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Critiques de Isabel Allende (702)
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La maison aux esprits

Magnifique roman très bien écrit, avec une vraie et belle histoire.

Les personnages de temps à autre imaginaires, quelquefois très réalistes ne nous abandonnent plus et les suivre m’a été très agréable, tout comme ce voyage au Chili et la découverte de son Histoire.

Saga familiale à lire et à relire absolument.
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La maison aux esprits

Ce livre est comme un torrent. Dès les premières phrases, tu es emporté par une verve torrentielle, un déchainement de mots, d’images, de couleurs, d’odeurs. Tu en prends plein la figure. On t’embarque sur une montagne russe ou tu passes brutalement d’un sentiment à un autre : franche hilarité, colère fulgurante, haine vive, amour passionné, ambition démesurée, folie de revanche, insouciance et gaieté des enfants, souffrance du cœur et du corps… Le rythme est ébouriffant, tonitruant, et puis d’un seul coup, sans crier gare, il passe à la petite musique douce qui te serre le cœur, et à l’infini tristesse qui te fait pleurer. Ça n’arrête pas durant 530 pages.

Ce n’est pas une lecture de tout repos. À chaque fois que tu fermes le livre, tu as des étoiles plein les yeux, tu as le tournis, ou tu renifles, c’est selon ! Et pourtant, tu en redemandes, parce qu’une symphonie pareille, ce mélange de force, de vigueur, d’amour plein, de tendresse, d’incroyables loufoqueries, tu n'en rencontres pas beaucoup dans ta vie de lecteur…

On est dans un pays andin qui ressemble furieusement au Chili. « Plusieurs générations de toqués capables des pires extravagances » vont raconter son histoire durant les deux premiers tiers de ce XXème siècle furibond et sanguinaire. Ces légions de paysans presque esclaves et ces puissants hobereaux fiers et méprisants ; l’arrivée de la voiture et de l’électricité, les guerres et la libération des mœurs… Le petit peuple misérable qui prend soudainement conscience de son nombre et de sa puissance, les terroristes de bistrot, les manœuvres sournoises des grands propriétaires terriens, le train de la victoire, et au bout du compte l’élection d’un président de gauche reconnaissable grâce à ses grosses lunettes aux verres épais. Un pays qui se divise, qui se déteste, au bord de jours atroces. On connait la suite.

Je ne suis pas prêt d’oublier tous ces personnages haut en couleur qui croquent la vie à pleine dent. Clara ! La belle, la douce, l’ondoyante, la diaphane Clara. Clara l’extra lucide, un pied dans le monde des vivants, un autre dans celui des revenants. Esteban Trueba, avec sa grosse voix rugissante, sa canne au pommeau d’argent, son ambition démesuré, sa violence aveugle et son amour inconditionnel. Jaime le Saint, et l’autre Esteban, plein de fiel et fou de vengeance. D’autres encore que je ne cite pas. Une famille qui se déchire et finit par se haïr, à l’image de son pays.

Et pour finir Alba, l’aimante et héroïque Alba, unique survivante de cette famille de foldingues, qui prend le relais après avoir fermé leurs yeux, à toutes et tous.

Le livre commence et s’achève par ces mots : « Barrabas arriva dans la famille par voie maritime... »

Si tu ne l’as pas déjà lu, fais-le sans tarder ! Le tourbillon est vertigineux, mais tu peux y aller sans crainte.

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Inés de mon âme

Derrière tout grand homme se cache toujours LA femme. Et dans ce roman c'est encore le cas, car derrière le conquistador Pedro de Valdivia se cache (enfin elle ne se cachait pas vraiment en fait !) on retrouve Inès Suarez.



En fin de vie Inès, narre a sa fille adoptive Isabel sa vie… une vie qui n'a pas été simple, bien loin de là.

L'aventure , même si elle ne l'a pas cherchée volontairement, est venue a elle, sous différentes formes . Mais en tout cas quel sacré bout de femme, quel caractère.

Il faut reconnaître que si cette jeune femme était restée en Espagne plutôt que d'aller rechercher son mari au Chili, sa vie aurait été moins trépidante et surtout je pense qu'elle n'aurait pas pu s'assumer pleinement .



Un roman féministe qui fait la part belle aux femmes de caractères.

C'est aussi l'occasion de voir la colonisation de l'époque.. et que les indigènes du coin était loin d'être idiot et de se laisser faire bêtement.





Un sacré roman, qui mérite le détour, pour le dépaysement , pour l'histoire et pour cette femme formidable qu'était Inès.



PS : merci a Gwen, sans elle je n'aurais pas été au Chili au XVIème siècle
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La maison aux esprits

La Maison aux esprits serait presque un pléonasme pour certains. Parfois les maisons nous habitent, celle-ci m’a habité durant ces 540 pages... Et continue encore, lorsque j’y reviens, comme ce soir en vous écrivant cette chronique...

La Maison aux esprits fut cette première fois où je suis entré dans l’univers d’Isabel Allende. Son nom est déjà un étendard et aussi une douleur, celle d’un Chili ensanglanté par la dictature de Pinochet... La Maison des esprits est le premier roman de la nièce de l’ancien président du Chili, Salvador Allende, dont le gouvernement fut renversé par la junte militaire un certain 11 septembre 1973 ; il se suicida tandis que l’aviation des putschistes bombardait le palais de la Moneda dans lequel il était réfugié.

La Maison aux esprits, c’est bien une saga qui retrace la vie d'une famille des années 1920 aux années 1970. Entre ces deux périodes, c’est comme un immense pont reliant les traditions ancestrales rurales tenaces jusqu’aux bouleversements politiques et l’horreur des tyrannies modernes dont je viens de vous évoquer un épisode tragique.

