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Critiques de Isabelle Marsay (46)
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La fabrique des livres anonymes

Comment se construit une histoire, où puise-t-on ses idées, faut-il y faire figurer des éléments biographiques ou personnels… ?

Voilà une série de questions, mais elles ne sont pas les seules, qui sont développées ici au lecteur. Et c’est rudement passionnant. Même pour un petit écrivaillon comme moi qui commet quelques critiques sur Babelio. Car quelque part, il faut bien avouer que si on lit autant c’est parce qu’on n’est pas capable soi-même d’imaginer des tas de scénarios aussi originaux qu’éclectiques. Et de l’imagination, Isabelle Marsay, en a à revendre ! Quel plaisir de lire un roman imbriqué dans un roman, côtoyant un autre roman, et… bref, de se dire que pour le même prix, on a plusieurs histoires et dans plusieurs genres différents à déguster. Et cerise sur le gâteau : tout cela dans un style parfait avec maintes allusions à d’autres lectures, musiques ou films.



Sept écrivains ont été choisis, ou plutôt sélectionnés, pour participer à une expérience littéraire. Par contrat, ils ont accepté de céder les droits de leur futur livre, contre une rémunération alléchante, à un mécène inconnu. Pour écrire, ils ont également accepté de se retirer du monde, dans un lieu mystérieux, pendant neuf mois : aucun moyen de communication avec l’extérieur n’est autorisé, même les téléphones portables leur ont été confisqués. Mais quand l’hélicoptère, chargé de les amener sur leur lieu de résidence, les dépose sur une plate-forme off-shore en pleine mer du Nord, avec la longue nuit polaire qui s’annonce, l’enthousiasme du début se tourne peu à peu vers une inquiétude plus que palpable…



Voilà le ton est donné : celui de l’angoisse car il peut se passer mille choses sur cette paroi de fer et de béton.

Et les autres, qui sont-ils vraiment ? Et comment écrire dans de telles conditions ?

Enfermés volontaires, oui, mais jusqu’à quand ?



Outre le suspense, c’est également un hymne à la création littéraire, à l’imaginaire, aux écrivains modestes fuyant la renommée facile, mais aussi un roman soulevant d’autres perspectives comme la relation à l’autre, l’acceptation de la différence, le vieillissement…



Un roman gigogne qui se laisse lire avec grand plaisir, même si j’ai trouvé parfois les personnages un peu trop gentils.

Et je disais tout à l’heure « pour le même prix », et bien moi j’ai été encore plus gâtée que ça car tout ce partage et ce bonheur de lecture, je les ai reçus gratuitement de la part de l’auteure que je remercie infiniment.

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La fabrique des livres anonymes

Sept écrivains qui ne se connaissent pas ont signé un contrat avec un mécène inconnu : ils vont être acheminés vers une destination mystère et devront y rester ensemble pendant neuf mois, totalement coupés du monde extérieur, y compris de leur famille et amis, sans portable, sans Internet, pour y écrire un roman dont ils céderont tous les droits au mécène. Celui-ci publiera alors sous son nom un ou plusieurs de ces sept textes. Ils recevront chacun cent mille euros. Croyant que leur destination pourrait être une île paradisiaque, ils sont bien décontenancés lorsqu’ils prennent l’avion pour Tromsø, en Norvège, puis sont conduits par hélicoptère sur une plate-forme pétrolière off-shore désaffectée proche du cercle polaire arctique. Les conditions y sont extrêmes et ils vont être confrontés à la nuit polaire. ● L’idée initiale est excellente même si elle fait un peu trop penser au film Les Traducteurs de Régis Roinsard (2019). ● Malheureusement le roman ne décolle à aucun moment. On a des bribes des livres que les écrivains produisent et on se dit qu’on préférerait peut-être lire un de ces ouvrages, notamment celui du médecin de Saint-Maur. ● Car que tout cela est plat ! On n’y croit pas, il n’y a aucun suspens, les personnages sont des fantoches désincarnés, le style est médiocre avec plusieurs « coquilles » (dirons-nous par bonté d’âme), et même la fin n’a aucun intérêt. ● L’autrice allèche son lecteur avec des citations célèbres, au début du roman, dont elle ne fait strictement rien. Elle convoque plus tard des écrivains bien trop grands pour elle, comme Kafka… ● Avec ce livre on voit comment on peut faire une mauvaise soupe avec d’excellents ingrédients… Agatha Christie et ses Dix Petits Nègres – qu’il ne faut plus appeler ainsi – est elle aussi citée, on en est loin, très loin... ● L’autrice a raison de faire son autopromotion à travers des comptes factices sur ce site (non, ça ne passe pas inaperçu !) ; il vaut mieux qu’elle compte sur elle-même que sur ses lecteurs… ● Je remercie Les Soleils Bleus Editions et Babelio pour cet ouvrage que j’ai reçu dans le cadre d’une opération Masse critique.
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Rue des Dames : Petits plaisirs solidaires

