AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Isaac Rosa (17)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Heureuse fin

Aaaaaah les hommes, italiens, francais, espagnols, ..... modèles universels 😆!

L'amour pour Antonio se résume à baiser « furieusement sur chaque surface de la maison, sur le plan de travail, sur la table, dans la douche, sur le canapé, par terre, contre les murs, les fenêtres et j'irais jusqu'à dire les plafonds. », sinon NADA !

Voila pourquoi il demande le divorce à Angela, et hop en avant la mascarade !Tant d'encre déversée pour relater la fin d'un amour, d'une liaison, d'un mariage , pourtant l'inéluctable, puisque dans ce monde, tout a une fin !



Délitement d'un mariage conté à rebours, où le mari l'autopsie, du regard d'un médecin légiste ( " ...nous en sommes ......à identifier des blessures sur le cadavre et à signaler les cicatrices, toutes petites, toutes mortelles, qui blessent toutes et dont la dernière tue"..), alors que la femme laisse libre cours à sa sensibilité doublée de bon sens.....Deux individus qui "partagent" leurs vies, leurs lits, leurs espoirs, leurs désirs, leurs peurs,....avec des petits incidents de parcourt, engendrent des enfants et un beau jour se deviennent de parfaits étrangers .....”comment est-il possible que ces êtres si étrangers aient pu un jour tomber amoureux l'un de l'autre et désirer un avenir partagé ?"



Un roman à deux voix qui raconte l’infinie solitude des êtres même en couple, “chacun dans son puits “, d'un auteur espagnol qui m'était jusqu'alors inconnue. Il en profite aussi pour dresser un portrait de la société espagnole contemporaine, embourbée dans la crise économique. Antonio est journaliste, Angela enseignante. Tous les deux ont du mal à ficeler leurs fins de mois, situation qui va empirer, une fois séparés.

Le titre « Heureuse fin » ici est à connotation ironique, faisant référence à la fin même du livre, qui racontant l'histoire à rebours remonte le temps, pour en arriver aux débuts heureux , “Tu as tourné la tête et nos regards se sont croisés, et nous les avons soutenus,... comme pour dire oui, et c'est là que notre histoire commence.”

Bien que ce soit un sujet déjà réchauffé à toutes les sauces, c'est dans cette forme contée à rebours, que réside la force du récit. S'y ajoute l'ironie discrète de l'auteur qui nous sert tous les clichés, en apparence supposés paramètres de "bonheur ", et qui partent en fumée 😁 ! Déconseillé à tout lecteurs et lectrices en couple 😆!



Pour terminer,

Tout a une fin, c'est vrai et pourquoi pas ne pas l'accepter comme les débuts?

Pourquoi ne pas réajuster nos attentes vu que les choix sont limités? Pourquoi en faire un drame, farfouiller le passé pour se disculper du soi-disant échec, au lieu de le considérer comme une issue naturelle de la vie, et vivre en paix avec ? Que ce qu'on a vécu de beau et heureux pourquoi ne pas le mettre dans le bilan positif de notre vie, sans le faire annuler par la fin négative inéluctable?......





"..., dés l'instant où nous avons formé un couple, le compte à rebours a commencé;"

Par ces jours difficiles surtout dans la région où je vis, cette Heureuse Fin où l'amour dégouline, ne peut que me faire sourire......aaaah l'insoutenable légèreté de l'être !
Commenter  J’apprécie          8635
La pièce obscure

Éteins la musique, éteins la lumière. Montre-moi ton côté sombre. Tout le quartier est dans le noir. Que faire… Une main qui se pose sur ma cuisse, une main qui descend ma fermeture éclair, une main qui prend mon sexe, va-et-vient qui le fait se durcir, une bouche qui englobe mon sexe, totalement dur et dressé dans l'obscurité la plus totale. A qui appartient cette bouche, c'est tout le plaisir d'imaginer le partenaire, de prendre cette inconnue, de la retourner et de la sentir jouir… en silence. le noir et le silence dans « la pièce obscure ».