Les années 1970 sont sans doute les pires années qu’est connu le Chili. L’auteure ne pouvait pas en faire l’impasse.

Si le nom du Chili n’est jamais explicitement évoqué dans les pages de ce roman, on le devine pour autant. Ce n’est pas un roman engagé, militant, du moins au premier abord...

Mais la tyrannie peut être aussi familiale. Cette famille, c’est la famille Trueba tenue d’une main de maître par son chef de clan Esteban Trueba, riche propriétaire parti de rien, tyran familial et sénateur musclé, tandis que sa femme Clara est hypersensible et dialogue volontiers avec les esprits. C’est un peu le mariage du lièvre et de la carpe...

Ici, nous voyageons entre féérie et cauchemar...

Nous faisons leur connaissance quand ils sont jeunes... Nous allons suivre leur itinéraire durant quatre générations.

C’est une fresque sentimentale, politique et sociale sur l'amour, la famille, la mort, les fantômes, les promenades, la révolution, la politique, l'idéal et le merveilleux...

Mais le personnage central est bien celui de Clara... Tout part d’elle, tout commence aux prémices de sa vie... Celle qui sait bouger les objets d’un seul regard, celle qui a le don pour lire l’avenir, m’a envoûté...

Autour d’eux et se promenant comme une farandole parmi les pages enchantées, c’est une foule de personnages, enfants légitimes ou non, employés, paysans.

Nous voyageons entre réalisme et imaginaire, tel est le parti pris de l’auteure, tel est le parti pris de certaines familles aussi. Ne vous imaginez pas qu’une famille d’Amérique du Sud, étalée sur quatre générations, est un long Amazone tranquille.

On reconnaît là l’esprit, - si j’ose m’exprimer ainsi, propre à une certaine littérature d’Amérique du Sud qui m’a souvent jeté de l’ivresse dans les yeux et le cœur : il y a quelque chose forcément qui rappelle ici l’univers onirique de Cent ans de solitude de ce cher Federico Garcia Marquez, où le fantastique est souvent à fleur de peau, pour ne pas dire qu’il s’invite parfois comme une trappe qui s’ouvre devant les pas des personnages...

Ici c’est un cri d’amour. C’est bien connu, les fantômes reviennent souvent sur les lieux de leur amour.

C’est un roman tissé d’amours impossibles, comme souvent dans la vie.

L’histoire de cette famille m'a transportée durant quatre générations, mais également ô combien bouleversée.

Ne vous effrayez pas, oui c’est un long roman, mais il y a une féérie qui vous tirera par la main et vous montrera des chemins improbables pour entrer dans le cœur de cette maison et la visiter presque dans ces moindres recoins.

Ici j’ai trouvé un souffle qui porte cette famille jusqu’aux dernières pages. Parfois, j’aimerais tant retrouver Clara...

Ce roman est un long et retentissant cri d’amour qui se perpétue comme un écho crié dans un grotte sans fond.

C’est une famille qui ressemble un peu à l’océan ; pour celles et ceux qui savent regarder la mer, cela vous parlera peut-être. Et encore je ne parle pas des vagues. Mais il y a des remous, des tangages, le ressac qui efface et recommence les gestes, efface les pas sur le sable. Regarder la mer, c’est aussi vivre un moment parfois magique...

La Maison aux esprits est une île tourmentée, prise d’assaut par les eaux.

Je suis ressorti de cette lecture, comme un lecteur enchanté, habité par des voix, transformé peut-être le temps d’une lecture.

À présent, je vous transmets les clefs de cette maison, c'est à votre tour de vous laisser habiter...

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Zorro

Zorro démasqué !

Isabelle Allende nous raconte la jeunesse de Diego de la Vega...





Présenté à Juliana," Diego sentit ses genoux flageoler et son coeur lui manquer."

L'aînée de Tomás de Romeu était une des beautés de Barcelone. "Son port élégant, sa peau laiteuse et ses yeux vert jade la rendaient inoubliable."





Il s'inclina pour baiser la main de Juliana et la couvrit... de salive. Horrifié, il bredouilla une excuse..."

La jeune fille souriait comme un ange et essuya discrètement le dos de sa main...





Isabel, (la petite soeur de Juliana, que Diego ignora toute la soirée) soupirait.

Ce jeune homme, de 17 ans, serait un projet à long terme... Très long terme... pour pouvoir changer ce "paysan" en gentilhomme.

Surtout s'il espérait séduire Juliana... avec ses oreilles décollées, son habit démodé, son accent étranger et ses manières passées de mode...



Zorro gauche et malhabile?

Diego sait se battre à l'épée (comme un corsaire selon le maître d'armes , Manuel Escalante)

Il va lui apprendre à se contrôler, et acquérir de l'élégance.

- "On ne doit jamais combattre avec colère. "





Diego a beaucoup appris de sa grand mère indienne, de sa mère indienne (Tête de Loup-Gris) et de son père Alejandro de la Vega.

Et aussi de... Bernardo, son "frère de sang" ( le langage par signes des indiens).

Tous deux ont côtoyé le gros Garcia, sur les bancs de l'école ( il était déjà grassouillet...)





Diego est maniéré tandis que Zorro est... toujours Zorro!

L'auteure a accepté d'écrire ce livre après avoir vu Antonio Banderas dans " Le masque de Zorro", sorti en 1988.





Dans le film, Zorro, Antony Hopskins forme Banderas, (le frère de Joaquim Murieta tué par le capitaine Love) pour lui succéder.

Historiquement, ce Joaquim qui a existé, était un bandit au grand coeur en Californie, le "Zorro" qui a inspiré l'auteur Johnston Mcculley pour les premières aventures de Zorro...