Après le décès accidentel de ses parents, Juliette hérite d'une coquette somme qu'elle décide d'investir dans l'achat d'une grande maison charmante et atypique. Située rue Richard de Fournival à Amiens, cette bâtisse est divisé en sept appartements dont deux seront occupés par des amies de Juliette. Dans l'aile gauche, s'installe Prisca, une infirmière de 49 ans, militante syndicaliste, récemment divorcé, qui vit avec ses deux enfants. L'aile droite sera, elle, occupée par la douce et jeune Florence, épouse battue par un mari irascible, mère d'un petit Clément de 7 ans et qui trouve dans sa foi en Dieu la force de vivre. Les trois femmes bouillonnent de projets. Cette maison sera leur havre de paix, un endroit accueillant où elle pourront se voir, se parler, s'entraider mais aussi un lieu de rencontre pour les artistes, musiciens, peintres, comédiens, et autres saltimbanques. Pourtant, l'harmonie de ce beau projet de vie communautaire va être chamboulée par l'arrivée d'un poète, médiéviste avisé, spécialiste des trouvères et de l'amour courtois, professeur à l'université de Nanterre et qui travaille à une biographie de Richard de Fournival : Vincent Fournol. Le quadra cultivé, un brin précieux mais d'une galanterie rare, devient un invité régulier de la maison des dames, faisant battre le coeur de certaines, éveillant la méfiance d'une autre.





Si cette Rue des dames est une comédie charmante qui se lit facilement et avec un certain plaisir, il faut tout de même avouer qu'on se demande où l'auteure veut nous emmener. S'il s'agit de faire l'apologie de la colocation, c'est un peu raté ! Effectivement l'idée est belle et le début de l'histoire a un goût de bonheur retrouvé, d'amitié sincère et de bien-être. Mais dès qu'un homme pointe son nez dans ce gynécée, la zizanie commence et ce ne sont plus que mensonges, manipulations et promesses oubliées. Alors l'auteure a-t-elle voulu prouver qu'il vaut mieux rester entre femmes et éviter la compagnie de ces messieurs pour être heureuses? Si c'est le cas, le procédé est un peu grossier, d'autant que la présence d'une femme au milieu d'un groupe d'hommes aurait eu les mêmes effets dévastateurs. Mais il faut dire qu'Isabelle MARSAY a tendance à forcer le trait. Son poète érudit est le comble du ridicule et ses personnages féminins sont des caricatures : Juliette ne vit pas, elle joue un rôle, Prisca est trop tout, trop militante, trop féministe, trop amère, trop vindicative et Juliette, avec sa certitude que le retour du messie est pour bientôt, laisse franchement pantois. Toutes les trois sont passionnées d'art, écoutent de la grande musique et s'inquiètent de l'avenir de l'humanité...Caricatural, non?

Bref, il faut prendre ce roman pour ce qu'il est : une lecture détente. Isabelle MARSAY se joue des genres et combine sans vergogne la chick litt, le roman sentimental et même le polar, le tout dans une langue châtiée qui, comme ses personnages, se prend peut-être un peu trop au sérieux. A réserver pour les jours où l'on veut se reposer l'esprit.
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Le fils de Jean-Jacques

Jean-Jacques Rousseau, grande célébrité du 18ème siècle et un des acteurs du siècle des Lumières.La lumière n'a pas toujours ébloui son esprit concernant ses enfants : "Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais".

Isabelle Marsay nous immerge dans une époque terrible où le manque d'hygiène faisait mourir une grande partie des enfants abandonnés.

Pendant 5 ans, Jean-Jacques Rousseau aura eu avec sa compagne (une servante prénommée Thérèse où son droit de parole n'est certainement pas une priorité de l'époque) 5 enfants tous laissés à l'Hospice Saint Vincent de Paul.

