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Critiques de Isabelle Eberhardt (39)
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Amours nomades

Il existe des livres féeriques : quand on les ouvre des senteurs s'en échappent, des couleurs s'en irisent, des musiques s'en murmurent.



Ce petit recueil est tout cela, feuilletez-le et les magnolias, les eucalyptus, le romarin sauvage et la lavande, le benjoin s'éventeront autour de vous, le chatoiement des étoffes vous fera plisser les yeux et l’or et l’étincelant des parures, colliers et bracelets, vous aveuglera tandis que les tambourins et autres instruments de musique traditionnels tintinnabuleront à vos oreilles.



C'est un voyage comme un rêve au pays du soleil et des déserts, de l'âpreté et de la volupté.



Des amours folles, inavouées, défendues et déçues sont le feu de la vie des personnages de ces nouvelles.

Les femmes ont un destin décidé pour elles et le transgressent le temps d’une passion, ou en croyant encore que la liberté leur est permise.

Les hommes se croient libres de vivre sans attaches.

Et un regard, un geste, un visage qui se dissimule embrase les coeurs et les âmes de ceux qui n'étaient pas destinés à se croiser et s'aimer.

La mort est là, toujours tapie, qui attend de sermonner ceux qui ont transgressé les lois culturelles.





Un recueil qui permet la rencontre d’êtres fiers et farouches.

Ils ont choisi de prendre dans le quotidien les joies qui sont offertes, en toute simplicité, toujours spectateurs admiratifs et contemplatifs des paysages dans lesquels ils se fondent.

Toujours en harmonie avec ce qui les entoure, ils reçoivent autant qu’ils vénèrent.
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Ecrits sur le sable, tome 1

Isabelle Eberhardt fut brûlée par le soleil du désert... L'Amazone des sables!

Elle était aventurière, vagabonde, disciple d'une confrérie, maraboute, reporter de guerre et mystique !



Elle laissa son empreinte, dans le sable, en noircissant des centaines de pages de notes et de récits, alors qu'elle n'avait pas 27 ans.





Le cavalier, vêtu des gandouras et de burnous blancs, avec le chapelet noir des Qadriya, la main droite dans un mouchoir rouge pour tenir les rênes, c'est Isabelle déguisée en homme, sous le nom de Mahmoud Saadi.





Enfourchez votre pur-sang arabe, pour suivre Isabelle, dans sa quête!

Elle rencontre l'amour avec Slimène Ehnni, mais est blessée par le sabre d'un musulman fanatique... Elle plaida la clémence, pour son agresseur, le 04 juin 1901. Mais, ce procès la livra à la vindicte du milieu colonial...

La jeune femme déclare dans "La dépêche algérienne": ...que je n'ai jamais été chrétienne, que je ne suis pas baptisée, et quoique sujet russe, je suis musulmane depuis fort longtemps.





Elle aime le cimetière antique de Bab-el-Gorjani, ses herbes sèches, et ses rosiers dans l'ombre centenaire des figuiers et des cyprès noirs.

Les tombes grises revêtent de splendides couleurs, quand les rayons obliques du soleil glissent, en traînées roses, sur les pierres d'oubli.





Dans la vaste plaine, Seldjoumi d'un brun violacé prend des aspects trompeurs de mer vivante, d'une profondeur d'abîme.





"Une multitude d'eucalyptus au pâle feuillage bleuâtre, forme une couronne d'argent sertissant la plaine maudite, où rien ne pousse, où rien ne vit!"





Un court extrait de ce qu'écrivait Isabelle Eberhardt, sur le sable, avant de disparaître, dans le désert, trop tôt...

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Amours nomades

Amours nomades, comme si l'amour pouvait se contenter d'un point fixe et s'y arrimer...

Il fallait une voyageuse infatigable comme Isabelle Eberhardt pour dire la ligne de fuite, la quête, l'errance, l'exil, dans ces histoires d'amours impossibles, souvent contrariées par le destin mais aussi par la loi implacable des traditions.

Ici nous traversons l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, nous vagabondons sur un territoire qu'a étreint de son regard et de sa fougue Isabelle Eberhardt.

