En 1890, des notables arabes de Jérusalem se rendirent en délégation à Istanbul pour y protester contre la « corruption » de Rashad Pasha, le moutassarrif de la ville, qui facilitait aux Juifs l’achat de terres appartenant à des propriétaires féodaux résidant à l’étranger. Cette politique avait exaspéré une population, dont la survie dépendait de ces champs qu’elle cultivait depuis des générations. L’on pointait déjà un doigt accusateur vers les Juifs coupables de déposséder les paysans de leurs moyens de subsistance.
En 1891, une pétition fut envoyée au grand vizir, réclamant qu’il fût interdit aux Juifs d’acheter des terres en Palestine. L’appréhension, l’amertume des Palestiniens s’accentuaient toujours plus.
Une image me transperce les côtes,
elle me contourne
et me dévisage
pour traduire le vacarme inouï
d’une âme trahie par la douleur
même les spectres
se rencontrent,
se concertent
avant qu’ils aient fui.
J’aime sa transe
sa fougue
sa jeunesse
j’aime sa naissance fripée
là où un visage imberbe s’éploie
pour s’envoler rallier son sosie,
là, les cafards déjà momifiés
reposent dans des étuis en zinc ;
les humains vocifèrent quand ils communiquent
entre eux
pourtant elle demeure inaudible.
XXXIII
le verbe en question
comme la pierre
furent un jour retrouvés,
enfouis
dans le corps,
de la déesse en perdition ;
la pierre paraissait intacte ;
(sans répétition)
quand elle fut interrogée,
pour toute réponse, elle gémit,
comme le vent du nord
de la planète en contrition ;
mais elle demeura
mystérieusement
silencieuse
sur leur ultime seconde ;
on découvrit qu'ils avaient fait
une
chute
vertigineuse,
dans un trou noir, creusé
par les Titans
dans leur détresse ;
le verbe renaissait intact.
Ton silence me meurtrit. J'ai pleuré tes morts. Penche-toi sur les miens. Tu as l'obligation morale de ne pas me décevoir.
« Que peut bien peser une modeste famille juive face à la machine qui est déjà en marche ? » continua Isaac.
Anna se rendit à l'évidence.
«Tu as raison, dit-elle, en soupirant, moi aussi je sens que les choses ne vont pas s'arrêter là... »
Elle fit mine de lire ,le guettant du coin de l'œil. Son cœur battait vite. Sur la nuque, ses cheveux noirs sont plus frisés que devant. Des boucles lui caressent le cou. Je n'ai pas encore pu voir la couleur de ses yeux. Il a demandé sa bière avec un accent guttural. Debout, il alluma une cigarette. Il ne la voyait pas, indifférent à sa présence, les yeux rivés sur les machines.