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Critiques de Isabelle Stengers (28)
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Hériter, et après ?

Réunir une flopée d’intellectuels et développer une notion, c’est le pari de ce livre. Réussi car s’appuyant sur une rencontre nommée Forum Philo ayant eu lieu en 2016 et réunissant ces contributeurs et bien d’autres sans doute... C’est donc bigrement intéressant, profond comme on peut s’y attendre, même si le niveau et l’intérêt que l’on peut porter à certains apports s’avèrent inégaux. Un petit trait d’humour : il manque juste la vision d’un économiste pour circonscrire entièrement le périmètre de l’analyse. Un Piketty ayant de remarquables idées sur la question aurait clôt l’affaire. Mais il est vrai que le focus de cet essai se situe plutôt du côté culturel et civilisationnel.

Du « legs » inquiet de Renouard pour qui la langue est primordiale : « à chaque fois que nous perdons une forme, un temps verbal, nous perdons une nuance dans la façon de dire le monde ; à chaque fois que nous adoptons sans examen un mot de l’anglobish, nous diminuons la capacité d’invention de la langue, qui est notre principal et plus précieux héritage, puisque c’est par lui que nous pensons » à l’engagement culturel de Chantal Del Sol : « Les théories postmodernes de l’individu sans héritage ne valent même pas la peine d’être récusées, tant elles sont hors-sol, et discourent sur un monde qui n’existe pas. La récusation de tout héritage particulier pour gagner la liberté entière (par exemple : nous ne lui apportons aucune croyance, il choisira quand il sera grand) est un leurre manifeste. L’enfant apprend à aimer à travers l’amour imparfait qu’il porte à ses parents, il apprend à croire en adhérant pour commencer aux croyances de ses parents, il apprend à parler à travers la langue dite maternelle, etc. Tout apprentissage se réalise à travers un héritage particulier, donc imparfait, partiel et partial, subjectif. »

en passant par Mona Ozouf et la révolution française qui souligne que « la nation est faite de la longue sédimentation des habitudes communes » ainsi que la très belle interrogation de Anne Cheng sur le cas contemporain de la Chine : « sur l’ère actuelle de la prétendue « post-modernité », force sera de constater que l’opération en cours de réappropriation du passé et d’invention d’une « spécificité chinoise » sert en réalité à entretenir l’amnésie d’un passé récent » , ce tour d’horizon des différents questionnements relatifs à ce que nous sommes, à ce que nous souhaiterions que nos enfants soient, aux systèmes d’organisation pouvant permettre cette dualité du passé/futur émancipatrice est vraiment très bien questionné ici.

La conclusion est laissée à Pierre Rosenvallon qui rappelle fort à propos : « L’Europe a été le continent des totalitarismes. Réfléchir à la démocratie, c’est donc réfléchir à cet héritage problématique, tant à cause du flou de ses définitions que du fait de ses perversions. Cela veut dire une chose fondamentale : personne ne possède l’idée de démocratie. Personne ne peut dire : je sais ce que c’est que la démocratie. ». Pour éviter le piège de la dictature, qui naît bien souvent d’une mauvaise interprétation de l’accomplissement ultime de la démocratie, Pierre Rosenvallon met en garde « Si on veut être un bon « apprenti » en démocratie, il faut donc être extrêmement vigilant et comprendre qu’une critique, même radicale, doit aller de pair avec la reconnaissance du fait que c’est à l’intérieur de ce système qu’il faut travailler et non pas contre lui. »

A bon entendeur salut !

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Activer les possibles

Interview prétexte pour permettre à Isabelle Stengers, philosophe des sciences, de s'exprimer sur plusieurs sujets qui lui tiennent à coeur, comme l'étonnement, la contrainte, la perception, l'importance de nommer les personnes ou les choses, sur la manière de penser et d'envisager la pensée. C'est écrit fort simplement, est tout à fait abordable et se lit aisément.



Une bonne découverte.
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Civiliser la modernité ?

Au fond la question c'est, comment croire en ce monde ?

Pour tenter d'y répondre Isabelle Stengers nous propose d'aller à la rencontre du mathématicien et philosophe, Alfred North Whitehead (1861-1947), auteur sans doutes peu connu, notamment d'une audacieuse alternative à la théorie de la relativité, et plus tard auteur d'une singulière métaphysique. C'est donc une rare occasion de découvrir cette philosophie.

En choisissant de faire un bout de chemin avec ce philosophe, on s'évite la sempiternelle référence au kantisme et on se place à une époque très proche de la nôtre. Cette modernité est marquée par l'emprise de la science mais plus précisément par un mode d'abstraction dont le premier pouvoir est de mettre le public au pied du mur.

L'auteure, avec Whitehead et d'autres encore dans ce livre, témoignent de la volonté d'échapper à l'emprise de ce pouvoir bifurcateur. Elle adopte certes une attitude récalcitrante mais averti les activistes qu'il ne s'agit surtout pas d'adopter une attitude totalisante.

L'empêcheuse de tourner en rond est en fait à l'image de l'amarante, une espèce de plante apparue effectivement résistante au glyphosate. Cette créativité vitale, qui est précisément ce qui échappe aux scientifiques, inspire directement la métaphysique du procès de Whitehead.

