Toutes ces morts, de plus en plus dures à vivre.
Perdre ses parents, c'est une étape cruelle. C'est perdre le passé, la clé d'entrée en vie, c'est avancer, c'est prendre leur place, prendre son tour dans le cirque de la vie.
Perdre son conjoint, c'est un traumatisme violent, à surmonter, pour continuer la route seul, amputé de sa moitié. C'est perdre le présent et devoir s'en construire un autre.
Mais perdre son enfant, c'est se voir arracher les entrailles du corps et de l'âme. C'est perdre l'avenir. C'est se perdre soi-même. C'est trop.
Cette dernière mort, celle de mon fils, mon petit, mon aîné, mon enfant, si horrible et si injuste, si insupportable, c'est le coup de fouet qu'il me fallait pour l'écrire, ce livre de mort, ce livre de vie qui me trotte en tête depuis des années, depuis que je les perds, un à un. Ils sont toujours là, bien sûr, absents pour toujours, présents pour toujours.