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Critiques de Isabelle Merlet (361)
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Le Loup

Un album, comme un chant, un hymne à la guerre ancestrale entre l'homme et le loup.

Le trait de Rochette est âpre, noir et précis. la mise en couleur participe à cette précision du propos: j'ai ressenti ce froid qui tue ou mutile l'imprudent piégé dans la montagne. J'ai participé au festin ivre du loup.

Entre le loup et l'homme, l'un des deux est-il vraiment de trop? Chacun ne doit-il pas trouver sa place, partager?

Gaspard le berger souffre et sa colère risque de l'anéantir. La louve est morte, et son petit a survécu. Entre le loup et l'homme, y'aura-t-il un vainqueur?

Une histoire magistrale, que postface à propos, baptiste Morizot.
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Le Loup

Au massif des Écrins, un troupeau de brebis se fait attaquer violemment, en pleine nuit, par une louve. Plusieurs d'entre elles meurent sous ses dents. Gaspard, le vieux berger, suivi de près par son fidèle Max, tire. Abat les brebis trop blessées mais aussi la louve. Il retire la balle logée dans son corps et retourne à sa cabane. Non loin de là, un louveteau affamé n'a d'autre choix que de s'abreuver du sang encore chaud de sa mère. Un louveteau qui n'oubliera pas l'homme qui vient de la tuer...



Deuxième attaque de l'année. Cinquante bêtes. Des brebis et des agneaux recouverts de sang. Des hurlements de douleur. Gaspard, ce vieux berger rustre, taciturne et complètement isolé dans son chalet, avait-il réellement d'autre choix que d'abattre la louve qui venait s'en prendre à ses bêtes ? Pouvait-il la laisser se repaître de ses animaux ? L'on pressent, dès les premières pages, dès le regard du louveteau posé sur sa mère, qu'une confrontation est inéluctable. Et c'est bien à cela que nous conduit Jean-Marc Rochette. Mais d'une manière si subtile, si poétique que le chemin n'en est que plus émouvant, parfois éprouvant. L'auteur, sans être moralisateur, cherche à montrer la complexité des liens entre les animaux et l'homme et la place de l'homme dans l'environnement. Une fable fascinante, mystérieuse et emplie d'émotions. Graphiquement, le trait épais, presque charbonneux et imprécis, apporte rudesse et âpreté à ce récit. L'ambiance est tout à la fois sombre, de par des couleurs obscures, froide, de par ce blanc immaculé, et rayonnante, lorsque la vie renaît.
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Charlotte impératrice, tome 1 : La princesse ..

Une très très belle BD aussi bien dans le scénario que dans les graphismes.

La couverture est déjà toute une promesse à elle seule.



Les graphismes sont un peu retro, vintages, mais donne énormément de cachet à la BD. La colorisation est pétante et donne le ton. Elle correspond pour moi au caractère de Charlotte.

J'ai particulièrement apprécié le regard de Charlotte devant un papillon bleu… d'autant que mis dans une "case ovale". C'est du plus bel effet.



Le scénario est très intéressant également . Il nous en apprend beaucoup sur un côté de l'histoire que l'on oublie souvent… en effet Sisi l'impératrice a volé la vedette a beaucoup de jeune impératrices ou princesses.

Néanmoins Charlotte jeune princesse Belge va s'unir à la famille des Hasbourg et tout son destin en découlera.



Cette Bd nous narre donc l'histoire de cette jeune femme au caractère impétueux et d'une grande intelligence



Je me suis vite prise de sympathie pour la jeune femme et j'ai suivi avec attention ce premier tome. j'ai même regretté de ne pas avoir la suite sous le coude.

On peut même trouver une once (mais alors toute petite !) d'humour.



En ce qui me concerne cette BD est une très belle découverte.



je remercie fortement le service marketing des éditions Dargaud pour cet envoi, ainsi que pour le petit mot manuscrit et personnalisé qui accompagnait cette BD. Je ne redirais jamais assez que je suis toujours touchée par ces petites attentions qui montre tout l'intérêt que porte les maisons d'édition à ses lecteurs.

Je remercie également Babelio (bien évidemment !)
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Le Loup

- Loup, y es-tu ?

- Oh que oui, mon ami, et je vais te faire la misère !