Retrouvez le jeune Diego "qui surgit hors de la nuit" et vous apprendrez pourquoi Bernardo est devenu muet.

Et pourquoi Diego a voulu devenir Zorro...

Et pour Juliana et Isabel?

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Fille du destin

On reconnaît un grand écrivain à l'inventivité qu'il déploie pour façonner des personnages crédibles. Si la trame romanesque s’efface avec le temps de la mémoire du lecteur, il n’en va pas de même de certains protagonistes qui par leur parcours de vie et leur aura ne s’oublient pas de sitôt.



Mama Fresia, la cuisinière chilienne, et Tao Chi’en, le guérisseur chinois, imprègnent de leur gentillesse et de leur dévouement “Fille du destin”. Ils sont tour à tour les anges gardiens d’Éliza le personnage central de ce roman d’Isabel Allende publié en 1999. L’auteure chilienne a travaillé avec infiniment de soins ces deux figures hautes en couleur et la lecture de cette œuvre se justifierait rien que pour le plaisir de les côtoyer.



Malgré l'éducation un peu stricte de Miss Rose sa mère adoptive, les seize premières années d’Éliza, fourrée la plupart du temps dans les jupes de Mama Fresia, révèlent une enfance heureuse dans cette grande demeure anglaise située à proximité du port de Valparaiso. Abandonnée à la naissance dans une caisse à savons, ses conditions de vie en cette première moitié du 19ème siècle pourraient être bien pires…

Songeuse devant son piano, la jeune fille se laisse bercer par la petite musique de la vie. Elle ne sait pas encore que les feux de l’amour bientôt la transporteront vers un autre hémisphère, vers San Francisco où paraît-il on trouve l’or au fond des ruisseaux.



Dans le sillage de dizaines de milliers d’aventuriers venus du monde entier, “Fille du destin” retrace admirablement la ruée vers l’or en Californie, la vie des immigrants prêts à s’entretuer pour une hypothétique fortune, le développement des villes-champignons où fleurissent les commerces en tous genres jusqu’aux bordels les plus sordides.

Un peu perdue au cœur de ce vaste Eldorado nord-américain, Éliza va son petit bonhomme de chemin progressant lentement vers la conscience de soi. Elle est maintenant guidée par une étoile du Céleste Empire, le génial acupuncteur et herboriste Tao Chi’en expatrié tout comme elle.



Cette fresque éblouissante est un bel hommage à la vie rarement conforme aux espérances de chacun mais qui parfois réserve à quelques-uns un bien curieux destin.

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La maison aux esprits

Je vais commencer par remercier infiniment Gwen 21 et son équipe pour leur invitation à lire un titre d'Isabel Allende dans le challenge solidaire. Je ne connaissais absolument pas cette autrice, et j'ai eu grand plaisir à découvrir ce roman.



Curieux roman, à l'écriture originale, avec deux fils conducteurs : la famille del Valle dont les parents seront à l'origine de descendants nombreux, dont Clara qui mettra à son tour des descendants qui deviendront les héros, le temps venu, et Esteban Trueba, parti chercher fortune dans les mines d'or, heureux propriétaire d'un filon qui lui permettra de se lancer dans la vie. Il se marie à Clara, non sans une pointe de regret que je ne pourrais expliquer sans divulgâcher.



Un roman qui dévoile la situation d'un pays, en prenant garde de ne fournir aucun renseignement sur la période durant laquelle se déroule l'histoire, ni sur les noms des acteurs de la politique intérieure, pour laisser le soin au lecteur de les deviner, car les événements cités rappellent fortement l'actualité du Chili et la violence qui s'y est déployée.



Ce roman, je l'ai bu comme du petit lait, de lecture aisée malgré la longueur du récit, Isabel Allende a su moduler l'ambiance des chapitres : certains longs passages possèdent un fond humoristique qui rendent le récit léger et plaisant, d'autres laissent amer, en fonction des personnages qui interviennent et selon leur tempérament.



La narration peut paraître surprenante, tantôt à la troisième personne du singulier, tantôt à la première, on comprendra que le personnage narrateur qui emploie le « je » n'est autre qu'Esteban qui livre son histoire et son ressenti. La transition entre ces deux narrations survient souvent brutalement, de façon surprenante au début.



On découvrira les personnages grâce aux contrastes qu'offrent leurs portraits, les calmes et les coléreux, les mystiques et les matérialistes, les gens de droite ou les communistes, les fragiles et ceux qui foncent tête baissée, les charitables, les originaux…



Un roman riche en action que j'ai eu bien du mal à refermer, et après les terribles événements cités, un apaisement tant pour les protagonistes que pour la lectrice que je suis , même si cet apaisement, on le sait, a lieu dans un contexte dramatique. Un roman qui marque parce que le récit repose sur des faits réels.



Je le recommande vivement !



Challenge Multi-défis

Challenge pavé

challenge solidaire
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Portrait sépia

Une critique supplémentaire ? Plusieurs l’ont déjà fait mieux moi et je ne puis ajouter plus sinon que j’ai adoré ce pavé, sans vraiment de paragraphe mais dont la lecture est aisée tant j’ai été « prise » par cette saga familiale, divisait en trois parties, avant la naissance d’Aurora, puis sa jeunesse et sa vie d’adulte à compter de son mariage.

Une fois de plus, je ne suis pas déçue par l’auteure.

Je recommande vivement ce roman.



Pour ma part, je me « plonge » dans -Fille du destin- : autre ouvrage qui devrait encore me faire voyager grâce à Isabel Allende.

