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Critiques de Isabelle Mons (15)
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Madeleine Riffaud : L'esprit de résistance



La professeure Isabelle Mons, qui se passionne pour les vies peu ordinaires, aura trouvé dans les 7 vies de la grande résistante Madeleine Riffaud, qui célébrera dans quelques mois ses 99 ans, un sujet plus que digne de sa passion.



En effet, le parcours de cette dame, née le 23 août 1924 à Arvillers près d’Amiens, a sûrement de quoi défier l’imagination la plus audacieuse.



Grâce au magnifique album "Madeleine, Résistante : La rose dégoupillée", sorti le 20 août 2021 et apprécié par 101 Babelionautes, et qui s’ajoute à plusieurs autres albums de BD, le curriculum de cette grande dame dans l’Histoire de la France, l’Europe, l’Asie et l’Afrique est relativement bien connu, surtout en comparaison avec de nombreuses femmes de ma longue liste "Hommage aux héroïnes de guerre", telle Violette Szabo (1921-1945) par exemple.



Les raisons sont évidemment multiples, mais je crois que de loin la plus importante relève du fait que Madeleine Riffaud a probablement été la seule à continuer son combat pour l’humanité et son sens de la justice après la deuxième Guerre mondiale.

En effet, son idéalisme a poussé la jeune femme à continuer ses initiatives et efforts en Algérie et ensuite en Indochine en 1964-1966.



À ce propos, trouver dans l’ouvrage d’Isabelle Mons les photos de l’adolescente pédalant courageusement sur sa vieille bicyclette pendant la guerre, et quelques pages plus loin la même jeune femme en conversation avec Hô Chi Minh, Pham Van Dông et le général Giap, a de quoi impressionner le lecteur le plus sceptique.



Sur une autre photo on voit notre jeune demoiselle super concentrée sur un livre à même une petite table plein d’autres livres et documents divers. L’image d’une autre Madeleine Riffaud, intellectuelle et plus particulièrement poétesse et pas uniquement parce que, comme elle avait coutume de dire, "les censeurs ne lisent pas les poètes", mais par goût et talent.



La biographie que la professeure Isabelle Mons nous présente de cette dame remarquable est non seulement le travail d’une professionnelle avec préface et notes détaillées, mais un ouvrage intelligemment illustré par des photos originales et des photocopies de documents, qui est agréable à lire.

La biographie est axée sur 3 périodes précises, qui forment ainsi les 3 grands chapitres de cet ouvrage de 366 pages, à savoir : la résistance 1924-1945, l’engagement de 1946 à 1973 et la phase des témoignages 1973-2019.



Je termine par une citation de notre grande héroïne (à la page 277) qui montre bien son esprit et caractère :

Quand le chemin mène au désert

Ne nie pas le désert.

Pas à pas

Invente la piste.

Désert :

Terre d’oasis.

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Je couche toute nue

Si pas mal de lettres se retrouvent dans les autres ouvrages lus relatifs à Rodin et Camille Claudel, certaines sont inédites et permettent de comprendre plus avant la personnalité des deux amants et leurs relations.

En tête des correspondances et articles, l'identité des rédacteurs est indiquée j'aurais aimé retrouvé en fin de livre une synthèse sur chacun d'eux.
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Lou Andreas-Salomé

Figure bien connue de la psychanalyse, Lou Andreas-Salomé méritait de nous être contée dans une biographie fouillée, riche d'inédits, pointue dans l'analyse de son œuvre inséparable de son cheminement personnel.

Belle, charismatique tant par son intelligence que par ses démarches, elle continue à briller dans l'histoire des femmes à travers les époques. Défendre la conception féminine de la liberté sans tomber dans un féminisme outrancier, « être » dans tous les sens du terme, voilà qui rend cette femme fascinante et d'une modernité qui dure.