Il était une fois un berger prénommé, non pas Michel, mais Gaspard.

Pas le gars taciturne, mais presque.

Son jardin, la montagne qu'il arpente en soliste au rythme des saisons.

Aussi, lorsqu'une louve vint chier sur ses plate-bandes en lui flinguant quelques dizaines de brebis et d'agneaux, le gars Gaspard, il a vu rouge.

Rouge comme le sang de la bête qui contraste désormais avec la neige immaculée, laissant derrière elle un louveteau peu rancunier, mais qui n'oublie pas.



Rochette, c'est chouette.

Véritable ode à la nature et à la liberté, cette montagne et les autochtones qui la peuplent peuvent parfois mettre en lumière des duels épiques.

De ceux qui marquent à jamais la cartographie mémorielle d'une région.



Ce livre m'a ramené au vieil homme et la mer, allez savoir pourquoi.

Deux ennemis ancestraux se livrant bataille tout en se respectant.

L'histoire peut sembler triste, elle s'avère porteuse d'une rare beauté assortie d'une humilité saisissante.



Si le trait parfois sombre m'a quelque peu échaudé, le récit bouleversant qui lui sert de support rafle à lui seul la mise.

Un combat sans merci entre deux belligérants bigrement intelligents et tenaces, ça a déjà de la gueule sur papier glacé, mais lorsque ce dernier va jusqu'à flirter avec une folie hallucinatoire, on touche au sublime.

Les paysages sont grandioses.

Les leçons de vie et de mort sont à l'unisson.



Ce récit est un hymne à l'intelligence et au respect mutuel.

Grand moment.
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Charlotte impératrice, tome 1 : La princesse ..

"Charlotte impératrice" est une série historique consacrée à la confrontation de l'Âge des Rois et de l'Âge des Masses, ou plutôt l'histoire romancée des derniers feux de l'Ancien Régime (un peu comme "Le Guépard" de Giuseppe Tomasi di Lampedusa adapté en film par Luchino Visconti). Les auteurs auraient pu s'étendre sur Sissi et François-Joseph les derniers souverains d'Autriche-Hongrie, mais ils n'ont pas choisi la facilité en racontant la vie de Charlotte de Belgique et de Maximilien d'Autriche qui vont se prendre les révolutions italiennes et mexicaines en pleine face…

Fabien Nury est déjà un vieux routard qui a toujours su soigner son travail, donc il fait tourner autour de son couple maudit plusieurs narrateurs et plusieurs narrations. L'histoire a suspecté Maximilien d'homosexualité (il n'aurait ni le premier ni dernier aristocrate d'Ancien Régime à sauver les apparences par un mariage de convenance, mais les auteurs ont choisi l'option « syphilis »). Rêveuse, lunaire, naïve voire maniaco-dépressive, Charlotte s'affirme et fichue pour fichue brûle les ponts avec l'Europe pour devenir l'impératrice Carlotta qui va adopter deux enfants mexicains avant de donner naissance à un fils bâtard qui aurait été Maxime Weygand le général français des Première et Deuxième Guerres mondiales… Pendants la révolution italienne, l'épouse a laissé faire son mari, durant la révolution mexicaine menée par les indigènes indiens ou métisses quelle rôle va-t-elle jouer ?

Les dessins de Matthieu Bonhomme mis en couleur par la superchromate Isabelle Merlet sont à la auteur du scénario : respectant les héritages de la bande-dessinée franco-belge, il associe classicisme et modernité avec beaucoup de fluidité tant dans le découpage des planches que dans les expressions des personnages. J'aurais juré que le dessinateur était passé par la prestigieuse École des Gobelins, mais c'est avec un BTS en arts appliqué qu'il s'est hissé jusqu'au sommet : chapeau l'artiste !
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Le Loup

Ahoooouuuuu ! Ahhooouuuuuu !

C’était un plaisir de me fondre à nouveau dans ce décor blanc immaculé des montagnes en compagnie de Jean-Marc Rochette.

J’ai retrouvé dans cette histoire celle de Et vous passerez comme des vents fous, sauf qu’ici c’est le loup qui prend la place de l’ours.

Gaspard est un vieux berger qui vit en ermite dans la montagne avec son chien. Il s’enferme dans la solitude, tout particulièrement après la mort de son fils militaire au Mali.