L'un d'eux, Baptiste aura une drôle de destinée.

Ce roman est une également un voyage vers les femmes fortes de l'époque : les accoucheuses, les nourrices comme la merveilleuse Jeanne qui l'élèvera comme son fils.

Ce roman amène la réflexion sur des sujets importants abordés : l'adoption, l'hygiène, la médecine parallèle (les guérisseurs), la mort, l'amour.

La lecture très intéressante et enrichissante est entrecoupée de texte de Jean-Jacques Rousseau donne vraiment envie de s’intéresser d'avantage à ce grand philosophe.



Un très grand MERCI aux Editions Ginkgo et à Babélio.
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La fabrique des livres anonymes

Sept écrivains ont rendez-vous à l’aéroport du Bourget. Ils ne se sont jamais rencontrés, mais ils vont, pourtant, vivre une aventure commune. Pendant neuf mois, coupés du monde, ils vont se consacrer à leur passion : l’écriture. Sans portable, sans connexion, ils vont vivre un moment hors du temps, sans nouvelles de leurs proches et sans possibilité d’en donner eux-mêmes. Leur mission est d’écrire un roman, qu’ils céderont à un mystérieux mécène. Ils recevront chacun cent mille euros, dont une avance leur a déjà été versée.





Ils ne connaissent pas leur destination. Ils imaginent une île paradisiaque. C’est sur une plate-forme pétrolière désaffectée, en mer du Nord, qu’ils sont emmenés. « Ils atterrissaient bien sur une île : une île aux charpentes d’acier, constituée de traverses et de ponts, perchée entre mer et ciel, au-dessus du vide et des eaux glacées, à mille milles de toute terre habitée. » (p. 24) Pendant une étape de leur voyage, à Tromsø, en Norvège, l’un d’entre eux a eu le réflexe de télécharger des informations sur cet espace géographique, avant que leurs téléphones leur soient retirés. Aussi, ils se préparent à une nuit sans fin ; à la nuit polaire. Ils sont seuls, au milieu de la mer. Personne ne sait où ils sont. Tout peut arriver.





Ils sont sept et ont des personnalités différentes, qui s’expriment, également, dans leurs textes. Plusieurs genres sont représentés : suspense psychologique, anticipation, dystopie, drame, affaire judiciaire, etc. Ils souhaitent tous que leur roman soit choisi, mais ils sont trop modestes pour se l’avouer. Ils partagent des extraits de leur manuscrit. Comme un livre-gigogne, nous passons d’un style à l’autre et, selon nos goûts personnels, nous établissons un classement inconscient. C’est un véritable numéro d’équilibriste auquel se livre Isabelle Marsay. J’ai été surprise, quand je me suis aperçue que j’étais tenue en haleine par un récit d’anticipation, alors que je ne suis pas attirée par ce genre.





Un texte est, particulièrement, angoissant, car il évoque la situation exceptionnelle des personnages. A cela s’ajoute la peur de ne pas être ravitaillé. Toutes les six semaines, un hélicoptère apporte des vivres. Et s’ils étaient oubliés en pleine mer ? L’exploration de leur habitation apporte, elle aussi, des motifs d’inquiétude. La créativité, peut-elle s’exprimer dans ces conditions extrêmes ? Enfin, des personnalités se révèlent et des révélations fracassantes perturbent l’ordre établi.





La fabrique des livres contient plusieurs romans, dans une intrigue qui est, elle-même, à tiroirs. Telle une commode, avec des compartiments cachés, le suspense envahit tous les recoins : dans la réalité et dans la fiction, dans le passé, le présent et le futur, dans les caractères et dans les apparences, dans le langage et dans les pensées, etc. D’un thème à l’autre, nous sommes tenus en haleine et devons patienter pour obtenir des réponses, puisque les situations et les récits alternent, entretenant un suspense continuel. Ce roman est aussi une ode à la littérature, à travers toutes ses formes. Il est un hommage à la création et au pouvoir des mots. J’ai adoré.




Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Le fils de Jean-Jacques

“Celui qui ne peut remplir ses devoirs de père n’a point le droit de le devenir.”

