Ian McDonald

Elle n'avait jamais vu d'yeux aussi noirs et aussi tristes. De la glace sombre datant de la naissance du monde et conservée dans l'ombre perpétuelle.

Les catastrophes engendrent tout d’abord des plaisanteries, puis des mythes. Les complots viennent plus tard

La Terre s’effondre, je l’ai vu de mes yeux. Elle meurt et pourrit. L’ensemble de la culture humaine pourrait être pillé et brûlé, pulvérisé par les nouvelles idéologies. Ils n’ont aucun respect pour leur monde. Nous, à la moindre erreur, Dame Lune nous tue. Si bien que nous la respectons. Nous avons conscience de notre extrême fragilité.

La richesse et le pouvoir vous donnaient accès à une meilleure catégorie de droit.

Nous nous pensons la mesure universelle. Le temps emportera tout ce qu’on est, tout ce qu’on a, tout ce qu’on construira jamais. Il est bon de penser à ce qui se passera après nous

La puissance et la magie de l’argent ne sont pas dans ce qu’il vous permet de posséder, mais dans ce qu’il vous permet d’être. L’argent est la liberté.

La pauvreté étire le temps. Et la pauvreté est une avalanche. Un petit dérapage en provoque un autre, qui en déclenche lui-même d’autres et voilà que tout glisse et disparaît

Nous sommes tellement égocentriques. Nous nous pensons la mesure universelle. Le temps emportera tout ce qu'on est, tout ce qu'on a, tout ce qu'on construira jamais.

C'est le Jour du Deal.
Le temps annoncé pour le Jour du Deal est lumineux et caniculaire. Des miroitements dansent au-dessus de l'autoroute dès dix heures du matin. Goudron brillant en train de fondre. Drapeau turc qui pend mollement comme une carcasse d'oiseau mort de la hampe dressée au sommet de la colline, de l'autre côté de l'asphalte surchauffée. Adnan est debout depuis l'azan de l'aube. Si la prière est préférable au sommeil, le profit est préférable à tout le reste. Il y a des rituels qu'il convient de respecter un Jour de Deal.

Des décisions qu’il n’a même pas eu conscience de prendre ont rogné sa vie pour ne laisser de lui que cette esquille d’homme.

La capacité d'agir sur son destin est un conte de fées réconfortant. La vie est une série de portes qui ne s'ouvrent que dans un sens. On ne peut jamais faire demi-tour.

Tout ce qui est important se retrouve dans les livres, lui avait dit son père. Si tu retires ça d'internet, il ne reste que des opinions.

Il soutenait que le plus important est l'instant que nous vivons. Même à l'époque, en 1944, il affirmait déjà que l'homme avait oublié le sacrement du moment présent. trop de choses, trop haut, trop loin, trop fort. Un manque de silence et d'immobilité, l'homme songe bien trop à ce qu'il deviendra et pas assez à ce qu'il est. Je lui ai naturellement demandé ce qu'il entendait par sacrement du moment présent. Il m'a conduit dans l'oliveraie et m'a invité à regarder ces arbres noueux aussi anciens que la chrétienté, avant de me répondre. Je sais que je n'oublierai jamais ses paroles : étant un arbre, un arbre existe et rend ainsi hommage à Dieu.

- C'est en tout cas un labyrinthe dans lequel on peur aisément se perdre. Selma a dû vous mettre en garde, et je le fais à mon tour. Certaines personnes ont consacré des années entières - pour ne pas dire toute leur vie - à étudier l'homme mellifié. Bon nombre ont renoncé lorsqu'ils ont pris conscience que s'il était découvert ce ne serait sans doute pas grâce à leurs travaux, ce qui démontrerait que leurs efforts avaient été vains, qu'ils avaient gâché leur existence. Tant que la réalité n'entre pas en ligne de compte rien n'est plus facile que s'égarer dans l'imaginaire, à Istanbul.

Au cœur du désert, Rael Mandella remarqua qu'il avait fini de pleuvoir. Les enfants, comme des poussins, risquèrent un œil sous son manteau. Des pousses vertes se déroulaient sous leurs sandales comme des ressorts et agitaient leurs tiges pâles dans la brise.
Les fleurs s'étaient faufilées autour de la guitare rouge. Rael Mandella s'approcha de l'instrument et le souleva. A l'endroit où il était resté posé de minces tiges blanches cherchaient la lumière.
La guitare rouge était morte. Sa peau plastique détendue était calcinée et pleine de cloques, ses sillets étaient rongés, ses cordes étaient noircies, son manche en bois de rose était fendu de haut en bas. Un peu de fumée montait des synthétiseurs et amplificateurs fondus. Rael Mandella était en train de tourner et retourner le cadavre de l'objet dans ses mains lorsque les cordes cassèrent net: un son précis, définitif. Après sa mort, la guitare avait comme un air de propreté. Comme si la pluie avait lavé ses péchés.

[...]mais des voyageurs dans le temps, cétait une offense à toutes mes théories. S'il en existait vraiment, nous vivions dans un monde ascientifique. Où les miracles pouvaient être authentiques. Et Dieu exister.

Car ils ont tous deux conscience que nul amour n'est aussi tenace que celui qui n'est en pas payé de retour.

En observant cette nuée tourbillonnante dont forme et direction changeaient en permanence – ce qui faisait d’elle une chose métavivante –, j’ai pensé que tout le mystère dont nous avions besoin nous entourait à chaque instant dans un nuage de petites ou grandes merveilles qu’on ne pouvait voir qu’en les regardant.
Mais j’étais passablement ivre, et sans doute à soixante-dix pour cent amoureux.

Je dois dire que vos coutumes conjugales me crament les neurones.

La puissance et la magie de l’argent ne sont pas dans ce qu’il vous permet de posséder, mais dans ce qu’il vous permet d’être. L’argent est la liberté.