Alors, quand un louveteau blanc apparait dans le paysage, né d’une magnifique louve abattue quelques mois plus tôt en plein parc régional par Gaspard, ce dernier va s’enferrer dans une lutte à mort contre l’animal et son propre désespoir.

Une lutte qui va l’emmener très loin, au bout de lui-même et des à-pics rocheux.

Un conte noir mêlé au sang dans lequel le sombre l’emporte malgré la blancheur des glaces et des neiges. Conte qui donne à réfléchir sur la relation homme-animal sauvage, au cœur d’une lutte ancestrale pour les territoires.

Cet album aborde les relations complexes engendrées par ce retour à leur habitat naturel de prédateurs longtemps disparus des paysages avec lesquels les jeunes bergers (peu nombreux) doivent composer, dans l’espoir d’une cohabitation pacifiée plutôt qu’un affrontement sanguinaire.

Cependant, si la condition difficile des bergers, dont les aides financières de l’Etat ne compensent pas la perte d’un troupeau mené tout entier dans l’abîme par un animal déchainé est bien décrite, j’ai été moins séduite par cet ouvrage que par La dernière reine.

Dans ce récit pourtant simple, (ce qui n’est pas un problème en soi, mais là peut-être un peu trop simple à mon goût), il y a plusieurs incohérences ; Gaspard fait preuve d’une force de vie surhumaine pour un homme de son âge, à lui les iron-man pour vétérans ! Je me suis demandé s’il n’allait pas se transformer en godzilla armé de fulguropoings.

Par ailleurs, je n’ai pas bien compris si Gaspard vivait seul ou non puisqu’il est dit à plusieurs reprises qu’il est seul, mais aussi que sa femme a sombré dans une forte dépression au décès de leur fils, sans qu’elle n’apparaisse jamais dans le roman graphique, là n’est pas l’essentiel me direz-vous à juste titre, mais mon petit esprit cartésien a tiqué : bon alors, il est seul ou il n’est pas seul ? il faudrait savoir...

Même si le coup de crayon qui tranche à vif reste agréable, il ne m’a pas portée aux sommets cette fois comme La dernière reine l’avait fait. Ce Loup reste une belle aventure en montagne, vous pouvez enfiler raquettes et crampons !

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Le fils de l'Ursari

Un très beau roman.

Une histoire d'immigrants, de misère et d'échecs. le jeu d'échecs. Le tout vu par les yeux de Ciprian, petit garçon surdoué qui voit le monde avec poésie. Un excellent moment de lecture.

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Le Loup

Au début, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Je me disais : encore une histoire avec un loup qui décime les troupeaux et qu'il faut abattre ! Car au début, bien sûr il faut comprendre Gaspard, notre berger, vivant seul avec ses bêtes et ses souvenirs, son fils, soldat, mort au Mali et sa femme complètement déboussolée depuis. Quelle peut être sa réaction première face au loup, n’ayant pour bagages mémoriels que peine et douleur ? La mort, la vengeance, car tout est la faute du loup.

Puis petit à petit se dessine dans ces hautes montagnes un autre scénario entre l'homme et le loup qui se poursuivent sans relâche. Pas un attachement sentimental non, mais une cohésion avec la nature, avec la vie rude sur ces hauteurs enneigées et gelées, avec un état de survie permanent où chacun, homme comme animal, doit trouver en lui et autour de lui les ressources nécessaires pour arriver jusqu'à demain.

Au final, une très belle histoire de partage, dans un monde où chacun peut trouver sa place.

Un conte ? Peut-être.



Quant aux dessins, très peu colorisés, ils sont souvent faits de hachures nettes et précises et donnent aux reliefs le mordant nécessaire pour ressentir le vent glacé de l'hiver montagnard.



Une BD qui met à l'honneur la montagne dans toute sa rudesse, sa violence et sa beauté, un paysage peuplé de loups et d'hommes, un territoire à partager, la nature n'est pas la possession de l'homme.

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Le Loup

Quelque part dans le massif des Ecrins.

Fatigué de perdre ses brebis, Gaspard abat la louve, laissant un orphelin pas encore sevré. Le petit loup deviendra grand, et ne s'éloignera jamais du berger-chasseur qui a tué sa mère. Pour solde de tout compte ?



