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Critiques de Isabelle Amonou (50)
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L'enfant rivière

Nathan, trois ans et demi, a disparu aux abords de la rivière des Outaouais, près de Gatineau au Québec, alors qu’il était sous la surveillance de sa mère. Enlèvement ? Noyade ? Son corps n’a jamais été retrouvé. Le couple de ses parents a aussitôt violemment explosé en vol. Zoé et Thomas ont la même histoire à digérer, la même souffrance à encaisser mais deux façons très différentes d’appréhender le traumatisme.



Isabelle Amonou trouve le ton juste pour caractériser ses personnages. Zoé, impulsive à fleur de peau, tout le temps dans l’action et la révolte, refuse de croire à la mort de son fils et le recherche avec un acharnement qui paraît insensé. Thomas, plus cérébral et calme, a fini par accepter le deuil même si cela le détruit. Six ans après la disparition de Nathan, lorsqu’il revient à Gatineau pour enterrer son père, la confrontation avec Zoé est inéluctable.

Mais L’Enfant rivière est bien plus qu’un drame intimiste. C’est un livre incroyablement romanesque, rempli d’actions, d’événements qui surprennent, l’intrigue rebondissant dans des directions difficilement prévisibles. Le scénario est vraiment excellent.



Nous sommes en 2030. Le monde fait face à des catastrophes naturelles comme des tornades à répétition, inondations. Les Etats-Unis ont ainsi chuté, forçant sa population à fuir vers le Canada qui ne veut plus supporter le poids de ces réfugiés climatiques. Zoé vit entre la rivière Outaouais, un de ces camps de migrants états-uniens qui craignent la déportation en Alaska, et une forêt peuplé de hardes d’enfants revenus à l’état sauvage.



Si la description et la présentation de ce contexte terrible sont trop « collés » à l’histoire de Zoé et Thomas, sans doute trop scolairement expliqués, le choix de la dystopie légère sans hiatus technologique est excellent, comme une prolongation possible de notre présent proposant une projection douloureusement réaliste. Cela crée une ambiance de menace permanente qui accentue la tension liée à la quête identitaire de Zoé, toujours proche du point de rupture, toujours au bord de la folie.



En plus du dérèglement climatique et de la réponse de nos sociétés à cette crise, la quête de Zoé est accompagnée des thématiques fortes : la transmission à travers le sort réservé aux populations autochtones au Canada, plus particulièrement au Québec. Sa mère, algonqine, a été traumatisée par l’assimilation forcée dans les pensionnats catholiques, au point qu’elle en est venue à renier sa culture amérindienne, au point qu’elle a sombré dans la dépression et l’alcoolisme. Comment Zoé aurait-elle pu protéger son enfant alors que sa propre mère, rongée par ses démons, ne l’a pas protégé d’un père dangereux et l’a coupée de ses racines profondes ?



Durant ma lecture, je me suis souvent dit que le roman était trop chargé, trop de thèmes - tous passionnant au demeurant - abordés. Mais finalement, ça marche. On est emporté par l’intensité des scènes et des enjeux balançant sur deux plateaux qui alternent espoir et désespoir, amour et désamour, désastre écologique et nature magnifique, ténèbres et pardon. J’ai plusieurs fois pensé à une autrice que j’adore, Sandrine Collette, pour cette capacité à faire vibrer le texte d’émotions contrastées et nous faire réfléchir des mille scissions de notre monde contemporain.



PS : l'illustration de la couverture est absolument sublime, comme souvent chez Dalva !

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L'enfant rivière

Un prologue énigmatique. C’est en effet avec un prologue assez mystérieux que j’ai débuté la lecture de L’enfant rivière de Isabelle Amonou. Je pensais assister à une scène de chasse traditionnelle, mais stupeur, il s’agit de capture de jeunes enfants ! Ma curiosité ainsi aiguisée, je n’ai eu qu’un désir, continuer et tourner les pages de plus en plus rapidement pour découvrir le fin mot de l’histoire.

En mai 2024, au moment de sa disparition sur les bords de la rivière des Outaouais, Nathan avait un peu moins de quatre ans. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Suite à ce drame, le couple a éclaté. Cela fait six ans que Thomas et Zoé, les parents, se sont séparés. Thomas convaincu de la mort de son fils a fui vers la France pour tenter d’oublier son chagrin et repartir à zéro. S’il est de retour à Ottawa c’est pour l’enterrement de son père.

La mère, Zoé, persuadée qu’il est toujours vivant, qu’il ne s’est pas noyé et qu’il se cache parmi les migrants, ces migrants qui ont gagné le Canada, poussés par le réchauffement climatique et la chute des États-Unis, est restée sur place. À sa recherche, elle arpente les paysages sauvages et traque les invisibles de la forêt.

La confrontation entre les deux parents va permettre au lecteur d’appréhender cet amour puissant qui unissait ces deux êtres jusqu’à la perte de leur enfant et faire remonter des souvenirs douloureux.

C’est avant tout le personnage de Zoé née d’une mère autochtone et d’un père descendant des Français qui, au fil du roman, va révéler toute sa complexité. Une véritable quête d’identité.

En situant son roman dans un futur très proche, Isabelle Amonou nous offre une vision du monde qui nous attend assez réaliste, si des efforts internationaux ne sont pas faits très rapidement. Un monde où la nature a repris peu à peu ses droits et ne cesse de clamer sa puissance, tornades et crues se succèdent…

Inhérent au réchauffement climatique, le déplacement massif de migrants avec bien évidemment les problèmes de frontières...

Dans son récit, avec le personnage de Camille, mère de Zoé, l’auteure accorde également une large part à la manière dont ont été traités les autochtones au Canada, comment les enfants étaient arrachés à leurs parents, placés dans des pensionnats, où ils devaient renier leur langue, leur culture… « C’était pour leur bien. Il fallait tuer l’Indien ».

La maltraitance familiale et le viol sont aussi évoqués au cours de l’histoire.

L’enfant rivière est un roman fabuleux et richissime par les thèmes abordés, un roman envoûtant et palpitant dans lequel la tension monte inexorablement. Roman noir, roman d’anticipation, c’est aussi un roman psychologique plein de sensibilité et particulièrement maîtrisé, rehaussé par le cadre majestueux dans lequel il se déroule, à Gatineau, à la frontière entre le Québec et l’Ontario.

L’enfant rivière de Isabelle Amonou méritait amplement sa sélection pour le Prix orange du Livre 2023, un gage de valeur !