Le printemps parfumé d'Oran, les rues blanches d'Alger, Tlemcen, Constantine, les souks de Tunis... Plus loin, au bord des oueds paisibles, nous guettons l'or du ciel qui illumine les vallées et les montagnes. Plus loin encore vient le sirocco du soir qui nous raconte ces histoires venues du tréfonds du désert. Dans ce paysage immuable, nous venons à la rencontre de femmes et d'hommes de la fin du XIXème siècle.

Chaque nouvelle est une histoire d'amour qui nous est contée dans l'affolement d'un coeur qui bat, qui doute, qui espère. L'auteure nous dit la joie de la transgression, l'étonnement voluptueux, la chair d'amoureuse révoltée qui repousse une nuit encore, une nuit plus tard, un peu comme Shéhérazade, l'instant fatidique, la prison du couple, l'enfermement qui viendra à jamais.

Elles s'appellent Achoura, Tatani, Taalith, Melika... Elles tentent de fuir le chemin qui les conduit vers un destin tracé d'avance pour elles. Ceux qui les aiment sont touchants, fragiles, désarmés, quelquefois leur pas vacille au moment où il faudrait qu'il soit ferme. Nous découvrons ce qui n'a guère changé plus d'un siècle plus tard, le mariage forcé des jeunes filles que leur religion impose, une religion inventée par des hommes et pour des hommes...

Ce n'est pas par plaisir que vient la transgression, c'est par un puissant désir de liberté, celui de survivre. D'imaginer la vraie vie.

L'écriture est belle, poétique, sensuelle. Dès les premières pages, j'ai eu l'impression que j'entrais dans un paysage flamboyant de couleurs et d'odeurs. Des myrtes verts, des thuyas, des lauriers-roses étoilés, ici l'eucalyptus déploie ses branches et ses feuilles dans la lumière mauresque, plus loin la fleur chatoyante d'un camphrier nous enivre de ses parfums.

Monter un escalier bleu tandis que la ville dort, franchir un seuil en écartant le rideau qui mène au bonheur, sont des gestes épris d'un effleurement érotique que l'on devine derrière chaque mot, chaque image, chaque pas...

Les Amours nomades sont clandestines, rebelles, éphémères... Interdites, inavouées, folles surtout car il faut de la folie pour braver les murs. Parfois ce sont des rendez-vous manqués...

Les Amours nomades se nourrissent de sables émouvants, le désert ardent qui effleure la peau, chavire les corps et les âmes de ces amoureux naufragés éperdus d'azur.

La mort n'est jamais loin, elle vient comme un malheureux présage poser son ombre sur le texte de ces nouvelles. Elle vient nous rappeler qu'Isabelle Eberhardt mourut tragiquement à l'âge de vingt-sept ans en 1904 dans ce désert qu'elle aimait par-dessus tout.

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Ecrits sur le sable, tome 2

"Telle est ma vraie vie, celle d'une âme aventureuse, affranchie des mille petites tyrannies, de ce qu'on appelle les usages... et avide de vie, au grand soleil, changeante et libre." Isabelle Eberhardt.





Fermez les yeux, écoutez les mille bruits du désert, et goûtez la quiétude de la nuit.

L'âme d'Isabelle a été envahie par un Djinn, ("un être, homme du Sud presque noir, aux yeux de braise")

brûlée par le soleil,

(" le soleil se couche, boule sanglante, dans un incendie d'or et de pourpre carminée.")

et emportée par le vent...

( " Dans les sables que le vent d'ouest a accumulés, je vois le passage furtif, d'une indéfinissable bête de nuit, un petit renard des sables, qui sait?")





Dans ce tome 2:" Les journaliers et Trimardeur, (roman inachevé)", Isabelle promène un miroir romanesque le long des routes, pendant sa courte vie.





Elle est à un état de dénuement absolu, après cette "sorte d'énervement déraisonnable et sans cause" sans raison.

"Je vais commencer un nouveau journalier. Qu'aurai-je à y inscrire et où serai-je le jour encore lointain où, comme aujourd'hui, je terminerais ce volume encore blanc à cette heure du livre vague de mon existence?"



Le 21 octobre 1904, dans l'oued Sefra, Isabelle disparut. Elle n'avait pas 27 ans...