« La biologie est le champ de bataille où s'affrontent le pouvoir des causes, lorsque tout s'explique par des processus biochimiques réputés régis par une causalité efficiente aveugle, et celui des fins, lorsque chaque processus est censé jouer un rôle ou avoir une fonction au service du tout. ». Deux modes d'explication ou d'abstraction que la « doctrine de l'évolution » a la « triste » responsabilité d'articuler.

La métaphysique du procès répond au sens radical de la « doctrine de l'évolution », qui ne connaît ni fondement ni idéal. «Elle travaille par le milieu au sens où elle ne s'enracine pas dans le sol d'une vérité qu'elle déploierait ni ne vise l'idéal qui donnerait sa vocation à la pensée ».

L’élément clé de cette métaphysique est l'occasion actuelle ou « res verae » : « En chaque occasion, les causes appellent la décision subjective car la manière dont chaque cause va causer est précisément ce qui doit se décider, ou se déterminer, en cette occasion et pour cette occasion. La décision ne contredit pas la causalité, elle est décision à propos de ce qui sera cause pour elle…. Les « causes » n'expliquent plus mais « s'expliquent » par leur participation à la décision occasionnelle qui seule leur confère leur pleine détermination. Ce pourquoi Whitehead parle également de processus de concrescence, ou de venue à l'existence d'une entité « réelle », c'est-à-dire « individuelle », irréductible à toute explication abstraite. »

La beauté de l'essai est de montrer comment cet artifice métaphysique parmi d'autres forment un art de la composition qui permet la venue à l'existence d'un « sens commun » non pas au sens d'accord unanime, de détermination unique ou totalisante, mais de sentir ensemble, chacun à sa manière mais avec les autres, par les autres, grâce aux autres.

On dira que « la décision a gagné son individualité en ce qu'elle est devenue inséparable d'un processus de composition qui a fait émerger de nouvelles possibilités de dire et de sentir, transformant des raisons antagonistes en contrastes qui importent ».

Cet art de la composition se retrouve dans la tradition des palabres africaines, et c'est justement ce type de traditions que la modernité a épuisées, qu'il s'agit de cultiver à nouveau. L'auteure expose plusieurs nouveaux modes de composition dans ce livre dont certains permettraient d'ailleurs de concrétiser le flou de la « démocratie participative ».

A l'opposé de l'occasion actuelle (res verae) et de son caractère irréductible à toute explication abstraite, Whitehead avait nommé « société » ce qui réussit à endurer, comme des organismes vivants ou des sociétés humaines. Mais si pour cette raison, ces « sociétés » ainsi nommées, fournissent aux sciences la possibilité de trouver plus de « lois de succession », alors il faut encore se garder d'expliquer le « tenir ensemble » par des parties définies « au service du tout ». Ce ne serait pas rendre intelligible ce tenir ensemble mais le rendre « normal ». La réponse ne doit pas tuer la question.

Whitehead ajoutait logiquement que toute « société » dépend de la patience de son environnement quant à la manière dont elle l'affecte. On peut dire que la Terre a perdu patience. Et c'est encore l'impatience générée par les appétits privés industriels et commerciaux qui affecte les scientifiques.

« Il ne s'agit plus ici de comprendre une société en tant que se maintenant à l'existence. Il s'agit, tout autre question, de s'adresser à ce dont l'appartenance à une société rend ses membres potentiellement capables.»

L'appartenance à une société se signale aussi par une tâche aveugle. C'est ce qu'on peut craindre lorsque Whitehead affirme que « les civilisations ne peuvent être comprise que par les civilisés ». D'autres signes de ce genre amènent donc l'auteure à répondre avec cette citation de Audre Lorde : « Les outils du maître ne détruiront jamais la maison du maître ».

Toutefois l'enseignement de la métaphysique du procès comme l'art de la composition n'est pas de camper dans la dénonciation des généralisations indues, d'attendre l'intuition ou de tendre vers « un idéal mélancolique hors-sol », mais plutôt d'activer l'imagination et de poursuivre l'aventure autrement avec et au risque d'autres personnes.

Alors à mon tour, je dois dire que je n'ai pas été réellement touché par le mode de composition expérimenté par Donna Haraway dans l'art du dressage de sa chienne Cayenne, ni par celui du diplomate dans l'agora de Bruno Latour. Dans le premier cas je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir la simple domestication comme « outil du maître ». Dans le deuxième cas, j'ai surtout perçu le risque de retournement du dispositif expérimental dans un redoutable système de manipulation largement enseigné dans les business school et Sciences po. Si bien que « la survie du plus apte » se métamorphose naturellement dans un programme permettant aux intérêts privés de justifier l'injustifiable.

Un mot enfin sur le féminisme actif à travers ces pages et l'usage intensif du genre féminin : ce choix rappelle en effet qu' Isabelle Stengers fait partie des rares femmes philosophes et que cette situation réclame un certain activisme. En revanche je noterai que si le « jeu viril » évoqué par l'auteure, est aussi facilement adopté par les femmes dans les sociétés industrielles et commerciales, il ne signale peut-être pas une essence masculine ni la mascarade de celles qui l'adoptent, mais plutôt l'appartenance à une société avec sa tâche aveugle.