Le nature writing, j'évite, je pars vaincue d'avance - je vais assurément m'y ennuyer. A fortiori dans des montagnes en hiver. Le froid, je n'aime pas, le blanc à perte de vue, ça m'angoisse (vive la verdure ou l'océan !).

Par contre les histoires de loups dans les contes et légendes me fascinent, lorsqu'on ne sait pas très bien ce qui se cache derrière la bête (cf. les contes traditionnels, la Bête du Gévaudan, 'La bête' de Chabouté, 'L'homme à l'envers' de Vargas...).

Rien de tel ici, il s'agit bien de lutte entre un homme et un animal, comme dans le 'Vieil homme et la mer' d'Hemingway.

Une lutte qui dure, qui devient une obsession pour Gaspard - il n'abandonnera pas. Une lutte qui se redéfinit.



Un bel album. J'ai aimé les expressions du loup, et bien sûr la question de notre place d'humain dans un écosystème, qui doit se poser en terme de cohabitation et non plus de domination.



Pour résumer et conclure, ces jolis mots de Baptiste Morizot (en postface) : « Un récit initiatique silencieux, dans lequel un homme occidental se libère des mythes belliqueux dont il a hérité, pour passer à des relations de respect mutuel et de réciprocité. » ♥
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Le Loup

Le loup est une magnifique BD de Jean-Marc Rochette, que j'ai découverte à la faveur d'une opération « Du vent dans les BD », à laquelle participe la médiathèque de ma commune.

Le scénario repose sur une histoire simple. Au coeur du Massif des Écrins, un grand loup blanc et un berger vont s'affronter, jusqu'à leurs dernières limites.

En entrant dans cette histoire, je venais avec mon vécu, à la fois passionné par la montagne, mais sensible aussi à celles et ceux qui défendent la cause des loups. Je connais bien certains endroits du Massif des Écrins. Je connais aussi le Mercantour, lorsqu'un été, dans un camping à la ferme, j'ai pu découvrir de plein fouet le drame d'un berger dont une centaine de ses brebis venait de se précipiter dans le vide à cause des loups...

Ici le propos n'est pas de défendre ni la cause des loups, ni celle des bergers. Alors me direz-vous, serait-ce une sorte d'entre deux, un compromis ? Oui, mais c'est bien plus que cela...

Nous suivons l'itinéraire de Gaspard berger, rythmé par les saisons. Sa vie solitaire se résume à accompagner ses brebis vers les alpages de haute montagne. Il a fait le choix de se couper du rester du monde, de la vallée où « la neige est moins belle ».

En tuant une femelle loup qui vient de décimer son troupeau, il ne soupçonne pas que le louveteau qui va survivre va très vite revenir grandi, occuper le terrain et crier vengeance. Ainsi se dressent les conditions pour accueillir le combat qui va commencer entre ces deux êtres : le berger et le loup.

C'est beau comme une tragédie. Il y a une lutte qui m'a fait inévitablement penser à l'oeuvre d'Ernest Hemingway, le vieil homme et la mer.

C'est le récit d'un affrontement magistral qui, finalement, n'est pas si important que cela dans son dénouement. Dans le chemin difficile, ardu, arpenté, nous voyons se dessiner une réflexion philosophique entre l'homme et l'animal, la place de l'un et l'autre dans un territoire où chacun revendique sa légitimité d'exister.

D'ailleurs, le récit soulève avec pertinence cette question de la légitimité d'appartenir et de dominer un territoire.

Ce que j'ai aimé, apprécié, lu dans ce récit est cette manière qu'a Gaspard d'évoluer dans son ascension pour tuer le loup. Gaspard se métamorphose en montant vers les sommets. C'est un récit initiatique, silencieux, il s'allège peu à peu de ce côté guerrier qu'on confie si facilement aux hommes des vallées face à la question du combat contre les loups.

Le trait du dessin est à la fois généreux et rude, comme les reliefs de la montagne.

Je me suis demandé, si les bergers étaient des femmes, ou plus souvent des femmes, la question du loup serait-elle traitée différemment ?

Dans ce voyage initiatique, j'ai vu se déployer une réconciliation du monde du vivant, vers une sorte de vivre ensemble...