Isabelle Eberhardt, la rebelle!



"Jouissons du moment qui passe et de la griserie qui, bientôt, sera dissipée" Isabelle Eberhardt.
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Yasmina et autres nouvelles algériennes

"Yasmina est autres nouvelles" est un recueil de plus d' une vingtaine de nouvelles écrites entre 1900 et 1904 . Dans ces différentes nouvelles, Isabelle raconte son amour pour Le Souf et toute sa région . Elle est marquée par la

simplicité , la modestie et la générosité de ses habitants doux, pacifiques et hospitaliers .

Isabelle a été envoûtée par toutes les contrées qu' elle a visitée .
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Au pays des sables

Isabelle Eberhardt , jeune femme eurepéenne ,d 'origine russe a fait de sa courte vie

un grand voyage .

C est déguisée en homme qu ' elle parcourt le Sud algérien , adopte la réligion musulmane , se marie avec un spahi ,Slimane Henni .Découvrant la simplicité de la

vie des autochtones ,elle est comme envoutée par cette contrée et par ses habitants . Elle partage le quotidien des bédouins . Elle meurt tragiquement à 27 ans à Ain-Sefra , dans le Sud Ouest oranais . Durant son couty séjour en Algérie , Isabelle a su pénétrer l ' âme soufie et ainsi elle

a su écrire et décrire magnifiquement la vie des ses habitants et l extrême beauté de ses paysages . Elle était amoureuse du SOUF !

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Amours nomades

Isabelle Eberhardt est une femme exceptionnelle. Je l'ai découverte il y a peu à travers ses Notes de route:Maroc-Algérie-Tunisie rééditées aux éditions Aquilon cela a été une révélation. Amours nomades m'a été suggéré par la critique d'Isanne je suis ravie.

12 nouvelles parues entre 1900 et 19O4, 12 textes pleins d'amour, de joie et de drame, 12 textes pleins de la beauté de ces terres ensoleillées, 12 textes qui nous parlent de ces hommes et de ces femmes qu'isabelle Eberhardt a pris le temps de découvrir, de connaitre et d'apprécier.

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Au pays des sables

Il y a peu d'écrivains, me semble-t-il, ou peu de personnes finalement qui peuvent parler d'un pays, d'une culture qui leur est étrangère à la base, avec tant d'empathie, de reconnaissance, et sans une once de préjugés ou de jugement. Isabelle Eberhardt est jeune, mais intelligente, quand elle vient vivre en Algérie avec sa mère, en 1902. Très vite, elle parcourt le pays et le désert déguisée en homme, est acceptée, se convertit à l'Islam et reconnait ce pays comme le sien.

Ce recueil de courts textes débute par de magnifiques évocations du désert et de sa population, nomades philosophes et paysage morne changeant continuellement. Mais très vite, les textes se font plus polémiques, relatant sans détour la triste condition des femmes mais aussi l'oppression des Algériens sous le joug des colonisateurs. Cependant rien n'est ni tout noir et blanc, et bien de jeunes Français envoyés en Algérie à cette époque refusent la domination et le mépris pour ce peuple envers qui on se doit d'être impitoyable.

Au Pays des Sables est un livre de lutte entre intolérance et amour, un livre aussi magnifiquement poétique. Dire qu'il m'attendait depuis tant d'années dans ma bibliothèque!
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Notes de Route: Maroc-Algérie-Tunisie

Notes de route: Maroc-Algérie-Tunisie Isabelle Eberhardt publiées ici aux éditions L' Aquilon.

Ces textes, pour la plupart des articles parus dans le journal de Victor Barracudant, El Akhbar, ont été collectés et publiés en un recueil en 1906 à titre posthume. Isabelle Eberhardt étant décédée lors des inondations d'Aïn Sefra en octobre 1904.

