Quand on pense à la guerre, on pense d'abord aux fusils et aux bombes. Avec son roman, Ilona Flutsztejn-Gruda nous éclaire sur d'autres dimensions du quotidien de la Deuxième Guerre mondiale, peut-être moins brutales, mais ô combien éprouvantes. L'auteure illustre ainsi que c'est lors des moments où l'humain est poussé à l'extrême que l'on peut voir sa vraie nature, qui échappe souvent à la logique.
« Je n'ai jamais cessé de penser aux morts, aux survivants, à la grandeur et bassesse humaines. Et toujours la même question me hante : Qu'aurais-je fait à leur place? Comment me serais-je comportée? J'avoue ne pas avoir encore trouvé de réponse. »
Les questions philosophiques reviennent constamment au fil de ses tranches de vie. Même si elle ne se les posait pas petite, c'est ici le regard d'adulte mature de l’auteure qui décortique la nature humaine. Et quelle sagesse! Elle se montre plus critique, mais également plus ouverte et prudente, par exemple en se questionnant sur les motivations de certaines bonnes actions : la solidarité sociale au sein d'une ethnie n'est-elle qu'un autre versant insoupçonné du racisme?... Illona Flutsztejn-Gruda réussit vraiment à ébranler plusieurs certitudes qu'on peut avoir. Son évolution et ses péripéties, racontées sans gêne ni détour, surprennent et marquent le lecteur. On ne peut finir son roman que plein d'admiration pour son courage et sa dignité au travers les histoires qu'elle partage, aussi banales ou incroyables peuvent-elles paraitre.
Si on apprécie pouvoir appréhender la guerre sous un nouvel angle, le style descriptif parfois monotone et certaines références plus pointues à la géopolitique de l'Europe de l'Est pourraient cependant décourager certains lecteurs (je souligne à titre d'exemple les multiples références au communisme, qui n'est jamais vraiment expliqué, et qui est de plus en plus critiqué par Ilona et sa mère au fur et à mesure que le conflit se développe).
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