Je remercie sincèrement Joëlle, Lecteurs.com et les éditions Dalva qui m’ont permis de faire connaissance avec cette brillante auteure qu’est Isabelle Amonou et ce roman inoubliable : L’enfant rivière.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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L'enfant rivière

Les rentrées littéraires se suivent… et ne se ressemblent pas ! Tant mieux. Car autant celle de l’automne dernier fut globalement décevante, autant mes premières lectures de cette rentrée dite « d’hiver » sont assez enthousiasmantes.



Et dans le lot, L’Enfant rivière d’Isabelle Amonou fait figure de jolie découverte. D’abord parce qu’il nous emmène dans la banlieue d’Ottawa, sur les rives de la rivière des Outaouais qui sépare le Québec de l’Ontario, et bien plus : deux histoires, deux cultures, deux religions, et beaucoup de blessures.



Des blessures, Zoé n’en manque pas, d’aucuns diraient même qu’elle les collectionne : abusée petite par son père, mère dépressive, sœur alcoolique, mariage brisé avec Tom après que leur enfant, Nathan, ait échappé un instant à leur surveillance et se soit noyé.



« Zoé et lui n’avaient pas partagé la souffrance, ils se l’étaient renvoyée ».



Zoé aurait pu sombrer, Zoé aurait dû sombrer. Sauf que Zoé est persuadée que Nathan est toujours vivant, et elle le cherche inlassablement depuis six ans, dans les marécages et bois de la marina de Gatineau, où comme ailleurs le chaos s’est installé.



Car Isabelle Amonou place son intrigue autour de 2030, alors que le changement climatique longtemps annoncé fait désormais des ravages. Il pousse la population des États-Unis à fuir le pays pour se réfugier au Canada, tandis que les Canadiens cherchent à se protéger de ces néo-migrants en les parquant et en érigeant un mur. En Alaska…



« On a fait partie de l’État le plus puissant du monde, America First et toutes ces conneries, et voilà comment on va finir, dans des bidonvilles ».



Dans ce récit choral des retrouvailles entre Tom, de retour au pays et Zoé, devenue chasseresse, Isabelle Amonou réussit à déployer sa trame noire sans faiblir, dans une ambiance d’anticipation d’un chaos annoncé qui – heureusement – ne sombre jamais dans la dystopie.



Si j’ai parfois regretté un accompagnement trop important du lecteur dans sa compréhension du livre, c’est un bien faible regret comparé à l’habileté de l’auteure à insérer une réflexion profonde sur l’identité autochtone - ses travers passés comme sa réalité d’aujourd’hui –, sur la responsabilité et sur la résilience.



Reste au final un livre prenant, doublé d’un joli portrait de femme en constante interrogation, saisie à un point de bascule de son existence. Et une auteure qui, s’évadant du polar le temps d’une résidence révélatrice, promet beaucoup dans le noir…

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L'enfant rivière

Dans un monde que les bouleversements climatiques ont mis à mal, quelque part au Canada, la population cherche à se protéger des hordes d’enfants étatsuniens qui ont franchi la frontière et sont prêts à tout, y compris à tuer pour survivre.



Zoé s’est organisée, à l’orée de la forêt, pour se mettre à l’abri des migrants et s’accommode même de leur présence pour arrondir ses fins de mois. Elle est solitaire, on apprend le drame qu’elle a vécu six ans plus tôt : la disparition de son enfant et l’explosion de son couple qui a suivi.

Elle reste cependant persuadée que le petit Nathan est encore en vie, malgré les dénégations de son ex, venu enterrer son père.



Peu à peu l’histoire nous est livrée, pour permettre de comprendre l’état d’esprit des différents personnages : avec la maltraitance familiale mais aussi sociale, le roman est l ‘occasion d’aborder le drame des enfants autochtones, que l’on a voulu acculturer dans la violence et le déni de leurs droits les plus fondamentaux.



Magnifique hommage aux peuples opprimés, dont le cadre dystopique souligne superbement la narration pour mettre l’accent sur l’essentiel.





Un premier roman fort bien construit et écrit.



304 pages Dalva 5 janvier 2023

Sélection prix Orange 2023


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L'enfant rivière

Quand de telles rencontres se produisent, cela tient presque de la magie. Une autrice que je ne connaissais absolument pas, pour une lecture qui m’a chamboulé autant qu’elle m’a enthousiasmé. Un moment rare, pour une histoire et des personnages qui resteront gravés en mémoire pour longtemps.



Oui, magie des rencontres, comme celle qui a permis à l’écrivaine bretonne de s’aventurer en terres québécoises. Une invitation à une résidence d’écriture à la frontière entre le Québec et l’Ontario a été l’étincelle qui a déclenché la flamme d’un récit sombre et magnifique.



Même publié dans une collection « blanche », c’est bien d’un roman noir dont il s’agit. Mais qu’importe l’étiquette, tant ce roman sublime est à conseiller au plus grand nombre.



Cette histoire, son environnement, sa manière de la conter, m’ont parfois fait penser à du Sandrine Collette. Croyez-moi, c’est sans doute l’un des plus beaux compliments que je puisse offrir.



Mais Isabelle Amonou a sa propre voix, magnifique de sensibilité et de justesse, formidable d’inventivité et d’émotions.



Avant les personnages, c’est l’environnement qui frappe. Fort. Dur. Vrai. Une région, une époque.



Les bords de la rivière des Outaouais, sauvage, encore davantage dans ce futur très proche. Car, oui, c’est aussi un roman d’anticipation, qui nous dépeint le monde en 2030, à peine quelques années en avant. Mais où le point de bascule a déjà fait glisser le monde sur une pente sans retour.



Cette idée, aussi géniale que traitée avec sagacité, rend l’histoire singulière, atypique, pour en renforcer encore son propos. L’autrice se sert de ce concept avec subtilité, pour décrire un monde qui peu à peu dérive.



Le Canada, touché par des tornades et tempêtes ravageuses, n’est pourtant pas le plus à plaindre. Son voisin, les États-Unis se sont littéralement effondrés sur eux-mêmes en quelques années, du fait du climat social autant que naturel. Sacré retournement de situation pour ces états-uniens qui se retrouvent dans la peau de réfugiés, à devoir passer la frontière en cachette, avec le risque d’être déportés dans des camps.



Isabelle Amonou brosse le portrait d’une société à la dérive, mais sans jamais en faire trop, juste par petites touches qui soulignent particulièrement bien le climat de l’histoire.



Tendu. Pesant. Troublant.



Dans ce contexte, un couple s’est déchiré six ans en arrière, suite à la disparition de leur enfant de 4 ans. Le récit d’une quête. A la différence de son mari, Zoé n’a jamais perdu espoir. Pas de corps, pas de mort. Elle en est donc venue à « chasser » les jeunes cachés, réfugiés dans la forêt. Un nouveau métier, chasseuse de prime pour le compte du gouvernement, comme une excuse pour arpenter ces bois immenses.