La « métamorphose des règles du jeu » ou « La voix moyenne, l'inséparabilité de l'agir et de l'être agi » n'est pas le programme d'un monde ré-enchanté visant à dissoudre le « relativisme sceptique ». Il s'agit au contraire d'apprendre et d'expérimenter un art de vivre dans un monde devenu globalement précaire, qui ne se conforme plus aux rôles que nos habitudes lui assignent: « Stay with the trouble » dit Donna Haraway. Ce mode d'existence “sympoiétique” consiste à gagner sa vie, certes, mais avec d'autres, par d'autres, et au risque d'autres.

Au fond il reste à échapper complètement, comme si Darwin n'avait pas été assez clair, à l'emprise de l' «exceptionnalité humaine» dans la morale. Mais c'est avec beaucoup d'égard que l'auteure traite par exemple le récit biblique du 6ième jour.

Dans la torpeur du règne végétal, des amarantes ont produit des sortes de mutation, comme des propositions non-conformes, qui leur ont valu de survivre au glyphosate. La vie semble asociale mais un art de vivre ensemble est possible dans un monde qui peut en faire douter.
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Une vie de combats

Quel pari que de fondre en un seul volume une biographie de Léon Chertok le résistant, et Léon Chertok « combattant » contre les psychanalystes, en particulier contre les lacaniens français, d'abord pour construire des ponts autour de la psychosomatique entre les pavloviens soviétiques et les freudiens occidentaux, ensuite pour redonner ses titres de noblesse à l'hypnose et à la suggestion au sein de la cure analytique ! Ce combat s'est apparenté, jusqu'à la fin des années 80 et au décès du protagoniste, à un vrai pugilat : du sarcasme de Jacques Lacan envers son analysant relatif à son engagement antinazi : « Mon vieux, vous vous êtes fait couillonner », aux attaques de Catherine Clément pour avoir fait paraître, dans les actes d'un congrès Est-Ouest, un texte d'Althusser sur la psychanalyse que les Parisiens avaient persuadé son auteur à retirer, à l'offense d’Élisabeth Roudinesco : « Pour qui vous prenez-vous ? » assortie d'un ostracisme indéfectible des Sociétés psychanalytiques. Malgré ou peut-être grâce à cette exclusion, Chertok a continué d'expérimenter avec ténacité et ferveur l'hypnoanalyse qu'il a conçue : si cette activité lui a permis de remettre en discussion certains dogmes de Freud et/ou de ses successeurs, de redécouvrir des pages censurées de Ferenczi, et aussi de s'associer à des « alliés inattendus », en particulier François Roustang, Didier Michaux et quelques philosophes, éthologistes et ethnologues, il n'a revendiqué ni l'élaboration d'une nouvelle théorie, ni de stupéfiants succès cliniques. Au contraire, dans une démarche qui ressemble à la maïeutique de Socrate, il a proclamé qu'il ignorait le fonctionnement de l'hypnose et les raisons de son éventuelle efficacité, mais en même temps il défiait quiconque à nier le « non-savoir » des psychanalystes. Progressivement, il est parvenu à mettre en place une transdisciplinarité à même de prendre en compte les manifestations les plus disparates de la transe, y compris les expériences de tétanisation des animaux, qui n'ont donc rien à voir avec la conscience ni avec la suggestibilité individuelle.

Cet ouvrage lui-même semble inspiré par cet esprit de collaboration. Sa forme est un hybride entre l'autobiographie et la biographie : les parties du texte rédigées à la première personne sont clairement reconnaissables par une typographie qui les distingue des parties des deux autres co-auteurs : Isabelle Stengers et Didier Gille, ainsi que ces celles qui se réfèrent à d'autres auteurs et témoins convoqués. Le rôle des co-auteurs n'est absolument pas celui d'intervieweurs qui ne seraient là que pour faire développer les idées et les souvenirs de Chertok, ni de contradicteurs ; ils intègrent, commentent, discutent, contextualisent sur un plan paritaire les paroles de Chertok. Cette parité est particulièrement agréable à lire. Si les chapitres relatifs à l'hypnose et à la psychanalyse semblaient être les plus propres à caractériser l'auteur, ceux qui les précèdent m'ont apporté un surcroît d'informations inattendues tout à fait passionnantes sur la région d'origine de Chertok, cette « Litwakie » disputée entre la Russie, l'Allemagne et la Pologne (aujourd'hui sa ville de naissance est située en Biélorussie) mais habitée jadis majoritairement par des Juifs qui ont pratiquement tous disparu, ainsi que sur la vie quotidienne dans la clandestinité d'un résistant à Paris durant l'Occupation, lorsque les étrangers (en particulier les Juifs) étaient plus actifs que les communistes français (obéissant aux ordres de Moscou) et les gaullistes encore tout à fait inexpérimentés et désorganisés.