Cette pièce obscure deviendra un lieu de débauche d'un groupe d'amis. Unis le samedi soir. Des rencontres d'un soir, de plusieurs soirs, des partenaires changeants, des partenaires réguliers. Baiser dans le noir, dans cette pièce calfeutrée et insonorisée, imaginer l'autre, ses formes, son parfum, l'odeur de sa peau, écouter la respiration de l'autre, jouir dans le silence absolu, règle d'or de ce lieu, aucune parole. Chaque samedi soir, puis chaque soir, puis dans la journée aussi. Ce lieu est un cabaret sexuel, échange de liquide séminal, sueur sur la moquette, foutre sur le canapé. La movida, façon Almodovar.



Les années passent, les temps changent, la crise bouscule les habitudes. Ou presque. La pièce obscure reçoit toujours ses fidèles, pas des obsédés, juste des personnes voulant prendre du plaisir et jouir dans le noir et le silence. Déverser ses peurs et ses craintes dans le con de cette inconnue qui a si bien pris ton membre en bouche. Certains prennent du recul (non je ne ferais pas de jeu de mots avec ce verbe, comment veux-tu…), des familles se fondent, des enfants naissent, continuer ses rencontres, s'abstenir de la jouissance extrême, chacun son trip, chacun libre de mener son existence.



Les années défilent, la crise est présente à chaque coin de rue. Ils ont perdu leurs emplois, ils ont perdus leur famille, ils ont tout perdu, même espoirs et rêves. La crise fait peur. Et cette pièce obscure devient alors un refuge, un lieu où l'on vient pour pleurer en silence, pour réfléchir sur sa propre vie, sur son monde. Elle ne sert plus seulement à la luxure et à l'organisation de partouzes entre amis fidèles mais trouve justement une nouvelle fonction, celle de pièce à soi où l'on s'enferme pour écouter maintenant sa propre respiration, pour échapper dans le noir et le silence aux bruits lourds des manifestations, des cris à la révolte, des appels aux secours lancés à chaque coin de rue. La pièce obscure, le nouveau refuge de cette société espagnole devenu triste et apeurée.



Ce roman d'Isaac Rosa, jeune auteur sévillan de 1974, fut une formidable découverte que je dois à Babelio et Christian Bourgois Éditeur. Un choc tout d'abord, cette pièce obscure où les partouzes libres titillent mon esprit, tendance légèrement libidineuse. Puis, je découvre petit à petit, en douceur même, la profondeur de ce roman (non, je ne parle pas que de con et de cul) avec cette véritable radiographie de la société contemporaine espagnole de ces dernières années. Je suis passé des années Movida façon Almodovar dans le foutre des soirées libertines aux années Indignados dans la misère de la rue. Une plume brillante et magistrale qui oscille à merveille entre la légèreté et l'indignation. J'aimerais, moi aussi, avoir cette pièce obscure et m'enfermer à l'intérieur, y noyer mes rêves oubliés, abandonnés même, ma vie, déverser mes larmes, mon sperme, caresser, lécher, baiser aussi et surtout me retrouver avec moi-même. Seul. Dans le noir et le silence. le silence pour écouter les coeurs battre.
Commenter  J’apprécie          562
Aquí vivió

Pour sa première incursion dans le roman graphique, l'Espagnol Isaac Rosa, auteur de La mémoire vaine et de La pièce obscure, s'intéresse au drame des expulsions engendrées par l'explosion de la bulle immobilière. En Espagne, environ 600 000 personnes ont perdu leur logement depuis le début de la crise. C'est le parcours de l'une d'entre elles que va croiser Alicia, une jeune adolescente pleine de tristesse. Contrainte de déménager après la séparation de ses parents, elle trouve dans l'une des chambres de son nouvel appartement le journal intime de l'ancienne occupante, une fille de son âge, puis reçoit une bien étrange visite. Alicia va apprendre que les lieux ont une mémoire et qu'ils gardent les traces des vies qui nous précèdent .



