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4.12/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Autriche
Né(e) à : Vienne , le 01/11/1921
Mort(e) à : Vienne , le 11/11/2016
Biographie :

Ilse Aichinger est une romancière et poétesse autrichienne.

Née d'une mère juive qui était médecin et d'un père professeur catholique qui a porté l'uniforme nazi, Ilse grandit, après le divorce de ses parents en 1926, avec sa mère et sa sœur jumelle Helga chez sa grand-mère.

L'Histoire rattrape la famille Aichinger à partir de 1938 : la mère perd son travail, et sa famille maternelle sera totalement anéantie.
Ilse en tant que juive ne peut continuer ses études et est incorporée de force dans l'armée.
Helga réussit à fuir pour l'Angleterre.

À la fin de la guerre, elle commence des études de médecine tout en écrivant son premier texte : Das vierte Tor (La quatrième porte) en 1945. C'est le premier roman publié en Autriche sur les camps de concentration.

En 1946, elle fait sensation avec son essai Aufruf zum Mißtrauen (Appel à la méfiance) : « De notre propre sincérité nous devons nous méfier ».

Ilse Aichinger abandonne ses études de médecine en 1947 pour se consacrer à sa vocation d'écrivain et finir son premier roman Die größere Hoffnung (Un plus grand espoir). Dans celui-ci elle continue à revenir sur les années sombres qu'elle a vécues à Vienne pendant la guerre. Avec ce roman, elle acquiert une certaine renommée.

Aichinger rompt avec l'écriture romanesque pour devenir lectrice dans une maison d'édition.

Entre 1950 et 1951, elle travaille comme assistante à la Hochschule für Gestaltung (école de design inspirée par le Bauhaus) à Ulm en Allemagne.

À partir de 1951, Aichinger fréquente le Groupe 47 et en reçoit le prix l'année suivante pour sa Spiegelgeschichte (Histoire de miroir) parue dans son recueil de nouvelles Rede unter dem Galgen (Discours sous la potence).

Elle rencontre le poète et écrivain Günter Eich dans le Groupe, se marie avec lui en 1953, et en aura deux enfants : Clemens en 1954 et Mirjam en 1957.

Aichinger change de mode d'expression en passant aux pièces radiophoniques comme Knöpfe en 53.

En 1955, la ville de Düsseldorf lui attribue le prix Immermann et elle est faite membre de la Berliner Akademie der Künste (Académie des arts de Berlin) l'année suivante.

Les années suivantes, ses écrits s'éloignent de la description d'une réalité pour aller vers des voyages dans l'imaginaire humain, influencés par le surréalisme comme dans Wo ich wohne.

Son mari meurt en 1972.

Elle change encore de thématique vers 1976 en remettant la langue allemande en question, comme dans le recueil Schlechte Wörter (M
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Bibliographie de Ilse Aichinger   (4)Voir plus

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ilse Aichinger
Dédicace

Je ne vous écris pas de lettres,
mais il me serait facile de mourir avec vous.
Doucement, nous nous laisserions glisser
le long des lunes, une première halte
auprès des cœurs de laine, puis
une autre parmi les loups, les framboisiers
et ce feu que rien n’apaise ; à la troisième,
j’aurais traversé les fines mousses
des nuages raréfiés,
passé sans effort le pauvre fourmillement
des étoiles, pour arriver
dans votre ciel, tout près de vous.
Ilsle AICHINGER - Le jour aux trousses
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Conseil pour le temps présent

Avant tout
tu dois croire
que le jour survient
quand le soleil se lève.
Mais si tu ne le crois pas,
dis oui.
Ensuite,
tu dois croire
et de toutes tes forces,
que la nuit survient,
quand la lune se lève.
Si tu ne le crois pas,
dis oui,
ou approuve en hochant la tête,
cela ils l’acceptent également.
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Les anges de la nuit

Ce sont les jours clairs de décembre, qui ne se font pas d’illusions sur leur propre clarté et ainsi deviennent de plus en plus clairs, qui s’irritent de leur pâleur et accueillent leur brièveté comme une promesse, qui se nourrissent des longues nuits, assez forts pour parvenir sans peine à leur terme, assez forts, assez faibles et doux.
Ce sont les jours qui tirent du noir leur éclat et rien que de lui. Il y en a peu. Car s’il y en avait beaucoup, il y aurait aussi trop de bizarre, trop d’horloges de clocher deviendraient tout simplement l’œil même de Dieu.
Aussi ces jours sont-ils rares afin que le bizarre reste bizarre, afin que les gens revenus de la guerre ne souffrent pas trop souvent de leurs membres arrachés par les balles, ni ne tiennent trop de choses dans leurs mains amputées depuis longtemps par le gel. Qu’ils ne connaissent pas trop la paix de la nuit.
Mais parfois, il y a des nuits comme des oiseaux qui ont oublié de prendre leur vol vers le sud. Ils déploient leurs ailes claires au-dessus de la ville et l’air vibre de leur chaleur, ils rendent encore une fois notre souffle invisible avant le gel. Et quand vient l’heure, ils se dépêchent de
mourir. Ils ne veulent ni long crépuscule ni nuages rouges, ils ne répandent pas leur sang àla vue de tous. Ils tombent des toits et il fait sombre.
Peut-être s’il n’y avait pas ces oiseaux égarés, ces jours clairs de décembre, pas un seul ne croirait encore aux anges, alors que tous les autres en rient déjà, pas un seul n’entendrait les froissements des ailes avant l’aube, alors que tous les autres n’entendent qu’aboyer les chiens...

