AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Quand elle le raconte encore, comme la nuit finissait, elle ne pensait plus aux enfants qui dormaient depuis longtemps dans une chambre à l’étage de la maison de son frère, elle ne sentait pas la fraîcheur qui était tombée d’un coup, essoufflée, elle entendait se rapprocher des voix et des rires derrière la porte cochère où elle attendait depuis que le taxi l’avait déposée à l’entrée de cette rue dans le quartier des Batignolles, des claquements de talons résonnaient sous le porche, elle attendait derrière, il était tard, c’étaient des invités qui s’en allaient, elle se souvient, elle s’est faufilée derrière eux en marmonnant des mots d’excuse à propos du code de la porte, elle l’avait oublié, elle avait perdu l’invitation, à propos de son téléphone oublié là-haut entre les coussins du divan, tâtonnant dans le noir pour trouver le bouton de la minuterie, le temps d’apercevoir son propre regard effaré au fond des miroirs aux moulures dorées piqués de petites taches grises, elle a gravi le grand escalier en trébuchant plusieurs fois jusqu’en haut, par la porte d’entrée entrebâillée elle s’est faufilée à l’intérieur, essuyant du bout de ses doigts tremblants son front qui perlait de sueur, elle a reconnu le lustre immense du vestibule, dans la pénombre elle s’est précipitée, elle a traversé les pièces jusqu’au grand salon presque désert, ouvert sur la terrasse où l’on dansait encore, elle ne s’est pas attardée, sous les lustres éteints elle croisait de nouveaux invités en manteau qui partaient, évitant leur regard elle s’est vite avancée, se précipitant dans le corridor obscur, qui menait à la petite pièce bleue à l’arrière de l’appartement, les motifs de la tapisserie, les bougies éteintes alignées sur la tablette de la cheminée, le divan où, il y a quelques heures à peine, elle s’était endormie.
Et puis l’aube par la fenêtre grande ouverte, frémissante, très vite elle l’a vu, quelqu’un était là, qui se tenait debout à la fenêtre, et devant lui le vent remuait, il soulevait avec douceur les grappes de petites fleurs du marronnier de la cour, la nuit finissait, il était là, lorsqu’elle a aperçu ses mains, il les avait sorties de ses poches, elles tremblaient, comme un vent immense et délicieux alors, et tout le décor autour d’elle qui se défaisait.
Je suis là, voyez, je suis revenue.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}