Oui, je sais je viens de me rendre compte que j’aurais du commencer par ce livre puis -Portrait Sépia- Tant pis…

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L'île sous la mer

« Les Nègres ont une moindre capacité de souffrance : la preuve, c’est qu’aucun Blanc n’accepterait ce qu’ils supportaient et, de même qu’on retirait leurs chiots aux chiennes et leurs veaux aux vaches, on pouvait séparer les esclaves de leurs enfants ; en peu de temps elles se remettaient de cette perte et ne s’en souvenaient même plus par la suite ».



Voilà la base sur laquelle les Blancs de la fin du 18e siècle vivent et sont heureux. Voilà la base de cette histoire qui retrace de manière romancée la vie abominable des esclaves noirs, principalement à Haïti – appelée Saint-Domingue - .

C’est vous dire ma révolte tout au long de ma lecture. Oui, je savais que l’esclavage avait existé, oui, j’avais appris à l’école que l’esclave était la propriété totale du maître qui pouvait en disposer à sa guise, le fouetter, le mutiler, le violer, le tuer, l’affamer, le séparer de ses enfants. Mais ici, ce n’est plus une « simple » connaissance culturelle, mais une immersion dans la boue de cette civilisation qui se voulait toute-puissante et se disait supérieure.



J’ai suivi pas à pas la famille Valmorain, propriétaire d’une plantation de cannes à sucre, ainsi que Tété, l’esclave « privilégiée » du maître parce qu’il disposait à toute heure de son corps. Tété et sa famille, d’ailleurs, car elle a eu des enfants de ce maître. Et leur « petite » histoire est reliée à la grande, car la révolte menée par Toussaint Louverture est en marche ; Napoléon s’en mêlera, et puis Jefferson, président américain qui rachète la Louisiane.

La Louisiane, me dites-vous ? N’étions-nous pas à Saint-Domingue ? Non, je ne perds pas le nord ! Valmorain et sa famille doivent fuir cette île où la révolution des esclaves éclate dans des bains de sang, et se réfugie à Cuba puis en Louisiane. Tous les protagonistes de cette histoire, maitres et esclaves, Blancs et Noirs, s’y retrouveront d’une manière ou d’une autre.



Petite histoire et Grande Histoire, violence, haine, mais aussi amour. Car s’il n’y avait l’amour, à quoi bon lutter pour vivre ? Tété aime, envers et contre tout. Ses enfants aussi vont connaitre l’amour, mais non sans heurts. Cette société de castes, où les mulâtres libres font peur, où les cocottes quarteronnes font la loi chez les hommes blancs grâce à leur corps de miel, où les Noirs sont traités comme du bétail, où les Blancs se pavanent, Isabel Allende nous la raconte avec naturel, franchise, vérité.



Je suis arrivée au bout de ce pavé complètement sonnée, abasourdie, mais aussi pleine du parfum de ces îles, de la musique de ces créoles, des rites vaudous magiques, de leurs danses en transe.

Bref, pleine de la vie de tous ces gens qui, lorsque celle-ci parviendra à son terme, rejoindront le paradis promis, l’île sous la mer.

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La maison aux esprits

Adolescente, j'ai fait la connaissance d'un Chilien qui m'apprit qu'il était exilé politique de son pays. Je me souviens bien de ma réaction du moment ; je ne comprenais pas bien comment on pouvait quitter son pays tout simplement parce qu'on n'avait pas les mêmes idées que le gouvernement en place. Un nom m'était resté en tête, un nom proféré comme on crache un venin : celui de Pinochet.



Isabel Allende est la nièce de Salvador Allende, premier président socialiste en Occident élu dans un état de droit. Allende devra faire face à une grave crise politique, financière et économique mais sera toujours soutenu par les masses populaires. En 1973, le coup d'Etat de Pinochet met fin à son mandat et met en place une cruelle dictature.



Sans jamais vraiment mettre de noms historiques sur les personnages ayant réellement existé, Isabel Allende retrace la vie d'une famille des années 1920 aux années 1970 en proie aux traditions ancestrales rurales tenaces, aux bouleversements politiques et aux affrontements fratricides qui en ont découlé.

Cette magistrale saga familiale repose bien sur l'évolution des relations entre les personnages et les événements politiques mais elle est aussi un retentissant cri d'amour et d'appel à l'humanité.

Le lecteur suit avec passion les remous amoureux et familiaux qui ne cessent de troubler les personnages diablement attachants. Et des personnages dignes d'intérêt, il y en a une flopée dans cette histoire et notamment le couple formant le socle familial : Clara la douce qui communique avec les esprits et son fougueux mari, Esteban Trueba, violent conservateur et patriarche d'une famille qui ne cessera de s'opposer à ses idées.



Ce roman ne se dévore pas ; il est comme un de ces interminables fleuves qui sillonnent le sud de l'Amérique, ample, riche d'une biodiversité sans pareille, majestueux et fier au milieu des paysages magnifiques qu'il traverse.

« La maison aux esprits » tourmente, certes, mais rappelle, à chaque instant, que dans la vie, il convient de prendre la mesure des choses et de prendre son temps.
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D'amour et d'ombre

La dictature militaire a sévi dans la quasi-totalité des pays sud-américains durant la seconde moitié du XXe siècle.

Coopérèrent à un terrorisme d’Etat à grande échelle : Banzer Suárez en Bolivie, Bordaberry en Uruguay, Pinochet au Chili, Stroessner au Paraguay, Videla en Argentine (liste non exhaustive).

Une entente secrète entre ces tyrans visant à éliminer les opposants, appelée opération Condor, a maintenu pendant des décennies l’Amérique du Sud toute entière sous un régime de terreur.

La principale puissance nord-américaine, préoccupée à déplacer ses pièces sur l’échiquier de la Guerre Froide, s’est longtemps accommodée de ces régimes sanguinaires qui abhorraient les idéaux communistes.



