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Citation de babel95


Il faisait froid dans l'appartement et ça sentait l'humidité. Il vérifia le chauffage central et comme de bien entendu la veilleuse s'était éteinte. Pestant, il la ralluma, mit le chauffage au maximum et passa dans le salon.
Les bibelots de Rhona avaient disparu des étagères, de la bibliothèque et de la cheminée, mais leur place était en grande partie occupée par ceux de Rebus : des factures, du courrier attendant d'être ouvert, des traces de canettes de bière bon marché, quelques livres jamais lus. Rebus collectionnait les livres qu'il n'avait pas le temps de lire. A une époque, il lisait les livres qu'il achetait. Mais à présent le temps lui manquait tellement. Il fallait aussi reconnaître qu'il était devenu plus difficile, qu'il ne se forçait plus à lire un livre jusqu'au bout, que celui-ci lui plaise ou non. Maintenant, quand ça n'accrochait pas, il dépassait rarement la page dix.
Ca, c'était pour les bouquins du salon. Les livres destinés à être lus avaient tendance à se retrouver dans la chambre, alignés par terre en rangées comme des patients dans la salle d'attente d'un médecin. Un de ces jours, il prendrait des vacances, se louerait un cottage dans les Highlands ou sur la côte du Fife, et il emporterait avec lui tous ces livres attendant d'être lus ou relus, tout ce savoir sous une couverture qu'il suffisait de rabattre. Crime et Châtiment était son livre préféré ; il le reprenait au moins une fois par an. Si seulement les meurtriers contemporains avaient pu faire preuve d'un peu plus de conscience morale....Mais non, le tueur d'aujourd'hui se vantait de ses crimes auprès de ses potes, puis il allait faire une partie de billard au pub, mettant de la craie au bout de sa queue avec calme et confiance, sachant parfaitement dans quel ordre les boules allaient rentrer....
Et pendant ce temps-là, les policiers se morfondaient dans leur voiture, maudissant les contraintes de la procédure et déplorant les abysses de la criminalité. Le crime était présent partout. C'était le coeurs même de sa vie, son énergie et ses tripes - tricher, louvoyer, esquiver l'autorité, tuer. Plus on gravissait les échelons du crime et plus on se refaisait subtilement une légitimité, jusqu'au point où seule une poignée d'avocats était capable de démonter votre système, mais il y avait toujours moyen d'acheter ces gens-là, qui ne demandaient pas mieux. Ce vieux filou de Dostoïevski l'avait bien compris, lui. Qu'on le prenne par un bout ou par l'autre, le bâton était toujours brûlant.
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