J’étais entre la fenêtre
et l’érable et me demandais pourquoi
j’étais venue au monde et pourquoi
ils étaient venus au monde.
Je me demandais à quoi ils pensaient
quand ils sillonnaient la terre
avec des seaux remplis d’eau
ou de lait. Quand ils empoignaient
le manche de leurs outils
était-ce leurs propres vies
qu’ils saisissaient, en hâte,
comme en passant,
sans désinvolture aucune.
Quand ils remplissaient les seaux
d’eau pour les bêtes et les portaient
à travers les champs parfumés était-ce
leurs propres vies qu’ils offraient
à ces museaux poisseux.
Ils restaient là sous le ciel
à regarder l’eau disparaître
au plus profond de ces ventres ronds,
restaient là à écouter
les gargouillis de l’eau sous la chair.
À quoi pensaient-ils
quand ils restaient là,
quand ils rentraient, lentement,
et les maisons venaient à leur rencontre
et les abritaient de l’averse
violente, encore un clin d’œil
du Tout-Puissant.