Son conjoint Thomas, alors parti loin en France, revient sur les terres canadiennes, toutes ces années après. Tout un monde après.



Deux êtres déchirés, un couple que leurs différences ont brisé. C’est leur histoire contée ici, comme celle de l’enfant rivière, disparu à ses bords.



L’écrivaine fait preuve d’une sensibilité touchante au possible dans sa manière de nous plonger en alternance dans les esprits des deux personnages (et parfois dans ceux d’autres aussi).



Différents points de vue, ressentis, sensations, à en donner la chair de poule. Car Zoé n’est pas une femme comme les autres ; caractère particulier, fort. Mais aussi un passé, des racines indiennes qui lui font ressentir autrement, à son corps défendant.



L’occasion pour l’écrivaine de traiter de sujets puissants et émotionnellement chargés. On ne fuit pas si facilement ses origines, et la manière dont ses ancêtres ont été traités. Ce présent ressemble au passé ; éternel recommencement. Sauf à se battre pour en changer.



L’enfant rivière est un livre sublime autant que déchirant. Admirablement bien pensé, inventif, surprenant tout du long, émouvant au possible. Isabelle Amonou a un talent fou, cette histoire le révèle, la révèle. Avec un roman qui mérite de se retrouver entre toutes les mains, à récolter tous les éloges.
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L'enfant rivière

🪶Chronique🪶



« Il y avait une différence entre savoir et vivre. »



Savoir et vivre la maternité. Savoir et vivre la xénophobie. Savoir et vivre l’errance. Il y a effectivement une différence monumentale entre savoir ces états, et les vivre. Parce qu’être mère, être nowhere, être perdue dans un monde insensé, c’est ne rien savoir et tout vivre comme un déchaînement de remous incessants. Vivre au cœur de la violence, c’est savoir qu’elle est infinie, tenace, retorse, tempête. Vivre avec la violence, c’est savoir donner la vie à des stratagèmes de survie. Vivre c’est savoir que la violence est partout. Partout, dans la nature, dans l’environnement, dans la société, dans l’Histoire et les futurs anticipés, dans les mémoires et les imaginaires, dans le sang et les écrits. Les marques sont visibles et invisibles, mais toujours dévastatrices…Et il y a savoir et vivre, avec. Même si vivre, ce n’est pas tout à fait exact, c’est survivre qu’il conviendrait de dire. Mais dire, c’est d’abord oser dire, oser parler, oser dénoncer, oser combattre, oser défendre, oser s’insurger pour que chacun soit en droit de savoir. Mais souvent, le traumatisme est si grand, que ne serait-ce que, dire, est déjà, une tourmente…



« Parfois, la rivière ne rendait pas les corps. »



Zoé, Tom et Nathan, c’était une cellule familiale, une promesse, un chemin ordinaire et normé tout tracé…Mais Nathan est devenu L’enfant Rivière. Ne reste que le désarroi des parents, la résignation contre l’espoir féroce, l’instinct contre le chagrin, l’acharnement contre la fuite…Deux manières de vivre le drame, mais la même souffrance partagée, et toujours pas de mot pour désigner cet état…Petit à petit, l’histoire nous dévoile la disparition de l’enfant et les circonstances qui l’entoure. Et entre passé et futur, il y a des similitudes effroyables, des circonstances aggravantes, des fantômes désenchantés qui guettent et se répondent dans l’ombre…Les terres québécoises sont hantées de souffrances et de traumatismes, tous plus violents les uns que les autres, et laissent ces enfants à la dérive et en proie aux plus dévorants…Mais Zoé ne se résigne pas. C’est une femme forte et déterminée, elle prend tout ce qu’elle a dans le ventre, et cherche…



« Certains peuvent beaucoup et d’autres non. »



Elle cherche l’enfant, l’origine, le chemin. Elle cherche la raison, les réponses, l’invisible. Elle cherche la transmission, l’héritage, l’apaisement…Et peut-être ce que nous découvrons, nous lecteurs, c’est un portrait de femme atypique et captivant. Une femme puissante et fragile, qui tente de s’épanouir entre deux cultures, entre deux (dé)rives, entre deux mondes…

C’est une histoire qui m’a beaucoup touchée. Une histoire qui parle du peuple autochtone et des peuples migratoires, qui est entre l’hier et le demain, entre roman noir et quête initiatique. Immersif et renversant!
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L'enfant rivière

Un très beau roman noir, L'enfant rivière de Isabelle Amonou. Je l'ai lu très rapidement tant il est prenant.



La disparition d'un enfant, des amérindiens qui n'arrivent pas à trouver leur place, des familles fracturées, les migrants, le réchauffement climatique , forment un récit très fort et poignant.



Tom et Zoé se sont connus sur les bancs de l'école, lui, Français, né au Canada, elle, née d'une mère autochtone et d'un père descendant des Français.

"Ils n'avaient rien en commun. Au contraire, tout les séparait. Chez Zoé, on parlait français. Chez Thomas, anglais. Chez Zoé, on était athée d'ascendance catholique. Chez Thomas, protestant. Chez Zoé on était à moitié autochtone. Mais eux deux, les adolescents, ils avaient éprouvé quelque chose qui était bien plus fort que la langue, la culture, la couleur de peau ou la religion. et c'est ce point de vue qu'ils chercheraient à imposer à leurs familles. De force plutôt que de gré."

L'amour les a quand même réunis, un petit Nathan est né.

En mai 2024, Nathan disparait, sur les rives de la rivière des Outaouais. Il a 4 ans. Le couple se délite, chacun de leur côté n'arrêteront pas de le chercher, ils n'ont jamais retrouvé le corps.



Entre 2024 et 2030, tout va mal, le changement climatique cause d'énormes dégâts, tempêtes, ouragans, pluies diluviennes.

C'est le chaos dans le pays le plus puissant du monde, les Etats-Unis, la population fuit pour se réfugier au Canada.

Au début il y en avait très peu.

"Mais d'autres migrants, par milliers,étaient arrivés. Chassés par la misère, la guerre, la violence, les abus, le règne des gangs et des pilleurs, des incendiaires et des meurtriers. Des familles, des vieux, des jeunes. Et des gosses qui avaient parcouru à pied quelques centaines de kilomètres, traversé des déserts, des forêts, passé seuls la frontière. Peut-être certains avaient-ils été abandonnés. Peut-être d'autres avaient-ils choisi de migrer seuls, et d'autres encore cherchaient à rejoindre leurs parents et d'autres n'avaient pas de famille du tout. Il y avait plein de moyens de perdre ses parents. Partis, capturés, déportés, assassinés, disparus."