Isaac Rosa et Cristina Bueno pour les illustrations nous dévoilent avec beaucoup de pudeur un drame parmi des milliers d'autres, parmi cette majorité silencieuse qui a préféré avoir faim plutôt que de ne pas honorer le paiement de ses prêts immobiliers à taux variables et qui a fini quand même à la rue, une rue qui en rejoint des milliers d'autres, désertées, abandonnées, fantômatiques. « No queremos una España de proletarios, sino de propietarios », s'exclamait un ministre en 1959 mais le rêve de la propriété pour tous s'est terminé pour beaucoup en véritable cauchemar. Un cauchemar teinté de bleu et de vert avec ces illustrations de Bueno, qui font de Aquí vivió. Historia de un desahucio une lecture pudique et touchante sur les expulsés, les Okupas, et les mouvements citoyens créés pour faire valoir des droits fondamentaux, ceux du droit au logement et à la dignité.

Le parcours initiatique de la jeune Alicia offre un beau complément de lecture à l'essai d'Antonio Muñoz Molina, Tout ce que l'on croyait solide et aux deux romans de Rafael Chirbes, Crémation, et Sur le rivage, sur les mêmes thématiques.
Commenter  J’apprécie          400
Heureuse fin

Voici une histoire qui n'a rien de drôle, puisqu'il s'agit du dépeçage, oui, je pense qu'il n'y a pas d'autres mots, du dépeçage d'une séparation amoureuse. Les deux protagonistes s'expriment tout à tour sous la plume de cet auteur espagnol que je découvre. Ils jettent souvent leur vécu à la tête de l'autre sans véritablement l'écouter, en parallèle, comme enfoncés chacun dans son puits profond de pierre, selon l'image parlante de l'auteur.

Et donc je ne vais pas dire que j'ai galopé dans cette lecture, mais plutôt avancé pas à pas pour finalement être prise sous le charme ou l'emprise de ce compte-à-rebours amoureux, qui sous les affres de la séparation raconte combien cet homme et cette femme se sont aimés d'amour, pas simplement aimés, pour reprendre l'expression d'Isaac Rosa. On ne peut que se reconnaître dans cette joute verbale, à part ceux qui en sont toujours au temps de leur premier amour.



Merci aux éditions Christian Bourgois, dont j'apprécie toujours la qualité du travail éditorial, pour cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          280
La pièce obscure

La pièce obscure...

Si je devais définir en un mot ce livre, la première idée qui me vient à l'esprit est le mot « dérangeant » ; mais en même temps, il exprime une profondeur qui dépeint le monde contemporain vu par une génération, avec une grande lucidité et sans complaisance.

L'histoire débute d'une façon impersonnelle, un groupe de personnes indéfinies louent ensemble un local qu'ils utilisent selon leurs besoins (bureau de travail, salle d'études etc). Au sous-sol ils aménagent une pièce avec des matelas, des tapis, ils sont jeunes et prêts à tous les excès (boissons, fumerie). Un jour par accident, une panne d'électricité survient, et ainsi naquit la pièce obscure.

Cette caverne accueille « un mélange de tas de corps en un seul, monstrueux, qui se masturbait avec plusieurs bras, se léchait lui-même, un seul corps tentaculaire qui déplaçait tous ses bras, toutes ses jambes ».

Tout ce qui gravite à l'extérieur de la pièce obscure est pris dans le flot continu de la vie, ressentit comme une roue qui tourne sans cesse à en donner le tournis, alors qu'à l'intérieur, le temps reste figé, consolateur, une fenêtre de repos bienveillante.

Ces personnages indéfinis commencent petit à petit à se définir, se caractériser : »le menteur, la vipère, l'intello, le salaud... » Mais le centre d'intérêt pour chacun reste encore la pièce obscure, où ils ont la possibilité de se chercher, « une caverne où les participants prennent de l'énergie pour affronter l'extérieur ».