En ce temps-là, j’ignorais encore que ce sont les anges qui prouvent notre existence.
Ce n’est pas nous qui les rêvons, ce sont les anges qui nous rêvent. Nous sommes les fantômes de leurs nuits claires, c’est nous qui claquons les portes qui n’existent pas, qui sautent par-dessus des cordes qui cliquettent comme des chaînes.
Peut-être devrions-nous être plus doux dans leurs rêves, afin de ne pas leur faire peur...
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Un plus grand espoir

La lune pâlissait.
Ellen essayait de saisir le visage de sa mère. De ses deux bras, elle essayait de saisir ce visage brûlé de larmes sous le chapeau noir. Ce visage qui avait donné au monde chaleur et vérité, ce visage de toujours, ce visage unique. D’un geste implorant, Ellen voulut saisir une fois encore ce premier visage, ce trésor de secrets, mais le visage de sa mère était devenu insaisissable, il s’échappa et devint pâle comme la lune quand blanchit l’aube.
Ellen hurla. Elle rejeta la couverture, essaya de se redresser et saisit le vide. De ses dernières forces elle baissa les barreaux. Elle tomba du lit. Et elle tomba loin.
Personne n’essayait de la retenir. Nulle part une étoile à laquelle s’agripper. Ellen tombait à travers lesbras de toutes ses poupées et de ses ours en peluche. Comme un ballon traverse un cerceau, elle tombait à travers la ronde des enfants dans la cour qui ne voulaient pas la laisser jouer avec eux. Ellen tombait à travers les bras de sa mère.

Le croissant de lune la rattrapa, et, chavirant sournoisement comme tous les berceaux, il la projeta loin de lui. Les nuages n’avaient rien d’un édredon, le ciel n’était pas une voûte bleue. Mensonges, tout cela. Le ciel était béant, mortellement béant, et dans sa chute Ellen comprit que le haut et le bas avaient cessé d’exister. Elles l’ignoraient donc encore, ces pauvres grandes personnes qui appelaient « saut » la chute vers le bas et « vol » la chute vers le haut ? Quand le comprendraient-elles ?
Dans sa chute, Ellen déchira les images du grand livre d’images, le filet des acrobates.
Sa grand-mère la souleva et la remit dans son lit. Brûlants et inexorables comme des courbes de température, la lune et le soleil, les jours et les nuits, montaient puis retombaient.
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Réponse de l’hiver

Le monde est fait de l’étoffe
qui réclame de la considération,
plus d’yeux désormais,
pour regarder les blanches prairies,
plus d’oreilles, pour entendre
dans les fourrés le frémissement des oiseaux.
Grand-mère, où sont donc tes lèvres
pour goûter les herbes,
et qui donc nous fera humer le ciel
jusqu’à la fin ?
quelles joues se frottent et s’écorchent aujourd’hui encore
aux murs du village ?
N’est-ce pas une sombre forêt
où nous sommes parvenus ?
Non, grand-mère, elle n’est pas sombre,
je le sais, car j’ai longtemps habité
avec les enfants à sa lisière,
et aussi il n’y a pas de forêt.
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Partie de la question

Haut sur la place se tient l’eau,
l’air s’élève encore en bulles,
mais ce qu’elles chantent,
ne résonne plus en moi.
Les poissons tournent autour des portails des églises,
qui me donnera la réponse :
Dois-je être dans la montagne
ou dans la maison, avec ceux
qui m’aiment,
dans un regard à la ronde,
les crissements de tous les pas
encore une fois ?
Comme mon pays devient noir,
maintenant tout au fond
se tord vert
le temps.
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Dédicace

Je ne vous écris pas de lettres,
mais il me serait facile de mourir avec vous.
Doucement, nous nous laisserions glisser
le long des lunes, une première halte
auprès des cœurs de laine, puis
une autre parmi les loups, les framboisiers
et ce feu que rien n’apaise ; à la troisième,
j’aurais traversé les fines mousses
des nuages raréfiés,
passé sans effort le pauvre fourmillement
des étoiles, pour arriver
dans votre ciel, tout près de vous.
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Ancienne vue

Je me suis habituée à cette fenêtre
et que la neige tombe au travers de mes yeux,
mais qui a suivi les disparus
par la porte du jardin ouverte,
qui a condamné, ce qui était là,
la citerne de pluie
et la lune comme lune,
toutes les herbes gelées ?
Qui se balançait avant le matin,
tant que les cordes grinçaient,
qui pose la main de cire
sur la fenêtre de la cuisine,
s’est allongé dans le blanc
et me prenait moi-même ?
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Promenade

Puisque le monde ne se réalise que par éloignements,
escaliers des maisons et marais,
et que le tolérable devient suspect,
aussi ne tolérez pas
que derrière vos étables les pies
s’envolent en peu de temps, scintillantes,
pour se précipiter dans les étangs scintillants,
que votre fumée s’élève encore
devant les forêts,
il nous vaut mieux attendre,
jusqu’à ce que les renards d’or
apparaissent dans la neige.
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« Aujourd’hui, la langue ne parle plus, elle a perdu la parole. Nous devons sortir de cette « manipulation », sinon nous sommes tous perdus...Car la fausse langue fait de nous des sans-abri, la vraie langue nous procure une demeure...La langue est le premier et le dernier lieu de la vie. » (Materialen cité par Rose-Marie François).
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