“D’amour et d’ombre”, publié par Isabel Allende en 1984, se déroule dans l’un de ces pays où l’arbitraire fait loi. Laissant à dessein planer le doute sur l’identité du pays où se déroule le roman, l’auteure chilienne met en lumière le drame de tout un continent.

Comment ne pas penser à ces femmes, le visage encadré par l'emblématique foulard blanc portant l'inscription "apparition en vie des disparus", qui chaque jeudi défilaient dans le centre de Buenos Aires, les portraits de leurs proches suspendus autour du cou ? Ces Mères de la place de Mai ont eu l'audace, en 1977, de se mobiliser devant la Casa Rosada, le Palais présidentiel occupé alors par les militaires, au plus fort de la répression. Elles sont devenues aux yeux du monde le symbole de la résistance à l’oppression des peuples.

Dans tous ces pays, des femmes et des hommes ont refusé le joug de la dictature, souvent au péril de leur vie. La journaliste Irène Alcántara de Beltrán et le photographe Francisco Leal, les personnages principaux “D’amour et d’ombre”, sont dans le sillage de ces êtres d’exception.



Alors qu’ils recherchent une adolescente enlevée en pleine nuit par des militaires, Irène et Francisco découvrent un charnier humain dans une mine désaffectée. Ils réalisent immédiatement qu’ils ont entre les mains la preuve des atrocités de la junte au pouvoir et que leur vie à tous les deux est à un tournant.

Ces jeunes gens ne sont pas issus du même milieu social mais partagent une même conception de la liberté et de la justice. Conscients des risques encourus, ils choisissent néanmoins de divulguer les horribles clichés par le truchement d’une sommité ecclésiastique de confiance.

La passion fusionnelle qui au fil des chapitres grandit entre la belle Irène et le dévoué Francisco triomphera-t-elle d’une adversité sans cesse à leurs trousses ?



L’écriture d’Isabel Allende est toute en fluidité et la noirceur de l’intrigue est quelque peu atténuée par les touches d’humour glissées ici et là.

Les antécédents familiaux d’Irène et de Francisco, longuement décrits, permettent au lecteur de cerner au plus près les traits de caractère de la bourgeoise rebelle et du prolétaire psychologue.

De nombreux personnages secondaires gravitent autour des deux héros et apportent de la densité à leur histoire, émouvante de bout en bout.



“D’amour et d’ombre” est le témoignage poignant d’une chilienne marquée dans sa jeunesse par l’histoire bien sombre de son pays, période aussi noire que les lunettes de ce sinistre général paradant au milieu de ses troupes.

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La maison aux esprits



Il y a 35 ans, voir un peu plus, je lisais La maison aux esprits d'Isabel Allende pour la première fois. J'en ai gardé peu de choses en mémoire, juste qu'un des personnages avait des cheveux verts et le réalisme magique de l'histoire ! Mais je me souviens surtout que ce livre avait été un formidable coup de cœur et c'est bien pour ça qu'il est resté dans ma bibliothèque : pour le relire tôt ou tard !



Et ce jour est arrivé...



On comprend très vite que cette histoire est racontée par un jeu de ping-pong entre deux narrateurs et qu'elle débute à peu près en même temps que la première guerre mondiale.



En ce début de vingtième siècle, les mines de nitrate qui ont fait la fortune du Chili ont fermées et on ressent les prémisses d'une instabilité sociale et politique. La campagne chilienne vit encore sous le joug des propriétaires terriens qui règnent en maîtres et n'ont pas plus de considération pour les hommes et les femmes de leurs domaines que pour les chiens, tout en violant sans remords les filles de ces "êtres inférieurs" !



Parenthèse : On retrouve ce même comportement de prédateur dans l'autobiographie de Pablo Neruda où il avoue avoir violé une femme de chambre à Ceylan en 1929 pendant son poste de Consul là-bas... mais rien n'a vraiment changé au vu d'une certaine affaire qui s'est passée en 2011 à New-York avec un protagoniste politique français bien connu. Fin de la parenthèse !



Le contexte politique est laissé en arrière-plan pendant les trois-quarts du livre et il faut faire attention aux détails qui ne sont jamais anodins.

Mais à partir du dixième, voir du onzième chapitre, l'histoire s'intensifie et la violence, qui jusque là avait un côté "gentillet", montre sa véritable cruauté.



La lectrice d'aujourd'hui n'est plus la même que celle que j'étais il y a 35 ans. Je suis devenue plus exigeante et j'attendais autre chose de ce livre...



Il y a effectivement un personnage aux cheveux verts, deux même, et le réalisme magique est bien présent dans l'histoire... mais je n'ai pas retrouvé ce formidable coup de cœur que j'avais eu. Peut-être à cause du côté "années 80" qui imprègne le livre ? Ou peut-être parce que j'ai lu Gabriel Garcia Márquez depuis ?



À mon goût, il manque une certaine complexité intellectuelle au profit d'un plus large lectorat. Par exemple le rôle des États-Unis dans le putsch est montré du doigt mais sans entrer dans les détails... et j'en aurais voulu beaucoup plus !

Mais il s'agit aussi du premier livre d'Isabel Allende et je n'ai rien lu d'autre d'elle alors je veux garder une certaine indulgence.



En revanche, j'ai adoré le côté trouble et shocking d'un des narrateurs. À notre époque lisse où un certain wokisme impose de changer le titre de certains livres, voir d'en réécrire d'autres, ce petit côté sulfureux fait du bien et vaut une demi étoile supplémentaire à ma note !



La maison aux esprits a été censuré au Chili pendant de nombreuses années, notamment à cause des liens de parenté entre l'autrice et Salvador Allende et du portrait de l'évolution des classes sociales (Wikipedia).