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On ignore généralement que le grand penseur de la parentalité a abandonné, contre le gré de leur mère, les cinq enfants qu’il a eus avec Thérèse Levasseur entre 1746 et 1752. Isabelle Marsay imagine, dans Le Fils de Jean-Jacques, le destin du fils aîné de Rousseau placé en nourrice, à une époque où 70% des nourrissons abandonnés à l’hospice mourraient avant d’avoir un an. Rousseau ne semblait pourtant pas ignorer cet état de fait.

.[...]

Dans cet excellent roman-fiction, Isabelle Marsay met en lumière les contradictions flagrantes et la lâcheté de Jean-Jacques Rousseau, sans porter de jugement. L’auteur se contente en effet d’alterner très judicieusement des tranches de vie (imaginée) du fils aîné de Rousseau avec des écrits de ce dernier sur les devoirs et obligations qui incombent aux parents. On plonge dans le quotidien d’un siècle où la modernité n’était encore qu’un concept, la mort et la maladie le lot banal de toutes les familles. Gageons que la lecture de ce roman déclenchera un regain d’intérêt pour un philosophe dont on fête en grande pompe le tricentenaire de la naissance actuellement.
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Le fils de Jean-Jacques

Isabelle Marsay s'intéresse depuis longtemps à Jean-Jacques Rousseau épluchant sa vie , son œuvre,s'interrogeant sur la contradiction flagrante existant entre les écrits et la vie de ce grand philosophe .

C'est en Décembre 1764 que paraît à Genève un pamphlet anonyme (en fait écrit par Voltaire) attaquant Rousseau au "nom de la morale et de la religion en révélant son secret":l'abandon des 5 enfants qu'il a eu hors mariage avec sa compagne Thérèse .Il était alors courant de confier les nouveaux nés à l hospice des Enfants-Trouvés près Notre Dame à Paris .Les mœurs sous le règne de Louis XV étaient beaucoup plus libres qu'avant et avoir des enfants hors mariage se voyaient fréquemment.Comment Rousseau a t'il pu agir ainsi lui dont la devise était " Accorder ses paroles et ses actes.Trouver l'harmonie entre soi et le monde"Faut' il le condamner , ne pas le juger ?

Pour mieux nous faire toucher du doigt la gravité d'un tel abandon à cette époque , I Maray imagine la vie qu'aurait pu avoir Baptiste le fils aîné de Rousseau abandonné en Novembre 1746.Nous voilà paris avec cet enfant en Picardie , nous vivons avec ce petit monde de paysans de journaliers , à la merci d'une mauvaise récolte .Nous le voyons grandir , devenir jeune homme et le suivons sur la route de son destin.

Ce livre se lir facilement , le fond historique du roman est riche d'enseignement .Agréable lecture mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

lecture réalisée dans le cadre de Masse critique janvier 2012

Merci aux éditions Gingko et à Babélio
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Le fils de Jean-Jacques

Isabelle Marsay nous décrit les conditions de vie de tous ces enfants abandonnés dans un siècle qui s’ouvrait à la Lumière des réflexions philosophiques sur l’homme, la liberté, l’éducation, etc. L’auteure nous met au sein de l’horreur du destin de ses enfants, dont la plupart n’atteignait pas l’âge d’un an, et, pour les plus “chanceux”, étaient confiés à des nourrices qui, en donnant leur lait pour quelques sous, se souciaient souvent fort peu du bien-être de ces petits êtres. Rousseau finalement incarne parfaitement l’aspect paradoxal de ce siècle encore englué dans un certain obscurantisme et à la fois porté par les lumières voulant remettre l’homme au centre des préoccupations. A l’époque évoquée dans le roman, le taux des enfants abandonnés était très important et exponentiel, à tel point que l’on pensait les envoyer en Lousiane pour obtenir de la main d’œuvre facile et pas chère, on faisait peu de manières dans un siècle où l’esclavage n’était pas encore abolie. Ces enfants bâtards et nourris aux frais de la France devaient rendre ainsi compte des dépenses effectuées pour eux.



