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Citations de Iegor Gran (197)


Le complexe de supériorité, dont souffrent pas mal de peuples, produit parfois un poison mental subtil qui se manifeste chez les Russes dans la certitude qu'ils ont été désignés par quelque puissance divine pour accomplir de grandioses et tragiques desseins - le complexe d'unicité historique. Que sont précisément ces desseins, on l'ignore. On sait seulement qu'ils sont monumentaux, qu'il y a pas mal de souffrance à la clé, et qu'ils dépassent de loin les aspirations très ordinaires des Occidentaux. Ce n'est pas que les Russes sont supérieurs aux autres en force, en intelligence ou en talent, mais cette prédestination occulte les a marqués de son sceau et justifie leur place particulière sur un piédestal.
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Pendant ce temps, Ivanov, comme tous ses camarades de bureau, s'occupe à imiter la démarche chaloupée de Yul Brynner dans Les Sept Mercenaires, l'autre carton du box-office. Un concours officieux a été organisé. C'est Koulakov qui gagne - pour arriver à ce roulement des fesses, il s'est coincé une pièce de 5 kopecks près du trou de balle.
Le numéro est une franche rigolade qui contribue à l'esprit de corps.
Puis ces pitreries cessent. Le colonel Volkov, averti on ne sait trop comment, a trouvé l'exercice indigne des services et moralement douteux.
- Quand vous tortillez ainsi du cul, on dirait des vers de terre après une averse. Laissez ces pitreries aux dégénérés de Hollywood et occupez-vous à montrer l'exemple.
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Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la plupart des zombies sont des gens bien. Ils aiment leurs proches autant que nous. Certains sont impliqués dans des œuvres de charité, d'autres sont des puits de culture ambulants. Une femme zombie, que je ne connaissais pas plus que ça, est venue exprès de Russie pour s'occuper de ma mère gravement malade, avec abnégation et sourire; comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. J'en ai fait l'expérience: on peut prendre le thé avec un zombie et rire ensemble aux souvenirs d'une vieille comédie romantique. Mais dites un mot contre la guerre en Ukraine, osez une moue sur Poutine, le zombie se fige, la gueule ouverte, la mâchoire crispée. À cet instant, il vous boufferait le crâne. Il n'y a plus d'amitié qui tienne, il n'y a plus de famille. Ses propres enfants ne sont plus que viande pour lui.
Vous pensez que j'exagère ? Que je surjoue le mélodrame facile?
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Les transes zombies retranscrites ici, aussi démentes qu’elles paraissent, sont absolument avérées. Rien n’a été exagéré et beaucoup a été omis. Certes, « tous les Russes ne sont pas comme ça », comme le clame la sagesse du bistrot de gare – à laquelle je souscris volontiers. Il n’empêche. La mutation de la Russie en un Zombieland toxique est ce qui a rendu la guerre possible. Il s’agit maintenant de comprendre les rouages de cette folie, ou, à défaut, de s’en approcher, pour pouvoir nous en prévenir, et, éventuellement, soigner les sujets atteints.
[Exergue du livre]
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Le manuel russe du KGB "n’est pas de la haute littérature. Les phrases ont la légèreté du char d’assaut coincé dans un couloir".

(page 16).
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Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la plupart des zombies sont des gens bien. Ils aiment leurs proches autant que nous. Certains sont impliqués dans des œuvres de charité, d’autres sont des puits de culture ambulants. Une femme zombie, que je ne connaissais pas plus que ça, est venue exprès de Russie pour s’occuper de ma mère gravement malade, avec abnégation et sourire, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. J’en ai fait l’expérience : on peut prendre le thé avec un zombie et rire ensemble aux souvenirs d’une vieille comédie romantique. Mais dites un mot contre la guerre en Ukraine, osez une moue sur Poutine, le zombie se fige, la gueule ouverte, la mâchoire crispée. À cet instant, il vous boufferait le crâne. Il n’y a plus d’amitié qui tienne, il n’y a plus de famille. Ses propres enfants ne sont plus que viande pour lui.
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il se rappelle: à une soirée, on faisait les cons et l'on jouait à inventer des journées commémoratives improbables. Dans le calendrier soviétique, il y avait bien une Journée du garde-frontière (le 28 mai), une journée de l'inventeur et du rationalisateur (le dernier samedi de juin), et une flopée d'autres, plus ou moins incongrues. Alors Monocle a crié : "Et pourquoi pas la journée des meurtres autorisés ?"
" En cette journée, tous les citoyens d'Union soviétique âgés de seize ans et plus obtiennent le droit de tuer n'importe quel autre citoyen, à l'exclusion des personnes mentionnées au point un des annexes au présent oukase."
p-155
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« les faits sont souvent désagréables, contrairement à la vérité, qui est toujours du bon côté, à flatter la croupe de la Russie. ».
... la « télévision à la botte du Kremlin. Seule source d’information pour des millions de citoyens » qui diffuse « du gros fake qui tache », petit écran aussi appelé en russe « zombocaisse » une « boite qui sonne creux et rend bête ».
« Ah que Dieu ne lui a-t-il pas donné un deuxième fils ! Elle l’aurait illico envoyé poursuivre la sainte mission du premier. ».
« l’esprit en cuvette de WC pour accepter de bouffer de la merde. ».
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En attendant, la perquisition commence. Il est 15h30. Que de livres dans cette pièce! Un mur entier, du sol au plafond, est blindé par une gigantesque bibliothèque. Pas un centimètre de libre! De toutes les fentes dépassent des papiers, des journaux, il y a des piles par terre, sous la table, sous le lit, partout. Le lieutenant ressent comme de l'admiration mâtinée de terreur. Il en faut du temps pour lire toutes ces pages!
Il se souvient alors que la bibliothèque personnelle de Lénine comportait dix mille ouvrages, comme il l'a appris en visitant la dernière demeure du grand leader aux Collines léniniennes.
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L’infidélité est contraire à l’idéal soviétique. Le communiste véritable ne trompe pas sa femme -non seulement, c’est malhonnête, mais en plus ça pompe les forces vitales et occupe l’esprit qui devrait être tout entier tourné vers le succès de la Révolution.
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Eteindre la lumière quand on sort, isoler les bâtiments, réduire les achats inutiles. Tout le monde le fait, s'efforce de le faire. Pas pour la planète, non, pour soi. L'énergie, l'eau sont devenues tellement chères que personne n'a envie d'en jeter par les fenêtres.

