L'insurrection d'octobre 1934 répond à un processus inévitable au moment où le prolétariat asturien fait son analyse de classe du phénomène fasciste qui considère (et l'histoire lui a donné raison) ne pas pouvoir freiner par des coalitions parlementaires ou des alliances de classe mais, bien plus, en supprimant, à la racine, les bases économiques, politiques et sociales qui rendent possible son apparition. Le fascisme se détruit par la révolution sociale.
Ainsi naît une contradiction entre des bases désirant s'extraire, par la révolution, du cadre étroit de la république capitaliste qui a déçu tous leurs espoirs de changement réel, et les cadres socialistes syndicaux et politiques pour lesquels l'objectif principal est le maintien de la République (et de leur pouvoir en son sein) contre les tentatives des droites réactionnaires de la liquider.
Le sixième congrès de l'Internationale communiste, célébré en 1928, avait décrété que l’ennemi principal était le « social-fascisme », auquel, Dans le cas espagnol, vu sa grande implantation, il fallait rajouter « l’anarco-fascisme ». Cette « ample » et « géniale » stratégie du Grand Timonier Staline avait mené, en Allemagne, le réactionnaire Hindenburg à la présidence de Reich, car les staliniens avaient refusé de présenter un candidat commun avec les socialistes qui aurait battu le candidat conservateur, empêchant ainsi l'accession de nazis au pouvoir.
Sans chefs ni organisations, sans consignes ni ordres, sans tactiques et quasiment sans munitions, les ouvriers en armes se sont auto-organisés pour poursuivre l'insurrection, se dotant d'un nouveau comité révolutionnaire, élu à main levée sur la place Fontan à Oviedo lors d'une assemblée. Ainsi, ce fut une nécessité pratique, et non une influence idéologique qui donna naissance à la formation d'une assemblée souveraine de travailleurs armés, à l'instar de tout ce qui s'est produit dans toute révolution prolétarienne.
Si l'avenir est un régime social qui libère l'homme, il n'y a aucune raison de reporter encore le moment de rompre les chaînes.
(Javier Bueno)