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Citation de cousin66


La croyance généralement n’aime pas trop réfléchir sur elle-même, car la certitude et la confiance qui entrent majoritairement dans sa composition ne souffrent- pas – et c’est d’ailleurs curieux – la moindre question, le plus infime soupçon, la plus imperceptible fêlure. Ces deux qualités, la certitude donnée par la confiance, sont les deux colonnes principales du temple mental de nos croyances : n’y touchez pas, ou tout s’effondrera. Le drame humain est que ces deux colonnes porteuses de nos constructions psychiques les plus précieuses, comme l’amour, l’amitié, l’engagement politique, la foi religieuse, sont fragiles en ce qu’elles ne supportent pas le moindre effleurement. Et justement, l’autre ennemi de ces deux vertus si fortes et si fragiles est le puissant levier dramatique et romanesque du déclic. L’incident, la circonstance, ou plutôt ce mélange destinal du hasard et de l’événement que les Grecs appellent kairos, cette chose redoutable, a donc effleuré les colonnes du temple qui s’effondre. C’est pourquoi, en terre de confiance et de certitude où se dressent nos édifices religieux et nos palaces amoureux, la tragédie de la fêlure imperceptible est beaucoup plus intrigante que les bruyantes destructions d’idoles, ou la lente érosion des traits des dieux. Le vase brisé de Sully Prudhomme contient cette profonde vérité anthropologique sur la croyance en général, amoureuse et religieuse. Pour cet amour-là, il a suffi de la fêlure d’un coup d’éventail sur le vase en cristal de l’amour, « Le coup dut l’effleurer à peine (…) N’y touchez pas, il est brisé. En matière de foi, celle de l’amoureux comme celle du religieux, fêlure vaut brisure. (p. 111-112)
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