La maison aux esprits d'Isabel Allende

Traduit par Claude et Carmen Durand

GF : Éditions Fayard

Poche : Éditions Le LIVRE de Poche
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Fille du destin

C'est connu, Isabel Allende est une conteuse subtile, capable d'orchestrer son récit avec la plus grande maestria. Amuser le lecteur et explorer la société tout en évitant de se prendre trop au sérieux, tel est son credo.



Cocasse, rusé et à la fois poétique, ce roman d'aventure, doublé d'un roman d'amour en passant par le roman historique séduit par la richesse de la documentation.

Les personnages forment un groupe parfait et offrent des répliques divertissantes avec en prime des références historiques et des clins d'oeil culturels.



Le Chili, berceau de l'écrivaine et omniprésent dans presque tous ces écrits, nous invite une fois de plus et on y retourne avec délice. Toutefois elle nous amène également en Angleterre, en Chine pendant la guerre de l'opium et dans la ruée vers l'or en Californie.



Destin, Karma, destino, fate, mektoub, dans n'importe quelle langue la notion de quelque chose de plus grand que soi et qui nous dépasse est la clé de voûte du récit. Devons-nous subir notre destin ? Sommes-nous destinés à une certaine vie ?

Isabel Allende aime narguer les certitudes et préfère le prisme de la découverte de la liberté qui donne des ailes et qui réveille à la vie, et qui nous permet d'être maître de notre destin.



On en ressort rassasié de notre soif d'ailleurs. Un excellent cru qui va réjouir les nombreux aficionados de l'auteure.





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La maison aux esprits

Isabel Allende est une auteure que j'adore et j'ai a nouveau été conquise par ce magnifique roman qu'est "La maison aux esprits".



Elle retrace ici, une fresque familiale sur plusieurs générations. Tout commence quand Clara est enfant puis on l'a suite adulte et enfin grand-mère. Elle retrace la vie de sa famille, ses parents, son frères et sœurs, son mari, ses enfants et sa petite fille au travers le Chili qui connait des grands changements. Changement politique, car bien sur la dictature et les différents gouvernements sont en toile de fond, mais on découvre aussi le mouvement des suffragettes, l’arrivée des automobiles....



Le réalisme magique est présent et donne beaucoup de charme au roman : les cheveux verts de Rosa et Alba, les objets qui bougent d'un seul regard de Clara, les dons pour lire l'avenir.....



J'ai prolongé le plaisir de ma lecture en regardant le film de 1993. Forcément, difficile de rendre plus de 500 pages en seulement 2h de film. Beaucoup de détails sont donc passer à la trappe.



Malgré tout le casting est à la hauteur : Meryl Streep, Jeremy Irons, Antonio Banderas, Glenn Close..... Bref que des grands noms du cinéma.



Je vous conseille les deux si vous ne connaissez pas encore La maison aux esprits.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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La maison aux esprits

Avec les carnets écrits par Clara, Esteban Trueba réussit à nous restituer l'histoire de sa famille sur plusieurs générations. Esteban est un riche propriétaire. Tyrannique, il règne sur les paysans de son exploitation agricole, sans ne leur laisser aucune chance de travailler comme des hommes. Il aimerait couvrir de l'ombre de son pouvoir sa famille, mais il ne peut s'opposer aux forces invisibles qui émanent de sa femme ou de ses enfants, malgré ses crises de violence.



La clairvoyante Clara, sa femme, gardera cependant toujours la fraicheur de sa jeunesse, se détachant parfois de la réalité, pour mieux l'analyser. Grâce à son regard divinatoire, elle déchiffre la toile qui se tisse, au fil des évènements. Elle comprend bien avant Esteban, les tragédies qui secoueront son pays d'Amérique latine, les enjeux politiques qui sont en marche, et qui irrémédiablement conduiront la nation vers une dictature impitoyable.



Une pointe de réalisme magique, sans trop nous embrouiller. Une joyeuse folie, des filles aux cheveux océan, légères, presque irréelles, pour atténuer l'ambiance qui vient se noircir au fil des années.



À un moment donné, lorsque ma fille est venue m'interrompre dans ma lecture, j'ai voulu finir ma phrase avant de lui prêter toute mon attention, et c'est là que je me suis rendu compte que les phrases étaient très longues. On se laisse happer par la narration, sans jamais s'ennuyer, ni se perdre dans ce tourbillon à la fois magique mais aussi, malheureusement, tellement sombrement réel.



Une histoire tragique d'hommes et de femmes, de passion, de révolution, de dictature, au sein de laquelle on les voit réagir, se tromper, puis comprendre que certains mots ont plus de poids que d'autres. Peuple, liberté, amour, plutôt que le pouvoir, la violence et la haine.

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Largo pétalo de mar

« Oh Chile, largo pétalo 
de mar y vino y nieve, 
ay cuándo
 ay cuándo y cuándo 
ay cuándo
me encontraré contigo, 
enrollarás tu cinta 
de espuma blanca y negra en mi cintura, 
desencadenaré mi poesía 
sobre tu territorio…. »

Un vers du poème CUÁNDO DE CHILE de Pablo Neruda donne son titre à ce roman d'Isabel Allende qui fait revivre l'Odyssée du Winnipeg, cargo français resté dans les mémoires pour avoir transporté plus de 2000 réfugiés Républicains Espagnols jusqu'au Chili. Affrété par le poète Pablo Neruda, avec l'accord du président chilien Pedro Aguirre Cerda, le cargo quitta Pauillac (Gironde) le 04 août 1939 et accosta à Valparaiso le 3 septembre.