Table :



1. Lacan et Madeleine



I. EUROPES



2. En France

3. La Litwakie

4. Prague

5. La guerre

6. L'Occupation



II. LA RESISTANCE



7. La section juive de la MOI

8. Le choix du combat

9. La vie quotidienne d'un clandestin

10. Pourquoi réchappe-t-on ?

11. La Libération



III. EST-OUEST



12. Délires d'après-guerre

13. Après Staline

14. Français, Russe, Litwak

15. L'inconscient à Tbilissi ?

16. Après Brejnev



IV. PSYCHOSOMATIQUES



17. Au pays des hôpitaux

18. La galaxie psychosomatique

19. Ruptures

20. Expérimenter

21. Naissance d'un hypnoanalyste ?



V. PSYCHANALYSES



22. Suggestion au long cours

23. « Pour qui vous prenez-vous ? »

24. Le cœur et la raison

25. Faire et défaire

26. Mythes

27. Le cuivre de la suggestion

28. L'avenir...

29. Des alliés inattendus



VI. HYPNOSES



30. Les frustrations de l'hypnose

31. Du magnétisme à l'hypnose

32. L'hypnose inquiétante

33. L'hypnose, fluctuations et multiplicités

34. L'hypnose transdisciplinaire



Retournements

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Médecins et sorciers

L'approche était originale en son temps, de considérer les personnes d'origine étrangères dans leur contexte culturel et psychologique. Les sorciers et medecine man, par leur écoute et leur sagesse ne sont-ils pas dans la même position que le psychologue occidental. Tobie Nathan propose de les écouter, de se rapprocher de leurs savoirs, de leurs approches, pour aborder les problèmes de ces personnes ; le livre parle également d'expériences en la matière.
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L'hypnose, blessure narcissique

Ce livre est un court opus, une réflexion épistémologique quant à l'hypnose et en miroir sur la psychanalyse. Le regard de cette psychanalyse sur l'hypnose, essentiellement de Freud puis de ses continuateurs ou correcteurs, comme Ferenczi. Un regard d'amour puis de haine ; d'une similarité ou assimilation, à un rejet...

Une discussion sur ce qu'est la psychanalyse en théorie et dans les faits. Le fait et la théorie...

L'idée de blessure narcissique étant qu'en fait, non, l'inconscient n'est pas non plus le centre de la personnalité, et que la distinction inconscient-conscient, etc, est clairement mise à mal par une certaine hypnose. La révolution copernicienne dont parlait Freud est mise à mal, et ça blesse.



Bref, ça discute de ça.

Rien de très neuf, plutôt purement intellectuel, et limité par le peu de pages.

Une mise en bouche.
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Les faiseuses d'histoires : Que font les fe..

« La fable du douzième chameau raconte qu’un vieux bédouin, sentant sa fin prochaine, appela à lui ses trois fils, pour partager entre eux ce qu’il lui restait de biens. Il leur dit : Mes fils, je lègue la moitié de mes biens à l’aîné, le quart au second, et toi, mon dernier, je t’en donne le sixième. A la mort du père, les fils se trouvent bien perplexes car les biens du père n’étaient autres que onze chameaux. Comment partager ? La guerre entre les frères semblait inévitable. Sans solution, ils se rendirent au village voisin, quérir les conseils d’un vieux sage. Celui-ci réfléchit, puis hocha la tête : Je ne peux pas résoudre le problème. Tout ce que je peux faire pour vous, c’est vous donner mon vieux chameau. Il est vieux, il est maigre et plus très vaillant, mais il vous aidera peut-être. Les fils ramenèrent le vieux chameau et partagèrent : le premier reçut alors six chameaux, le second trois et le dernier deux. Restait le vieux chameau malingre qu’ils purent rendre à leur propriétaire »…



… « le douzième chameau a redéployé le problème en faisant exister l’inconnue que sa formulation dissimulait. Partager un héritage selon des proportions déterminées demande que la somme des parts proportionnées soit égale à l’héritage. Mais cela ne prescrit pas ce sur quoi doit porter le calcul des proportions. »



En partant de Virginia Woolf et de sa méfiance des institutions, Virgine Despret et Isabelle Stengers « se sont posé la question : qu’avons nous appris, nous les filles infidèles de Virginia qui avons, de fait rejoint les rangs des ”hommes cultivé” ? » (comme l’indique la quatrième de couverture).



Le livre comporte deux parties, l’une d’analyses et de réflexions, l’autre, pourrais-je, dire de ”concrétisation” avec un travail de (re)-formulation des réponses d’universitaires, de femmes n’ayant pas renoncé à « faire des histoires »



Ma connaissance de l’œuvre de Virginia Woolf est très fragmentaire, je ne discuterais donc pas les propos des auteures. Mais j’en suis pas moins sensible à leur introduction à sa pensée, à la pensée et au genre. « Car le genre ne désigne pas seulement une construction socio-historique, mais une construction asymétrique » ou « Ainsi la catégorie ”homme” est considérée comme un universel, le fait qu’elle ne désigne en fait que 45% de l’humanité est invisibilisé »



Les interrogations des auteures sur la philosophie et la science, me semblent particulièrement bienvenues : « La question d’une science capable de s’ouvrir à des questions qu’elle a traditionnellement jugées comme ”non scientifique” – y compris les questions suscitées par la définition et les exigences d’une carrière scientifique et par la formation des futurs scientifiques – appartient plus que jamais à l’avenir.»