C'est le moment de la maturité, chacun est happé par ses obligations, et la pièce obscure s'éloigne peu à peu de nous, les personnages s'identifient, Pablo, Maria, Silvia, Jesus, on découvre leurs liens, leur vie, leurs actions. C'est la période des choix difficiles, la crise économique est arrivée, le chômage de masse, les expulsions, puis viennent les manifestations, les actions de lutte, les événements ne sont pas fictifs mais bien réels, comme la manifestation anti-global qui a eut lieu à Gênes où un jeune étudiant a été tué par la police, et la violence policière contre des jeunes manifestants pacifiques lors de leur sommeil dans une école.

Ce récit est entrecoupé par la description de personnages inconnus qui sont filmés devant leur ordinateur. Je vous laisse la surprise de découvrir qui ils sont et pourquoi ils sont là.

Les personnages toujours reliés à cet espace obscur doivent un jour faire un choix qui déterminera leur avenir.

Une génération, ou certains n'étaient pas préparés au renoncement, et continuent à vivre dans leurs illusions, d'autres qui s'adaptent et anticipent trop vite, et ils sont pris dans les filets de la désobéissance.

Ce n'est pas un livre tendre, l'auteur hache sans complaisance toutes les situations de l'existence avec brio, sa prose devient subtile et élégante quand il nous invite dans cette communion de groupe.

Même si au début, je lisais ce livre comme un spectateur méfiant, un seul œil dans le trou de la serrure, petit à petit je me suis sentie happée à l'intérieur de la pièce obscure, quelque fois avec dégoût, d'autre fois avec curiosité, mais à la fin, oui j'ai aimé ce livre dérangeant.



Merci à l'équipe de Babélio qui m'a permis de découvrir cet auteur très intéressant.

Commenter  J’apprécie          100
Heureuse fin

Un roman d'amour en forme de compte à rebours inversé.

Le point de départ est la fin de l'histoire, la séparation d'un couple. Puis on remonte le temps, un roman chorale où l'homme, Antonio, et la femme, Angela, s'interrogent sur leur vécu, tirent à bout portant des reproches, exhument leur rancœurs, comme s'ils faisaient un concours pour savoir qui a eu raison le plus souvent et qui s'est trompé le plus souvent. Les versions concordent autant qu'elles divergent.



Pour ce couple, persuadé qu'eux ils vieilliraient ensemble, le constat est souvent douloureux, parfois amer, mais doux et tendre aussi.

A la lecture de ce beau texte, on ne peut que constater combien dans l'amour comme dans la séparation, toutes les histoires sont uniques et pourtant si universelles.



Le style d'Isaac ROSA donne de la profondeur à cette histoire et rend la lecture vraiment très agréable, j'ai particulièrement aimé le jeu des métaphores et surtout les longues énumérations, et j'ai bien envie de découvrir d'autres de ses romans.



Merci beaucoup à l'opération masse critique de Babelio et à Christian Bourgois éditeur pour m'avoir permis de découvrir ce beau roman.
Commenter  J’apprécie          42
Heureuse fin

Antonio erre dans son appartement presque vide. Lui et sa femme, Angela, se séparent après 13 ans passés ensemble et deux enfants. Pourtant, ils en étaient persuadés, ils allaient vieillir ensemble. Antonio s'interroge : comment en sont-ils arrivés là ? Angela et lui cherchent à comprendre, à trouver le moment où le point de non-retour a été franchi. Ils épluchent leurs souvenirs, leur vie commune, leur rencontre. "(...) je me demande quand tout a foiré, quand tout est devenu irréversible , irrémédiable. Moi aussi, je me demande, murmurais-tu et j'insistais, si nous pouvions remonter le temps, remonter notre vie comme on remonte un fleuve depuis son embouchure, creuser verticalement dans notre passé, en soulevant chaque couche, jusqu'où crois-tu que nous devrions aller, à quel moment étions-nous encore à temps de toute arranger ?"



"Heureuse fin" est l'histoire du délitement de l'amour d'Angela et Antonio, la dissection minutieuse de leur échec. La manière dont Isaac Rosa a choisi de nous raconter cela est la force et l'originalité du roman. Le livre commence par l'épilogue et remonte le cours des treize années de vie commune d'Angela et Antonio pour aboutir au prologue. Les voix des deux protagonistes alternent dans les chapitres. Dans certains, nous n'écoutons qu'Antonio ou qu'Angela, parfois leurs propos se développent en parallèle. Et ce qui est très beau et très réussi, c'est que les deux voix se confondent dans les derniers chapitres, sont à l'unisson et forment un seul et même récit : celui des débuts de leur amour.