Son rôle dans le monde des idées, ses réflexions (dont certaines se trouvent reproduites en fin de livre) notamment sur la création artistique sont le fruit d'expériences sans cesse renouvelées, senties et ressenties, vécues intensément depuis l'enfance en Russie, la relation au père, la formation philosophique doublée d'une relation trouble et troublante, le voyage en Europe, le mariage déstructurant, les rencontres avec des « esprits » dont Nietzsche qui la verra disciple, Rilke avec qui elle vivra une passion de trois années et enfin Freud avec qui elle vivra l'aventure psychanalytique avant de devenir elle-même analyste. Nous suivrons cette muse fréquentant l'avant-garde parisienne, viennoise et munichoise. Elle sera chroniqueuse sociale, écrivain, diariste et cette psychanalyste dont le nom reste à jamais accolé à une période importante de l'histoire de la psychanalyse.

Voilà un univers qui pourrait paraître ardu mais qu' Isabelle Mons, progressivement, de chapitre en chapitre, nous distille. Elle nous fait pénétrer non seulement la connaissance de cet être d'exception mais également une époque où tout s'élaborait, se construisait dans l'espoir d'un homme qui se comprenne et s'assume.

Un très beau livre, un magnifique destin de femme qui appartient à l'Histoire des Idées.



Je remercie Babélio pour cette découverte ainsi que les Editions Perrin

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Je couche toute nue

Mais pourquoi ai-je attendu si longtemps avant d’ouvrir cet ouvrage qui regroupe des dizaines de lettres dont Camille Claudel et Auguste Rodin sont soit les auteurs, soit les destinataires, soit évoqués par des personnes de leur entourage, qui ne peuvent s’empêcher de les admirer, mais également des coupures de presse, des extraits de biographie. Les historiens Isabelle Mons et Didier le Fur réunissent ici des trésors. Bien que l’histoire d’amour entre les deux artistes ait fait l’objet d’une multitude de publications, de gorges chaudes ou bien même de films, ici Isabelle Mons et Didier le Fur ont pris le parti de nous faire découvrir ces deux artistes à la fois d’une façon intimiste mais également au travers de leur personnage publique.



Certaines lettres sont extrêmement bouleversantes, elles transpirent tantôt l’amour, tantôt la haine. Elles ne font que refléter la complexité de la relation amoureuse entre Rodin et Claudel. Le lecteur comprend à demi-mot qu’entre eux c’est explosif, tout feu tout flamme, qu’il n’y aura jamais de juste milieu. C’est touchant et passionnant, impossible à lâcher, on est constamment tiraillé entre un sentiment de voyeurisme et d’espoir pour cette histoire d’amour.



Si la relation entre les deux artistes reste l’objet central de cet ouvrage, ici, le lecteur découvrira aussi, en filigrane, les conditions de vies de ces artistes de la fin du XIXème qui se résument bien souvent à un manque évident d’argent, à cette « bohème » que certaines ont chantée.



Amateurs d’art mais également d’histoire, si vous osez vous aussi entrer dans l’intimité de l’histoire de Camille Claudel et Auguste Rodin, vous en sortirez probablement bouleversés mais assurément avec un œil totalement différent sur le monde qui vous entoure…
Lien : https://ogrimoire.com/2022/1..
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Lou Andreas-Salomé

Quel destin unique que celui de Lou - Andreas Salomé ! Jeune fille distinguée pour ses aptitudes intellectuelles, très vite emportée par le besoin d'écrire et de partager ses passions philosophiques, L.A. Salomé revendiquera avec aplomb une indépendance que les femmes de son époque n'ont pas. Sur son chemin, des hommes. Amis ou amants, pères spitituels ou âmes soeurs, ils laisseront sur elle leur empreinte : Nietzsche, Rilke et sa poésie, Tolstoï et l'âme russe, Freud et l'inconscient... Dans la deuxième moitié de sa vie, elle s'épanouira pleinement dans un investissement sans bornes pour la psychanalyse. Inconditionnelle de la pensée freudienne, fidèle aux séances des fameux cercles psychanalytiques de Berlin et de Vienne, elle y apporte un regard de femme et la finesse d'un esprit de synthèse, avant de devenir elle-même psychanalyste. Ainsi sa vie est-elle étroitement liée à l'effervescence culturelle et scientifique de l'Europe à l'aube du XXe siècle.

