AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ian Manook (1157)


Des pères de famille enhardis par l’odeur de la poudre et du sang veulent leur petite part misérable de la victoire. Ils y laissent leur vie et leur famille à jamais détruite. Et la mort de chacun de ces pères imprudents va aigrir la vengeance d’autant de fils. La guerre est ainsi faite d’une multitude de petites guerres qui s’emboîtent les unes dans les autres, chaque victime de la précédente devenant le bourreau de la suivante, et ainsi de suite jusqu’à l’absurde.
Commenter  J’apprécie          300
Que peut la comptine d’une gamine contre l’acharnement des hommes ? Elle est aveugle, elle est femme, elle est arménienne, elle est orpheline et maintenant elle est veuve. Elle est perdue. Toute la nuit, elle cherche dans sa mémoire inondée de larmes la consolation d’un poème de Marina Tsvetaïeva. »
(page 57)
Commenter  J’apprécie          301
- Faut-il qu’elle t’aime pour être jalouse à ce point, murmure Nola.
- Comment faites-vous pour toujours tout comprendre ? répond Kornélius sans quitter Ida des yeux.
- Comment faites-vous pour ne jamais savoir nous résister ? dit Nola sans sourire.
(page 94)
Commenter  J’apprécie          300
- Mais comment un gouvernement pourrait-il se résoudre à de telles horreurs ?
- Parce qu’un pêcheur n’est qu’un ouvrier de la mer, qu’un capitaine oublie qu’il l’a été, et qu’un armateur lui accorde moins de valeur qu’à la morue qu’il rapporte. Parce que l’armement est organisé, riche et puissant, et pas les pêcheurs. Parce que les armateurs sont pour la plupart des élus ou font élire ceux qui leur obéiront, et que les pêcheurs n’ont d’autre choix que de voter pour ceux qui vont, en retour, ne voter aucune loi pour les protéger…
(page 195)
Commenter  J’apprécie          300
- Les marins ne comptent pas pour l’armement. Seule la pêche compte. Il y a à bord de ces bateaux cent cinquante tonnes de matériel et cent cinquante tonnes de sel pour quelques dizaines de tonnes de morue. L’équipage au grand complet, lui, ne pèse pas plus de deux petites tonnes. Voilà les justes proportions des intérêts de l’armement.
- Mais tous ces équipements, ce sel et ces poissons ne sont rien sans ces hommes ! s’emporte Marie.
- C’est exactement ce qu’a fait le capitaine : les faire travailler tant qu’il a pu en s’assurant un minimum de prises, avant de se résoudre à les soigner.
(page 171)
Commenter  J’apprécie          300
Les hommes à bord eux, prennent chaque jour le risque de mourir dans un naufrage et de tout faire perdre à leur famille. Mais ils ont l’entêtement de croire à leur courageux destin, de sorte que les autres y croient à leur tour. Sinon, qui admirerait ces hommes s’il savait dans quelles conditions sordides et humiliantes ils acceptent de prendre la mer.
(page 97)
Commenter  J’apprécie          300
Hormis les paquets de mer qui les cinglent ou les assomment sur le pont, ces hommes-là ne se lavent que quand ils tombent à l’eau. Le reste du temps, ils s’effondrent de fatigue comme on se laisse couler, épuisés, sans même se déshabiller, dans la paille de leur cabane. S’ils en ont la force, ils n’ôtent que la veste et les sabots-bottes, pour éviter les rixes quand ils mouillent, à travers leur paillasse, celle d’en dessous. Matelas d’avoine et de cordes depuis longtemps avachis et qui ne sont plus qu’un, torchis qui empeste la crasse et le poisson. Même la condensation suinte une sale odeur de morue rance le long des parois. Tout, dans ce gourbi que des architectes ont calculé au plus juste, n’est que puanteur et vacarme dans le chaos permanent des vagues contre la coque.
(pages 11-12)
Commenter  J’apprécie          302
La vie, tu vois, c’est plutôt comme une yourte : tout est rond et sans côtés. Ni bons, ni mauvais. Tu es dedans, ou tu es dehors, c’est tout.
Commenter  J’apprécie          301
Nous ne leur imposons pas des cimetières par hygiène ou par respect, mais pour détruire leur culture nomade, pour en faire des sédentaires, qui deviendront enfin les prolétaires qu’ils auraient dû être quand nous les avons soumis à notre révolution.
(page 177)
Commenter  J’apprécie          290
Alors agissons comme l’ont fait les Américains : débarrassons-nous de ces nomades comme ils ont exterminé leurs Indiens. Les plaines libérées de ces parasites, nous pourrons y construire et y développer de grandes métropoles comme ils l’ont fait. C’est le sens de la révolution. Urbaniser et prolétariser la steppe.
(page 137)
Commenter  J’apprécie          290
Chante, chante, l’oiseau bleu chante
Les jeux, les rires et les chansons
Chante, chante, l’oiseau bleu chante
Des deux petites qui survivront…
(page 280)
Commenter  J’apprécie          290
Ces hommes et ces femmes d’Islande et leurs enfants se baignent dans des trous d’eaux chaudes ou dans l’eau pure des fjords d’une mer glacée, et dorment nus et propres chaque jour sous des édredons lavés et brodés qui ont séché au vent et au soleil, pendant qu’eux, les islandais de Paimpol, pourrissent et macèrent des semaines durant dans leur crasse et la graisse de morue, à dormir tout habillés sur des paillasses d’avoine souillées des restes des soupes grasses de leurs gamelles.
(page 67)
Commenter  J’apprécie          290
La mer, jusqu’alors d’émeraude translucide, s’épaissit, laiteuse et opaque sous l’étrave. Des bourrasques soudaines et brutales enflent et chahutent les voiles et les haubans. Elles sifflent dans les étais et se fendent sur les drailles en hurlant de longues et sinistres plaintes. Les drisses et les écoutes claquent contre les mâts et les bois. Et tout à coup la mer est de granit sombre, dure et grise, et râpe la coque de la goélette qui s’affole.
(page 32)
Commenter  J’apprécie          290
- Nous avions des espaces immenses, des coutumes et des légendes séculaires et regarde ce que nous sommes devenus !
– C’est ce que la vie a fait de nous ! soupira la femme.
– Non, c’est faux, la vie ne fait rien de nous. La vie, c’est nous qui la faisons, à coups de renoncements, peurs, abandons, tricheries, colères !
Commenter  J’apprécie          292
Yeruldelgger se levait mongol, héritier d’un empire vaste et vide, où les hommes restaient libres d’être pauvres pour la plus grande admiration passagère des touristes qui venaient, guide à la main, leur réapprendre leur culture.
Commenter  J’apprécie          290
Vous savez comme moi combien d'hommes désespérés ont débarqué sur nos terres depuis la crise. Et pas dans l'espoir de trouver de l'or, comme ceux du Klondike. Juste pour se faire oublier, tourner la page, fuir ce système qui les a broyés, ne plus dépendre de personne.
Commenter  J’apprécie          280
Ne fais pas semblant, petit frère, ne retiens pas ta surprise, je sais l’âge que j’ai et le visage qui va avec. Cent six ans et la peau ridée comme une risée sur la rivière. Pas de quoi jouer au bâton blanc dans la nuit, je te l’accorde. Mais j’ai encore tout mon entendement pour te raconter chaque partie que j’ai disputée dans ma vie. Parce que la vie, petit frère, ce n’est que ça. On jette le bâton blanc dans la nuit et tout le monde court après, à l’aveugle. Quelques-uns ne cherchent qu’à le gagner aux dépens des autres, et d’autres juste à s’amuser. Certains se battent à mort pour ce bout de bois, ou s’en moquent et en profitent pour frôler l’amour. Se voler un baiser. Disparaître un instant, main dans la main, le souffle court et les joues pourpres. Ce n’est rien d’autre que ça, la vie, petit frère.