Un très beau texte du philosophe Baptiste Morizot conclut en postface cette BD et illustre ce propos.
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Charlotte impératrice, tome 1 : La princesse ..

Ayant perdu très tôt sa maman, Charlotte est élevée par son père, le roi Léopold Ier de Belgique, et ses deux frères. Devenue une très belle jeune femme délicate, les courtisans ne manquent pas, notamment le futur roi Pierre V de Portugal et l'archiduc Maximilien d'Autriche, frère cadet de l'empereur François Joseph de Habsbourg-Lorraine. Ce dernier, pensant n'avoir que peu de chances, n'ose lui faire la cour. Mais lorsqu'il comprend que Charlotte n'a pas fait son choix, il tente de la séduire et de la faire sourire. Et ce, au nez et à la barbe des hommes de main du roi Léopold. Maximilien multipliant les intentions délicates, la jeune femme en tombe amoureuse. Un mariage en grandes pompes est organisé, malgré la désapprobation de sa famille. Bien que des tensions existent entre Maximilien et son frère, ce dernier le nomme gouverneur de Lombardie-Vénitie. C'est alors que le véritable caractère de l'archiduc se dévoile...



Dans une Europe impériale, Fabien Nury dépeint, non sans quelques libertés historiques, le destin hors du commun de Charlotte, princesse de Belgique, duchesse de Saxe, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha puis archiduchesse d'Autriche et enfin impératrice du Mexique. Mariée à Ferdinand Maximilien d'Autriche, elle devra faire face non seulement à l'oisiveté, l'indélicatesse et la frivolité de son mari mais aussi aux divers complots des Habsbourg et de Napoléon III. De la jeune fille innocente, protégée par son père et son rang, il n'en restera que peu de choses face aux désillusions et aux épreuves qui l'endurciront, la première étant son mariage avec Maximilien. Ce premier volet se révèle très intéressant, le personnage de Charlotte fouillé et le contexte historique bien relaté. Au crayon, Matthieu Bonhomme nous offre de très belles planches au trait précis et élégant. Les couleurs d'Isabelle Merlet sont de toute beauté.
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Le Loup

Quelle belle histoire et/ou fable ! Lorsque l'on tourne la dernière page, on y reste encore dedans à se poser des questions sur la relation entre l'homme et l'animal surtout après le postface de Baptiste Morizot, philosophe qui plaide pour de nouvelles alliances entre les hommes et les animaux. Impossible au lecteur de prendre parti pour le vieux berger ou le jeune loup blanc. Gaspard (un autre de la Meije) a tué sa mère qui s'est attaqué à ses moutons. Un vrai boutche qui ne s'est pas remis de la mort de son fils que la guerre a pris. Qui gagnera ? Existe-t-il un compromis ? Il y a un peu de L'oeil du loup de Pennac dans les dessins où leurs regards se croisent. Rochette nous offre comme cadre le Massif des Écrins. 2ème BD que je lis de lui, je suis conquise. Relève de London et de Hemingway.
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Le Loup

Tout démarre avec une louve, tuée à l'intérieur du parc (dans le massif des Écrins, Alpes françaises) par Gaspard le berger, laissant un louveteau blanc orphelin. Ce dernier a grandi et tient à venger sa mère. S'en suivent une sorte de duel, puis de pacte entre ce majestueux loup blanc et le berger.



C'est un joli roman graphique, dans lequel il y a très peu à lire mais beaucoup à observer. Les traits et contours épais donnent le ton, c'est sombre malgré le blanc à perte de vue, en corrélation avec l'humeur de Gaspard. Les protagonistes sont rendus très expressifs, le loup surtout (très très beau quand il est représenté de face).



Le peu de texte est suffisant, puisque les dessins parlent d'eux-mêmes : paysages blancs abrupts, nuits glaciales et avalanches donnent ce qu'il faut en termes de dangers et sensations fortes. La rivalité entre l'homme et le loup est également bien retransmise.



Une belle histoire qui démontre que la nature sauvage a elle aussi des droits, que l'homme ne peut pas toujours avoir le dernier mot, qu'il y a toujours moyen de partager son "territoire". Une histoire pleine de hargne et de colère au début, qui se voit remplacée par une histoire pleine de sensibilité et de compassion sur la fin.



