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4.31/5 (sur 26 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Princeton, New Jersey , le 28/03/1968
Mort(e) le : 09/11/2004
Biographie :

Iris Shun-Ru Chang est une historienne et journaliste américaine d'origine chinoise connue pour son best-seller The Rape of Nanking (Le Viol de Nankin) (1997) qui raconte l'histoire du massacre de Nankin.

Elle est titulaire d'un diplôme en journalisme de University of Illinois (1989) et de science writing de Johns Hopkins University (1991).

Elle s'est suicidée après un épisode dépressif.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De fait, même au regard des standards de la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité, le Sac de Nankin représente l'une des pires instances de l'extermination de masse. Pour tenter de l'imaginer, penchons-nous encore sur quelques statistiques. A Nankin, le nombre de morts dépasse celui de certains pays pendant l'ensemble du second conflit mondial : la Grande-Bretagne perdit 61 000 civils, la France 108 000, la Belgique 101 000 et les Pays-Bas 242 000. Aux yeux des spécialistes de ces questions, les bombardements aériens représentent l'un des instruments les plus atroces de destruction massive. Et pourtant, aucun des raids les plus meurtriers ne dépassa les ravages de Nankin. Il est probable que les morts y furent plus nombreux qu'à Dresde lors de l'expédition britannique sur la ville et de l'incendie qui s'ensuivit (à l'époque, on avança le chiffre de 225 000 morts mais des rapports plus objectifs parlent aujourd'hui de 60 000 morts et de 30 000 blessés). Quoi qu'il en soit, que l'on se réfère au chiffre le plus faible - 260 000 - ou le plus élevé -350 000 - il est choquant de constater que le nombre des victimes de Nankin dépasse de loin celui des raids américains sur Tôkyô (entre 80 000 et 120 000 morts) et même les scores des deux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki à la fin de 1945 (estimés respectivement à 140 000 et 70 000 morts.)
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[...] ... Un historien, un jour, estima que, si les morts de Nankin pouvaient se donner la main, ils formeraient une chaîne jusqu'à Hangzhou, à deux cents kilomètres de là. Leur sang pèserait 1 200 tonnes et leurs cadavres rempliraient 2 500 wagons de marchandises. Empilés les uns sur les autres, ils auraient la hauteur d'un immeuble de soixante-quatorze étages.

Le massacre de Nankin dépasse en nombre de tués la plupart des pires crimes de tous les temps. Les Japonais battirent dans l'horreur les Romains à Carthage (qui n'avaient fait "que" 150 000 morts), les armées catholiques pendant la période de l'Inquisition et même certaines des atrocités de Tamerlan qui massacra 100 000 prisonniers à Delhi en 1398 et édifia deux tours de crânes en Syrie en 1400 et 1401.

Certes, au cours du XXème siècle, quand les outils du meurtre de masse furent parfaitement au point, Hitler tua environ six millions de Juifs et Staline, plus de quarante millions de Russes, mais il fallut plusieurs années pour arriver à de tels résultats. A Nankin, la tuerie fut concentrée sur quelques semaines.

De fait, même au regard des standards de la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité, le Sac de Nankin représente l'une des pires instances de l'extermination de masse. Pour tenter de l'imaginer, penchons-nous encore sur quelques statistiques. A Nankin, le nombre de morts dépasse celui de certains pays pendant l'ensemble du second conflit mondial : la Grande-Bretagne perdit 61 000 civils, la France 108 000, la Belgique 101 000 et les Pays-Bas 242 000. Aux yeux des spécialistes de ces questions, les bombardements aériens représentent l'un des instruments les plus atroces de destruction massive. Et pourtant, aucun des raids les plus meurtriers ne dépassa les ravages de Nankin. Il est probable que les morts y furent plus nombreux qu'à Dresde lors de l'expédition britannique sur la ville et de l'incendie qui s'ensuivit (à l'époque, on avança le chiffre de 225 000 morts mais des rapports plus objectifs parlent aujourd'hui de 60 000 morts et de 30 000 blessés). Quoi qu'il en soit, que l'on se réfère au chiffre le plus faible - 260 000 - ou le plus élevé -350 000 - il est choquant de constater que le nombre des victimes de Nankin dépasse de loin celui des raids américains sur Tôkyô (entre 80 000 et 120 000 morts) et même les scores des deux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki à la fin de 1945 (estimés respectivement à 140 000 et 70 000 morts.) ... [...]
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[...] ... Si l'échelle et la nature des exécutions qui prirent place à Nankin sont pour nous difficiles à comprendre, il en va de même pour les viols.

Il s'agit sans aucun doute de l'un des plus grands viols collectifs de l'histoire de l'humanité. Selon Susan Brownmiller, auteur du livre de références en la matière, "Against our will : Men, Women & Rape / Contre Notre Gré : Hommes, Femmes & Viol", Nankin fut probablement l'exemple le plus important de viols de guerre infligés à une population civile à l'exception du traitement dont furent victimes les Bengalaises de la part des soldats pakistanais en 1971 (entre 200 000 & 400 000 femmes auraient été violées au Bangladesh pendant les neuf mois de terreur qui suivirent l'échec d'une rébellion) : les viols surpasseraient en nombre ceux qui furent commis en ex-Yougoslavie quoi qu'il soit difficile de se prononcer avec certitude à cause du manque de fiabilité des statistiques en la matière.*

A Nankin, les estimations vont de 20 000 à 80 000 femmes violées. Mais nous ne connaîtrons jamais le tribut psychologique payé par les victimes. Certaines survécurent et se retrouvèrent enceintes de leurs bourreaux. Le sujet est si sensible qu'il n'a jamais été étudié en détail. A ma connaissance et à celle des officiels chinois responsables du mausolée en l'honneur des victimes du Massacre de Nankin, aucune femme n'a jamais reconnu avoir eu un enfant à la suite des viols. Selon un sociologue américain présent à Nankin à l'époque, de nombreux nourrissons sino-japonais moururent noyés ou étouffés à la naissance. On ne peut qu'imaginer la culpabilité, la honte et le dégoût de soi que durent subir les femmes confrontées au choix d'élever un enfant qu'elles seraient incapables d'aimer, ou de commettre un infanticide. Beaucoup furent incapables de choisir : un diplomate allemand raconte qu'entre 1937 et 1938, un nombre incalculable de femmes mirent fin à leur jour en se jetant dans le Yangzhi.

Nous savons en revanche qu'il fut très facile d'être victime de viol à Nankin à l'époque. L'occupant ne faisait pas de distinctions de classes : fermières, étudiantes, enseignantes, cols blancs et cols bleus, épouses d'employés du YMCA, professeurs d'universités et même nonnes bouddhistes, dont certaines furent violées en groupe jusqu'à ce que mort s'ensuivît, toutes étaient des victimes potentielles. Les soldats étaient systématiques dans leurs recherches de femmes dès qu'ils pénétraient dans une maison. Certains se livrèrent à un véritable porte-à-porte, exigeant de l'argent et des hua guniang - des jeunes femmes.

* : le livre de Susan Brownwiller date notamment d'avant la guerre au Rwanda qui pourrait sans doute figurer en bonne place dans ce macabre palmarès. ... [...]
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