Passée la difficulté liée aux termes spécifiques, lieux, hommes, tenues civiles et militaires, je me suis laissée fasciner par Isabelle Eberhardt. Cette femme est exceptionnelle. Replacez vous dans le temps. 19OO une jeune fille née à Genève de nationalité russe, polyglotte, Français, russe, allemand, italien, arabe et turc, excusez du peu! Pour pouvoir vivre comme elle l'entend elle s'habille en homme, porte les tenues masculines berbères, partage le quotidien des goumiers entre autres étapes de sa courte vie. Convertie à l'Islam elle adopte ce pays qu'elle fait sien. Ses notes sont la retranscription de ce qu'elle voit et vit. Son voeu le plus cher vivre au coeur du désert, contempler le monde autour d'elle , ses notes de route se font l'écho de ses aspirations.

Un beau voyage, une envie de désert quoi de plus naturel en fermant ce récit mais surtout l'envie de faire connaissance avec Isabelle Eberhardt une femme hors normes en ce début de XXème siècle!

merci aux éditions L'Aquilon pour ce voyage partagé via le site simplement.
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Amours nomades

Écriture bouleversante. Écriture aimante, passionnante comme la caresse d'un peintre. Tout est étoffes, couleurs, carnations, Odeurs. Bruits, souffles, musique. Parfums. Matières, lumières. Isabelle Eberhardt était une infante des sables. Elle la vagabonde, l'étrangère, l'imparfaite, la rebelle, la réfractaire, l'aventurière ,la sans patrie, la libre. Elle, qui, avec et par amour a tout bravé, son époque, ses interdits. Elle a aimé et l'a écrit avec passion, de tous ses sens. Algérie, Maroc, Tunisie. Des nouvelles comme des contes pour rendre un visage à mille et une vies.

Berbères, bédouins , elle a su les regarder à taille humaine. A la hauteur de l'âme là où le coeur est le plus vrai, le plus juste. Avec bonheur, avec jeunesse, avec extase, avec ivresse, avec poésie, mais surtout avec un talent incroyable. Le désert fut sa dernière et unique demeure. «  la nuit d'été, sombre et étoilée, tomba sur le désert ». Elle avait 27 ans. Nous étions en 1904.

« C'était une route qui n'avait pas de fin, car elle était plus longue que la vie humaine. » Désert, Le Clézio.

Astrid Shriqui Garain



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Écrits intimes

l'attirance et le périple d'Isabelle Eberhardt à travers le sud de l'Algérie, pays de sable qui la fascine.

Aventure échevelée aussi pendant laquelle elle rencontre l'amour et se marie.

lettres qu'elle envoie tous azimuths.

femme avangardiste et courageuse, nous la voyons vivre une formidable aventure.

enthousiasmant !
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Yasmina et autres nouvelles algériennes

Certes, j'avais déjà lu des articles, des études et des ouvrages sur Isabelle Eberhardt, personnage de légende ; chaque auteur, selon son orientation politique ou son humeur, faisant pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Certains n'y ont vu que la Russe devenue (comme sa mère) musulmane, d'autres, l'amie du Maréchal Lyautey donc trop proche du corps militaire d'occupation (avec tout ce que cela entraîne comme doutes et suspicions), quelques uns n'ont pas apprécié sa manière de se vêtir et de vivre...



En réalité, on ne peut bien la découvrir qu'à travers ses reportages et ses «nouvelles», écrits à chaud, puisés du terrain (surtout les Hauts Plateaux et le Sahara) et, indirectement, de sa vie publique ou privée . Ils sont rares à être publiés, mais l'ouvrage présent est, peut-être, le plus représentatif de sa personnalité aventurière, certes, mais pas si enigmatique qu'on l'a prétendu.



Les «nouvelles» présentées sont un mélange difficile à démêler. Et, à partir d'un certain moment, on ne sait plus où s'arrête la fiction et où commence la réalité. Tant les valeurs essentielles du pays et les situations sont décrites avec force et vérité... avec un amour profond et sincère pour l'Algérie et ses populations.



De l'empathie à pleines pages. Avec des descriptions émouvantes, remuant les tripes, de la misère économique et sociale, de la pauvreté des «indigènes», avec des révoltes contre l'exploitation coloniale et les expropriations, l'aveuglement militaire, l'exploitation sexuelle et la prostitution, la solitude, la condition de la femme, la vie (si triste, si dure), avec l'inévitable grand amour (si beau mais si bref et parfois, si traître), avec l'acceptation fataliste de la mort (parfois si attendue) et avec la dénonciation des superstitions et de la pratique de la sorcellerie.