(Je déplore juste les scènes de chasse, certaines représentées tel un loisir et non comme une nécessité.)

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Le fils de l'Ursari (BD)

Mica, leur voiture qui leur permettait d'aller de village en village pour leur petit spectacle, est morte. Ciprian et sa famille se trouvent coincés à Tamasciu. Lazar Zidar, son père montreur d'ours, n'attire pas les foules. Dimetriu, avec sa façon toute personnelle de faire les courses, s'attire, lui, les foudres des commerçants. Des gens comme eux, les villageois n'en veulent pas. Aussi mettent-ils le feu à leur voiture et les préviennent qu'ils feront de même avec leur caravane s'ils ne dégagent pas vite fait. Le lendemain, la famille Zidar reçoit la visite d'un drôle de personnage. Il propose de leur prêter 10000 leiki à chacun pour payer le voyage pour Paris. 60000 leiki à rembourser au bout d'un mois sinon la dette double. Certains qu'ils peuvent gagner plein d'argent à Paris, ils acceptent. Mais arrivés sur place, ils déchantent bien vite et se trouvent obligés de mendier et voler. Ciprian, lui, traîne du côté du jardin du Luxembourg où il va être subjugué par deux joueurs d'échecs...



Adapté du roman éponyme de Xavier-Laurent Petit, cet album retrace le parcours d'une famille de Roms, de l'Est à Paris. Malheureusement endettés, les Zidar n'auront d'autres choix que de voler et faire la manche pour essayer de rembourser l'argent mafieusement dû. Ciprian, lui, va s'évader de ce monde cruel et malsain grâce à la découverte des échecs. Touchant et sensible, cet album aborde avec justesse divers thèmes tels que l'exil, le mal logement, la migration, l'illettrisme, la solidarité ou encore le travail des enfants (amusant ici puisqu'il est interprété par Ciprian)... Dans un style semi-réaliste, Cyrille Pomès croque avec charme aussi bien les personnages que la ville-lumière. Les couleurs surannées et un brin romantiques d'Isabelle Merlet s'accordent parfaitement à cette ambiance poétique et gorgée de bons sentiments.
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Le Loup

Jean-Marc Rochette nous conte l'histoire d'un vieux berger et d'un jeune loup et nous offre à travers elle une très jolie réflexion sur la place de l'homme dans la nature.



D'un côté, un berger excédé de voir le loup dévorer ses brebis fait parler sa carabine.

Et, pan !

En face, la victime est une louve. Son louveteau se retrouve seul, démuni et désorienté par la perte de sa mère.

Gaspard n'a aucun état d'âme : "Elle m'avait déjà tué 150 brebis la saison dernière. C'était elle ou mon troupeau. J'ai choisi."

Dis comme ça, c'est simple. Mais la suite sera plus compliquée pour Gaspard.



Cet album nous offre une confrontation saisissante entre un vieil homme et un jeune animal.

Qui sortira vainqueur de ce terrible duel ?

L'homme ? L'animal ?

Et si les deux gagnaient, à travers ce qu'ils auront retenu de cette aventure ? de cette leçon de vie, finalement.



L'album de Jean-Marc Rochette, au-delà du plaisir d'une belle histoire pose les questions essentielles.

Le loup, animal sauvage, dérange les hommes, c'est certain.

Mais...

Qui, de l'homme ou du loup, est le plus légitime dans la nature ?

Qui, de l'homme ou du loup, est le plus sauvage ?

Le texte n'est pas bêtement moralisateur, non. Simplement, naturellement, il amène le lecteur à réfléchir.



Le dessin est magnifique et met vraiment en valeur la nature, qui offre un décor fabuleux. Le lecteur est totalement immergé dans les paysages.

Moi qui aime tant la montagne, j'ai été servie.

L'auteur se fait caméraman : il zoome, il dézoome, il fait apparaître un détail ou nous montre la grandeur d'un ensemble. Tous ces effets utilisés à bon escient rendent le récit très vivant et lui donnent beaucoup de force.

Les personnages sont très bien dessinés, qu'il s'agisse de Gaspard ou du louveteau. Leurs regards sont tellement expressifs ! Certaines planches sont saisissantes.



Cet album est une triple réussite : graphisme, texte, message.