S’appuyant entre autres sur Simone de Beauvoir, Virgine Despret et Isabelle Stengers rappellent la nécessité de « déssentialiser ce que veut dire être femme » et insistent sur la « création d’une transformation du rapport au souvenir », sur les rencontres entre femmes, sur « le personnel est politique », sur le déplacement des axes.



« Parler de nos ”faire autrement”, de nos refus, mais aussi de ces sentiments d’être déplacées, de ces malaises qui attendent toujours au tournant, ne relevait plus du papotage mais d’une ”mise en commun” : pouvoir sentir et dire ensemble : ”Ceci importe’‘. Pouvoir en faire toute une histoire. »



Les différentes interventions, au delà des parcours et des positionnements, des choix, montrent que « nous pouvons résister à l’idée que nous sommes des ”produits finis”. » Une belle invitation à penser.



« Un douzième chameau, cela ne se postule pas. La création un peu différente, qui sépare les ”thèmes” affrontés de leur prétention à définir le paysage, c’est une grâce et un cadeau, non la marque d’un génie personnel » Ce livre fait décidément et heureusement place aux histoires, aux faiseuses d’histoires. « Ne jamais oublier que ce monde oblige à lutter, que rien n’y est ”normal”, et ne jamais arrêter de penser ensemble, de cultiver l’insoumission, y compris à nos propres évidences, les unes avec les autres, par les autres et grâce aux autres, n’est-ce-pas d’ailleurs le sens même de cette aventure sans cesse à reprendre qu’est le féminisme ? »
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La sorcellerie capitaliste

La pensée émancipatrice fait trop souvent l’impasse sur certains domaines et reste encore souvent plombée par l’économisme. La vulgate marxiste ou les réductions sociologiques dominent trop souvent certains pistes, pour que nous ne soyons pas soucieux des recherches iconoclastes ou des démarches exploratrices de sentiers peu fréquentés.



Beaucoup de travaux actuels renouent avec des pensées plus ouvertes, prenant mieux en compte les contradictions provoquées par la révolution capitaliste qui broie et recompose l’ensemble des champs sociaux. Les incursions dans des domaines peu fréquentés sont riches d’enseignements. Un nécessaire dialogue doit se nouer avec celles et ceux qui pensent autrement vers des sorties émancipatrices de notre monde.



Une remarque préalable, je n’essayerai pas de développer une critique englobante de tous les sujets traités par le livre de Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, ne disposant pas de l’ensemble des connaissances scientifiques pour avancer sur tous les chemins indiqués.



Plus simplement, ce livre ayant troublé certaines idées, relayé certaines interrogations, aidé à l’expression de connaissances, je souhaitai en faire une lecture aimable et néanmoins critique. Certains livres, au delà de leur étrangeté, ouvrent des portes, même petites, à la pensée émancipatrice. C’est pour moi le cas, avec cette « sorcellerie capitaliste ».



Les chapitres « Que s’est-il passé ?», « Apprendre à se protéger », « Comment faire prise » et « Avoir besoin que les gens pensent » annoncent la démarche pragmatique générale et offre un plan d’interrogations et de réponses « sondes » souvent pertinentes.



J’ai été sensible aux images de la réalité du capitalisme et en particulier celles du chapitre « Les petites mains ». Partant de la constatation que le capitalisme utilise assez peu, dans nos sociétés développées, le recours à la violence brutale, les auteur-e-s explicitent la fabrication permanente « des petites mains », auxiliaires victimes du système. L’argument de l’incorporation du « il faut bien être », retournement contre soi-même, avec adhésion au désespoir, et se doublant de mépris pour ceux et celles qui n’ont pas compris, qui « rêvent encore », est démonstratif. Le caractère « sorcier » du fonctionnement du système, des recouvrements par un voile opaque des réalités, de la chosification des relations sociales me semble pertinent.



Exposer certaines situations, en utilisant un vocabulaire imagé, peut aider à la compréhension, à la formulation d’interrogations, au dévoilement de racines. Mais description ne vaut pas analyse, encore moins théorisation. Pour le dire ouvertement, j’accepte les illustrations, les entrées en explication, les projections vivantes de cette « sorcellerie » ou des effets de « capture » du système. Et j’ai relié, ces arguments, à mes connaissances de la théorie marxiste du fétichisme de la marchandise. Cette mise en parole participe en effet d’un même désenchantement du monde.



S’il s’avérait que pour les auteur-e-s le rappel sorcier a une autre fonction, leur volonté de clarification se transformerait alors en obscurcissement et participerait à la création d’une « grande main » emprisonnant nos pensées et donc nos possibilités émancipatrices.



« Si le capitalisme devait être mis en danger par la dénonciation, il aurait crever depuis longtemps » « Nous obliger à ne pas prétendre que la théorie a raison et que ceux qu’elle ne réussit plus à convaincre, à mobiliser, sont simplement égarés » Ces deux citations illustrent la partie la plus intéressante du livre. Les auteur-e-s abordent et critiquent la politique révolutionnaire réduite à une problématique de prise de conscience. En caricature, le parti portant la conscience révolutionnaire, éclaire les masses et/ou les guide vers l’émancipation générale ; cette « théorie » s’est traduite par la dissolution du peuple (Brecht), la dictature et le stalinisme. Mais il n’est pas sûr qu’une lecture plus souple n’ai pas causé des ravages au sein de la mouvance trotskiste (la crise de l’humanité réduite à la crise de l’élément subjectif, elle même réduite à l’absence de direction révolutionnaire !).