Vingt-trois textes, longs et courts, dont le plus émouvant (ils le sont tous, en vérité) est «Yasmina», l'histoire d'une toute jeune bédouine, bergère de son état, ayant succombé au charme d'un militaire «kefer», bel officier nouvellement débarqué de France... Par la suite, oubliée de son amant affecté ailleurs, abandonnée de tous, elle finira prostituée... toujours en attente de son amoureux. Une «histoire tirée par le cheveux» ? Oh que non, sûrement bien vraie... une parmi des centaines d'autres, l'occupation coloniale militaire s'étant accompagnée, toujours, d'une exploitation inimaginable de la femme. Le repos du guerrier ?

Avis : Un style «(très) grand reportage»... qui date... mais pas prétentieux et, surtout, accessible aux rêveurs et aux nostalgiques.

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Notes de route

Poursuite de notre traversée. La caravane bivouaque, un sentiment océanique du désert nous rejoint. Notes de route du pays des sables. Maroc, Algérie, Tunisie. Nous découvrons Isabelle la peintre, la poète. Tableaux, incroyables tableaux. Il eut été facile de nous mener vers un orientalisme de bon teint. Mais ce qu' a vu vécu et partagé Isabelle Eberhardt, ce qu'elle transmet, ce qu'elle peint dépasse totalement le cadre du simple prétexte littéraire. Ce sont les récits d'une quête, d'une élévation, d'une extase, d' une transcendance qu'elle note en chemin.

Une iconographie émotionnelle, mystique, spirituelle. «  Mon âme est en progrès », « elle se détache de la brume terrestre », «  tout ce que j'ambitionne servira à adoucir les péripéties de ce drame inexplicable qui a nom la vie, et qu'il faut bien jouer ».

Isabelle Eberhartdt est à n'en pas douter une des plus grandes coloristes des sables. Avec une palette d'une richesse ,d'un diversité impressionnante elle sait également saisir les ombres, leurs absences, leurs silences, elle sait saisir la profondeur des lignes, la pesanteur mais également l'évanescence de la lumière. Couleurs mirages, couleurs orages, couleurs hommages, couleurs miracles. Elle détaille et ne confond pas. Ni les couleurs, ni les visages, ni les âmes. « Le monde arabe et le monde européen, se coudoient, se mêlent sans jamais se confondre ». Regard extatique mais lucide.

Peintre géologue. «  C'est comme une gigantesque coulée de lave, vomie par les pitons sombres qui ferment l'horizon, et ayant envahi la vallée pour s'y refroidir et se figer autour des masses plus anciennes, plus dures, et formant une croûte boursouflée, rugueuse, toute une carcasse de ville détruite par le feu du ciel ». Alchimiste, géologue , orfèvre. Elle embrase les eaux fortes du désert des sables. Le désert devient volcan, océan, plaine, flambeau, animal, vallée, corps sculpté, modelé, ciselé. Derrière la monotonie elle sait et touche la mouvance des mondes. Râle, plainte, cri, murmure, frisson, l'ombre et la chaleur ont un langage. Un langage que seuls ceux qui traversent les sables peuvent apprendre connaître et partager.

Un continent où le temps se dilate, où l'homme s'abstrait , et son esprit s'entrouvre .

L'oeil du temps observe. «  l'esprit se replie sur lui-même pour de vagues songeries ternes ». C'est une nuit de soie rouge, puis une accélération intérieure, l'embrasement au lever du jour. Par le pigment, par le son, elle donne au désert toute la matière mouvante de ses parfums. «  tout reluit, tout scintille à l'infini, mais tout est vague ». La partance infinie de sa liberté et de ses rêves sous des «  nuits de lune, limpides et mystiques. Elle est voyante d'une multitude de langages sur un l'océan de sable, elle voit « à travers le prisme sublime du vaste univers ». Ainsi a t elle vu l' Amour dans cette aurore de vérité. Ce lieu de nudité où toute nécessité disparaît.

Retranscriptions sensorielles d'une traversée en solitaire, les notes de route d'Isabelle Eberhart nous font entrevoir le rapport qui peut y avoir entre l'âme éternelle et l esprit universel. Un rythme, l'élégance d'un coeur comme l'empreinte d'un passage.