Que je n'oublie pas d'en mentionner une quatrième, conséquence logique des précédentes : un grand plaisir de lecture.
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Charlotte impératrice, tome 1 : La princesse ..

Charlotte impératrice … quand j’ai eu la chance de participer à cette opération masse critique grâce à Babelio et aux Editions Dargaud, (encore merci à eux), je savais tout de suite à quelle genre d'histoire je devais m’attendre.

En effet, ayant lu dans ma jeunesse plusieurs biographies de Sissi, j’avais quelques connaissances au sujet du destin particulier de Charlotte et Maximilien, souverains éphémères du Mexique. Retrouver cette histoire racontée sous la forme de bande-dessinée avait de quoi m’intriguer, je dois le reconnaitre.

Nous découvrons donc Charlotte, jeune princesse belge, sur le point d’épouser Maximilien, le frère de l’empereur François-Joseph. Le début de l’histoire ressemble presque à un conte de fées…Mais la réalité va vite rattraper le jeune couple. Maximilien, qui est bien conscient de n’être qu’un jouet politique entre les mains de son frère, va se révéler inconstant. Il est facilement manipulable et ce n’est pas son meilleur ami qui s’en plaindra .A force de le côtoyer et de comprendre qu’ils vivent dans une cage dorée, Charlotte va perdre peu à peu ses illusions de jeune fille, et petit à petit, elle va essayer d’influencer son mari pour qu’il accepte la couronne du Mexique.

Même si elle est peu présente dans cette histoire, je trouve que l’impératrice Elisabeth est plutôt bien restituée et bien loin de l’image mièvre véhiculée par les films Sissi. L’anecdote avec les chiens, je la connaissais, il paraitrait même que Elisabeth aurait dit en conclusion« je n’aime pas les petits chiens « …

J’ai beaucoup aimé cette BD. Sa couverture, pour commencer est vraiment très jolie. Le dessin et les couleurs sont magnifiques. L’intérieur vaut l’extérieur, et je trouve que c’est vraiment un bel album. Les couleurs sont parfois un peu désuètes, mais elles mettent merveilleusement bien en valeur la qualité des dessins et de l’histoire.

Affaire à suivre, car j’aimerais vraiment lire la suite dans cette histoire quand elle paraitra…



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Le Loup

Cet album se passe au cœur du Massif des Ecrins, lieux qui est , je l'apprends , un lieux familier et aimé par Jean-Marc Rochette.

Dans ce paysage il va y avoir un duel entre un loup et Gaspard, berger solitaire. Un duel dans lequel chacun s'accroche, poursuit avec détermination et patience son objectif, mais c'est aussi une lutte qui bouscule les idées et amène le lecteur à se poser des questions.

J'ai tout aimé du début à la fin, aussi bien le texte que les dessins qui traduisent parfaitement le froid, la rage, la détermination l'introspection.

La nature est parfois peinte de façon paisible, sereine, les paysages sont grandioses , les couleurs sont repisantes, les traits sont doux,et parfois la nature est montrée comme rude, les paysages semblent hostiles à l'homme. Les traits sont hachés, durs, acérés , mais tout est en accord en harmonie avec le texte, c'est une vraie réussite.

L'analyse de Morizot, à la fin de cet album me plaît beaucoup. Les questions du territoire, de la cohabitation, de la consommation raisonnée sont posées avec intelligence et incitent à réfléchir.
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Le fils de l'Ursari

Deux romans qui se suivent dans mes lectures et évoquent les enfants surdoués, E = MC² mon amour et Le fils de l’Ursari. Ce dernier est également un très beau roman jeunesse. J’avoue, je ne connaissais pas la profession d’ursari. Peut-être plus un art qu’une profession, une passion à l’évidence. L’ursari et sa famille vivent au rythme de la nature et respectent l’ours. Ils partagent avec lui la dure vie des gens du spectacle, une vie de bohème sur les routes, accueillis parfois (souvent) par des villageois hostiles.

