« Mon numéro à Mauthausen était le 10205.
Je ne l’ai pas retiré, et je ne le retirerai jamais.
Jusqu’au 5 mai, ces numéros étaient des marques du fascisme, de l’esclavage, de la mort.
Maintenant, il faut qu’ils deviennent les marques de notre résistance à tout cela.
Il faut qu’ils deviennent des Symboles de Démocratie, de Paix, de Liberté , de Vie ».....
« Le Polonais Marian Bogusz disait: « les SS sont des criminels sélectionnés, mais des criminels sélectionnés pour leur couardise, leur bêtise crasse, leur folie furieuse.....
Il n’y a que des criminels lâches pour pouvoir être si pervers » ....
C’est Mauthausen qui m’a défini comme homme.
Je suis encore un homme du camp. »
Iakovos Kambanellis en 1963.Récit Traduit du grec par Solange Festal- Livanis .
A droite, du chemin qui descendait, il y avait des amas de restes brûlés qu'avaient déversés les camions. Les restes brûlés étaient un meilleur matériau pour le revêtement des routes que le gravier. Particulièrement maintenant que les pluies allaient commencer. Ils ne font pas de boue, les restes brûlés. On a beau faire, l'humain est toujours le meilleur matériau.
« Montre- moi le chemin pour la maison,
Sur la terre, sur la mer, et sur les vagues,
Moi, je dis toujours la même chanson.
Montre- moi le chemin pour la maison.... »
( Vieille chanson populaire datant de 1925, communément chantée en Angleterre, en Irlande et Amérique du Nord....) .
« À l’avenir, quand vous tournerez les yeux vers le ciel allemand pour regarder des avions de ces Juifs d’Anglais et de ces Juifs d’Américains , n’oubliez - pas que tout finit ici - bas!
« Tous vos espoirs,« sales chiens de l’Europe », seront transportés sur ces charrettes ..... nous avait dit le commandant en chef Bachmayer ,venu à l’appel.
« Il s’était mis entre deux grandes charrettes à bras du crématorium , chargées des corps , passées lentement devant nous... arrêtées au milieu de la place. » .....
-Pendant les cinq années où je suis resté enfermé ici, la Grèce a envoyé par trois fois la liberté frapper à la porte de Mauthausen. La première fois, c'est quand nous avons appris que Mussolini avait été vaincu dans les montagnes d'Albanie. La deuxième, c'est quand nous est parvenue la nouvelle que des Grecs étaient montés une nuit à l'Acropole d'Athènes et qu'ils y avaient décroché le drapeau allemand. La troisième fois, c'est quand ici, près de nous, dans la fosse de la carrière, un Grec, Andonis...
Dès que la foule a entendu son nom, elle s'est mise à l'appeler. Je me suis approché du micro pour dire qu'Andonis était parti. Ils sont tous restés sans voix, étonnés qu'un tel héros soit parti seul, sans tambour ni trompette.
Avec tant de victimes par jour, la mort n’avait plus de visage. D’ailleurs, notre visage, alors même que nous étions vivants, nous l’avions perdu.
Pour moi, si les journées à Mauthausen jusqu’au 5 mai 45 restent un cauchemar, les autres, jusqu’à notre départ, sont lumineuses et envoûtantes.
Depuis ce matin du 5 mai, nous nous étions jetés comme de beaux diables sur notre liberté. Peut-être que la moitié du temps les fantômes se réveillaient en nous, mais pendant l’autre moitié nous nous abîmions dans le besoin vital de nous habituer au fait d’être sauvés.