Baptiste, fils naturel de Rousseau et de sa compagne, Marie-Thérèse Le Vasseur, va connaître une vie que la majorité des enfants abandonnés n’auront pas, mais ce destin, imaginé par Isabelle Marsay, est surtout les faits du hasard et de la bonté d’une femme.
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Le fils de Jean-Jacques

Difficile pour ne pas dire impossible de ne pas être touché par ce roman. D'une part la description fidèle des moeurs du XVIII ème siècle est très bien rendue, très vivante, d'autre part les conditions de vie des petites gens et surtout des enfants de cette époque fait frémir. Nous sommes loin de l'enfant-roi tel qu'il est devenu depuis quelques décennies. Jean Jacques Rousseau ne pouvait ignorer le destin presque toujours funeste des enfants abandonnés de cette époque. Il est d'autant plus difficile de ne pas porter de jugement sur cet homme cultivé, instruit (dans les deux religions catholique et protestante), aisé, qui n'aura aucun scrupule à rejeter les cinq enfants que lui donnera la femme qui partagera toute sa vie, sans tenir compte de son avis à elle et de sa douleur.

Cela mis à part c'est un excellent roman, bien écrit, d'une lecture facile et sensible, que j'ai lu jusqu'au bout malgré le sujet pour moi difficlement supportable. Peut-être a-t-il souffert de venir après la lecture d'autres romans sur ce thème : C.J Box (3 semaines pour dire adieu : l'histoire d'une adoption qui tourne mal), Dermot Bolger (un seconde vie : ce tentenaire adopté qui décide de rechercher sa mère biologique )
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Le fils de Jean-Jacques

Le fils de Jean Jacques a exactement 20 ans au moment où s'écrit cette critique avec l'intention avouée de dire combien le plaisir de la lecture est historiquement intemporel et combien il est agréable de pouvoir remercier son auteure. De la finesse dans un mets dont on ferait bien son ordinaire, savamment dosé de culture, d'Histoire et d'histoire, d'humanisme et de philosophie goûtue. Merci à Isabelle MARSAY.

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Le fils de Jean-Jacques

A travers le récit de la vie de Baptiste, Isabelle Marsay nous plonge dans le XVIIIème siècle, nous montre ses aspects sombres, mais aussi l’évolution en marche. Baptiste sera élevé par un médecin, personnage fabuleux, nourri des nouvelles recherches sur l’anatomie, un médecin rousseauiste en sorte, une autre façon de filer la métaphore du paradoxe.



En parallèle du récit de la vie de Baptiste, l’auteure intercale des extraits de la correspondance de Rousseau, des lettres dans lesquelles il révèle ses remords vis-à-vis de ces abandons, son malaise et tout le courage et l’abnégation de Marie-Thérèse qui partagea la vie du philosophe malgré ce qu’elle dût subir dans sa chair de mère. Isabelle Marsay révèle aussi la contradiction de Rousseau en publiant des extraits de l’Emile, des passages qui nous révoltent d’autant plus par la mise en parallèle avec le récit du destin de Baptiste.
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L'Apprenti des Lumières ou L'ombre de Voltaire

L'Apprenti des Lumières ou L'Ombre de Voltaire est un roman de l'amiénoise Isabelle Marsay, plus précisément le second tome de sa duologie. Roman historique ou biofiction ? C'est finalement un mélange des deux genres qui nous emmènent au XVIIIe siècle, dans la société française de l'Ancien Régime et au centre de la confrontation entre les deux philosophes que sont Voltaire et Rousseau.



L'intrigue | L'Apprenti des Lumières nous emmène au XVIIIe siècle, la France est encore sous la monarchie à travers ses rois que sont Louis XV et Louis XVI. Siècle de progrès, de forte croissance démographique, c'est aussi l'apparition de l'opinion publique où les idées fusent, où les philosophes s'activent et sont parfois confrontés à la censure. le roman d'Isabelle Marsay s'inscrit dans une mode contemporaine très appréciée : celle de la double intrigue. Non seulement c'est la confrontation littéraire, longue et violente entre Voltaire et Rousseau que nous sert sur un plateau Isabelle Marsay à l'aide d'extraits de texte, notamment. Mais c'est aussi la vie de Baptiste qui nous est relatée, la vie fictive du fils aîné de Rousseau puisque effectivement, ce philosophe a réellement abandonné ses enfants. Une vie difficile, puisque ce fils adopté se voit contraint de partir au front, sous les guerres de Louis XV, à la place de son cousin…



