Pourquoi faut-il lire Karl Marx aujourd'hui ? .
200 ans après la mort du philosophe et économiste allemand, ses idées résonnent avec les mobilisations sociales de notre temps. Lutte des classes, privatisation, féminisme ou esclavage autant de bonnes raisons de lire ou relire Marx aujourd'hui, avec les analyses des spécialistes Jules Falquet et Isabelle Garo.
Contre toutes les simplifications séduisantes, à l'aube de ses 20 ans, Karl Marx était avant tout un jeune homme intransigeant et énergique, très incertain de son avenir mais profondément attaché à des principes, des idéaux et des rêves aussi vagues que puissants.
De deux ou trois ans plus jeune que ses camarades, Karl développait de façon originale dans sa copie les thématiques humanistes alors en faveur dans le camp rationaliste et progressiste : "C'est seulement en œuvrant pour le bien et la perfection du monde qui l'entoure que l'homme peut atteindre sa propre perfection. S'il ne crée que pour lui-même, il deviendra peut-être un savant célèbre, un grand sage, un poète distingué, mais jamais un homme accompli."
L’idéologie est bien cette production sociale de représentations qui se veulent plus vraies que nature et qui, à la condition d’assigner le spectateur à sa place fixe, s’efforcent d’aménager le futur et d’encadrer l’action en intervenant activement dans le rapport de force, dans une histoire qui ne cesse par définition d’échapper à tous les devenirs prescrits. Contre la dématérialisation post-moderne du monde, il faut affirmer que l’idéologie n’est pas plus le tout du réel lui-même qu’une simple surface, miroitante, proposée à des spectateurs-consommateurs définitivement hypnotisés, mais qu’elle a pour fonction de se combiner à la coercition quotidienne, pour perpétuer une hégémonie dont la crise du capitalisme mondialisé et du nouvel ordre impérial rend plus violent que jamais le maintien : sa fonction est de travailler un présent fait de contradictions, s’adressant à des spectateurs qui ont aussi une vie sociale, travaillent, luttent, sont animés de colères et d’espoirs, de projets et de peurs, de mémoires et de rêves.
Condensé idéel du capitalisme, le fétichisme occulte en montrant, travestit en dévoilant, joue vertigineusement de la visibilité et de la transparence, interdisant la saisie de la totalité dont il est le reflet en même temps qu’il enferme les hommes dans la solitude de leurs rôles de vendeur et d’acheteur.
Pour analyser l’argent et le travail, Marx met en œuvre les notions de catégorie simple, de catégorie concrète et de totalité. Dans ces deux cas, la question de l’ordre de l’analyse s’avère aussi cruciale qu’indécidable. Elle est cruciale, parce qu’elle prend en charge le problème du rapport de la pensée à son objet, situé au cœur des préoccupations matérialistes de Marx. Mais elle s’avère tout aussi indécidable : elle indique seulement que les procédures de la connaissance doivent être accordées différemment à la nature de leur objet, selon qu’il est global ou parcellaire, tardif ou précoce. Marx va alors souligner les relations diverses qui existent entre les quatre dimensions, esquissant l’architecture d’un espace historico-théorique d’une extraordinaire complexité.
L’argent est donc représentation d’un nouveau genre, médiation et réserve de valeur, intermédiaire social et chose, fonction et image, représentation à la fois adéquate et illusoire, condition de l’échange mais parfois aussi sa finalité et la cause de son blocage.
Prendre les mesures exactes du problème.
Reporter ce contour sur la carte d’état-major à l’aide
d’un marqueur fin à encre de Chine.
Décrire l’ensemble aussi exactement que possible et publier
cette description (ou son résumé) dans une revue critique.
On peut alors traiter le problème avec les moyens conceptuels
appropriés
C’est pourquoi une critique rigoureuse de l’économie politique, qui met à jour tous les tenants et aboutissants de l’analyse sur le terrain économique mais aussi sur les terrains philosophique et politique, constitue l’un des éléments indispensables de la construction d’une alternative économico-sociale.
L’art semble être à la fois déterminé et autonome, aliéné et libérateur, écho des contradictions du réel et ferment révolutionnaire de leur dépassement
c’est la confrontation de l’œuvre à elle-même en tant que marchandise, et l’exploration des résistances à sa propre absorption par l’industrie culturelle, qui la conduisent à porter sur le réel un regard critique qui n’est pas autre chose que l’œuvre elle-même, dans sa complexité et son ambivalence