Revenir sur ces sujets, me semble toujours d’actualité, surtout lorsque l’on participe à l’émergence d’un rassemblement social majoritaire et d’un parti démocratique, féministe et révolutionnaire.



La démarche émancipatrice ne peut être assimilée au seul dévoilement du monde, à une sorte de révélation athée. Une démarche transitoire ne peut être une pédagogie illuminant la route aux lendemains qui chantent.



Pour moi, une politique d’émancipation radicale, une politique révolutionnaire, ne peut se déduire de la préexistence d’un sujet préconstitué, quoique inconscient de son état et de sa mission, qui fusionnera avec le programme d’un parti (auto proclamé ?) en montant dans les wagons du train de la lutte des classes.



Le rappel au cri de Seattle « Un autre monde est possible », en rouvrant et réactualisant des espace aux possibles, en renouant avec des pratiques collectives permettant de progresser dans la transformation des rapports sociaux, sans se limiter aux rapports d’exploitation, me semble important, car élément fondateur pour toute une génération.



« Reste que la disparition du sentiment de fatalité ne forcera pas cette armée à se disperser comme des vampires lorsque le soleil se lève » et « les trajets d’apprentissage ne peuvent qu’être hétérogènes » les retours des auteurs sur la bataille autour de l’AMI ou les exemples tirés de l’industrie pharmaceutique que P. Pignarre a exploré dans d’autres ouvrages, permettent d’avancer des pistes de réflexions et d’actions. Et j’adhère aux expressions de cette volonté de changer la société, de se transformer et transformer le monde, en incitant à la création d’espaces de démocratie, de cadres de réflexion et d’action, engendrant d’autres repères, plus ou moins détachés, mais toujours récupérables, de la marche du monde.



Cela implique aussi, pour moi, de dégager une ou des voie(s) stratégique(s) plausible(s) autour d’un (de) programme(s) pointant des objectifs, pour des avancées collectives, dans les émancipations et les transformations des conditions individuelles et collectives.



Sur ce sujet, les propositions des auteur-e-s, me semblent bien en retrait des possibles et du souhaitable.



Si certains, au nom d’une stratégie fixée au début du siècle dernier par la révolution russe, rechignent aux propositions politiques concrètes et à l’intervention dans les mondes réels, ce n’est ni une nouveauté ni une excuse. Mais, ne pas dessiner, même en pointillé, même de façon incomplète, des grandes lignes stratégiques plausibles d’une émancipation collective, me semble une régression dans le champ de la théorie et l’activité politique.



Il faut certes être prudent, ne pas assener des arguments d’autorité, prendre en compte les évolutions contradictoires, les expériences différenciées et les connaissances forcement partielles de la réalité, ne pas céder aux recettes ou aux mauvaises habitudes, mais renoncer, c’est se maintenir « sous le charme » c’est aussi se réduire à n’être qu’une « petite main ».



S’il ne faut pas laisser le sentiment de l’urgence nous dominer, je ne pense pas, que nous soyons réduit-e-s à uniquement apprendre à penser, à des échanges individuels ou des échanges de paroles raisonnables.



Enfin, dans le chapitre « Reclaim », les références aux pratiques néo-païennes, aux sorcières américaines (certes démarquées de croyance déiste ou féerique) sont très problématiques.



Au mieux, il s’agit d’un monde étrange trop éloigné de mon imagination pour que les comparaisons puissent être utiles, au pire (et c’est plutôt mon opinion) il s’agit d’une pensée régressive vers des mondes invisibles, en-charmés, envoûtés, substituts à une pensée inclinée vers l’émancipation humaine.



Parce que ce livre aborde de façon intelligible le fonctionnement du monde et nous interroge sur de possibles transformations, parce qu’il entraîne à la réflexion, il mérite débat.



Peut-être n’ai-je pas compris certains développements, aux auteur-e-s de préciser ou de clarifier leurs pensées afin de les rendre plus abordables.



Prendre des risques dans l’exploration des réalités, pour aborder par le milieu, certaines questions et tenter d’y répondre de façon moins stéréotypée, ne dispense pas cependant de développer des pensées « raisonnables », même enveloppées dans un vocabulaire imagé et volontairement décalé.
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Les faiseuses d'histoires

C’est un sujet qui n’intéresse peut-être pas tout le monde, alors que certaines meurent encore sous les coups de leur compagnon, il peut paraître étrange de s’intéresser à un cas aussi précis.

Mais n’est ce pas cela, justement, qui fait tout l’intérêt de cet essai particulier ? Car ces universitaires sont également sensibles à ces problématiques, et si les sphères réflexives ne s’ouvrent pas aux femmes, comment amener les femmes a être écoutées ?

Cet essai est, peut-être, un peu bavard. En réalité, je ne m’attendais pas à ça, car les témoignages de femmes n’arrivent, qu’à peu près, à la moitié du livre. L’autre moitié est consacré à la raison qui les a amené à se pencher sur le sujet, à leur méthodologie de recherche.



Alors, certes, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Mais très honnêtement, c’est très agréable de voir un chercheur qui offre sa vision des choses et ses pistes de recherches.

