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Citation de hcdahlem


Je dis, Mon mari a fait un infarctus. Je donne l’adresse. On me demande si je sais faire un massage cardiaque, je dis, Oui.
— Vous l’avez mis par terre?
Non, je réalise que non, que ça ne peut pas marcher.
Je tire doucement ton corps pour le faire glisser par terre. Je crois que j’y arrive sans trop heurter ta tête. Je dis, Je ne sais plus comment on compte pour le bouche-à-bouche. La voix :
— Vous ne faites que le massage.
Mes mains sur ta poitrine, mes mains imbriquées l’une dans l’autre, pour me donner la force. À genoux, je donne mon poids dans ta poitrine et souffle pour deux. Il y a une semaine jour pour jour, j’ai reçu dans la boîte aux lettres un petit mémo des pompiers, intitulé « Les gestes qui sauvent ». Un carton avec les numéros utiles, en cas d’urgence. Et un petit dessin illustrant le massage cardiaque. C’est un après-midi chargé. Pourtant à mon bureau, je croise les mains comme il faut, mime, pour moi, le geste qui sauve, appris lors de ce stage de secourisme à la Croix-Rouge, il y a quatre ans, une bonne résolution de jeune maman. J’y ai peu repensé, j’ai si souvent laissé traîner ce genre de papier pour le jeter plus tard…
L’oxygène te quitte peu à peu, je le vois à ton front, à ton visage qui perd sa couleur. Je donne mon poids dans ta poitrine, continue de t’appeler.
Reviens mon amour.
À l’autre bout du fil, la voix me dit :
— Vous continuez.
Je n’ai pas le droit de flancher puisque je sais quoi faire.
Le temps passe, il faut qu’ils arrivent vite, les pompiers. Alors, le geste, le geste, le geste qui sauve, répétitif. Il fait passer ma peur, occupe mon énergie, tout entière dans mes mains, dans mon dos qui s’incline, près de toi, en rythme…
Je vois les minutes s’égrener sur le téléphone et les pompiers n’arrivent pas.
Le découragement, immense.
Je le dis à cet homme à l’autre bout du fil. Quand arrivent-ils ?
Pourquoi ne viennent-ils pas ? Je ne vais pas tenir.
Ta vie précieuse entre mes mains, mon chéri, c’est tellement difficile…
La mort est comme un diable qui susurre à l’oreille que c’est déjà trop tard, que tu m’as quittée désormais, que je ne vais pas y arriver. Je lui fais face avec mon corps qui tremble à n’en plus pouvoir, avec ces gestes que j’ai appris, comme une prière à laquelle s’accrocher.
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