Opportune : la présentation éditoriale !
L’anti-intellectualisme s’infiltre sans relâche dans notre vie politique et culturelle, il est nourri par une idée trompeuse : celle que la démocratie signifierait « Mon ignorance a autant de valeur que votre savoir ».
- Je ne comprends pas, tu perds une soirée pour faire le clown 5 minutes avec des inconnus. Tu ne discutes même pas avec eux et vous vous quittez comme ça. Quel intérêt ?
- L'intérêt, c'est... S'A-MU-SER !
- Moi, quand je m'amuse, je donne rendez-vous à mes amis pour aller au théâtre, pour voir un film, ou boire un verre, et là, j...
- "Pour", "pour", "pourpourpour"... Tout doit avoir un sens, c'est quand même malheureux... On ne pourrait pas faire de temps en temps des choses inutiles ? Sans rien revendiquer ou juste pour s'amuser ?
Le bouleversement opéré par Anaximandre ne relève pas de la connaissance du monde, mais de la pensée. Il n’a pas hésité à remettre en cause les hypothèses de Thalès, l’un des savants les plus respectés de son époque. Il n’a pas hésité à ignorer les dieux, préfigurant, avec près de deux siècles d’avance, la pensée socratique. Anaximandre a eu le courage de remettre en question à la fois les figures d’autorité et ses propres certitudes. Il a donné naissance à l’esprit critique, et presque personne ne l’a adopté.
La méthode scientifique moderne !!!! (très très résumée) – OBSERVATION : c’est là que tout commence. L’examen attentif du monde permet de récolter la base de toute étude : les données. HYPOTHÈSES : explications possibles des phénomènes observés cohérentes avec les données. EXPÉRIENCES : il faut tester les hypothèses. Pour cela, on tente de les prendre en défaut. Si une hypothèse est fiable, elle parviendra à prédire les phénomènes naturels. THÉORIES : une théorie scientifique n’est pas une supposition, mais un ensemble de connaissances étayées obtenu suite à la validation de multiples hypothèses. Une théorie valide n’est pas démentie par la réalité. On essaie de ne pas supposer n’importe quoi. Il est plus pertinent d’examiner en premier les hypothèses avec le minimum de variables (c’est un principe d’économie nommé Rasoir d’Ockham, du nom du philosophe qui le formula en premier, au XIe siècle). ÉVALUATION PAR LES PAIRS : On ne peut prouver que quelque chose n’existe pas. Donc si tu proposes une hypothèse, tu dois prouver qu’elle est bonne. C’est la charge de la preuve. Pour ça, on va demander un ensemble d’experts en la matière de tenter de prouver que tu as tort. Jusqu’à ce qu’un autre, ou toi-même, les infirme ou les améliore. Il ne suffit pas qu’une expérience ait fonctionné une fois, sur un coup de chance, ou dans des conditions limitées. Elle doit être répétable. Les lois scientifiques permettent de décrire les choses factuellement, mais la science moderne ne s’arrête pas là : elle se base sur la méthodologie développée par les pionniers pour répondre à deux questions : Pourquoi ça se passe ? et Comment ça fonctionne ?
Certaines disciplines se donnent l’apparence de la science. Leurs tenants vous sortent des graphiques, des témoignages, des articles… Sauf qu’aucun de ces éléments n’a été produit en suivant la méthode scientifique. On parle alors de pseudo-sciences. Certaines relèvent de l’escroquerie. D’autres n’ont juste jamais été rigoureusement testées. Ce qui est malhonnête, c’est de présenter les hypothèses comme des faits. Ou de refuser de contredire les hypothèses d’un fondateur. Certains scientifiques se chargent de remédier à ce défaut d’études sérieuses.
Notre esprit possède une soif de savoir inextinguible. Nous extrayons des connaissances de tout ce sur quoi nous posons les yeux. Et plus nous récoltons, plus nous désirons ; plus nous voyons, plus nous devenons capables de voir. – Maria Mitchell (1818-1889), astronome
Le philosophe Bertrand Russell a donné un exemple devenu célèbre : Prouvez-moi qui n’existe pas une théière orbitant autour du soleil, entre la Terre et Mars. Aussi absurde ce défi soit-il, personne ne peut le relever avec succès. Il n’y a pas de preuve de l’inexistence de cette théière. Mais l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. Russell concluait que ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve.
On distingue deux types de parasites argumentatifs : les sophismes relèvent de la malhonnêteté. C’est le cas de l’inversion de la charge de la preuve ou d’un autre grand classique : l’argumentation Ad Personam, à savoir s’attaquer à une personne plutôt qu’à ces arguments. Et les paralogismes qui, quant à eux, sont des erreurs logiques de bonne foi. Tu as aussi le faux dilemme qui consiste à sélectionner un certain nombre de possibilités pour forcer à choisir uniquement entre elles. La cueillette de cerises (de l’anglais cherry picking) qui consiste à sélectionner les données qui nous arrangent. Ou encore le Non sequitur, terme latin qui signifie que ta conclusion ne découle pas de tes postulats de départ. Et, dans l’autre sens, le raisonnement panglossien : réfléchir à rebours pour aboutir à l’explication qu’on a envie de retenir. La différence entre sophisme et paralogisme est subtile, et parfois dépendante de la pureté des intentions de ceux qui les emploient.
La réalité n’est pas un sondage.
- Je n'ai jamais retrouvé de cadavres dans ma rue !
- C'est parce que d'autres gens les ramassent ! Vous ne voyez rien parce que vous ne quittez pas vos palais bourgeois ! Si vous preniez deux heures pour visiter les bas quartiers !