Astrid Shriqui Garain

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Au pays des sables

« AU PAYS DES SABLES » Isabelle EBERHARDT (Editions Joëlle Losfeld, 170 pages)

L’auteur d’abord ; Isabelle Eberhardt, née à Genève en 1877, choisit après bien des pérégrinations de vivre en Algérie, essentiellement dans des régions désertiques, se déguisant parfois en homme, s’imprégnant des paysages, des mœurs locales, épousant un autochtone, se convertissant à l’Islam. Femme fascinante comme ce coin du monde, elle périra à 27 ans noyée accidentellement dans un oued en crue, laissant quelques ouvrages qui seront publiés post-mortem.

Le livre vaut par le dépaysement qu’il nous offre, dans de petites nouvelles, de courts récits inspirés de la réalité, des souvenirs aussi, sans doute ; c’est l’Algérie des sables en 1902, un monde peut-être encore présent par bien des aspects ; c’est le joug que vivent les femmes, l’arrogance humiliante du colonialisme, la beauté foudroyante du désert, les épopées à cheval, et par-dessus-tout un esprit insensé de liberté. L’écriture est simple et belle, Isabelle Eberhardt sait nous faire sentir cette terre qu’elle a adoptée, nous faire partager ses révoltes et ses passions avec beaucoup de poésie.

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Yasmina et autres nouvelles algériennes

Yasmina, qui fait partie des "nouvelles algériennes" d’Isabelle Eberhardt, raconte une tragique histoire d’amour où la naïveté première de la jeune fille (elle a entre 14 et 15 ans) suscite l’intérêt puis la passion de Jacques, un officier français du corps des spahis. L’exotisme et un refus de la brutalité ambiante conduisent le jeune idéaliste à nouer une idylle éphémère (1) avec la jeune bédouine.



Citation :

(1) « Il ne comprenait plus combien cette première forme de son « moi » conscient avait été meilleure et plus belle que la seconde, celle qu’il devait à l’esprit moderne vaniteux, égoïste et frondeur qui l’avait pénétré peu à peu »



Plus qu’une nouvelle, je dirais que c’est un conte oral destiné à une lecture publique : on y reconnaît la peinture de personnages bien typés dont le narrateur explique les comportements, la présence de paysages , des dialogues, situations et péripéties propres à la séduction du public.



L’histoire est bien construite, un peu sur le modèle des chansons mélodramatiques de la même époque, où la pureté de l’amour se confronte à la vulgarité ambiante, où la jeune fille, trahie et abandonnée, devient la victime d’un égoïsme bien occidental.



L’écriture du conte oral, souvent habile dans le déroulement de l’histoire, cède alors à quelques clichés comme « Les fonctionnaires ignorants et brutaux, » ou « les paysans illettrés et obscurs ».

Dans Yasmina, Isabelle Eberhardt a la bonne idée de situer son histoire dans Timgad, la ville au passé romain, mais dont l'actualité devrait bien servir d'avertissement aux nations orgueilleuses qui visent la

domination :



Citation :

"Un amphithéâtre aux gradins récemment déblayés, un forum silencieux, des voies désertes, tout un squelette de grandes cité défunte, toute la gloire triomphante des Césars vaincue par le temps et résorbée par les entrailles jalouses de cette terre d’Afrique qui dévore lentement mais sûrement toutes les civilisations étrangères et hostiles à son âme.."



avertissement qui jette dès le départ une ombre sur l'idylle entre Jacques et Yasmina. Pourtant, Isabelle utilise pour ces moment heureux de leur liaison le même verbe :



-

Citation :

Elle vivait. Elle était heureuse simplement, sans réflexion etsans autre désir que celui de voir son bonheur durer éternellement.

(p 53)



-

Citation :

Jacques ne pensait plus, il vivait.

Et il était heureux.

(p.54).



En même temps on est frappé par le contraste entre les lieux, celui vierge et ensoleillé de leurs amours, et le Village-Noir de la fin.



Avant Claude Lévi-Strauss, Isabelle Eberhardt (1) aborde le thème de l'occident mortifère.