Le Canada a essayé de gérer ce flux migratoire, mais ils étaient si nombreux, que les Canadiens craignaient pour leur vie, ils les mettait dans des camps, un mur a été construit côté Alaska pour les protéger.



Zoé est une femme forte, courageuse, ses origines lui donne une force de caractère peu commune.

L'enfant rivière est rempli d'émotions, des sujets qui ne nous laisse pas indifférents. Un livre marquant.



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L'enfant rivière

La rivière des Outaouais, au Québec, aurait pu se renommer la rivière de "Nathan-outai", vu que le petit Nathan, pas tout à fait 4 ans, a disparu pendant que sa maman ne le surveillait pas.



Est-il mort noyé ? Enlevé et encore vivant ? Le mystère reste entier et 6 ans après sa disparition, sa mère le cherche toujours, tandis que son père l’a considéré comme mort.



C’est un roman post-apocalypse, où le climat s’est déréglé (merde, c’est la réalité), où une guerre civile a éclaté aux États-Unis, faisant des Américains des réfugiés qui pestent contre le mur que le Canada veut ériger, alors qu’eux étaient heureux qu’on en érige un entre leur pays et le Mexique… Ironie, quand tu nous tiens.



Ce roman, qui n’est pas si utopique que ça (ou qui pourrait devenir une réalité), fout les chocottes, avec le traitement réservé aux réfugiés, que les Canadiens ne veulent pas voir, les accusant de colporter des maladies et bien d’autres choses encore… S’il fait peur, c’est parce qu’il fait écho à notre vie réelle où on laisse périr des réfugiés en mer, sans que cela émeuve les gens (ou juste une minorité).



Ce roman, c’est le récit de Zoé, la mère de Nathan, qui n’a jamais cessé de chercher son fils, qui le pense vivant et qui chasse des mineurs afin de le retrouver. C’est l’histoire d’un couple qui a volé en éclat, de Thomas, le père, qui pense que son ex-épouse est responsable de la disparition de leur enfant…



C’est aussi un roman qui parle des horribles pensionnats où l’on tuait l’Indien dans les enfants autochtones, les privant de leur culture, de leur langue, de leurs parents, de leurs racines, les transformant en êtres qui ne savent plus où ils se situent. Ils sont devenus des pommes : rouge à l’extérieur et blanc dedans.



C’est l’histoire de survie pour les migrants qui tentent de se faire une place, des enfants livrés à eux-mêmes et qui deviennent des êtres violents, obligés de vivre dans les forêts. C’est aussi une histoire de pardon, de rédemption et de recherche de soi, de ses racines profondes, que la mère de Zoé avait reniées après son passage dans le pensionnat.



On pourrait penser que la multitude de thèmes allaient plomber le roman, mais il n’en fut rien. Tout est esquissé brièvement, sans trop s’attarder, mais je pense qu’il n’y avait pas besoin de plus, l’essentiel était dit.



Ce roman est un mélange réussi entre le roman noir, la quête, le roman d’anticipation, de survie, de nature writing, avec beaucoup de psychologie et des personnages torturés, traînant leur lot de vieilles blessures d’enfance, qui se répercuteront sur leur vie et celles de leurs proches.



Le tout dans un décor majestueux, rempli de dangers… Bref, une belle découverte et un roman que je conseille.


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L'enfant rivière

Dès les premières pages on sent que quelque chose dissone, est-ce Zoé ? où le monde dans lequel vit Zoé ?

Le roman s’ouvre avec Zoé, une jeune femme qui chasse. Que chasse-t-elle ? souvent des animaux mais parfois des humains aussi. On se trouve plongé dans un monde qui ressemble au nôtre mais avec une dystopie assez proche, située en 2030, à moins que ce ne soit un roman d’anticipation. Enfin bref, il n’est pas toujours nécessaire de classer, catégoriser, etc. Parfois certains romans cochent plusieurs cases et d’autres ne se trouvent dans aucune ! Ce qui est sûr c’est que c’est un roman qui interroge sur notre société et qui vous emporte dans un souffle romanesque (surtout dans la deuxième partie pour moi).

Il se passe au Canada, essentiellement au bord de la rivière des Outaouais où a grandi et vit encore Zoé. Elle a eu un enfant avec Thomas. A l’âge de 4 ans, Nathan disparaît mystérieusement. S’est-il noyé dans la rivière proche ? A-t-il été enlevé ? Après des semaines de recherches infructueuses, et de reproches de la part de Thomas envers Zoé, leur couple vole en éclat. Thomas part du jour au lendemain pour Paris. Il revient 6 ans plus tard, à la mort de son père. Il assiste à l’enterrement, puis vide la maison pour la mettre en vente et oublier cette partie de sa vie. Il veut retourner en France au plus vite. Mais il ne peut résister à l’envie de voir Zoé avant de repartir, alors qu’il n’a pas pris de nouvelles d’elle depuis sa fuite. Il découvre le quotidien de Zoé, les camps de migrants, les enfants survivants dans les bois, etc.

En 2030, il y a des guerres dans le monde, des réfugiés climatiques, beaucoup de violence. Les autorités canadiennes offrent des primes pour des mineurs capturés et livrés qui seront ensuite enfermés dans des camps puis envoyés derrière un mur en Alaska.

Et puis il y a ce mystère autour de la disparition de Nathan. Alors que Thomas a tiré un trait sur la possibilité de le retrouver, Zoé est persuadé qu’il est encore en vie.

Différentes voix alternent pour raconter cette histoire. Ce qui est assez intéressant puisqu’on a différents points de vue, essentiellement ceux de Zoé et Thomas. Mais aussi celui de Camille, la mère de Zoé. Elle a vécu dans un pensionnat pour autochtone, perdu son frère et basculé dans l’alcool. Puis elle rencontre Martin, le père de Zoé, qui va « la sauver ». Zoé grandit dans une famille dysfonctionnelle avec un père violent et une mère incapable d’un geste d’amour.

Le rythme du roman s’accélère dans la deuxième moitié et la tension présente au début du roman se fait plus pesante. L’autrice tire les fils de son histoire et tout se met en place, se révèle au lecteur.

J’ai aimé le personnage de Zoé, le mystère autour de la disparition de l’enfant, la présence de la nature et l’évocation de la culture autochtone avec sa terrible histoire. C’est aussi une quête identitaire. Peut-on se sentir Algonquin lorsqu’aucune culture n’a été transmise ? Je précise que ce n’est pas un roman de nature writing et que l’autrice est Bretonne ! Ce livre est né d’une résidence d’écriture à Gatineau, à la frontière entre le Québec et l’Ontario.