Le cœur du livre est bien entendu la fin triste et déchirante d'un amour. Isaac Rosa montre la rancœur, la mesquinerie des reproches que l'on fait à l'autre. Les défauts que l'on trouvait charmant au début se transforment en argument pour justifier la séparation. Tant de non-dits accumulés, tant de frustration amènent la cruauté, la violence des adieux. Isaac Rosa propose également des causes extérieur au divorce d'Angela et Antonio. Celles d'une Espagne en crise, d'une précarité financière qui inéluctablement sépare les amoureux (Antonio produit un graphique qui montre que le déclin de leur compte en banque accompagne celui de leur amour). L'auteur s'interroge également sur l'amour aujourd'hui, l'amour est-il un marché comme les autres ? Est-il victime du capitalisme ? Le propos peut paraitre glaçant et très loin de l'idée romantique que l'on peut se faire de l'amour. Mais le roman ne se nomme pas "Heureuse fin" pour rien. En terminant sur la rencontre d'Angela et Antonio, il nous laisse sur une note lumineuse et sur la conclusion que "L'amour est inénarrable (...) Toute tentative de raconter l'amour est condamnée à l'échec."



"Heureuse fin" d'Isaac Rosa est l'autopsie d'une histoire d'amour racontée de manière originale : de sa fin à son début en alternant les voix des deux protagonistes. Un roman qui réussit à renouveler le thème de la rupture avec intelligence et lucidité.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
Commenter  J’apprécie          40
Heureuse fin

Voici un roman assez dévastateur qui a fait un tabac et fût considéré comme meilleur livre de l’année 2018 en Espagne. Un film devrait être tourné par Helena Taberna.



C’est une énième histoire racontant le naufrage d’un couple.



Le montage du livre est assez original car nous commençons par l’épilogue et au fil des chapitres reculons de 13 années jusqu’à l’époque de leur rencontre. Une autre originalité en est le type des caractères d’écriture : caractères normaux pour lui (Antonio) et italique pour elle (Angela). C’est un roman à deux voix avec Antonio journaliste et Angela, professeure; au début chacun aura son chapitre puis au fil du roman, ils vont partager les chapitres pour finalement partager les paragraphes, ce qui colle avec le récit: plus il est ancien, plus Antonio et Angela sont proches.

De ce fait, j’ai trouvé qu’il y a pas mal de répétitions dans le texte car au bout de 13 années, les choses devront se reformuler maintes fois.



C’est un roman d’un réalisme tel que cela devient hallucinant. Je pense que beaucoup de lecteurs se sentiront impliqués à un moment ou à un autre. Il est difficile de ne pas imaginer une forte dose d’autofiction, bien que l’auteur ait déclaré avoir réalisé beaucoup d’entrevues pour se documenter.



Que s’est-il passé avec Antonio et Angela au bout de 13 années, 2 enfants et pas mal de problèmes conjoncturels ?



En gros et comme souvent, la routine a tué leur désir et leur communication était défaillante.

Le récit du quotidien du couple est tellement bien vu, tellement fort émotionnellement que le lecteur peut se sentir voyeur et pas mal dévasté.

Pour l’écrivain c’est un roman politique car il est très lié à l’ordre social que doivent affronter les couples de nos jours, car, in fine, malgré les bruits et la fureur régnantes, les couples sont souvent très seuls et doivent faire des choix difficiles.



Un roman original, très personnel qui ne se lit pas, mais « se sent ».
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
Commenter  J’apprécie          30
Heureuse fin

Antonio et Angela ont vécu une passion amoureuse intense. Ils se sont mariés, ont eu deux filles. Puis l’amour s’est tari et le couple se sépare.

C’est à ce moment que le livre commence, alors qu’Antonio quitte l’appartement maintenant vide et referme la porte de la vie commune avec Angela.