L'ouvrage est érudit, par la richesse de ses références, la précision de ses ajustements chronologiques. Il nous éclaire sur la pensée de Lou Andréa-Salomé, construite sur la pensée de tous ceux qui ont contribué à son épanouissement intellectuel. Aussi je ne conseille pas seulement sa lecture à ceux qui voudraient connaître L.A. Salomé ; l'ouvrage intéressera ceux qui veulent en savoir plus sur Rilke, ou encore sur les débuts de la psychanalyse.

Je remercie tout particulièrement les éditions Perrin, qui m'ont envoyé le livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Je couche toute nue

Je couche toute nue, voilà un titre bien intrigant. Il s’agit en fait de quelques mots écrits par Camille Claudel dans une des lettres adressées à son amant Auguste Rodin, à la fin du XIXe siècle. La relation entre ces deux grands artistes est assez fascinante et j’étais donc très heureuse de pouvoir découvrir leurs correspondances respectives…



A part les grandes lignes de cette histoire malheureuse, je ne savais pas grand chose de la relation entretenue par Camille et Auguste. Je pensais tout apprendre grâce à ce recueil de lettres présentées de façon chronologique avec de grosses failles à certaines époques (peu de correspondances écrites ou peu ont été conservées ?)… Oui et non.

Oui car les correspondances offertes sont nombreuses. Non seulement celles échangées entre les deux amants mais celles que chacun d’eux entretient avec les membres de son entourage respectif. Ajoutez à cela de nombreux extraits d’articles de journaux et de compte-rendu d’expositions d’art et vous voilà tout à fait plongés dans le quotidien des deux artistes.

Malgré tout, je suis un petit peu « déçue » par la teneur des courriers. Camille et Auguste ne s’écrivent que peu et lorsqu’ils le font, les lettres sont remplies de non-dits. C’est à la fois très intime (Camille nous décrit son quotidien sans détour) et très pudique (aucun des deux n’écrit ce qu’il ressent à l’autre, il y a très peu de témoignages de leurs émotions et sentiments amoureux). A part une ou deux phrases détournées et une ou deux envolées qui peuvent s’apparenter à des déclarations passionnelles (« Je couche toute nue pour me faire croire que vous êtes là… »), bien peu d’éléments laissent à penser que ces deux-là étaient amants.



De toute façon, avant d’aimer l’autre, ils aimaient surtout leur art : la sculpture. On découvre donc les échanges de Camille et Auguste autour de leur passion commune. Chacun écrivant à d’autres protagonistes, tantôt pour demander de l’argent (autre très grand sujet d’échanges), tantôt pour proposer bustes, moules ou autres marbres au plus offrant. L’étudiante en histoire de l’art que j’ai pu être il y a quelques années a été assez passionnée par tous ces détails « professionnels » (et ils sont nombreux !), mais l’amoureuse passionnée que je suis est légèrement restée sur sa faim.



Si je pensais sortir de cette lecture avec une vision globale de l’histoire de Camille Claudel et Auguste Rodin, je me suis trompée, il m’a fallu trouver les informations ailleurs. En revanche, ce recueil de correspondances offre une grande intimité du quotidien et une certaine humanité à ces deux artistes de génie (surtout du côté de Camille que l’on découvre davantage, notamment après son internement).
Lien : http://bazardelalitterature...
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Je couche toute nue

Cet ouvrage regroupe des lettres d’époque, échangées entre les différents personnages qui ont gravité autour d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. On trouve également des extraits de biographies, d’articles de presse ou de journaux intimes. Les correspondances et les articles se succèdent, bruts, et nous permettent peu à peu d’imaginer la vie des artistes à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle.

Tout se centralise autour d’Auguste Rodin, puis, peu à peu, vient s’ajouter le visage de Camille Claudel, qui fut son élève, son amante, un amour passionnel, mais aussi une personne fragile qu’il protégera malgré la folie qui la ronge.



Certaines lettres sont bouleversantes de beauté, de souffrance, d’amour, de haine. Elles témoignent de toute la complexité et de l’intensité de la relation entre ces deux génies de la sculpture.



