de la cheminée, le divan où, il y a quelques heures à peine, elle s’était endormie.
Et puis l’aube par la fenêtre grande ouverte, frémissante, très vite elle l’a vu, quelqu’un était là, qui se tenait debout à la fenêtre, et devant lui le vent remuait, il soulevait avec douceur les grappes de petites fleurs du marronnier de la cour, la nuit finissait, il était là, lorsqu’elle a aperçu ses mains, il les avait sorties de ses poches, elles tremblaient, comme un vent immense et délicieux alors, et tout le décor autour d’elle qui se défaisait.
Je suis là, voyez, je suis revenue.
Commenter  J’apprécie          00
En 1983, j’avais treize ans, j’avais souvent mal au ventre, la veille d’aller à l’école et le matin au réveil, il arrivait que je reste à la maison certains jours, ma mère prévenait le collège, elle préparait un mot d’excuse et mon père rédigeait un certificat médical.

Cette même année, dans un article resté célèbre, l’économiste Theodore Levitt invente le terme « globalization » que l’on traduira par « mondialisation », pour désigner ce qui est en train d’arriver et le monde est en train de naître : les entreprises, explique Levitt, sont en voie de passer d’une logique d’adaptation des produits aux marchés locaux à une offre de produits standardisés, sophistiqués, fonctionnels, fiables et à des prix peu élevés. Reprenant la fameuse distinction d’Isaiah Berlin entre le renard qui en sait beaucoup sur beaucoup de sujets (Tolstoï) et le hérisson qui sait tout sur un seul sujet (Dostoïevski), il y affirme que « la firme multinationale en sait beaucoup sur beaucoup de pays et s’adapte gentiment aux différences supposées entre eux (…). Elle ne comprend pas combien le monde est prêt à toucher les bénéfices de la modernité, surtout au meilleur prix. Cette approche est médiévale. L’entreprise globale, elle, sait tout d’une seule chose. Elle sait qu’il faut être compétitive à l’échelle mondiale et nationale et cherche le prix le plus bas en standardisant ce qu’elle vend et ses modes de production. Elle sait une chose importante que toutes les nations et les peuples ont en commun : le manque. Tout le monde veut plus. C’est l’explication de la division du travail et de la spécialisation de la production. C’est ce qui permet aux peuples et aux nations d’améliorer leurs conditions par le commerce. Son moyen est en général l’argent. »

Quant à moi, je sens que quelque chose envahit mes jambes, je fabrique un nuage glacé qui m’engloutit.

En 1983, Kim, elle, n’a que trois ans, elle est la deuxième fille de Kris et de Robert Kardashian, elle ne manque de rien, elle partage la même chambre que sa sœur Kourtney dans une maison très confortable avec piscine à Los Angeles, et elle ne peut savoir encore la place que le monde va lui réserver dans quelques années.
Commenter  J’apprécie          00
Tu as de la chance, comme pour beaucoup de gens autour de toi, la question ne se pose pas de ta survie, ici-bas ou dans l’au-delà – savoir si tu vas manger à ta faim ou si tu survivras à ta propre mort, cette condition n’a jamais été la tienne. Qu’as-tu en commun avec celui ou celle, dans tant de pays du monde, qui doit trouver de quoi se nourrir chaque jour et prie chaque soir pour le salut de son âme ?
Tu appartiens à la classe moyenne, ta condition, ce n’est pas ta survie, c’est ta vie, c’est-à-dire tes projets à moyen terme : prévoir les vacances, déménager, arrêter de fumer, avoir un enfant, changer de travail, trouver une maison à la campagne avec un petit jardin, etc.

En 1983, j’ai treize ans, je suis au collège, je viens d’arriver à Paris, c’est le « tournant de la rigueur », la gauche socialiste au pouvoir depuis deux ans se convertit à l’orthodoxie monétaire et budgétaire et le gouvernement prend le décret 83-797 du 6 septembre 1983 dont l’article 4 inscrit dans le droit le principe de priorité au carrefour giratoire, ou rond-point, dont l’installation se généralisera massivement les années suivantes. Toutes les études montrent que ce dispositif améliore considérablement la sécurité routière dans les agglomérations.

Dans ces moments de panique aiguë, je forme des images instables, j’esquisse des destinations floues, des plans sur la comète, des projets imprécis, autant de moments ou de lieux, d’activités plus supportables, plus excitants, etc., et tout de suite je les détruis, je les efface avant même qu’ils ne commencent à exister, à trouver un semblant de forme, un début d’épaisseur.
Dans ces moments-là, mon esprit s’épuise, sans fil directeur, sans continuité, il tourne en rond et il bifurque, plusieurs fois par seconde, d’une angoisse à une autre, sans lien, de plus en plus vite, par là, par ici, non par là, par ici, et puis ça monte à nouveau dans mes jambes, je suis perdu, pas de planche pour me sauver, je fuis sans fin, immobile, tuyau percé de mille trous.

La question qui doit être celle de ta vie : quelles sont tes options ?
Commenter  J’apprécie          00
Quand elle le raconte, c’est la nuit qui finissait, elle s’est glissée derrière les invités qui partaient, c’était à Paris dans le quartier des Batignolles.
Elle a reconnu la grande porte cochère, elle a levé les yeux, il y avait des gens qui fumaient au balcon, elle a vu leurs cigarettes rougeoyer, de long nuages grisâtres éclairaient la nuit, elle s’est souvenue de l’escalier qui montait à l’appartement du dernier étage, la grande terrasse d’où on apercevait les toits de l’Opéra, le vestibule qui ouvrait sur le salon principal, elle a retrouvé le chemin de la petite pièce du fond au bout du couloir, et lorsqu’elle est entrée, tremblante, il était là qui attendait à la fenêtre, sa main s’est refermée sur la sienne et, pour finir, il l’avait emmenée.
Ils ont pris un train dans la direction de la côte, là où la mer était grise, les vagues qui tombaient sur les rochers noirs, serrée contre lui, ses lèvres pressées contre sa nuque, et plus tard ils ont roulé des jours et des nuits durant, sans quitter la route de la côte, elle respirait par la fenêtre l’odeur des pins, le paysage commençait à changer, il faisait toujours plus chaud chaque matin, c’était l’été maintenant, les derniers rayons du soleil filtraient à travers les stores de la chambre dans l’appartement qu’ils avaient loué derrière le musée archéologique et où on entendait souvent le vent venu de la mer, elle avait remonté le drap sur eux, et leurs doigts emmêlés jouaient longtemps avec les fils de poussière qui flottaient suspendus dans la lumière brûlante de la fin de l’après-midi, ils riaient, ils riaient doucement, alors que les secousses qui agitaient encore leurs muscles, et leurs caresses, leurs caresses qui ne s’arrêtaient pas.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Hugues Jallon (75)Voir plus

Quiz Voir plus

Correspondances artistiques (1)

D'une Joconde à l'autre, séparément et chacun à sa manière à des dates différentes, deux artistes français ont célébré Mona Lisa en chanson (indice : Aigle et tête de choux) :

Serge Gainsbourg et Léo Ferré
Léo Ferré et Anne Sylvestre
Barbara et Serge Gainsbourg

10 questions
245 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , musique , histoire de l'art , Instruments de musique , musiciens , art , artiste , symphonie , mer , Japonisme , impressionnisme , sécession viennoise , Abstraction , Côte d'Azur (France) , romantisme , pointillisme , symbolisme , Pique-niques , joconde , leonard de vinci , renaissance , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..