Un roman intéressant, aux multiples sujets, avec un beau portrait de femme, du suspense, que je vous invite à découvrir dans les chroniques d’autres lecteurs qui ont partagé cette lecture commune, notamment sandra_etcaetera.



A noter dans vos agendas : une rencontre VLEEL avec l’autrice, le jeudi 26/01/2023 à 19h.

Merci VLEEL et Dalva pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Insularités

En lisant ce synopsis, je suis attirée par ce "polar"...Plus que par la couverture (un peu chargée, à mon goût...).

Je suis fan de polars, des Histoires d'Ile et d'Histoire...

Bref, je commence ma lecture happée par l'intrigue.

Matthieu débarque sur L'ile , vraiment fébrile de savoir si c'était un corps ou deux corps...

Le lecteur découvre peu à peu qui est Matthieu, pour quelle raison il a quitté l'Ile et L'auteure nous distille peu à peu les infos alors que le lecteur VEUT tout savoir.

Marion , la soeur de Sarah est a l'origine de ce message.

Matthieu ne souhaite pas être reconnu mais pas possible, sa famille a un passé qui a marqué l'Ile...

Je ne vous raconterai pas l'histoire mais j'ai envie que vous la découvriez car c'est vraiment une intrigue originale avec un style fluide et si agréable... Les mots employés sont justes et recherchés, un bonheur.

Ce roman est un coup de coeur... Mais surtout, ne vous arrêtez pas à la couverture...

La surprise est à chaque page, franchement sans ce MC, je serais passée à côté et j'en aurais été peinée...



Je SUIS CONQUISE!!!! J'ai dégusté ce roman.


Lien : https://stelladealapage.blog..
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L'enfant rivière

C'est le roman qu'il faut lire pour voyager loin, avec des personnages attachants et un suspense qui monte en intensité à la suite d'un drame dont il est impossible de se remettre pour des parents.

Nous, sommes au Québec, au bord de la rivière des Outaouais, avec Zoé qui a eu le malheur de quitter son fils des yeux quelques minutes il y a six ans alors qu'elle repeignait la coque d'un bateau à la marina. Les multiples recherches pour retrouver le petit Nathan, âgé de quatre ans n'ont jamais abouti.

Zoé est persuadée que même si son fils s'est dirigé vers la rivière, il ne s'est pas noyé. Elle sent qu'il est toujours vivant et pense qu'il vit avec les migrants qui ont envahi le Canada à cause du réchauffement climatique et des guerres.

Elle chasse à longueur de journée, mais comme vous le découvrirez si vous lisez ce sublime roman, il s'agit d'une chasse bien particulière. Zoé est prête à tout pour retrouver son fils.

Thomas, son ex-mari, qui vit désormais à Paris, ne partage pas sa façon de penser. Leur couple a éclaté après la disparition de Nathan.

Six ans après le drame, Thomas est revenu pour l'enterrement de son père et ne résiste pas à la tentation de revoir Zoé.

En plus de ce drame, il y a tous les problèmes que Zoé a connus dans sa famille dysfonctionnelle, sa mère ayant d'ailleurs été arrachée à sa propre famille et placée dans un ''pensionnat'' afin d'effacer toute trace de sa culture algonquine.

Un excellent roman qui nous plonge dans un futur proche, en 2030, avec des tas de problèmes climatiques et sociétaux que l'on n'a aucun mal à imaginer.

C'est passionnant de la première à la dernière page, un roman d'une richesse infinie que je vous recommande.
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L'enfant rivière

2030 – Québec



Alors que les crises climatiques se succèdent jetant sur les routes des milliers de réfugiés, alors qu’une guerre civile aux Etats Unis a poussé à l’exil des milliers de jeunes, le Canada peine à tous les accueillir. Dans ce contexte trouble, Zoé et Thomas se retrouvent après six ans de séparation. Six ans que leur couple n’a pas survécu à la disparition de leur fils Nathan, sur les rives de la rivière Outaouais, alors qu’il n’avait que 4 ans.



Lui, canadien anglophone, a fui, a tenté de refaire sa vie en France, mettant le plus de distance possible avec sa douleur. Elle, d’origine indienne et francophone, ne s’est en revanche jamais résignée, cherchant sans relâche cet enfant, faisant de cette traque le seul but de sa vie. Alors quand il lui semble reconnaitre son enfant dans un campement de jeunes migrants, l’espoir renait en même temps que les blessures se ré ouvrent.



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Même si ce roman se déroule dans un futur proche ce n’est pas seulement un roman d’anticipation. C’est avant tout l’histoire d’une famille confrontée à la pire des douleurs, le portrait de deux écorchés, de deux survivants. Deux êtres plongés dans le chaos des sentiments dans un environnement hostile, dans un monde en déliquescence, à l’image de leur relation, dévastée.



J’ai tout aimé dans ce roman. J’ai adoré le superbe portrait de femme incarné par Zoé. Une femme révoltée, combattive et acharnée, une femme indépendante et libre et en même temps une mère vibrante d’amour, mais rongée par la culpabilité. Elle dont l’enfance a été ravagée, entre un père abusif et une mère brisée, incapable de la protéger. Une femme qui s’est construite sur la colère, une personnalité explosive, en opposition complète avec celle de Thomas. Aussi prévenant qu’elle est impulsive, aussi raisonnable qu’elle est imprévisible mais dont l’amour n’aura pas suffi à l’apaiser. Parce que la disparition de cet enfant c’est aussi un écho funeste à l’histoire de sa famille, la réminiscence de l’enlèvement de sa mère, arrachée à ses parents pour être « assimilée ». Une histoire sombre et tourmentée que cette quête l’oblige à revisiter, un drame avec lequel elle devra faire la paix.



J’ai aimé aussi l’atmosphère captivante où la tension omniprésente va crescendo, où les éléments se déchainent, à l’image de cette rivière tumultueuse, de plus en plus menaçante, chargée de décombres et lourde de secrets.



J’ai aimé enfin et surtout la manière habile avec laquelle Isabelle Amonou fait se croiser des sujets aussi divers que l’urgence climatique, les crises migratoires ou le triste sort des populations autochtones, de les incarner et de les illustrer pour mieux nous renvoyer à nos préoccupations contemporaines et nous faire réfléchir.



C’est un vrai beau coup de cœur. Un de ces livres qui marquent, dont il est difficile de s’extraire. Déchirant et puissant. Envoutant et inoubliable.

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L'enfant rivière

N°1799– Novembre 2023



L’enfant rivière – Isabelle Amonou – Éditions Dalva.