J’ai adoré cette lecture, en tous points passionnante ! Cet ouvrage nous en apprend énormément ! Sur la condition des artistes, et le combat qu’ils menaient au jour le jour pour faire valoir leur talent et arriver à en vivre. Sur la complexité des personnages de Rodin et de Camille Claudel (pour ma part, c’est le personnage de Camille qui m’a particulièrement passionnée, au fil des années on lit sa descente aux enfers, la paranoïa qui s’installe, ses années de solitude avant l’internement…).



J’ai aussi trouvé particulièrement intéressant de voir à quel point le réseau des artistes et des amitiés était solide autour de Rodin et de Claudel. La fidélité de leurs entourages qui ont accompagnés l’un et l’autre dans leurs épreuves.



Je recommande vivement cette lecture à tous les amateurs d’art, aux amateurs d’Histoire également. Il n’est pas nécessaire d’être un connaisseur pour apprécier ces lettres. Par contre je vous conseille de vous accompagner de votre meilleur ami, Google, pour enrichir cette lecture en faisant une ou deux recherches sur les personnages qui apparaissent dans l’ouvrage, et surtout pour observer les œuvres nombreuses dont il est question tout au long du livre.
Lien : https://merveilleusesescapad..
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Je couche toute nue

Tout m’avait intriguée dans ce livre : le titre, le sujet, et ce que je m’imaginais y découvrir…



Etant donné que je m’attendais à n’avoir principalement accès qu’à des correspondances entre Camille Claudel et Auguste Rodin, j’ai eu, au départ, beaucoup de mal à me concentrer et rester assidue à cette lecture. En effet, en ouvrant cet ouvrage, le lecteur a accès à une quantité de données diverses : des correspondances, des extraits d’articles de journaux et de carnets intimes… Ce qui m’a alors déroutée, puis intriguée et enfin fascinée !



Suivant mon expérience de lecture, je pense alors qu’il s’agit d’une forme à laquelle le lecteur met du temps à s’adapter, temps précieux puisqu’il nous délivre ensuite un contenu d’une incroyable richesse !



Il est intéressant de découvrir par ces traces du passé plusieurs images: celle de la société de l’époque, celle de la vie des artistes, celles des mœurs mais aussi celle la femme (et notamment ses conditions de vie en tant que femme mais aussi en tant qu’artiste).







En somme, Je couche toute nue est d’une grande richesse, à l’image du travail de recherche, d’étude et de rassemblement qu’ont fait Isabelle Mons et Didier Le Fur pour arriver à ce résultat !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Femmes de l'âme : Les pionnières de la psychana..

La psychanalyse est un champ particulier de la médecine. Elle prend en compte l'âme, l'inconscient, le corps, l'environnement (la famille, la société) dans lequel évolue l'individu. C'est une médecine holistique, un peu comme les médecines traditionnelles orientales.

L'ouvrage d'Isabelle Mons met à l'honneur des pionnières de la psychanalyse. La psychanalyse est née à la fin du XIXe siècle avec Josef Breuer et surtout Sigmund Freud grâce à sa découverte de l'inconscient. La psychanalyse est une réponse médicale à la névrose hystérique. L'hystérie est souvent mise en cause dans les conflits psychiques féminins. Et qui de mieux que les femmes pour comprendre cette maladie qui peut prendre de nombreuses formes.

"Femmes de l'âme - Les pionnières de la psychanalyse" redonne la parole à ces femmes avant-gardistes. Je connaissais Lou Andreas-Salomé grâce au poète Rainer Marie Rilke et Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyse française. Elle est décédée, j'avais 16 ans. Ces pionnières ont développé des théories et des pratiques alors que la condition féminine devenait en Europe un sujet de combat en faveur de leur émancipation de la tutelle masculine et d'une égalité des droits. Certaines d'entre elles ont joué un rôle social et aussi politique. Ces femmes de naissance et de parcours différents se sont jointes à cette nouvelle science de l'âme, à la recherche d'elles-mêmes mais aussi pour soigner les autres, surtout les femmes et les enfants, victimes de leurs conditions et des guerres. Elles ont laissé une trace réelle.