Et, passé l’étonnement, on se rend compte que c’est justement ce que ces deux femmes défendent : la mort de l’élitisme. La lecture des essais, la nature de la recherche, accessible à tous. Ce qui est très vrai, sans pour autant vulgariser. Mais en expliquant, tout simplement, en accompagnant le lecteur. Et ça, c’est grandiose.

Pour de jeunes universitaires, cela peut montrer comment on construit une recherche également.



Ainsi, nous lisons différentes voix de femmes, souvent, déstabilisée par cette question : que font les femmes de la pensée ? Un question dans une lettre, volontairement vague. Beaucoup, d’abord, ne souhaitaient pas répondre. Et puis… Et puis, comme d’habitude, un détail, qui d’habitude lui échappe, apparaît : la pensée de l’homme à plus de poids.

Alors, elles livrent leur expérience, entre intime et réflexion, que les auteures/trices lient et commentent. Au début, les commentaires surprennent car ils rompent les codes de l’essai justement, mais ils servent bien de liant entre les différents ressentis, les différents point de vue.
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La nouvelle alliance

Ce livre devrait figurer dans toute bonne bibliothèque. Car il est tout d'abord le résultat d'une collaboration pas si fréquente, entre une philosophe (Stengers) et un prix nobel de physique (Prigogine). Les (très) anciens seraient étonnés de lire cette dernière phrase car, au départ, toutes les sciences - que l'on range aujourd'hui en deux catégories le plus souvent perçues comme antagonistes : sciences exactes et sciences humaines - procédaient de la philosophie. A cet égard la thèse centrale de l'ouvrage prend la forme d'un rafraîchissant retour aux sources car il s'agit de montrer que les sciences dites "exactes" et la culture sont en étroite interaction. A vrai dire le bon sens et un observation élémentaire nous l'enseignent tous les jours : combien de découvertes faites par hasard ou en cherchant autre chose ? Et internet et l'informatique n'existeraient peut-être pas sans les efforts du lobby militaire étasunien. La recherche "pure", c'est-à-dire pour elle-même et sans but précis, n'existe pas ou, si elle a existé, elle existe de moins en moins car elle est aujourd'hui étroitement soumise à la contrainte utilitariste. A ce propos il serait bon de disposer de l'équivalent de ce bouquin à l'adresse des économistes, plus spécialement ceux issus de la mouvance néo-classique hyper dominante de nos jours. Car désormais ce sont eux qui se croient les détenteurs d'un propos scientifique "exact", confondant une contrainte utilitariste imposée avec une "réalité", en réalité un construit qui est le fruit d'évolutions politico-économiques, que certains d'entre eux n'hésitent pas à présenter comme la "fin de l'histoire". Si vous avez des titres à suggérer, je suis preneuse...
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Une autre science est possible

Je suis contente de retrouver la pensée de Stengers dans cet essai, mais je pense que ce n'est pas forcément le plus simple à lire. A force de prendre le temps de prendre des notes, j'ai réussi à mieux la suivre et à comprendre (globalement) où elle allait, et à retrouver l'enthousiasme que j'avais eu à la lecture de Résister au désastre. J'ai trouvé précieux et intéressants les moments où Stengers définit le mouvement "reclaim", qu'elle entend comme un processus dans lequel on reconnaît les dommages faits et où l'on part d'eux pour reprendre, pour récupérer, pour guérir quelque chose. La question du futur et des moyens que l'on met en œuvre dès aujourd'hui pour qu'il soit plus que simplement vivable irrigue cet essai, et malgré l'urgence et l'inquiétude soulevées je trouve encore une fois la position de Stengers porteuses d'espoir et encourageante.
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La nouvelle alliance

Ce livre - difficile et dense - apporte comme une sorte de complément ou de suite à celui de Jacques Monod, Le hasard et la nécessité. Prigogine cite Monod à de nombreuses, lui rend un hommage appuyé et semble poursuivre son raisonnement comme le ferait un Tome II. A titre d'exemple, il reprend, pour les exploiter plus avant, certaines interrogations qui sont celles de Monod qui se demande pourquoi "de grands esprits (Einstein) se sont souvent émerveillés, à bon droit, du fait que les êtres mathématiques créés par l'homme puissent représenter aussi fidèlement la nature, alors qu'ils ne doivent rien à l'expérience." Prigogine tente de construire une réponse convaincante à celle soulevée par Monod. Et y parvient !

La réponse de Prigogine tient en cette assertion : l'homme et sa pensée, capables des abstractions les plus audacieuses et les plus admirables, sont irrémédiablement dans l'univers. Cette inclusion irrémédiable fournit l'articulation que cherchait Einstein : les mathématiques ne sont pas coupées du monde ou hors du monde. Il n'est donc pas illogique, conclut-il, qu'un lien inconscient relie mathématiques abstraites et physique du monde réel.