Une recette historique et fictive : un cocktail savoureux | Dans son oeuvre – qu'elle m'a par ailleurs gentiment dédicacée – Isabelle Marsay ne cache pas que la vie de Baptiste est totalement fictive. Au demeurant, l'affaire Voltaire-Rousseau est quant à elle réelle. le point de convergence de ces deux intrigues est donc l'abandon : c'est Voltaire qui révèle au grand jour le si grand et dur secret de Rousseau sur l'abandon de ses enfants, et c'est la vie de l'aîné qu'Isabelle Marsay invente, prenant pour paysage Amiens. Mais cette ancre larguée au XVIIIe siècle nous livre un roman où les lourdeurs historiques n'existent pas. On reconnaît indéniablement les recherches effectuées sur la société d'Ancien Régime, que ce soit la politique, que ce soit la vie dans les villes ou encore le paysage urbain : les informations sont belles et bien là. Elles peuvent passées parfois inaperçues pour le profane, mais sauront faire sourire l'historien. le roman connaît de nombreux points positifs, dont celui d'être vif. Effectivement, les chapitres sont relativement courts, les détails peu nombreux mais assez pour permettre de visionner une efficace et belle scène et les ellipses permettent de commencer chaque chapitre sur un événement clé. Peut-être peut-on regretter un roman trop court, des ellipses trop longues… Mais c'est là un autre point positif du récit puisqu'il nous permet de nous attacher aux personnages et à cette envie d'en savoir plus. On peut parfois regretter la disparition de personnages secondaires, de moins en moins présent dans le récit à contrario d'autres, le roman étant assez court, il est effectivement difficile de faire apparaître régulièrement tous les personnages. Concernant l'affrontement entre les deux philosophes, chacun des chapitres est ponctué d'extraits de leurs oeuvres respectives, alimentant évidemment l'intrigue puisque c'en est le sujet. Mais Isabelle Marsay ne recopie pas bêtement les écrits de ces Lumières, elle a la brillante idée de faire vivre ces personnages et d'émettre elle-même des idées et théories en sa qualité de professeur de français. Il y a également de très nombreuses références des oeuvres des philosophes au sein du corps de texte – qui peuvent être parfois mal compréhensibles pour ceux qui ne les ont pas lues. Mais ce mélange nous offre un roman historique et très intéressant. Oh, je pourrais en dire des choses à propos de ce roman, mais ce serait spoiler et ce n'est pas le but de cette critique.



Possédant une couverture absolument magnifique, avec un dessin représentant Baptiste, cette biofiction nous permet de (re)découvrir la vie et l'affrontement de ces deux grands philosophes, ainsi que leur combat. Des idées et des combats qui sont toujours d'actualité, qui ne font pas de non-sens avec la politique et la société contemporaine et qui nous permet – une nouvelle fois – de nous interroger sur le monde qui nous entoure. Au style d'écriture vif et onctueux, Isabelle Marsay nous livre une page d'Histoire que chacun devrait lire.
Lien : https://leschroniquesdejerem..
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La fabrique des livres anonymes

Sept romanciers peu connus sont sélectionnés après avoir répondu à une annonce afin d’écrire un roman durant neuf mois dans un endroit isolé. Ils céderont leur ouvrage pour cent milles euros à leur mécène qui promouvra l’un d’entre eux. L’endroit isolé est une plateforme pétrolière désaffectée en pleine mer du Nord. Un endroit surnommé La dame de fer et peu attrayant.



Roman reçu dans le cadre de la masse critique Babelio car la quatrième de couverture m’a plu. C’est un roman qui fait l’éloge à la littérature au travers de ces sept auteurs. Un roman construit comme des poupées russes : des livres dans un livre avec une énigme qui entoure ce lieu et ce qui a pu arriver. J’ai été agréablement surprise car j’ai tourné facilement les pages, intéressée par la vie de ces auteurs, leurs romans, le mystère. Ce n’est pas un roman policier, ni un thriller mais un huis-clos oppressant.
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L'Apprenti des Lumières: ou L'ombre de Voltaire

Un roman qui se lit facilement. Un personnage fictif supposé être un des enfants que Rousseau a abandonné (ils étaient cinq).

Le livre consiste surtout en une confrontation entre Voltaire et Rousseau; le premier est cruel avec JJ et révèle anonymement les abandons (Il faut reconnaître que c'est dur à avaler de la part de l'auteur d'Emile, traité sur l'éducation)

J'ai toujours admiré et détesté Voltaire; j'ai un faible pour Rousseau même si je ne lui ai pas pardonné d'avoir abandonné cinq enfants, au désespoir de la mère. Il s'explique mais ne convainc pas; il aurait pu se renseigner et savoir que son argument ne tenait pas: il voulait un avenir meilleur pour ses enfants que celui qu'il pouvait leur offrir: or beaucoup de ces petits mouraient ou étaient élevés durement.