Víctor Dalmau, un jeune médecin catalan affecté sur le front Est doit gagner la France lors de la Retirada. Interné au camp d'Argelès sur Mer, il parvient à embarquer sur le Winnipeg. Malgré la forte opposition de l'Eglise chilienne et des conservateurs, les exilés peuvent commencer une nouvelle vie. Et c'est via le parcours de ce personnage amoureux de Roser, une compatriote, que la romancière chilienne narre un demi-siècle de l'histoire de son pays, sous l'ombre tutélaire de deux personnages secondaires, Pablo Neruda (chaque chapitre s'ouvre sur les vers du poète) et Salvador Allende.



Petite et grande histoire marchent donc main dans la main dans cet ouvrage fort bien documenté sur cette opération humanitaire d'envergure et sur ce qu'il advint de ces réfugiés dont certains durent revivre un nouvel exil après le coup d'état de Pinochet . En effet Isabel Allende fut très amie avec l'un des passagers du Winnipeg, l'ingénieur et patron de presse espagnol Victor Pey, ancien combattant de la Colonne Durruti qui devint conseiller d'Allende et qui dut s'exiler de nouveau en 1973.

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L'amant japonais

Coup de coeur.



J'ai été envoûtée par l'écriture qui m'a emportée dans un torrent crescendo d'émotions. J'ai d'ailleurs eu du mal à lire les dernières pages : je ne voyais plus rien à travers mes larmes. Alma a aimé deux hommes dans sa vie : Nathaniel et Ichimei. Oui, j'aime ces grandes histoires d'amour qui s'étalent sur toute une vie.



Beaucoup de sujets abordés, l'amour oui mais aussi la vieillesse…



« Elle ne voulait pas s'asseoir à l'ombre des années, le regard fixé sur le néant, l'esprit plongé dans un passé hypothétique. »



… l'homosexualité, la maladie et bien d'autres choses.



J'ai été bouleversée par l'injustice subie par les Américano-japonais avec le décret présidentiel 9066 signé par F.D. Roosevelt. Après l'attaque de Pearl Harbor, toutes les personnes d'ascendance japonaise ont été enfermées dans des camps. Plus de 100.000 personnes s‘y sont retrouvées du jour au lendemain dans des conditions de vie scandaleuses. Les Etats-Unis : le pays des « libertés civiles ».



Il y a aussi l'histoire de Seth (le petit-fils d'Alma) et Irina la jeune moldave. Était-il absolument nécessaire d'ajouter la carte pédopornographie ? Je m'en serai bien passée.



Quoi qu'il en soit, un très beau roman pour clôturer mon challenge plumes féminines.









Challenge plumes féminines 2018
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Plus loin que l'hiver

Une tempête s’est abattue sur New-York ; impossible de mettre le nez dehors. Obligé de sortir quand même, Richard Bowmaster tente de maîtriser tant bien que mal son véhicule, mais distrait, il en perd le contrôle et heurte le pare-chocs d’une Lexus qui a freiné devant lui. En voulant « dédommager » la jeune conductrice, Evelyn Ortega, il se heurte à un refus, laisse quand même ses coordonnées.



Quelques heures plus tard, la jeune femme sonne à sa porte, complètement dépassée et lui explique, qu’elle est en situation irrégulière, conduisait la voiture de son employeur, et qu’il y a une surprise dans le coffre !



Dépassé, Richard se rend au rez-de-chaussée où habite Lucia, sa locataire qui travaille dans la même université que lui et qui est un peu amoureuse de lui, mais à soixante ans, c’est compliqué…



Tous les trois vont se retrouver dans un imbroglio qui va les emmener dans un road trip vers le Canada, et cela va être l’occasion de découvrir le passé de ce trio.



Lucia a fui le Chili, car son frère a été arrêté sous l’ère Pinochet et on ne m’a jamais revu. Sa mère n’arrive pas à se résoudre à cesser de le rechercher encore et toujours : comment faire le deuil, quand on ne sait pas si la mort est avérée ou non, quand on n’a pas de lieu pour se recueillir et qu’on n’a même pas pu organiser une cérémonie. Lucia s’enfuit au Canada. Mais la vie ne lui fera pas de cadeau, mariage, amour, abandon vont s’enchaîner…



Evelyn, elle a dû fuir le Guatemala, où les trafiquants, font la loi, arborant des tatouages sur tout le corps (j’ai bien dit tout le corps, il y en a qui a même essayé de se faire tatouer le blanc des yeux, on imagine la suite…). Son père est aux abonnés absents, sa mère est partie aux USA pour gagner un peu d’argent qu’elle envoie à sa grand-mère, Conception, régulièrement.



La grand-mère en question, à la personnalité hors du commun, espérait que son petit-fils, Gregorio, arriverait à résister jusqu’à dix-huit ans pour faire son service militaire, mais les gangs sont tellement puissants…



« Quelques mois avant d’entrer sous les drapeaux, il parvint à se faire accepter dans les rangs des MS-13, le plus féroce des cartels mafieux, mieux connus sous le nom de Mara Salvatrucha… »



Evelyn en a fait les frais est à dû quitter son pays dans des conditions abominables : on connaît la manière dont ils sont accueillis sur le sol US …



Richard n’est pas mieux loti : un mariage passion qui a explosé, les morts sur son chemin, l’alcoolisme… il s’est enfermé dans un chagrin, dans la culpabilité, car on comprend très vite qu’il y a eu un drame dans sa vie dont il se sent responsable. Il veut tout contrôler, de l’alimentation à l’amour, et son hypocondrie est touchante, avec ses allergies présumées, explorant la moindre molécule de ce qu’il mange… Avec lui on fera un voyage au Brésil, car sa femme est brésilienne, avec une famille omniprésente, voire toxique…



J’ai beaucoup aimé ce roman qui est beaucoup plus qu’un road-trip, car Isabel Allende nous propose un récit attractif, chaque élément de l’expédition, rencontre, petite phrase a priori anodine, fait remonter des moments du passé, que chacun des trois a voulu oublier, car cela provoquait un trop-plein de souffrances qui ne pouvait que les empêcher de vivre. Les carapaces se fendillent, la parole se libère, et tous les trois vont sortir du mode survie dans lequel ils étaient au bord de la noyade depuis des années.