(1) Dans la vie courante, Isabelle Eberhardt "personnage enigmatique, vêtu d'un burnous blanc et coiffé du turban des nomades" se faisait appeler Mahmoud Saadi, nom sous lequel elle signait ses articles dans les journaux d'Alger.
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Ecrits sur le sable, tome 1

magnifique écriture, vie extra ordinaire dans le sud algérien. On n'oublie pas de sitôt Isabelle. Ces deux tomes sont une mine de diamants.
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Au pays des sables

Je ne suis pas spécialement attirée par l'Afrique du Nord et le désert (probablement une espèce d'a priori climatophobique) mais je tenais à mieux connaître cette autrice aventurière, morte à 27 ans et qui a bravé son époque, c'est à dire le tournant entre XIXe et XXe siècles.

Au pays des sables est une suite de courtes histoires se déroulant toutes (je crois) dans la région d'El Oued, aux portes du Sahara, près de la frontière tunisienne. Beaucoup de sujets y sont abordés : la splendeur du désert avec énormément de poésie et d'attachement, la dureté de l'administration coloniale française, le mal-être des Européens amoureux de ce pays, la situation des femmes et particulièrement des femmes réprouvées. Ces histoires sont incroyablement modernes et lucides. J'ai parcouru d'autres textes du début du XXe siècle décrivant les colonies françaises (voir aussi les manuels scolaires) qui n'ont pas cet humanité et cette communion avec ce pays des sables. Même si Isabelle Eberhardt s'habillait en homme arabe, ce livre est hautement féministe parce qu'il parle des femmes mais aussi parce qu'il est un regard et une parole de femme, ce qui en fait un témoignage rare pour l'époque. Je comprends que Louise Michel, en voyage en Algérie, ait voulu rencontrer Isabelle Eberhardt. La mort de la jeune femme a malheureusement empêché la réunion de ces deux femmes qui auraient sans nul doute eu beaucoup de choses à échanger.

La postface de Jean-René Huleu est très sensible et très juste.
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Amours nomades

L'écriture est belle et limpide. Les nouvelles sont belles par leur contenu, par les couleurs et leur mélancolie sous jacente.



A lire pour s'évader, pour rencontrer un pays par les yeux d'une femme déguisée en homme. ^^
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Pages d'Islam

Dans ses nombreux carnets de voyage, Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivain et journaliste, dépeint la vie quotidienne dans l’Algérie coloniale. Rebelle aux conventions de son temps, passionnée par la culture locale, elle vit comme une autochtone, s’habille en homme pour parcourir le désert, et se convertit à l’islam. Elle disparaîtra à Aïn-Sefra, emportée par une crue.
Lien : http://eforge.eu/ebooks-grat..
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Amours nomades

4ème de couverture: Tous les matins, à l'heure où le soleil se levait, je venais m'asseoir sous le porche de la zaouïa Sidi Abd er Rahman, à Alger.

J'ai ressenti là, à l'ombre antique de cette mosquée sainte de l'islam, des émotions ineffables au son de la voix haute et forte de l'iman psalmodiant ces vieilles paroles de la foi musulmane en cette belle langue arabe, sonore et virile, musicale et puissante comme le vent du désert où elle est née.





Mon opinion: Je découvre cet auteur avec ce recueil de nouvelles et je dois dire que je ne suis pas déçue. La vie très courte (morte noyée à 27 ans) de cette femme est marquée par le désir de liberté, le voyage et surtout par son amour des pays du Maghreb auxquels elle a voué une véritable passion et leur a consacré sa vie littéraire. Une vie mouvementée, d'exil qui marque l'amour d'une femme pour une culture à laquelle elle rend hommage par l'écriture.



Dans ce recueil de nouvelles, l'auteur nous décrit le Maghreb du XIX°siècle: sa culture, ses paysages... Elle nous conte des amours impossibles, contrariées par les événements, les traditions dans une langue douce, poétique.



Un très bon moment de lecture à accompagner d'un délicieux thé à la menthe!



PS: cette édition est composée d'une présentation de la vie de l'auteur en début de recueil, très intéressante pour découvrir l'histoire de cette femme.



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