Le personnage de Baptiste est sympathique; il remplace son cousin à la guerre qui le mène outre Atlantique et se fait blesser dès le début, son père adoptif et sa soeur de lait le pensent mort mais il revient, en piteux état. Il s'intéresse à la botanique et se formera pour devenir apothicaire. Les retrouvailles avec son père biologique ont failli se faire.
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Rue des Dames : Petits plaisirs solidaires

Si j'avais eu mon mot à dire sur la couverture, j'aurais plutôt choisi la photo d'une superbe maison bourgeoise un peu fatiguée avec parc à l'abandon, comme celle où emménagent Prisca, Florence, et leurs enfants, rejoignant leur amie Juliette, propriétaire désireuse d'offrir gratuitement le gite et de créer une sorte de communauté fondée sur le respect de certaines règles biens sûr mais la liberté respectée de chacun. Sont prévus théâtre, rencontres, expositions, etc... et éventuellement la venue d'autres locataires.



Cette ambiance "fille" est un peu cassée par l'arrivée d'un auteur spécialiste de Richard de Fournival, trouvère du 13ème siècle et auteur d'un Bestiaire d'amours. Les discussions s'avèrent parfois de haute volée, les individualités s'affrontent, c'est souvent brillant et intellectuellement roboratif.



Vous vous attendiez à autre chose? Moi aussi. Même si bien sûr cela évoluera comme la plupart le pensent. Sauf que... surprise! L'affaire tourne de façon imprévue, et de façon délectable (à mon goût).



Ce roman vraiment original semble devoir connaître une suite, alors vite, je l'attends! Ceci explique, je crois, que le potentiel de l'immeuble communautaire n'ait pas été complètement exploité, il reste toujours quatre appartements vides!


Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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La fabrique des livres anonymes

Merci Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d’une Masse Critique.

J’ai été séduite par le sujet de ce livre : écrire dans des conditions extrêmes pour sortir de sa zone de confort et donner le meilleur de soi-même.

Ce livre est un livre à tiroirs, on y trouve plusieurs histoires dans l’histoire.

Il se situe entre roman policier et thriller, avec des allures d’escape game qui saura ravir les amateurs de ce genre.
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Jean d'O(r)

Je tiens à remercier les Editions Les Soleils Bleus et Babélio autour de la masse critique de janvier pour m’avoir fait confiance pour la lecture de cette nouvelle.



Une jeune fille, lors d’une séance de dédicaces, va rencontrer son romancier préféré depuis qu’elle sait lire, Jean D’O. Charmé par sa jeunesse, Jean D’O passera la journée avec elle, discutant (mais pas que !) philosophiquement de ses choix de vie, de ce que celle de cette jeune fille pourra être.



Le phrasé employé par l’auteure nous plonge véritablement dans cette rencontre improbable avec cet académicien illustre. Quelle belle rencontre, même si elle est un peu non politiquement correcte, ce qui m’a fait sourire, est superbement retranscrite, ne doutant pas de qui nous avons en face de nous.



La jeune fille apporte fraîcheur et une certaine retenue due à son âge, Jean D’O reflète l’homme mature, essayant de se positionner avec cette jeune qui l’idolâtre, en arrivant à un certain monologue plaisant.



Une nouvelle qui m’a ravie, un choix de couverture magnifique, une plume régalante : merci pour ce beau moment de lecture.

Isabelle Marsay est romancière et professeur de lettres
Lien : http://saginlibrio.over-blog..
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Rue des Dames : Petits plaisirs solidaires

Le style d'Isabelle Marsay est léger et agréable, et l'on suit ses personnages avec grand plaisir.

Elle sait intriguer son lecteur pour l'amener à adhérer à son récit.

Ce même lecteur est néanmoins assez rapidement perdu et c'est dommage.

Ne pas savoir dans quoi l'on s'engage est toujours un peu déstabilisant.

Vous me direz qu'il s'agit là d'un procédé qui met le lecteur dans la même situation que le personnage.

Juliette s'engage dans cette aventure sans savoir où elle va, il n'y a donc aucune raison que le lecteur en sache plus.

Mais c'est gênant et on finit par s'interroger davantage sur ce chemin que prend l'auteur plutôt que sur l'histoire elle-même.