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Un bazar sans foi ni réflexion : les formules inventées un lundi sont modifiées le mardi, deviennent obsolètes mercredi, sont remplacées par d’autres jeudi, elles-mêmes amendées vendredi, et oubliées samedi. Pour une société se réclamant de la rationalité, idolâtrant les modèles mathématiques et les feuilles d’impôts préremplies, ce n’est pas le moindre des paradoxes que d’assister à l’improvisation érigée en principe de gouvernement.
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Comme quoi il faut en donner, à son mari. Qu'on le veuille ou non, tel est le lot de nous autres, pauvres femmes. Chez les hommes, c'est physiologique - à un moment, il faut que la sève sorte ! Sinon, gare à l'effet boomerang. Ce n'est pas la mer à boire, une fois par semaine. Il est soulagé dans son estime de soi, il travaille mieux, il s'investit davantage, le couple se cimente. Pour éviter d'avoir des enfants, il ne faut pas compter sur l'homme pour qu'il se retire. On peut faire des calculs sur l'ovulation. Il existe toutefois une autre méthode, à prendre avec des pincettes. Une méthode dont a parlé leur vieille voisine quand ils habitaient encore dans l'appartement communautaire. Il paraît que penser à des images de contes qui font peur ("Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !"), pendant l'acte ou juste avant, peut faire fuir les enfants, et donc empêche la fécondation.
p-139
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- C'est quand on reste immobile que l'on a peur de son ombre.
- Que faire ?
- Rien.
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Comment apparaît la conscience (et où était-elle avant) ? …
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J'éprouvais un réel plaisir à regarder les gens dans les yeux. Il n'y a pas de meilleur bien-être que le sentiment de supériorité.
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Envisager d’encadrer ou de supprimer les écoles russophones et l’enseignement en russe dans les pays limitrophes, comme le font les pays Baltes ou l’Ukraine, c’est commettre une offense culturelle impardonnable, c’est relativiser l’unicité de Tolstoï, Dostoïevski et Tchékhov réunis. (…) Beaucoup de mes amis russes, y compris libéraux, sont sincèrement outrés. Ils ne comprennent pas ce qu’il y a de pervers dans l’idolâtrie de leurs chers classiques. Ils rient jaune (et tiquent un peu) quand je leur fais remarquer que bien peu de Français voudraient aller tuer leurs voisins suisses ou belges si ces pays éjectaient Molière, Montaigne, Flaubert et Hugo des programmes scolaires.

(p. 89-90)
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Apprivoiser la solitude

En plus du triomphe de la Russie, Svletana rêve d'un mari.

( p.120)
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Quant à Zochtchenko...le virtuose de la phrase courte.(...)
Zochtchenko, qui fait dire à un singe échappé du zoo et confronté aux difficultés de la vie soviétique :" on respire mieux dans une cage.Il faut retourner au zoo dès que l'occasion se présente". Ou prenez ce début de récit pour les enfants: " Quand Lénine était petit, il n'avait peur de presque rien.C 'est hardiment qu'il entrait dans une pièce toute sombre.Il ne pleurait pas quand on lui racontait une histoire effrayante.D'ailleurs, il ne pleurait presque jamais"
Enlevez Zochtchenko, et, soudain, le sinistre voile du quotidien soviétique perd cette luciole qui rendait la vie supportable. Zochtchenko, avec ce sourire en coin qui veut dire : il y a en moi un espace de liberté. Zochtchenko, l'antidote.

( p.64)
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Vanitsa

Car il y a une arrogance à se présenter en vanitsa,féminin de " vatnik", littéralement veste en coton matelassée. Le terme est péjoratif ; on en affuble les amoureux du régime en place, les conformistes batailleurs, les types qui ânonnent les narrations du Kremlin sans se poser de questions. (...)
L'esprit du vatnik est engourdi ; il s'est construit une carapace d'ouate (" vata" , en russe) qui amortit et étouffe les arguments de la raison.On le suppose limité intellectuellement, sous- cultivé ( surtout en histoire), enduit d'idéologie antioccidentale, empli de "fake news" qui se sont fossilisées en certitudes.L'étiquette vatnik coupe les ponts, dresse les murs, réduit la sociabilité.

( p.36)
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