Il y a Emma Eckstein, première femme psychanalyste et auteur à la plume acérée contre la domination masculine. Pour elle l'éducation commence par celle des femmes. Il y a Anna Freud, la fille de Sigmund Freud et gardienne de la pensée freudienne et qui observe l'importance du doudou chez l'enfant. C'est comme une extension de la mère. Il y a Mélanie Klein qui profite de la vie, malgré ce sentiment d'abandon qui ressurgit à chaque rupture. Elle remet en cause la datation du complexe d'Œdipe. Il y a Marie Bonaparte qui sera très proche de la famille Freud. Elle rédigera un ouvrage sur Edgar Poe, sa vie, son œuvre. Etudes analytiques. Et d'autres femmes, encore.

C'est un ouvrage instructif et captivant.

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Lou Andreas-Salomé

J’ai juste deux mois de retard pour cette chronique et je m’excuse auprès de Babelio et des Editions Perrin qui m’ont adressé ce livre. Une fois n’est pas coutume, je vais vous citer le début de la très longue quatrième de couverture pour vous présenter Lou Andreas-Salomé, une femme qui a marqué la fin du XIXème et le début du XXème siècle :



» Enfant de Russie, européenne dans l’âme, voyageuse au long cours, Lou Andreas-Salomé (1861-1937) fut tout à la fois muse, écrivain et psychanalyste, vivant de sa plume à une époque où cela ne se faisait pas. Auprès de Nietzche, rencontré en 1882, dont elle est l’indispensable disciple, Lou prend son envol. Chroniqueuse littéraire, elle fréquente l’avant-garde parisienne, viennoise et munichoise, écrit ses premiers ouvrages. Mariée, elle vit sa vie comme elle l’entend jusqu’au jour où elle croise le chemin de Rainer Maria Rilke, en 1897. S’ouvrent alors trois années de passion absolue entre la femme écrivain déjà célèbre et le poète ».



Nous en apprenons déjà beaucoup par ce résumé mais quand on sait que l’auteure est Docteur en littérature comparée et enseignante, qu’elle « consacre ses recherches à l’écriture féminine et au rapport de la littérature à l’art », vous comprendrez aisément que ce livre tient plus de l’essai destiné à des étudiants préparant une thèse qu’à la biographie romancée à laquelle je m’attendais ! En effet, en remontant à l’enfance en Russie et à l’impact qu’elle aura sur Lou sa vie durant, le ton clinique de l’analyse est donné puisque la fin de la vie de cette femme extraordinaire se conclura par sa rencontre avec Freud en 1911, se consacrant elle aussi à la psychanalyse, lui permettant d’approfondir le chemin parcouru, un chemin qu’elle a fait en femme libre, débarrassée des carcans sociaux de l’époque, vivant ses passions comme elle l’entendait. Mais en gardant la tête froide. « Elle vit dans l’indépendance le seul moyen de s’accomplir. Et pour elle, l’accomplissement était un développement et une évolution constante » p. 166.



L’évolution des sciences qui s’accélère à l’époque intéresse Lou par la liaison qui va s’opérer entre la médecine du corps et celle de l’âme,aboutissant sur une « science de la femme« . Bien que mariée à Friedich Carl Andreas à qui elle restera fidèle d’une certaine façon toute sa vie, Lou ne se contente pas des théories religieuses iranistes de son époux et continue de voyager, sa curiosité et sa soif de compréhension la portant toujours plus loin et surtout la menant vers sa propre vérité. L’épisode de sa passion avec Rilke pendant trois ans est plus intéressant que ses amours tourmentées avec Nietzsche. Rilke est de dix ans son cadet (environ), elle aura une emprise intellectuelle jusqu’à la fin de la vie du poète. Ce dernier restera marqué à vie par leur séjour en Russie, où ils expérimentèrent le « retour à la nature », dans l’esprit également du retour à la terre nourricière. Ce livre est joliment illustré en son centre par des photos, il comporte à la fin une cinquantaine de pages d’écrits de Lou (nous avons les rappels et des renvois de pages tout au long de notre lecture) mais ce genre de style, un peu compliqué a ralenti ma lecture : » Lou Andreas-Salomé travaille avec Rilke à plus de sobriété dans l’expression ; en renvoyant une image hyperbolique de leur relation, il aspire à une vison sublimée de l’existence et de l’amour qu’elle lui porte.. Lorsque apparaissent les prémices d’une pensée esthétique liée à la quête de l’originel, Lou est simplement conquise. » p121. Affirmer que Lou était une cérébrale intellectualisant chaque phase de son existence est un euphémisme. Cet ouvrage très savant comporte également des inédits, notamment concernant les rapports, un temps ambigüs, de Lou avec le régime nazi, elle avait gommé toute trace de lointaines origines juives. Certes, sa rencontre avec Freud en 1911 est un aboutissement presque logique de l’existence de cette grande dame qui a fait, sans militer toutefois, beaucoup pour l’évolution et la reconnaissance de la condition féminine. C’était avant tout une théoricienne nourrie de philosophie, de mots et enfin de psychanalyse.