Ce joli livre raconte le déracinement des roms, chassés de leur pays (je ne dirai pas le nom car ils sont originaires du pays du vent et des nuages) et envoyés en France par une bande mafieuse qui profite de la misère humaine pour faire de gros bénéfices, la traite des êtres humains vue de l’intérieur. Arrivés en France ils sont parqués dans une zone sans nom, sans eau et sans toit, à la merci de ces voyous qui continuent à les exploiter pour rembourser le prix du voyage. Une somme qui ne cessera d’augmenter malgré les paiements et l’énergie que cette famille déploiera. Dans ces conditions de vie difficiles et violentes, une petite étincelle s’enflamme le jour où Ciprian, le petit garçon de la famille, découvre le jeu d’échecs. Une illumination, un déclic dans ce cerveau brillant. Une nouvelle vie ? Pas si facile.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui nous transporte dans des contrées lointaines (ou pas), où l’on côtoie un ours puis une baleine au grand cœur et qui donne une autre vision des gens que l’on peut rencontrer dans le RER, un bébé dans les bras, sollicitant un zorro.

Un grand merci aux éditions de l’École des Loisirs et à Babélio pour cette intéressante découverte.
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Le Loup

Gaspard est berger. Il vit dans les Ecrins avec son chien Max et son troupeau de brebis.

Une nuit, une louve attaque son troupeau.Gaspard la tue. Son louveteau, affamé, et désormais seul au monde, viendra s'abreuver du sang chaud de sa mère.

Devenu plus grand,le loup reviendra sur les lieux. Pour se venger de Gaspard ?

C'est ce que croit le vieux berger...



Mais un loup reste un loup.





Quelle claque cette BD ! Jean-Marc Rochette, de main de maître, rend hommage à la montagne, à la nature, aux animaux qui y vivent, aux bergers et aux loups. Il met en avant toute cette difficulté à faire cohabiter éleveurs d'ovins et loups.

Gaspard ne cessera de le répéter : " Le berger et le loup, c'est pas fait pour être ensemble."

Et on espère, au fil des pages, magnifiques, que l'histoire le fasse mentir.





A la fin de l'ouvrage, Baptiste Morizot, enseignant chercheur en philosophie apporte un éclairage fort intéressant sur les relations entre bergers et loups. Voici les propos fort justes qu'il tient à propos des brebis.



" Et si elles sont folles de terreur face au loup, au point de sauter dans le vide, c'est parce que les bergers les ont rendues inoffensives depuis des milliers d'années, par la domestication, pour pouvoir plus facilement les diriger, les tondre, les manger. De sorte que haïr le loup lorsque des brebis sautent dans le précipice, c'est oublier dans cette affaire la responsabilité des hommes qui les ont désarmées pour leur propre intérêt."



On pourrait penser que la possibilité de vivre ensemble pour les loups et les bergers est peine perdue mais cette BD et la conclusion de Baptiste Morizot apportent un bel espoir.
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Charlotte impératrice, tome 1 : La princesse ..



Bien que n’étant pas fan de BD, il m’est apparu évident de me plonger dans ce livre vu son sujet : la princesse Charlotte de Belgique, archiduchesse d’Autriche et éphémère Impératrice du Mexique.

J’’en connaissais l’histoire, fille unique et chérie de Léopold Ier, épouse de Maximilien d’Autriche, je connaissais son destin tragique...



Ce premier album est agréable à lire, il débute à la mort de sa mère, la reine Louise, fille de Louis-Philippe pour ensuite s’attacher aux fiançailles de Charlotte avec l’archiduc Maximilien de Habsbourg. Ce dernier, frère de l’empereur François-Joseph II, est certes membre de la famille impériale d’Autriche mais, cadet de famille, il ne constitue pas un parti avantageux mais Charlotte l’aime et son père Léopold Ier accepte ce mariage.

Les débuts sont prometteurs mais la suite le sera rapidement moins tant suite à la personnalité de Maximilien que suite aux déboires dans la carrière de celui-ci...



Cet album s’achève avec le discours d’investiture de Maximilien à son arrivée au Mexique comme empereur.



Fabien Nury le précise d’emblée : “bien qu’étant inspirée de faits réels, cette histoire n’en demeure pas moins une fiction”, cela ne m’a pas dérangé car le scénario est crédible.

La psychologie des personnages, Charlotte, Maximilien est bien présentée, les appréhensions de Léopold Ier quant au destin de sa fille également.

Le dessin est de facture classique, sa coloration audacieuse le rend très vivant.

J’ai bien reconnu les lieux, les serres royales du château de Laeken et Miramare que j’ai visité à Trieste.

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