Une fois passée cette première impression, la lecture se poursuit sans encombre.

Les personnages sont un peu excessifs et typologiques mais bien trempés.

Il y a la syndicaliste féministe, la timide délicate et la névrosée orpheline, chacune ayant des amis correspondant a sa personnalité.

On se demande parfois comment elles peuvent vivre ensemble, mais elles semblent y trouver leur compte.
Lien : http://lirerelire.blogspot.f..
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Le fils de Jean-Jacques

Sous le règne de Louis XV, la France connaît une explosion des naissances illégitimes et des abandons de nourrissons.

Ceux-ci sont pris en charge par l'Assistance Publique et le service des Enfants-Trouvés, qui se charge de remettre les enfants à des nourrices payées en conséquence pour élever les petits malheureux jusqu'à un âge où ces derniers pourront se prendre en charge par eux-mêmes.

Il est malheureusement moins connu que le destin de ces enfants abandonnés est bien funeste. Très peu d'entre eux survivent jusqu'à leur premier anniversaire, dans des condition de salubrité et de surpopulation désolantes.

Une partie est confiée à des nourrices provinciales rémunérées pour cette charge, et qui ne voient en ce petit être qui leur est remis qu'une somme d'argent leur permettant de faire vivre plus dignement leur foyer, en ces temps extrêmement rudes pour la paysannerie.

En regard d'extraits des textes célèbres de Rousseau sur l'éducation et la parentalité, mais également de certaines de ses lettres à ses amis concernant l'abandon successif des 5 enfants qu'il eut de sa compagne, Isabelle Marsay imagine le destin qu'aurait pu connaître son premier né, l'unique dont le philosophe exprima jamais le désir de le retrouver...

Sur fond de traditions paysannes, c'est un roman extrêmement touchant et remarquablement bien écrit, qui témoigne également du contexte historique de ce siècle si méconnu du point de vue des moins bien lotis, distillant parfois quelques éléments ethnographiques bien intéressants.
Lien : http://unjourunlivre.blogspo..
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La fabrique des livres anonymes

On connaît l’hymne à l’amour d’Édith Piaf. Avec La Fabrique des livres anonymes, Isabelle Marsay nous offre un magnifique hymne à la littérature. Un livre en forme de poupées russes que l’on ouvre une à une sans jamais se lasser.

Sept romans en un, coiffés par une intrigue qui lorgne du côté d’Agatha Christie. Un mécène mystérieux à souhait propose à sept auteurs, en échange de cent mille euros, d’écrire chacun un roman « dont ils seraient ensuite dépossédés ». Et voici Théo, Darius, Egon, Margot, Betty, Myrtille et Paul atterrissant à leur grande surprise sur une plateforme (clin d’œil à Houellebecq ?) pétrolière désaffectée, en pleine mer du Nord.

À l’heure où l’autofiction bat son plein, qu’il est bon de redécouvrir le pouvoir de l’imagination ! Celle d’Isabelle Marsay nous bluffe totalement, autant que sa virtuosité. Comment la marionnettiste peut-elle agiter autant de ficelles sans jamais s’y perdre ni perdre ses lecteurs ? Nous nous passionnons tout à la fois pour l’obscur dessein du mécène, pour la personnalité des sept auteurs et leurs relations mutuelles, pour les œuvres dont ils nous offrent de vastes aperçus, pour l’épreuve que chacun d’eux endure dans un huis-clos de plus en plus oppressant – l’expérience du confinement a-t-elle inspiré l’autrice ?

Mais la littérature offre un incomparable moyen d’évasion. Au gré du "work in progress" des sept romanciers, nous découvrons d’autres décors, d’autres atmosphères, d’autres individus et d’autres intrigues. « Ils naissent comment, tes personnages ? » : grâce à leurs confidences, nous pénétrons dans les envoûtantes coulisses de l’écriture. Brett Easton Ellis, Kafka, Perec, Camus, Queneau, Baudelaire et consorts sont également convoqués pour explorer les mystères de la création – rassurons tout le monde : ils ne seront jamais tout à fait dévoilés.

« Les livres ne se font pas qu’avec des idées, nous confie tout de même un des sept héros. Il faut des sensations, des émotions, et surtout des mots. » Un subtil cocktail qu’Isabelle Marsay maîtrise à ravir et qu’il faut goûter à tout prix. Santé !

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