Comment ils font les gens pour avoir trois enfants à Paris, pour vivre sans téléphone portable, pour survivre au yoga bikram, résister à un pot de Nutella ou faire shabbat pour de vrai ? Entre autres, hein. Parce que les gens ils font un paquet de trucs on sait pas comment.
Ce petit livre - ce livrinou - se penche sur les mystères les plus insondables, saugrenus, palpitants de l’existence, et te livre enfin les réponses que tu attendais. (ok, tu les attendais pas, mais c’est d’autant plus une bonne surprise non ?)
Quant au reste, ceux qui échoueraient à démontrer leurs aptitudes, ceux que les Lunes dédaigneraient, eh bien, ils retourneraient chez eux. Ils reprendraient leur vie vulgaire et sans gloire. Bien souvent, les plus obstinés, frustrés de ne pouvoir laisser s’épanouir ce don qui leur avait été donné, finiraient par se tourner vers la basse-magie. Puisque c’était le seul moyen de tisser encore, ils choisiraient une vie de criminels, étudiant les grimoires interdits, vendant leurs services sous le manteau, arrachant aux astres des faveurs approximatives. Et puis, un jour ou l’autre, la Traque leur mettrait la main dessus. Elle leur passerait les fers et les enverrait vers le nord, aux confins des Lames de Glace, pourrir dans la Citadelle Silence. C’était le pire destin qu’on puisse souhaiter à un homme. Mais il fallait croire que le jeu en valait la chandelle. Ou, plus probablement, que les hommes étaient désespérés à ce point.
La lassitude qui avait envahi Forborme en disant cela le fit cligner lentement des yeux. Il chassa la fatigue d’un revers de la main, sourit à l’enfant et se leva.
- Je crois que tu as gagné le droit d’apprendre un tour mémorable à base de poissons mon garçon ! Lève-donc ta grande carcasse !
Irhm sauta sur ses pieds.
- Oui ? C’est vrai ? Chouette mon oncle ! Chouette !
- Ne dis rien à ta mère d’accord ? Elle m’arracherait les tripes si elle savait que l’on joue avec les poissons... Et pas de ça devant tes amis, tu le sais n’est-ce pas ? Jamais de magie devant des étrangers. Jamais…
- Oh non ! Ça, je le sais. Et de toute façon, je n’ai pas d’amis mon oncle. Je suis tout seul avec ma sagesse !
COMMENT ILS FONT LES GENS QUAND ILS SE FONT TRIPOTER LE CUL DANS LE METRO ?
Ben la première fois, ils disent rien. La présomption d'innocence qu'on appelle. La deuxième fois, ils regardent derrière eux le papy à l'oeil embué qui s'agrippe à la barre de pole dance du métro comme s'il s'agissait d'un déambulateur primé au concours Lépine. La troisième fois ils disent "Ah ça suffit maintenant hey !" d'une voix agacée qui laisse entendre que la quatrième fois ça va barder. La quatrième fois, ils sont arrivés à leur station et puis, bon, ben, ils descendent quoi.
Ils étaient tapis là depuis plus de six heures, déglutissant en silence, guettant le bout infime de la route jusqu’à se brûler les yeux, leurs mains crispées sur la poignée de leurs sabres. La sueur dégoulinait sous leurs plastrons de métal vermeil. Il faisait chaud. Une chaleur à réveiller les morts.