Morisot et Cassatt ont bien des points communs. Tout d'abord elles sont toutes deux ... femmes, issues de milieux sociaux bourgeois comparables et elles partagent de véritables ambitions artistiques. A cette époque elles traitent de thèmes souvent liés à l'univers féminin comme les scènes de toilette, des portraits de mères et d'enfants. leur facture est pourtant différente. Avec ses touches presque systématiquement fragmentées, les réalisations de Berthe relèvent d'un impressionnisme orthodoxe vis à vis duquel Mary a pris ses distances.
ses dernière œuvres, comme la leçon de crochet, sont exclusivement des pastels. sa palette se réduit encore et ses couleurs sont toujours plus franches et vives, probablement en raison de sa perte d'acuité visuelle. leurs traits nerveux leur donnent une touche très originale et très appréciée par ses amis et collectionneurs.
La complicité artistique qui les unit alors permet à Mary de comprendre et d’adopter intuitivement des poses adaptées à « l’idée » que Degas se fait de ce que doit être un portrait ; quand il la représente au Louvre, de dos, elle est méconnaissable - à part par une certaine allure attestée par ses proches ; elle est saisie plus qu’elle ne pose dans l’acception classique du terme. (p. 66)
une quinzaine d'année après que les prémisses de l'impressionnisme ont donné au fugitif, au transitoire, de nouvelles lettres de noblesse, on assiste désormais ) un regain d'intérêt pur les compositions affirmant une maitrise technique. L'évolution du style de Mary témoigne de ses nouvelles recherches et 'une synthèse très personnelle de ses acquis.
a la différence de beaucoup de ses confrères, mais comme Manet, Degas ou même Renoir, Mary n'hésite pas à inclure le noir dans sa palette. les contraste colores ainsi soulignés, exaltent l'intensité des teintes adjacentes et suggèrent à propos les effets particuliers des lumières artificielles.
elle continue d'entretenir avec plusieurs membres du groupe indépendant des relations suivies. comme eux elle opte pour une palette claire, se désintéresse de l'anecdote, cherche de nouvelles mises en page, choisit ses motifs dans son environnement quotidien ou refuse les diktat des jurys.
le pastel lui permet de saisir sur le vif les attitudes spontanées des enfants. il lui offre également une gamme d'effets de matière unique: des hachures aux fondus, les passages sont plus ou moins travaillés et le support plus ou moins apparent.
connaissant l'intérêt des impressionnistes pour la peinture en plein air et les sujets pris dans son environnement quotidien, Mary dispose désormais d'une série d'œuvres très personnelles à soumettre au public.
Puisant aux viviers d'artistes aussi divers que Vouture, Manet ou même des maitres anciens qu'elle a toujours appréciés, elle retient exclusivement ce qui présente à ses yeux un "plus" à son propre style.
pour suggérer la légèreté et la transparence de la mantille ou la lumière éclairant le front et le cou, les touches sont fragmentées, posées cote à cotes sur un fond sec, dont elles se détachent nettement. l'effet est beaucoup plus spontané et atteste d'une grande liberté de style.