Prigogine rappelle l'histoire du raisonnement scientifique et philosophique en le faisant remonter à l'Antiquité ; c'est le fondement de la pensée grecque - celle d'Héraclite notamment - et l'avènement de la physique dit newtonienne (dite dynamique) qui nous ont amenés à imaginer que nous pouvions faire un pas de côté, nous retirer de la nature, pour l'observer de l'extérieur et lui trouver des lois universelles indépendantes de notre observation et de notre psyché (au sens grec). Las, les physique de la thermodynamique de Fourier, Boltzman et Maxwell, la physique quantique (de Planck, Bohr, Heisenberg...) et la relativité générale (d'Einstein bien sûr) ont amené les chercheurs à s'affranchir des spéculations grecque, dynamique et classique et à les juger certes historiquement nécessaires mais suffisamment incomplètes pour être législativement fausses. "La nature, objet de science, est aussi ce qui a produit les hommes capables de science [...]", écrit-il.



Ce livre rejoint celui de Monod dans ses conclusions : la science a brisé toutes les anciennes alliances animistes et a refondé un nouveau rapport au réel, à la vérité. Dans ce rapport, affirme Prigogine, il faut admettre qu'il existe non pas une vérité, mais des vérités. Non pas une physique mais des physiques. Il confirme qu'Héraclite a eu définitivement raison de Parménide.



Nous le répétons, ce livre est difficile et parfois aride, mais de très très haute volée. Inutile de dire que le lecteur est en bonne compagnie !

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Les concepts scientifiques

Les textes rassemblés dans ce livre traduisent sur différents registres le même défi : apprendre à parler des sciences sans ratifier les prétentions de ceux qui parlent « au nom de la science .
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La damnation de Freud

Difficile d'apprécier le texte d'une pièce quand on le découvre dans une mise en scène peu imaginative avec des acteurs dont un seul sort du lot mais les autres vous enfoncent dans un sommeil léthargique.



Sinon démontrer que Freud ne détenait pas LA vérité mais a simplement découvert des facettes révolutionnaires de celle-ci était un sujet intéressant.
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Réactiver le sens commun

(Critique écrite à la sortie du livre)



Alors qu’une grande partie de l’humanité se trouve confinée pour une durée indéterminée, la pensée d’Isabelle Stengers tombe à point nommé pour penser cette débâcle dans laquelle nous nous trouvons. Relisant le philosophe et mathématicien Whitehead à la lueur de notre contexte actuel, Stengers nous invite à réfléchir à notre rapport au savoir et au discours scientifique pour arriver à penser ensemble malgré l’isolement, malgré les flux d’informations qui nous parviennent de toutes parts. Selon elle, il importe de ne pas opposer un monde scientifique à un « public prêt à croire n’importe quoi » mais bien de faire « sens en commun ». En effet, pour « Résister au désastre » (ouvrage chez Wildpocket, 2019), et à l’image des activistes (notamment écologistes et anti-OGM) qui pour ne pas oublier ce qui arrive, se donnent les moyens collectifs et sociaux pour penser hors des ornières, il faut se remettre à « ruminer », à objecter et à résister à une pensée scientifique qui serait construite « hors sol », monopolisée par des « spécialistes devenus professionnels, sourds aux inquiétudes et aux questionnements des populations ». Faire sens en commun et problématiser ensemble ce qui nous arrive, et en particulier penser à comment refonder un monde en prenant des bifurcations, des chemins nouveaux, soudant l’imagination et le sens commun, voilà la proposition de Stengers.



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Sciences et pouvoirs : La démocratie face à la ..

Un livre qui n'apporte pas grand chose, à l'exception de quelques anecdotes intéressantes.



Il est cependant court et peut donc être lu à défaut d'autre chose.



A destiner prioritairement à un public de lycéens qui y picoreront quelques idées convenues.
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Souviens-toi que je suis Médée

Cette plaquette extrêmement dense tente une explication du mythe de Médée, qui semble être aussi vivace dans le théâtre à travers les siècles, qu'énigmatique pour la psychanalyse et la philosophie. Plus que d'une démonstration, il s'agit d'un certain nombre de suggestions mises en relation avec l'accession à la féminité (du personnage : magicienne, fratricide, humiliée et infanticide). Personnage littéralement impensable pour notre logos de dérivation grecque, et pourtant "dont l'acte horrible nous est compréhensible de manière immédiate" (p. 21), il est peut-être constitué de "panique", peut-être d'une Altérité terrifiante héritée des tréfonds du passé matriarcal pré-achéen, peut-être encore de l'idéal masochiste étudié par Deleuze : "froide alliance de la sentimentalité et de la cruauté féminine, qui font réfléchir l'homme" (p. 23), peut-être enfin de la créature messianique de la steppe.
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La nouvelle alliance





Belle introduction aux structures dissipatives.



Une entrée dans le vieux problème de la "flèche du temps"

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La nouvelle alliance

merci
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La guerre des sciences aura-t-elle lieu ?

Ce livre est le reflet d'une époque et plus précisément de deux personnages: leibniz et newton, qui se font une guerre de pensé, donnant lieu à toute une réflexion aussi bien scientifique que théologique.

Ecrit sous la forme d'un scénario, il n'est pas forcement évidant pour quelqu'un qui n'y connait rien de comprendre toutes les subtilités des reflexions de ces deux grands hommes. Cependant, il est interressant à lire pour son envergure historique qui permet de comprendre comment pouvaient résonné des scientifiques à l'époque et quels barriéres ils pouvaient rencontré.
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