A partir de là, Isaac Rosa remonte le temps et nous raconte l’histoire de ce couple à rebours.



Sous la forme de deux monologues qui se répondent, le récit présente les points de vue de l’un et l’autre des membres du couple. Et chacun refait l’histoire, analyse, explique, accuse et retrace tous les grands et petits moments qui ont jalonné les treize ans de vie du couple.



J’ai beaucoup aimé ce parti pris narratif de remonter le temps depuis la séparation jusqu’aux premiers émois amoureux.



Chaque événement est vu par chacun des deux : l’arrivée des enfants, la place du travail, les soucis économiques, les infidélités, les non-dits, les incompréhensions, le point de bascule à partir duquel la fin s’annonce inéluctable.



Il faut reconnaître que ce n’est pas un livre très optimiste sur le mariage et la vie de couple. Angela et Antonio ont chacun cumulé beaucoup de rancœur et de désillusions au cours de ces années.



Isaac Rosa explore le thème archi-connu de la séparation mais y ajoute une profondeur particulière, loin d’un romantisme illusoire et plus ancré dans la réalité d’une vie quotidienne qui use et éloigne.



C’est à la fois triste et très beau, porté par un style riche et foisonnant et une construction du récit précise qui mène le lecteur au cœur d’une réflexion passionnante sur les relations amoureuses, le temps qui passe et les attentes déçues.

Commenter  J’apprécie          20
La pièce obscure

Un groupe d'amis décident de créer une pièce obscure. Dans celle-ci, ni lumière ni paroles : l'obscurité la plus totale et un silence imposé à tous. Au départ principalement utilisée à des fins charnelles, la pièce va petit à petit prendre le rôle de tanière, de refuge dans un monde en perte de vitesse.



 Écriture particulière, au rythme presque proustien, pour dépeindre la société espagnole depuis les années nonante jusqu'à maintenant. ❤️
Commenter  J’apprécie          10
Heureuse fin

"L'amour est inénarrable."

Les mots pourtant donnent une réalité.

Les mots racontent.

Les mots permettent de se raconter.

De raconter une histoire commune.

Les mots construisent une histoire commune.



Les mots ouvrent une histoire d'amour, ils en causent souvent la fin. Lecture d'un message, découverte d'un mail; l'écrit prend le relais de la parole, des promesses et des mots doux. Les lettres s'assemblent, prennent forme. Leur poids s'inscrit de toute sa force et l'absence de précaution écrase le lecteur indiscret de sa réalité tragique.

Les mots marquent le temps.

Ils racontent le passage du temps, disent les souvenirs et évoquent les anecdotes.

Les mots créent le temps. Leur temps.

Quand le début de l'histoire est réécrit par la fin, la fin de l'histoire est le début du récit.

Début et fin se confondent. En avant, à rebours, les mots suivent leur temporalité propre. Jusqu'à en marquer l'arrêt.



Quand la relation vient à s'arrêter, que l'absence prend toute la place, les mots comblent le vide.

Ils donnent corps à la douleur, la mettent à distance. Se muent en métaphores pour permettre de l'apprivoiser.



La parole blesse, les mots heurtent.

Le récit se fait discours théâtral.

Chacun enfermé dans son rôle, l'échange de répliques est un renvoi de reproches.

Chaque parole prononcée, chaque mot écrit est un missile.

Ceux qui jadis unissaient , éloignent à présent.

Les mots construisent, fondations solides comme la pierre d'une histoire commune.

La parole détruit, flot incontrôlable qui emporte tout sur son passage.



Le mot est un début. Le début d'une phrase. Le début d'une histoire. Le début d'une relation.

Le mot est une fin. FIN.

Et c'est là que tout commence...