Thomas est venu de Paris pour les obsèques de son père au Quebec. A Cette occasion il revoit Zoé, son épouse dont il est seulement séparé et qui vit ici. Il y a six ans, leur fils Nathan, quatre ans à l’époque, a disparu dans la rivière alors qu’il était sous la garde de sa mère. Son corps n’a pas été retrouvé et leur couple n’a pas résisté à cette disparition. Ils s’étaient mariés mais ne se ressemblaient pas vraiment, lui, plus intellectuel, elle davantage tournée vers la nature, la chasse, le sport, un de ces mariages qu’on fait par amour et qu’on ne tarde pas à regretter. Apparemment elle s’était mariée pour échapper à son enfance ravagée par une vie de famille désastreuse. Cette rencontre va tourner au drame.

Nous sommes en 2030 et le Canada doit non seulement faire face à des bouleversements climatiques inquiétants et répétés avec tornades et inondations, mais doit également affronter un problème migratoire. En effet là où vit Zoé qui croit toujours que son fils n’est pas mort et le recherche dans cette nature sauvage, il y a des camps de migrants américains qui se sont réfugiés au Canada non seulement pour fuir le réchauffement climatique mais également le délitement de la société suite à une guerre civile. On songe à ériger un mur pour les contenir en Alaska. Pour corser le tout, il y a dans la forêt près de chez Zoé des enfants et des ados, fuyant les États-Unis qui vivent comme des sauvages et des voleurs et qu’elle chasse comme des bêtes. Les autorités les remettent ensuite aux services sociaux. Cette région, auparavant calme, était rapidement devenue dangereuse.

Je ne suis entré dans cette histoire qu’à la fin du roman, quand Tom rencontre à nouveau Zoé. Si je n’ai pasx été passionné par cette histoire, ce n’est pas à cause du réchauffement climatique qui est malheureusement inévitable, pas non plus à cause de la migration américaine à la suite d’une guerre civile, ce qui peut parfaitement arriver dans un contexte géopolitique cahoteux et surtout dans un monde qui devient de plus en plus fou, mais la quête de Zoé m’a paru surréaliste après tout ce temps, son parcours personnel, dans une famille indigne, la culpabilité qu’elle traîne derrière elle comme un fardeau, le deuil impossible à faire pour chacun d’eux... Je n’ai pas cru non plus qu’on puisse pardonner ainsi si facilement les erreurs passées, j’ai assez peu adhéré à la prise de conscience de soi de Zoé et l’épilogue ne m’a pas convaincu..

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L'enfant rivière

Après six ans d’absence, Thomas revient au Québec pour l’enterrement de son père. Au bord de la rivière Outaouais, à la frontière avec l’Ontario, ses souvenirs remontent à la surface : la disparition de son fils Nathan qu’il avait eu avec Zoé, sa compagne. Après le drame, Thomas a préféré tout laisser derrière lui, recommencer à zéro pour tuer son chagrin. Zoé habite toujours au même endroit, elle reste persuadée que Nathan n’est pas mort et qu’elle va le retrouver. Elle le cherche parmi les groupes de migrants venus au Canada suite au réchauffement climatique. Elle arpente les forêts, silencieuse et invisible, pas uniquement dans l’espoir d’y croiser son fils. Zoé chasse et ses proies sont des enfants.



Isabelle Amonou situe son roman en 2030, ce qui lui permet de flirter avec le genre de la dystopie. Mais ce qu’elle décrit est particulièrement réaliste et en parfaite continuité avec ce que nous vivons actuellement : tornades, inondations, réfugiés climatiques, construction d’un mur entre le Canada et l’Alaska, violence. A ce futur malheureusement plausible, Isabelle Amonou ajoute une réflexion sur le passé du Québec. Camille, la mère de Zoé, est une Algonquine qui a connu les pensionnats pour autochtones où l’on tuait l’Indien en eux. Durant tout le roman, Zoé va se questionner sur son identité, ce qui fait d’elle un personnage complexe et passionnant.



Il faut également souligner l’habileté de l’autrice à construire son intrigue. Au début, celle-ci se développe doucement, nous faisant découvrir petit à petit les failles et les blessures des différents protagonistes. Tout s’accélère ensuite, la violence explose et tout semble pouvoir arriver. Le roman nous happe alors pour ne plus nous lâcher.



« L’enfant rivière » fut une très belle découverte. Isabelle Amonou nous offre un roman d’une grande efficacité narrative, aux thématiques variées et aux personnages complexes et nuancés.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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L'enfant rivière

« L’enfant rivière » d’Isabelle Amonou est un roman dans la grande tradition des romans américains de nature writing. Et pourtant, Isabelle est née en 1966 à Morlaix. Cet ouvrage a vu le jour grâce à un séjour fait à Gatineau qui se situe à la frontière entre le Québec et l’Ontario. Sortir du cadre de son quotidien, a, j’imagine, permis à l’auteur de s’immerger dans une autre culture, et d’apprivoiser un autre espace. Ce roman noir, parce qu’il s’agit bien ici d’un roman noir, se situe en 2030. La peinture de notre monde en 2030 est un condensé des difficultés que nous rencontrons déjà aujourd’hui, multiplié par 100, car les conditions de vie se sont considérablement dégradées. Le personnage principal de ce roman est la nature, le climat, l’environnement. Autour de ce personnage principal gravitent trois protagonistes qui racontent l’histoire. Il y a Zoé la mère, Tom le père, et Nathan le fils. Ce ne sont pas les seuls êtres humains que nous rencontrons dans ce récit. Les autres viennent principalement des États-Unis, cherchent asile au Canada, et sont parqués par les autorités canadiennes en Alaska.



Il y a donc ici plusieurs histoires dans l’histoire. La première concerne la disparition de Nathan sur les rives de la rivière des Outaouais, en mai 2024, son corps n’a jamais été retrouvé. Cette disparition a fait éclater le couple parental. Tom, convaincu de la mort de son fils a préféré passer à autre chose, changer de vie. « Mais il avait démissionné, pas seulement de son métier mais aussi de sa famille, de son pays, enfin de sa vie, toute sa fichue vie. Une désertion engendrée par la perte de Nathan, entretenue par la dépression, la rupture avec son père, la dégradation inexorable de son couple. » Quant à Zoé, elle passe l’essentiel de son temps à rechercher son fils, car elle est persuadée qu’il est toujours en vie. Pour ce faire, elle exerce un métier très particulier, elle travaille pour le gouvernement fédéral, mais je n’en dirais pas plus.