J’ai adoré la relation de Richard, avec ses chats, qui ont atterri chez lui presque par hasard, forçant sa porte, qui sont aussi indifférents et désabusés que lui et qu’il a baptisé : Um, Dois, Tres en souvenir du Brésil.



J’ai beaucoup aimé les références à l’histoire du Chili, mais aussi à celle du Guatemala et de toute l’Amérique latine en proie si longtemps à la main de fer des dictatures, des cartels. Mais les USA ne sont pas en reste : immigration clandestine, esclavage moderne, trafic d’êtres humains…. L’auteure parle très bien de l’exil, géographique ou intérieur, tous les trois sont des exilés, chacun à leur manière.



Je n’avais lu que deux romans d’Isabel Allende, il y a très longtemps : « La maison aux esprits » et « Portrait sépia » que ma mère avait dans sa bibliothèque, et j’en gardais un bon souvenir. Mais, comme c’était la période des études, des partiels, examens, j’avais une manie (que j’ai gardée un peu quand même) : chaque fin de session, je lisais des romans légers pour récupérer le bachotage alors, vues les notes que j’ai attribué à ces deux livres sur Babelio, je ne sais pas si ce furent des lectures aussi marquantes que dans mon souvenir… en tout cas, elles m’ont donné envie de lire ce dernier opus de l’auteure et j’ai passé un bon moment.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteure…



#Plusloinquelhiver #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Eva Luna

Les romancier(ères) aiment écrire sur l'art de raconter des histoires.



En donnant vie à des personnages qui possèdent ce don, il y a peut-être inconsciemment un désir de reconnaissance ou tout simplement l'envie de partager avec le lecteur les "coulisses" de ce processus créatif très exigeant.



Isabel Allende est une conteuse hors pair et elle s'est souvent servi de son histoire personnelle pour faire connaître son pays.

Elle transporte un énorme sac à dos rempli d'expériences personnelles qui alimentent son oeuvre littéraire.



Comme dans d'autres de ses romans, le lieu exact où l'histoire se déroule, n'est pas abordé en toutes lettres, mais en « écoutant » les indices et en effectuant quelques recherches, le lecteur curieux se retrouve dans son Chili natal.



Comme à chaque fois, ses romans reposent sur une langue tenue qui nous cueille et ne nous lâche plus.

Isabel Allende écrit des récits qui engendrent d'autre récits où la culture et la politique tiennent une grande place. Un goût certain pour la rencontre et le reportage, la positionnent au croisement du journalisme et de la littérature.



Journaliste engagée et militante pour le droit des femmes, dans Eva Luna la femme occupe encore le devant de la scène.

La romancière va chercher dans ses propres souvenirs la trame pour faire revivre l'histoire des guérilleros qui ont mis le pays à feu et à sang, lors de la lutte pour la libération.



Elle fait un parallèle entre la libération du pays et celle des femmes.



C'est bien écrit, les personnages gagnent en épaisseur au fil de leurs aventures, de leurs batailles et de leurs déconvenues.

Allende les malmène, les jette à terre, pour ensuite les aider à se relever et finalement accomplir leur destin.

Leurs parcours étonnants seraient dignes d'un excellent scénario des "novelas", et on se surprend à vouloir les retrouver dans d'autres épisodes.





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La maison aux esprits

Dans un pays que l'on devine être le Chili, la maison aux esprits va voir évoluer trois générations de femmes avec Clara, une jeune fille qui a le don de sentir l'avenir et faire se déplacer les objets qui s'avérera combattive et une femme aspirant à l'émancipation en devenant occasionnellement suffragette, Bianca, sa fille, qui amoureuse du fils du régisseur du domaine familial au grand dam de son père, sera mariée de force et n acceptera jamais ce mariage, et Alba, la petite fille, qui vivra l'expérience plus politisée, avec le putsch militaire qui renversera le Président socialiste légitime, laissant la place au gouvernement dictatorial des militaires. Et la maison aux esprits, c'est également Esteban Trueba, le mari de Clara, qui s'est fait seul et qui représente l'évolution économique et politique du pays, en ressuscitant le domaine des trois Marias, puis en devenant député, mais c'est surtout un homme qui, fou amoureux de sa femme Clara, ne la comprend pas, et devient violent avec elle, avec sa fille Bianca, seule sa petite fille Alba, parvient à l'attendrir et le rendre plus humain.



Quel roman et quel talent de conteuse que celui d'Isabel Allende, avec cette saga familiale riche et touffue, mettant en présence des personnages hauts en couleurs, croisant les destins de personnages secondaires, mais qui, tapis dans l'ombre, reinterviennent dans le destin des personnages de seconde ou troisième génération tel les instruments d'un anathème qui marquerait la famille. Et c'est un roman qui s'inscrit dans l'histoire avec un grand H, une fresque historique qui dépeint une société sud-américaine, violente, fière et résiliente, qui connaîtra pauvreté, corruption et surtout une dictature cruelle et écrasante.

Isabel Allende offre avec son premier roman, une histoire foisonnante tantôt drôle, tantôt cruelle et magnifie avec brio la petite histoire de cette famille fantasque avec l'histoire avec un grand H.

Un roman dense et marquant.

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