"Heureuse fin " est l'histoire d'une relation amoureuse qui commence par la fin, racontée par les deux protagonistes. Sa temporalité originale à rebours permet l'échange de points de vue et la confrontation des souvenirs communs, qui tournent parfois malheureusement à la simple confrontation. Les phrases longues et denses et les nombreuses répétitions renforcent le poids des mots , sujet de réflexion du livre. Des mots parfois trop nombreux, qui s'agglomèrent en logorrhées perdant un temps le lecteur. Avant de le retrouver autour d'un récit brillamment construit.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
Le pays de la peur

La peur, toutes les peurs : les peurs cultivées, alimentées, les peurs que nous connaissons tous, les peurs auxquelles nous cédons plus ou moins, elles sont toutes là, détaillées comme dans un véritable catalogue sous forme de chapitres entrecoupés de l'histoire de Carlos aux prises avec ces peurs et l'engrenage de sa lâcheté.

Un très bon roman, très efficace et prenant.

Commenter  J’apprécie          10
La pièce obscure

Parce qu'ils ont fortuitement expérimenté, à l'occasion de l'obscurité provoquée par une coupure d'électricité dans la salle louée pour leurs réunions amicales, une ébauche d'ébats collectifs, ils ont décidé de créer un lieu où ils pourraient, quand bon leur semblerait, se replonger dans des conditions propices à cette communion des corps.



Ainsi est née la pièce obscure, où le moindre rai de lumière a été occulté, où le silence s'est naturellement imposé, et où durant quinze ans, ces amis se sont retrouvés, au fil de réunions au départ hebdomadaires puis d'allées et venues aléatoires, parfois tous ensemble, parfois à deux, à trois, à quatre, ignorants la plupart du temps de l'identité des autres membres présents, protégés par un anonymat permettant à la fois intimité et désinhibition.



La pièce obscure est peu à peu devenue bien plus que la simple possibilité d'expériences sexuelles. Espace de méditation, refuge, lieu d'isolement, ses diverses fonctions témoignent des évolutions et des bouleversements que la vie, au-dehors, a imposé à ses occupants...



Par l'intermédiaire d'une narration omnisciente, portée par un "nous" qui donne à entendre les voix de toute une génération, le lecteur assiste aux mutations sociétales qui ont, en l'espace d'une quinzaine d'années, modelé l'existence de ces jeunes espagnols qui, après avoir connu la postérité des années post franquistes, ont vu la crise balayer l'insouciante euphorie qui avait présidé à leur élévation sociale. Car en alternance avec la relation des incursions, furtives et occasionnelles, ou collectivement prévues, au sein de la pièce obscure, nous est contée la fuite du temps, et avec elle la perte de la spontanéité, de la folie accompagnant la jeunesse et ses espoirs, que l'on contemple, avec le recul des années, avec un arrière-gout de nostalgie un peu amère...



Mais avant les désillusions, place à l'enthousiasme avec lequel on se lance dans l'existence, prêt à en découdre avec un sentiment d'invincibilité et une énergie qui rendent l'impossible accessible. Le combat pour la démocratie étant derrière eux, la liberté devenue un acquis, les locataires de la pièce obscure se consacrent à l'avènement de leur bonheur individuel, la construction d'un foyer, d'une carrière professionnelle, et s'adonnent à ce qu'on leur a vendu comme l'ultime symbole du bien-être, cette consommation effrénée de biens et de plaisirs, cette mécanique collective de la course à la possession et à la jouissance faciles, à la satisfaction de besoins que l'on nous crée.



Pris dans une dynamique ascensionnelle, qui ne laisse place ni au doute ni à l'introspection, ils ignorent les premiers signes du déclin, se croient immortels -le malheur n'arrive qu'aux autres et il ne peut qu'être temporaire-... jusqu'au moment où le danger se rapproche. Survient pour l'un une première rupture, pour un autre la perte de son emploi, puis c'est la maladie qui s'invite et vient fracasser l'existence d'un troisième...



La pièce, quelque peu délaissée au temps de l'illusion du bonheur acquis, voit revenir ses hôtes, en quête d'un exutoire au désespoir ou voulant simplement échapper une heure ou deux à un quotidien dont la routine même est devenue oppressante, à la recherche d'une consolation dans les bras d'un ami anonyme. D'autres, rebelles et toujours combatifs, espèrent y trouver des complices qui les assisteront dans leur lutte contre l'injustice capitaliste...