Incipit
Commenter  J’apprécie          280
Agop avait oublié tout ça. L’intimité d’une femme. Les parfums d’un corps, d’une chevelure, d’une peau. Le souffle de l’autre et les silences éveillés. Le froissement des draps, la fluidité d’une combinaison de pauvre satin sur une hanche. Un sein. Bien sûr, ils n’ont pas résisté. Sans dire un mot. Et, aussitôt après, un profond sommeil apaisé.
(pages 324-325)
Commenter  J’apprécie          280
- Haïganouch, sous la croûte de neige et de béton, Iakoutsk est une ville de pionniers. Il s’y croise mille destins inattendus, mille peuples. Des Tatars, des Bouriates, des Tadjiks, des Kirghiz, des Ossètes, des Ukrainiens même, des Chinois et des Coréens, des Moldaves, des Polonais et des Tchétchènes. Mais j’y connais aussi des Arméniens…
- Des Arméniens ? Ici ?
- Oui, une belle communauté, solidaire et bien organisée malgré le joug des soviets.
(page 124)
Commenter  J’apprécie          280
Vue du champ de lave, à quatre cents mètres de l’autre côté du lac, la façade vitrée du chalet perché sur ses pilotis s’irise de reflets moirés comme l’aile fragile et légère d’une libellule. Le ciel mauve a rosi, puis s’est nacré d’une brillance laiteuse. Sous la brise légère du matin, les eaux du lac, sombres de l’ombre du champ de lave, se marbrent en diagonale de ridules ondulées. Eiders, arlequins, macreuses, plongeons, grèbes ont réveillé la nuit dès les premières lueurs. Maintenant, ils s’ébrouent et froufroutent de leur bec leur duvet léger sous leurs plumes soyeuses, heureux de se préparer pour le monde qui renaît.
(page 392)
Commenter  J’apprécie          280



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ian Manook Voir plus


{* *}