L'énigme de Saint-Olav d'Indrek Hargla
Bande-annonce de L'énigme de Saint-Olav d'Indrek Hargla En librairie le 6 février 2013. Traduit de l'estonien par Jean Pascal Ollivry. En Estonie, au XVe siècle, un haut responsable de l'Ordre...
En l’an de grâce 1419, la Livonie connaissait une relative accalmie. Les Frères Vitaliens avaient été chassés de la mer Baltique, même si le commerce au long cours comportait toujours des périls, les commandants de forteresses et les vassaux voisins des rivages ayant conservé l’habitude de piller les navires aux abords des hauts-fonds côtiers. Les villes échangeaient des missives, exigeant que les pirates soient châtiés et les marchandises restituées. Les deux années précédentes, la Livonie avait été frappée par la famine, car la sécheresse estivale avait ruiné les récoltes. Du coup, les paysans venaient plus nombreux que par le passé chercher travail et subsistance à l’abri des villes fortifiées. Les années de famine allaient encore ponctuer la décennie à venir – la faim était pour l’homme du moyen âge l’un des périls les plus graves et les plus fréquents.
Observer ces hommes et chercher à deviner leurs pensées lui servait aussi à tenir à distance son propre secret redoutable : c'était sa manière de contrôler la malédiction de sa famille, de même que la profession d'apothicaire représentait à la fois la fortune et le malheur des Wakenstede, leur clé pour vaincre ce fléau, mais une clé qui n'était pas forcément efficace, car jusqu'alors aucun de ces ancêtres n'avait trouvé de remède contre ce mal terrible.
Il en va maintenant de l'honneur de Tallinn que le meurtrier soit enchaîné et conduit jusqu'ici, afin que le tribunal des chevaliers puisse le condamner à mort. Il sera enfermé au Grand Hermann et torturé dans les règles, continua spanheim.
— [...] plusieurs femmes de bourgeois qui l’invitaient à entrer chez elles et, là, lui demandaient de leur faire voir son long ustensile et lui faisaient, pour sa peine, des offrandes généreuses. Même, elles ne se contentaient pas de demander qu’il le leur montre, et certaines le touchaient, le maniaient, le caressaient, passaient la langue dessus et allaient parfois jusqu’à le prendre dans leur bouche, pour voir jusqu’à quel point il grandirait.
Distinguer et reconnaître ses péchés n'est pas donné à tout le monde, reprit-il. Plus un chrétien se confesse fréquemment, mieux il comprend où se cachent ses fautes. Certains hommes avouent avoir trompé leur épouse en pensée, mais ils oublient de confesser qu'ils ont volé aux pauvres le peu qu'ils avaient à manger. D'autres s'accusent d'avoir trop mollement châtié leurs ennemis, mais ils ne se reprochent pas d'avoir tué des dizaines d'innocents.
Mais ce que je voulais dire en vous racontant cette histoire, c'est que même si un meurtre a été commis sans témoins on trouve toujours quelqu'un d'assez ingénieux...
-Un bailli par exemple, renchérit Melchior
-Par exemple, et nous venons justement de voir que ce sont en général des gens astucieux et plein de ressource
Racontars, ragots de marché : c'étaient là des choses si dangereuses qu'il valait mieux en prendre connaissance tout de suite, sans délai. Surtout lorsque cela concernait un homme qui portait au cou une chaîne d'or qu'on avait soi-même fabriquée, et que cet homme était mort.
Grâces soient rendues au ciel, il est mort !
– Ce gentilhomme qui parle allemand comme si des pigeons avaient fait leur nid dans sa gorge ? Non, je ne l’avais jamais vu jusqu’à hier, quand il est venu fouiner par ici.
La lèpre ne tue pas : elle fait de toi un infirme, elle te prend tes doigts, tes mains, tes pieds, ta vue, elle t’arrache la peau, mais elle ne tue pas. Une fois que la maladie a fait ses ravages, tu peux vivre encore longtemps et mourir de vieillesse.
Les lépreux les plus vieux se souviennent de leur enfance et la racontent tous les jours.
Mais ce que je voulais dire en vous racontant cette histoire, c'est que même si un meurtre a été commis sans témoins on trouve toujours quelqu'un d'assez ingénieux...
-Un bailli par exemple, renchérit Melchior
-Par exemple, et nous venons justement de voir que ce sont en général des gens astucieux et plein de ressource...