D'abord désarçonnée par l'entrée dans ce roman insolite, où l'on a l'impression de tâtonner à la recherche de sens, sans vraiment comprendre la direction dans laquelle nous entraîne Isaac Rosa, je me suis ensuite passionnée pour l'histoire collective de ses personnages, dont émergent parfois des bribes de destins individuels. Isaac Rosa module avec justesse son écriture au fil de son récit, la déroulant avec rondeur lors des passages sensuels, lui insufflant un rythme plus frénétique, lorsqu'il évoque par exemple l'urgence avec laquelle ses héros semblent brûler leurs jeunes années d'adultes...



Une expérience à la fois déroutante et émouvante, mêlant les mystères de l'intime au fracas des tragédies collectives ou personnelles.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10
Le pays de la peur

La peur a cessé d'être une alerte, ne protège plus. Elle a pris le dessus. Le lecteur peine à poursuivre dans cette ambiance presque diabolique et hystérique.
Lien : http://www.actualitte.com/cr..
Commenter  J’apprécie          10
Heureuse fin

Ce que j'ai trouvé original dans ce roman, c'est de raconter cette histoire tel un compte à rebours. La scène d'ouverture est l'appartement qui se vide suite au divorce de nos deux protagonistes.



Tour à tour Angela & Antonio vont prendre la parole pour compléter leur récit respectif. Être en désaccord. Un échange de mot parfois brutal, plus blessant que des coups.

Isaac Rosa aborde le thème de la séparation, celle ci étant établi dans une réalité quotidienne. Mais aussi sur les difficultés sociales qui s'introduisent au sein du couple. Tous ces signes annonciateurs d'une rupture. •

Cette lecture a été plutôt pesante et sur la globalité je n'ai pas été conquise. Certains passages donnent à réfléchir sur sa propre histoire. On peut se reconnaître donc ce qu'on pourrait penser être une simple dispute. Cela apporte une profondeur au récit et m'a peut être créer des angoisses. Est ce que notre complicité d'aujourd'hui sera t'elle toujours intact demain?

Qu'un voile se dépose sur les moments heureux pour ne laisser place qu'à l'amertume et au déchirement ?



Heureuse fin est un roman sur ce qu'il reste d'un amour fini.
Commenter  J’apprécie          00
La pièce obscure

Magnifiquement écrit, La Pièce obscure, constat extrêmement lucide de l’état de la société, nous hante bien après en avoir fermé la porte.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
Commenter  J’apprécie          00
La pièce obscure

J'ai eu du mal à entrer dans cette obscurité, d'autant qu l'auteur nous prends souvent à parti, pour que l'on soit nous aussi l'une des personnes entrant dans la pièce obscure.

Par des retours en arrière, feed-back, on suit l'histoire d'une bande d'amis qui ont décidé d'obstruer une pièce en sous sol...

Ce qui était au départ un lieu de plaisir va devenir... peu à peu... bien d'autres choses...

Un univers clair-obscur oscillant entre excitation et angoisse...

Peuplé d'interdits et de recherche de soi...

> Je regrette le coté trop descriptif du roman qui fait que j'ai eu du mal à le lire. le style est de qualité pourtant.

Une lecture pas facile du tout, oui c'est une lecture 'dérangeante',

on se retrouve 'voyeur' malgré nous, bien que l'on ressent la honte du narrateur qui spécifie bien (trop) souvent que tout cela n'a été possible que parce qu'ils étaient des personnes différentes à l'époque, que cela n'aurait pas été possible après...

C'est une découverte pour moi, auteur à suivre...
Lien : https://influensmans.com/la-..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Isaac Rosa (59)Voir plus

Quiz Voir plus

Histoire de Paris (2)

Paradoxalement, le Pont-Neuf est le plus vieux pont de Paris ...

c'est vrai
c'est faux

11 questions
21 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire de france , paris xixe siècle , moyen-âge , urbanisme , Églises , Vie intellectuelle , musée , histoire contemporaineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}