Un livre difficile pour qui, comme moi n’a pas un bac +10 mais très enrichissant sur la société des arts, des lettres et des sciences de l’époque. Pour un public exigeant… et rendre hommage à Isabelle Mons qui a accompli là un travail de titan !



Extrait d’un écrit de Lou sur l’Amour et plus particulièrement l’érotisme : » L’érotisme occupe une position intermédiaire au sein des deux grands groupes de sentiments, l’égoïsme et l’altruisme. -pour le dire de manière moins équivoque : du rétrécissement, de la contraction de notre volonté individuelle jusqu’à la sécession, l’hostilité, ou de la dilatation par laquelle il s’intègre l’Autre (…). Pour se donner il faut pouvoir se posséder soi-même, et pour posséder il faut d’abord pouvoir recevoir des choses et des hommes ce qui ne peut pas s’acquérir par rapt, ce qui peut seulement être accueilli en présent, d’une âme ouverte. » p 315



Merci à Clément Vekeman des Editions Perrin et à Pierre de Babelio pour la coordination de cet envoi.
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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Madeleine Riffaud : L'esprit de résistance

La première biographie de Madeleine Riffaud ! Le récit est haletant, sensible et détaillé. Un travail minutieux de documentation qui, avec les photos, permet de découvrir la vie extraordinaire de Madeleine Riffaud pendant la Résistance, comme poète et correspondante de guerre. Isabelle Mons lui rend un bel hommage en respectant son témoignage et ses textes. Une vraie traversée du XXe siècle ! Un beau livre, à lire de toute urgence !
Lien : https://www.midilibre.fr/202..
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Je couche toute nue

Je couche toute nue est un document exceptionnel, ou plutôt, une somme de documents divers et variés qui nous permet d'entrer dans l'effervescence de la vie artistique de la fin du XIXe - début XXe. Contrairement à ce que je croyais à la base, ce livre n'est pas uniquement composé de lettres entre Claudel, Rodin et leurs proches, on y trouve également des coupures de journaux au sujet des sculpteurs, des comptes rendus de Salon ou même des fragments de journaux intimes comme celui des frères Goncourt ou encore de Paul Claudel, écrivain et frère de la sculptrice.



C'est sans fard que nous entrons dans la vie des deux artistes, on est littéralement catapulté aux premières loges et ça, c'est vraiment génial ! On sent tout d'abord l'immense influence de Rodin dans le milieu de la sculpture, il est énormément plébiscité, et on peut voir à quel point il était reconnu de son vivant - même s'il a dû attendre des années pour enfin recevoir la consécration.

Le fait d'avoir accès à tous ces documents permet de rythmer la vie des artistes, on a ainsi un rapide échange épistolaire entre Zola et Rodin autour de la statut Balzac, ou même entre Rodin et Rainer Maria Rilke par exemple.



Néanmoins Claudel parvient petit à petit à se faire connaître, elle passe de "l'élève de Rodin" à son propre maître, elle est d'ailleurs souvent valorisée dans les journaux, son travail paraît être reconnu, mais paradoxalement, elle ne parvient pas à vivre de ses oeuvres.