La seconde histoire concerne l’arrivée massive de migrants au Canada. « Lis un peu les journaux, man. Ils veulent envoyer là-bas tous les Américains qui ont réussi à migrer au Canada. Et le mur, c’est pas pour les empêcher d’entrer chez nous, c’est pour qu’ils ne s’échappent pas, une fois qu’ils seront bouclés en Alaska. » Ironie de la situation, si l’on peut dire, il ne s’agit pas de migrants qui viendraient par exemple d’Afrique, où l’on peut imaginer que la chaleur deviendra de plus en plus importante, et les pluies de plus en plus rares. Non, ces migrants arrivent directement des États-Unis. « On a fait partie de l’État le plus puissant du monde, America First et toutes ces conneries, et voilà comment on va finir, dans des bidonvilles. » J’ai trouvé cette approche fascinante.



La troisième concerne la façon dont le Canada a traité les autochtones. Ce récit est vécu de l’intérieur grâce au personnage de Zoé (Zoé est née d’une mère autochtone et d’un père descendants des Français.). Le lecteur découvre avec effarement qu’il fut un temps où les autochtones étaient de simples numéros, les enfants étaient placés dans des institutions où on les forçait à parler exclusivement anglais, et où ils finissaient par ne plus aimer ni la nourriture, ni la culture, ni les traditions de leurs parents. « Les parents et les enfants en étaient venus à se mépriser. (…) Ils n’aimaient plus rien. Ils n’étaient plus rien. »



L’intrigue se situe évidemment autour de la disparition de Nathan devenu « L’enfant rivière ». Ses parents, séparés depuis un certain temps, vont avoir l’occasion de se retrouver grâce ou à cause de l’enterrement du père de Tom. L’occasion de voir ce que chacun est devenu, mais également de permettre des retours dans le passé, notamment centrés autour de Zoé. Ainsi, Tom va prendre conscience de ce que sa femme fait pour vivre, mais également de son entêtement qui n’a pas faibli, persuadée que son fils vit au milieu des migrants. À travers cette quête, c’est aussi elle-même qu’elle cherche à retrouver. Pour moi, c’est là l’un des points marquants du roman, certainement celui qui m’a le plus émue. Cette recherche interminable de son fils fait remonter une histoire douloureuse, notamment des rapports malsains avec son père. « Retrouver l’enfant qu’elle n’avait pas réussi à protéger, parce que sa propre mère ne l’avait pas protégée. Qu’elle n’avait pas réussi à aimer comme il fallait parce que son salopard de père l’avait ravagée. Thomas savait bien que la résilience existait, qu’on pouvait s’en sortir pour peu qu’on en ait les moyens. »



Isabelle Amonou introduit finement plusieurs éléments qui donnent à « L’enfant rivière », une atmosphère singulière, un attachement profond aux personnages, et une conscience aiguisée de la situation en devenir de notre planète. Quels messages laisser aux générations suivantes alors que l’on a tant souffert, dans sa vie d’enfant, d’adolescente et de femme ? « Toujours se méfier des autres. Ne jamais leur faire confiance. Tenir ses distances. Parce que les autres savent, les autres sentent les faiblesses, les failles, les abus. Alors ils cherchent à en tirer parti. » Quelle relation peut-elle encore espérer avec sa mère Camille qui ne l’a pas protégée ? Car, dans « L’enfant rivière » l’auteur décortique des relations humaines : relation entre Zoé et Tom, relation entre Zoé et son père, relation entre Zoé et sa mère. Même si son cœur est soigneusement cadenassé, on sent que tout n’est pas fichu, que l’espoir est toujours présent, même s’il est bien caché, et que, grâce, à la résilience, à l’analyse constante des questions et des actes intimes du passé, la lumière peut encore jaillir au milieu de toute cette noirceur. Ce qui fait dire à Isabelle Amonou, au tout début du roman, lorsqu’il s’agit de savoir ce que l’on va laisser aux générations suivantes, cette très belle phrase : « L’optimisme. Il faut leur laisser l’optimisme. Et l’amour. » Des ténèbres peuvent surgir des étincelles d’espoir, et un embrasement des émotions. Un roman fascinant et très réussi.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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L'enfant rivière





Canada, 2030, les migrants états-uniens vivent sur leur terre voisine, dans un monde en Guerre climatique.

Zoé vit en forêt dans la marina érigée par son père, elle y vit seule, son enfant Nathan a disparu il y a six ans alors qu’il était sous sa surveillance. Le père de Nathan, Thomas, est parti en France, besoin de rompre avec les questionnements lancinants pour comprendre où est son fils.



La forêt est vaste, omniprésente, elle abrite des camps de réfugiés. Elle est traversée par la rivière, où l’eau qui coule est à la fois meurtrière et réconfortante, source de vie et de mort. La nature a une place prépondérante dans ce roman, décisionnaire sur les événements, elle bouscule les Hommes.



Zoé est un personnage complexe : chasseuse de prime, elle cherche à inscrire son identité entre sa mère Camille/Kimi alcoolique, démunie de toute identité elle aussi après avoir passé son enfance dans des camps prévu pour purger les origines indiennes, et son père Martin répugnant. En conflit permanent avec sa génitrice, elle ne songe a peine à la voie du pardon et de la compréhension. Comment faire alors pour faire taire la rage qui gronde en elle ?



Et tout le paradoxe de Zoé est représenté par son mari Thomas, d’une pureté rare, mari prévenant et père soucieux. Si leur relation a explosé après la disparition de Nathan, on peut se demander si la carapace impénétrable et la violence qui se devine dans les gestes de Zoé n’auraient pas été à l’origine d’une rupture.



Le langage d’Isabelle Amonou est à la fois brut et soyeux, il y a ce quelque chose d’envoûtant qui me charme a coup sûr. La Nature et la Femme à leur apogée, trônent fièrement entre chaque ligne. Un livre que je range précieusement sur mon étagère des inoubliables 🧡



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L'enfant rivière

UN MAGNIFIQUE PREMIER ROMAN ! 💫



Les abords de la rivière Outaouais, 2030. Le Canada est frappé par des tempêtes et des tornades, mais la situation est pire encore aux États-Unis. Là bas, le changement climatique annoncé depuis longtemps a engendré un effondrement sans précédent. Les habitants prennent donc la fuite et tentent de passer la frontière canadienne en cachette...



Six ans plus tôt, un couple s'est déchiré suite à la disparition de leur fils. Zoé sa mère, n'a pas perdu espoir, elle est persuadée que son fils vit, quelque part. Alors elle part à sa recherche à travers la forêt. Telle une bête blessée, elle traque les jeunes cachés, dans l'espoir de tomber un jour sur celui qu'elle a élevé...