Un premier bémol (il n'y en aura que deux et ce sont surtout des détails) réside dans le fait que je m'attendais à trouver plus de lettres entre Claudel et Rodin, finalement il y en a assez peu, mais elles sont toujours très forte émotionnellement parlant et elles permettent d'accéder à une infime partie de ce qui les reliaient tous les deux.



e couche toute nue commence en quelque sorte quand Camille devient l'élève d'Auguste et se termine un peu après la mort de celle-ci en 1943 - plus spécifiquement après la mort de son frère Paul. Leur relation amoureuse est connue, mais les causes de leur séparation restent assez floues - on sait qu'elle aurait décidé de rompre parce que Rodin refusait de se séparer de sa femme et il y a des rumeurs d'avortement, mais c'est mystérieux.

Étant une grande fan de l'artiste, j'appréhendais un peu le moment de son internement (en 1913) et sa captivité durant les trente dernières années de sa vie. Le moins qu'on puisse dire c'est que niveau apprentissage, je suis servie !





Elle a été internée pour délire de persécution (entre autres choses) et en voyant les lettres qu'elle adressait à sa famille (sa mère et son frère), on peut voir qu'elle avait bien un problème à ce niveau-là. Je me demande à partir de quel moment toutes ces idées ont germées dans son esprit - certains disent que c'est après qu'elle ait dû avorter d'un enfant de Rodin - et pourquoi fallait-il nécessairement qu'elle accuse son ancien amant. On voit clairement que Rodin n'est pas la cause de son internement, il veut l'aider au contraire, et ce, même après leur séparation, où il fera en sorte qu'elle vive le mieux possible en lui versant une petite pension tous les mois à titre anonyme.

Peut-être que c'était trop dur pour Camille de simplement accepter que sa famille se cachait derrière l'internement. En même temps faut dire qu'elle avait pas l'air gâté niveau famille, son père avait à peine le pied dans la tombe que la mère et le fils faisaient en sorte qu'elle soit internée...





Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Madeleine Riffaud : L'esprit de résistance

Très bon livre et intéressant ;)

Il m'a été très utile pour mon oral blanc

J'ai beaucoup aimé le lire

Je recommande fortement ce livre a toutes les personnes voulant connaître l'histoire des femmes et le rôle au 20eme sciecle.En effet le rôle de certaines femmes ne sont pas reconnus a juste valeur et ce livre en témoigne

Cordialement
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Je couche toute nue

Camille Claudel.



Auguste Rodin.



L’élève et le maître.



La passion. Fulgurante.



Une histoire mainte fois contée, qu’elle en est devenue un mythe, une vérité.



Le travail d’Isabelle Mons et Didier Le Fur est impressionnant, car nous avons accès à une importante part de la correspondance de ces deux artistes. Les tours et détours de Rodin pour faire connaître son élève, les transactions de ventes, les nouvelles d’amis et les quelques mots de nos deux amants. Petite précision, qui n’est pas stipulée dans le résumé, ce ne sont pas uniquement les lettres de Rodin et Camille qui sont présentes ici, elles ne sont d’ailleurs qu’une part infime de ce livre. Nous suivons bien plus, au jour le jour, les avancées de chacun dans leur vie professionnelle, les rumeurs sur leurs vies et les comptes-rendues d’expositions auxquels ils participent. Mais insidieusement, par petites touches, au détour d’une phrase d’une connaissance, d’un aparté sur l’un ou l’autre, nous touchons du doigts la puissante passion qui les animait l’un pour l’autre.



Un livre particulièrement charnel lorsque les sculptures des deux artistes sont évoquées. Les mots utilisés par les journalistes ont ce rapport au corps à la fois féroce et d’une tendresse peu commune. Les œuvres ne peuvent laisser indifférent. Nous lisons des critiques acerbes où le verbe des journalistes est cruel ou alors d’une sensualité extrême.



Puis vint l’heure de la souffrance et de la peur. Les lettres de Camille pendant son internement sont d’une violence et d’une pureté rare, elle jette les mots comme des armes dont elle se servirait la première pour ne pas avoir à encaisser les coups par la suite. La maladie la transforme, pour la tuer petit à petit.



Nous ne pouvons rester immobile devant tant d’émotions déversées, cachées ou exposées…
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Lou Andreas-Salomé

Je retrouve dans ce livre toute la passion de l'auteur pour cette femme... Auteur qui fut mon professeur à l'université de lettres. Un livre passionnant et riche!
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