Son mari Thomas, est persuadé que c'est fini, qu'il ne reverra jamais son petit garçon. Alors il a pris la fuite, direction la France mais va être forcé de revenir sur ses terres d'origines...



L'enfant rivière, c'est un roman d'anticipation qui se déroule dans un futur très (très) proche. Le paradoxe entre ce contexte de société à la dérive, au climat pesant et l'omniprésence de la nature, toujours aussi belle est particulièrement déroutant.

Dès les premières pages j'ai été emportée par cette histoire entre roman noir et quête initiatique, et plus on progresse dans le récit plus il s'intensifie.



L'enfant rivière c'est l'histoire des combats d'une femme, d'une mère, aux valeurs inébranlables. Une quête identitaire, avec en ligne de mire, la liberté.

De nombreux sujets sont évoqués: la guerre climatique, le contraste entre peuples autochtone et migratoire, la maternité, la violence des Hommes, la transmission, le passé qui façonne... et en fil conducteur, le mystère autour de la disparition de l'enfant.



C'était sombre et beau à la fois, c'était émouvant, c'était déchirant. Un premier roman incroyable, porté par une superbe plume, pleine de charme. Mon premier des éditions Dalva et sûrement pas le dernier.



À lire absolument !

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L'enfant rivière

Canada.

Nathan, trois ans, joue dans la cour de la maison familiale, tout près d'une rivière. Sa mère, Zoé, sa grand-mère et sa tante ne sont pas bien loin.

Est-ce en secondes, en minutes que le temps s est écoulé avant que Zoé ne se rende compte qu'il a disparu ?

Combien de temps avant que Thomas, son père, ne revienne et accuse sa femme et sa belle-famille de négligence ?



Pas de corps, pas de témoins donc depuis six ans, Zoé le cherche sans relâche. Seule. Le couple n'ayant pu résister à la douleur.

Pour Zoé, c'est sùr, Nathan est vivant et se cache parmi les migrants américains.

Pour Thomas, revenu au bercail après six ans, Zoé est toujours aussi folle. Toujours aussi magnétique.

Ils se retrouvent et tout a changé entre eux, ou si peu.

L'espoir de retrouver Nathan est toujours là chez Zoé mais cette fois-ci, ses espoirs sont accompagnés d'actions. Discutables, dangereuses. Et qui mèneront le couple au bout de leurs limites.



C'est l'histoire d'un couple qui tente de faire face à la douleur de la perte d'un enfant, d'une mère prête à tout pour éviter d'affronter l'indicible.

Une belle histoire où la nature est reine. Le dépaysement au bord des rivières canadiennes est totale.

L'écriture ainsi que le dynamisme narratif favorise la rapidité de la lecture.

Une bonne histoire avec, cependant, un avis en demi-teinte pour moi.

Si l'exploration du passé de Zoé est essentielle pour comprendre le personnage, les mêmes éléments reviennent souvent, un peu trop. Des moments répétitifs qui m'ont lassés.

Mais qui n'enlève rien à la qualité littéraire de ce drame intimiste, au scénario bien ficelé.
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L'enfant rivière

Le monde court à sa perte (tout du moins dans certaines parties de la planète ?…) Nous sommes dans un futur proche (d’ici une dizaine d’années, semble-t-il …) Les États-Unis ne sont plus qu’un vague souvenir qui s’efface très lentement … Au canada, les inondations et les tornades sont devenues monnaie courante … Personne n’a oublié les terribles tempêtes de 2029 … Les migrants, en provenance de ce qui fut – si longtemps – la plus grande puissance du monde, envahissent tout le pays : on parle de construire un mur de plusieurs centaines de kilomètres, afin de pouvoir « parquer » durablement les américains en Alaska …



Dans ce chaos, Zoé (une autochtone mi-indienne, mi-française) vit au bord de l’Ataouais, plus précisément à Gatineau (Québec) proche de l’Ontario. Son fils Nathan se serait noyé lorsqu’il avait à peine quatre ans (cela fait maintenant six ans …) Son couple n’y a pas résisté et Thomas, le père de l’enfant, a refait sa vie à Paris … Zoé, elle, refuse obstinément de croire à la mort de Nathan. Elle le cherche désespérément à travers tous les enfants de migrants (du même âge) qu’elle capture, sous prétexte de leur apporter son aide, en les livrant aux services sociaux de la région …



Alors que Thomas revient à Gatineau (pour l’enterrement de son père ou plus précisément pour aider sa soeur Jude à faire face aux pénibles formalités dues au décès) Zoé et son ex-mari vont avoir l’occasion de se retrouver, après toutes ces années. Ce qui – du coup – permettra aux lecteurs de comprendre un peu mieux les conditions de leur rencontre ainsi que les réticences émises par leurs familles respectives, quant à la pertinence de leur union passée … D’où la complexité de ce Canada anglophone et francophone, où les opinions divergent régulièrement …



Entre tragédie familiale (au deuil impossible) et dystopie en plein coeur du continent nord-américain, cette double intrigue établit un constat plutôt pessimiste, qui n’est pas sans rappeler les diverses situations politiques (explosives) actuelles et autres catastrophes naturelles présentes sur notre planète. Une analyse brillante sur la manière (tout à fait opposée) qui fait la différence entre deux individus, lorsqu’il s’agit appréhender un même drame … Selon une capacité qui leur est propre à l’acceptation, la lucidité, l’espoir (ou encore la résilience). Une sombre intrigue, à la fois émouvante et inquiétante. Des personnages tour à tour solaires ou ambigus … Pas de réel coup de coeur pour ce roman, toutefois ce fut un très agréable moment de lecture !
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L'enfant rivière

Il y a à la fois du Sandrine Collette et du Jean Hegland dans ce roman d'une autrice que je découvre et que je relirai certainement. Un roman sombre et sauvage, dans un lieu et un temps ( le Canada en 2030 environ) qui ne nous sont pas familiers et qui mettent les personnages dans des situations extrêmes. L'enfant-rivière sert de fil rouge à cette dystopie flamboyante et noire tout à la fois, soulevant des thèmes riches et divers, comme la transmission, la filiation, la maternité, la culture, mais mettant aussi en avant l'avenir de l'humanité face aux bouleversements climatiques et aux solutions trouvées pour gérer ses conséquences dramatiques. L'héroïne ne peut que nous toucher avec son passé douloureux, ses origines indiennes et son apparente résilience, et l'autrice nous décrit avec soin ses contradictions et ses peurs, sa fragilité et ses incroyables compétences de survie. Encore une fois, Dalva nous fait découvrir un beau morceau de littérature. Bravo et merci !
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